IRAK-Salvador Option
par Christian Pose (3
septembre 2006)
La
"Salvador Option", une stratégie optionnelle homicide,
liberticide, anti-droit, au service des intérêts commerciaux
américains...
International business
Les sociétés transnationales du tabac, de l'agro-alimentaire,
de l'énergie, de la construction, du transport et de l'armement,
hors-les-lois, n'hésiteront pas au regard de nombreuses enquêtes
et rapports à utiliser les moyens extrêmes de la violence.
Des moyens tout à fait semblables à ceux utilisés
par le Pentagone au Salvador ou au Honduras dans les années 1980.
TotalElfFina, ExxonMobil, Unocal, ChevronTexaco, Halliburton, Enron,British
Petroleum, Amoco, Arco, Royal Dutch Shell, Power Corporation of Canada,
Carlyle Group, etc... auront dans leurs tiroirs une stratégie optionnelle
homicide, liberticide, anti-droit, mise en application par des opérateurs
clandestins (1) sur les marchés à risques
(souvent "couverts" en Amérique Latine, en Asie, en Afrique
par l'église catholique et par les ong de fondations philanthropiques
catholiques et chrétiennes).
Ces opérateurs agiront comme agents d'infiltration dans les syndicats,
les universités, les groupes de chômeurs, les groupes d'opposition,
politiques, ethniques, religieux, puis contribueront, à des fins
de destabilisation, au développement de réseaux clandestins
de vente d'armes, de réseaux mafieux de narco-traffiquants souvent
supports ou partenaires de réseaux politiques "nationalistes"
armés anti-insurrectionnels, de groupes terroristes ou de groupes
miliciens.
Michael Hirsh et John Barry de Newsweek (9 janvier 2005) (2),
Christ Harvey, Judd Legum, Jonathan Baskin de l'American Progress Action
Found (3) branche du Center for American Progress
dirigé par John Podesta (ex secrétaire-général
de la Maison Blanche de Bill Clinton), Ghali Hassan (4),
Max Fuller (5) sur Globalresearch, dénonceront
la réhabilitation de cette stratégie en Irak, sans doute
en Syrie et en Iran.
"Les escadrons de la mort" en Irak seront composés, essentiellement,
de kurdes peshmergas et de miliciens chiites auxquels s'aggrègeront
d'autres groupes armés formés par les forces spéciales
américaines comme les milices du SCIRI d'Ibrahim al-Jaaferi, les
milices d'Ahmed Chalabi, les milices d'Iyad Allaoui, les brigades iraniennes
Badr.
Ces groupes, souvent habillés en civil, viseront très spécifiquement
les groupes religieux sunnites armés, les groupes syndicalistes
indépendants de tendance marxiste, le très puissant syndicat
des chômeurs, les groupes communistes-ouvriers et leurs familles,
acculés de toute évidence par les pouvoirs "légaux"
et les forces d'occupation à une forme de résistance civile
armée.
Une action indispensable
Il paraîtra indispensable de soutenir, ici, les actions civiles
et citoyennes non-violentes pour la défense du droit au travail,
du droit à l'activité syndicale, pour le respect des droits
de l'homme et la résolution des conflits, engagées auprès
des instances internationales pour la paix et la justice en Irak afin
:
[ 1 ] - de produire une enquête officielle sur les opérateurs
clandestins de la Salvador Option, option militaire et policière
conçue pour la terreur psychologique, la persécution, l'assassinat
des opposants civils, de leurs familles, de leurs proches. Lors d'une
interview publiée sur le site web du Département d'Etat
du 9 janvier 2005, l'ex-secrétaire d'Etat Colin L. Powell orientera
très clairement les questions concernant la "Salvador Option"
en Irak des journalistes George Stephanopoulos (ABC) (6)
et Wolf Blitzer (7) (CNN) sur l'Etat-Major du
Pentagone,
[ 2 ] - de soutenir les tribunaux internationaux d'opinion : BrussellsTribunal,
International Criminal Tribunal for Iraq, World Tribunal on Iraq, Tribunal
Permanent des Peuples, engagés dans un processus historique de
défense des populations civiles non-combattantes mises en danger
de mort en Irak par G.W. Bush, Jun-ichiro Koizumi, Tony Blair mais également
par les 40 autres chefs d'Etat impliqués dans la guerre irakienne
(8),
[ 3 ] - de soutenir l'activité ininterrompue des Tribunaux d'opinion
afin de dégager la part exacte de responsabilité de Donald
Rumsfeld, Dick Cheney, Francis J. Harvey, Colin Powell, John Negroponte,
Paul Wolfowitz, Elliot Abrams, Paul Bremer, Richard B. Myers, ex-commandant
du Joint Chiefs of Staff, Peter Pace, nouveau commandant depuis le 22
avril 2005 du Joint Chiefs of Staff (9), John Abizaid,
grl. commandant l'US Central Command, George Casey, grl. cdt. les forces
armées en Irak, Thomas Metz, grl. cdt. les forces terrestres en
Irak, John Sattler, grl. cdt. les marines en Irak, dans le processus de
terrorisation des populations civiles non-armées irakiennes et
le processus clandestin d'assassinats politiques,
[ 4 ] - de dégager la part de responsabilité exacte des
dirigeants irakiens, notamment du général Muhammed Abdallah
al-Shahwani (10), directeur de l'Iraq's National
Intelligence Service, de l'ex-premier ministre Ayad Allaoui (11),
du président irakien Kurde Djalal Talabani (12)
et du premier ministre chiite irakien Ibrahim Djaafari (13),
responsables politiques et administratifs des Forces Armées et
des Forces Spéciales irakiennes entrainées par les Unités
des Forces Spéciales américaines...
[ 5 ] - d'obtenir de la Cour Pénale Internationale (?) les jugements
des criminels de guerre et des criminels contre l'humanité irakiens
et américains.
A propos de la CPI et des TPI
Il serait souhaitable, cependant, que la CPI et les TPI accèdent
à une interdiction formelle de tout financement privé (contributions
volontaires de particuliers, d'entreprises ou d'autres entités,
d'organisations internationales financées par ces entités,
dons en liquide ou non, virements électroniques) et bien entendu
à une interdiction de placement de leurs fonds pour en tirer des
revenus sur le marché financier international sur la base d'une
révision de leurs réglements financiers et, pour la CPI,
du Statut de Rome; qu'une réforme du statut et des attributions
du Greffier-CPI, par exemple, soit également rendue possible.
Le Greffier, chef omnipotent de l'administration de la CPI désigne
les banques dans lesquelles les fonds tant publics que privés de
la Cour doivent être exposés, mais selon quels critères
de choix et au terme de quel lobbying commercial et bancaire ? Quelle
est la nature des pressions subies ? Est-ce le rôle finalement d'une
Cour pénale d'engager de telles démarches ? Un Cour doit-elle
être dépendante économiquement ? De quelle transparence
dispose-t-on ?
Quoiqu'il en soit, il est invraissemblable que le langage juridique institutionnel
ou politique fasse croire à l'impartialité d'une telle Cour.
Invraissemblable d'imaginer qu'une Cour pénale puisse réaliser
des profits issus "d'investissements en vue d'obtenir des taux de
rendement élevés" - c'est dans les attributions de
la Cour et du Greffier (Art.9 Règle 109.1). Des revenus qui ne
seront pas soumis à l'impôt rangés dans la catégorie
des "comptes officiels de la Cour Pénale Internationale"
ou consignés selon l'art 9. à la règle 109.2 dans
le "Grand livre des investissements" de la CPI où "apparait
la valeur boursière périodique des investissements".
Invraissemblable de penser qu'une justice pénale puisse être
appréhendée par/comme un "outillage marchand".
Comment admettre en conscience une Cour enrichie sur les marchés
bancaires et boursiers d'un côté, traquant et jugeant des
criminels de guerre et des criminels contre l'humanité enrichis
par ces mêmes marchés de l'autre, en Irak, en Europe et dans
le monde ?
Un espace criminogène
Les critiques noteront que la perte d'indépendance de la CPI,
des TPI ou des Tribunaux spéciaux est parfaitement lisible dans
l'espace potentiellement criminogène du pouvoir institutionnel,
du mandat électoral, de la fonction publique y compris de la magistrature
- corruption active ou passive du chef de l'Etat, du juge, du conseiller,
des fonctionnaires salariés, sollicitation ou acceptation sans
droit, directement ou indirectement d'offres, de promesses, de dons, de
présents, d'avantages quelconques... Prédateur et corrupteur,
l'intérêt privé exploiterait à son compte le
potentiel criminogène de la structure publique sous contrôle;
une structure qui ne pourrait être éthique, affirmation de
la disparition graduelle de l'autonomie des Etats et de la soumission
des gouvernements selon d'autres termes, remise en cause des démocraties
égalitaires, regain de l'autoritarisme. L'on se souviendra de The
Crisis of Democraty, Report on the Governability of Democracies to the
Trilateral Commission de Crozier, Huntington et Watanuki, 1975.
Elus, fonctionnaires, entrepreneurs privés, bourgeoisie mafieuse
parviennent à s'entendre sur les terrains lucratifs du délit
d'initié, du manquement au devoir de probité : trafic d'influence,
prise illégale d'intérêts, abus de biens sociaux,
certains sur les terrains lucratifs du recel ou du blanchiment de capitaux,
d'autres sur ceux, collatéraux, du crime de guerre et du crime
contre l'humanité. L'espace entre les différentes formes
de corruption et le crime est infime, comme l'espace entre les catégories
du droit. Il est donc difficile d'identifer la longue chaîne causale
qui conduit aux conflits d'intérêts comme aux guerres d'agression
ou d'invasion. Il y a cependant des liens d'évidence. Pour "l'affaire
irakienne" (guerre d'invasion et Salvador Option), des noms se croisent
à différents niveaux des responsabilités et des faits
: G.W. Bush, Donald Rumsfeld, Colin Powell, Paul Bremer, Dick Cheney ou
encore dans le sillage de l'extrême droite bancaire américaine
George Shultz, James A. Baker III; moins connus mais également
acteurs au sein de l'espace criminogène de l'administration irako-arabo-américaine,
de l'industrie et de la banque privée transnationale : Riley P.
Bechtel, Lee R. Raymond, Daniel Zelikow, William B. Harrison, Jr., James
"Jamie" Dimon ...
Indécent, donc, de faire croire aux familles de victimes d'assassinats
politiques, de génocides, à l'opinion, que les réglements
financiers et les méthodes de gestion financère de la justice
pénale internationale (sur la base de contributions volontaires
privées d'entreprises transnationales, de fondations philanthropiques
écrans ou de personnes physiques, de dons, d'investissements boursiers
ou bancaires) n'altèreront pas durablement les principes de justice
- car c'est de celà dont il est question - ou encore que de tels
réglements seraient justes et immuables parce que ratifiés
par un ou des Etats ou encore garantis par un statut international.
Indécent de faire croire que ces mêmes réglements
financiers de la CPI pétris de logique utilitaire à priori
déontologiques parce que couplés au contrôle pragmatique
d'un Commissaire au compte ne contribueront pas dans le long terme de
la puissance et de l'agressivité de l'économie mondiale
(accrues par le FMI, la Banque Mondiale, l'OMC et par l'inefficace du
Conseil de Sécurité des Nations-Unies) à réduire
la crédibilité des juges et des jugements, à créer
plus d'inégalités sociales tandis que les activités
des Etats se réduisent déjà à celles de conseillers
d'entreprises... "Stateless global governance (gouvernement mondial
sans Etat), écrira Jean Ziegler dans "Portrait de groupe à
la Banque Mondiale", privatisation des biens publics et des Etats,
Consensus de Washington". Un Consensus que Ziegler définira
comme "une somme d'accords informels conclus entre 1980-1990 entre
les principales sociétés transcontinentales, les banques
de Wall Street, la Fédéral Bank américaine et les
organismes financiers internationaux nés des accords de Bretton-Woods,
(1944)".
Cette économie marchande "glocalisée" (globalisée
+ localisée), industrielle, bancaire, financière, est bien
aujourd'hui la trame historique du dispositif pénal irakien, du
dispositif militaire et policier irakien, du libre-échange irako-arabo-américain
au Proche et Moyen Orient. Un triple dispositif sur-sécurisé
pour un efficace de justice quasiment nul ou un efficace politique d'apparat,
certains diront de transition.
« Rappel historique »
En quelques mois la Coalition Provisional Authority irakienne et les forces
d'occupation en Irak parviendront à dresser un Tribunal Spécial
pour juger les crimes de Saddam Hussein. Ce Tribunal Spécial disposera
de ses statuts en décembre 2003.
Durant le laps de temps qui s'écoulera entre septembre 2003 et
juin 2004, en appui sur le très emblématique Tribunal Spécial
et une ouverture chaotique du procès de Saddam Hussein, les principales
banques privées irakiennes interdites aux opérations internationales
par Saddam Hussein de 1992 à sa chute prépareront un voyage
historique à Washington, à Arlington, à New-York
afin de rencontrer l'élite arabo-américaine du commerce
et de la banque de commerce privée.
Rappelons, ici, que la banque d'investissement new-yorkaise J.P. Morgan
& Co. - hier pro-nazie - et Chase Manhattan Corporation - fief Rockefeller
qui fusionnera en 1996 avec Chemical Banking Corporation - fusionneront
et contrôleront directement ou indirectement dès décembre
2000 sous le label J.P. Morgan Chase & Co. (90 millions de clients
dans 50 pays) près de 50% des activités bancaires commerciales
irakiennes, influenceront directement ou indirectement la politique de
la Trade Bank of Irak, de la Banque Centrale Irakienne, la politique irakienne
du commerce (ex-im) et des finances...
9 juin 2004, le service de presse de la Maison Blanche diffusera l'objectif
de G.W.Bush au Proche et Moyen Orient : "une Zone de libre-échange
au Proche et Moyen Orient en 2013" (Middle East Free Trade Aera/MEFTA)
:
( 1 ) - "Le libre échange et le commerce ont contribué
à faire reculer la pauvreté dans le monde et ont enseigné
aux hommes et aux femmes les moyens de la liberté. Le Président
Bush renouvelle sa proposition de mai 2003 : l'établissement dans
les dix années à venir (2003-2013) d'une Zone de libre-échange
Etats-Unis-Proche et Moyen Orient afin de créer un cercle élargi
d'opportunités et de contribuer à l'espoir des peuples...
( 2 ) - "Une contribution qui nécessitera une augmentation
des activités commerciales et des investissements dans la région,
la conduite d'importantes réformes intérieures, l'établissement
de nouvelles règles/normes juridiques, la protection garantie des
droits de la propriété privée (y compris des droits
de la propriété intellectuelle)...
( 3 ) -"La MEFTA et les Accords de Libre-Echange (FTA) conduiront
à un ensemble de mesures anti-corruption épicentre du dispositif
commercial (américano-arabe) du 21ème siècle et à
des réformes économiques ...
( 4 ) - "Notre programme FTA concerne déjà : Israel,
la Jordanie, le Maroc (négocations finales et signatures mars 2004/juin
2004), Bahreïn (négociations complémentaires 27 mai
2004)...
( 5 ) - "Les Accords Cadres pour les Investissements (TIFA) nécessitent
une protection accrue des investisseurs, une garantie des nouvelles normes
douanières autant que des nouveaux systèmes de régulation
commerciale. Les TIFA concernent : Bahreïn, l'Algérie, l'Egypte,
la Tunisie, l'Arabie Saoudite (signature en juillet 2003), le Koweit (signature
en février 2004), le Yemen (signature en février 2004),
les Emirats Arabes Unis (signature en mars 2004), le Qatar (signature
en mars 2004)...
( 6 ) - "Les Etats-Unis soutiendront activement les Etats arabes
qui souhaiteront accéder à l'Organisation Mondiale du Commerce,
particulièrement l'Arabie Saoudite, le Liban (accès prévu
en 2006), l'Algérie et le Yemen..."
17 juin 2004, Le pool bancaire privé irakien : Al Baraka for Investment
and Financing Bank, Bank of Baghdad, Iraqi Middle East Investment Bank,
Basrah Private for Investment, Islamic Bank, Commercial Bank of Iraq,
North Bank, Credit Bank of Iraq, Sumer Bank, Gulf Commercial Bank, United
Investment Bank, conduit par Faleh Dawood Salman, gouverneur-adjoint de
la Banque Centrale d'Irak, rencontre "enfin" à Washington,
à Arlington et à New-York, les stratèges et les supporters
américains de la MEFTA : U.S. Trade and Development Agency, EX-IM
Bank, The Iraqi Reconstruction Task Force, The Overseas Private Investment
Corporation, The Institute of International Bankers, Bankers Association
of Foreign Trade, The Business Council for International Understanding,
the Arab Bankers Association of North America...mais aussi les stratèges
financiers de la Federal Reserve Bank de New York, du Fond Monétaire
International et de la Banque mondiale.
Kevin G. Woelflein, conseiller spécial CPA du ministre des finances
irakien, confirmera à New-York : "La reconstruction et la
modernisation du secteur de la banque privée est essentielle pour
la croissance économique de l'Irak.. Cette visite aux Etats-Unis
offrira à ses délégués d'exceptionnelles opportunités
pour apprendre les pratiques les plus modernes de la banque et aidera
à faire des banques privées irakiennes le coeur de la future
structure bancaire irakienne." (14)
Ce 17 juin 2004 une lettre de condamnation des méthodes américaines
en Irak utilisées par l'armée américaine sur les
populations civiles irakiennes sera envoyée par Tom Malinowski
(directeur de Human Rights Watch-Washington) et Joe Stork (directeur de
HRW-Washington, division du Proche et Moyen Orient et de l'Afrique du
Nord) à :
- Donald Rumsfeld (Secretary of Defense),
- Paul Wolfowitz (Deputy Secretary of Defense),
- William Haynes II (General Council, Office Secretary of Defense),
- Gen. John Abizaid (Commander, US Central Command),
- Maj.Gen. Thomas J.Roming ( Judge Advocate General, US Army),
- Brig. Gen. Kevin M. Sandkuhler (Judge Advocate General, US Marine Corps),
- Lt.Gen. Norton Schwartz (Director of Operations, Joint Chiefs of Staff,
J3),
- aux sénateurs John W.Warner, Carl Levin (Armed Services Committee,
US Senate),
- aux députés Duncan Hunter, Ike Skelton (Armed Services
Committee, US, House of Representatives)..." (15)
30 juin 2004 : "Saddham Hussein et 11 anciens officiers baasistes
sont transférés juridiquement (mais pas physiquement car
il n'y a aucune prison irakienne adéquate pour eux, écrit
Trial Watch) au gouvernement intérimaire irakien. Ils seront traduits
en justice le 1er juillet 2004. Lors de sa première audience le
1er juillet 2004, Saddam Hussein a contesté la légitimité
du tribunal" ... (16)
Il ne sera pas le seul à en contester la légitimité.
Fin septembre 2004, le Dr. Curtis F.J. Doebbler (avocat du groupe de défense
de Saddam Hussein dirigé par l'avocat jordanien Mohammed Rashdan)
écrira à Washington:
"les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l'Italie et la Communauté
Européenne refusent de reconnaître les lois internationales
concernant les droits de l'homme et les lois humanitaires comme valables
pour le jugement de Saddam Hussein : les lois internationales ne concernant
pas les individus mais les Etats".
4 octobre 2004, une lettre du Dr. Curtis F.J. Doebbler envoyée
aux trente missions permanentes des Nations-Unies insistera sur le fait
que les détentions en Irak sont les fruits d'une invasion et d'une
occupation illégales, qu'au regard des normes internationales la
détention en captivité de l'ancien président Saddam
Hussein est elle-même illégale. (17)
Fin décembre 2004, Ramsay Clark rejoindra l'équipe de défense
de Saddam Hussein.
20 janvier 2005 : une seconde lettre du Dr. Curtis F.J. Doebbler confirmera
:
- l'impossibilité formelle et éthique du jugement de Saddam
Hussein,
- l'illégalité du système judiciaire irakien tant
au regard des normes juridiques nationales irakiennes qu'internationales,
- les conséquences de la présence militaire américaine
sur le système civil et pénal se traduisant, en fait, par
une impossibilité de justice ou par une justice partisane résolument
arbitraire:
"Only a tribunal created by international mandate and with truly
impartial judges sitting can try a head of state who has been captured
pursuant to an illegal invasion of his country. The Iraqi Special Tribunal
is not such a tribunal and constitutes a serious violation of international
law. " (18)
Dispositf sécuritaire globalisé
de l'économie marchande irakienne
28 juin 2005 , George Bush annoncera lors d'un tristement célèbre
discours à Fort Bragg : "l'administration militaire de l'OTAN
est en train d'établir une académie militaire près
de Bagdad afin de former la prochaine génération de chefs
militaires irakiens. 17 nations affectent des soldats à la mission
de formation de l'OTAN. Du personnel italien, allemand, ukrainien, turc,
polonais, roumain, australien et britannique participe à la formation
de l'armée et de la police irakiennes ... " (19)
Trial Watch soulignera qu'au 1er juillet 2004 les chefs d'accusation initialement
retenus contre Saddam Hussein étaient :
- l'invasion du Koweït (1990)
- la répression de l’insurrection kurde et chiite en 1991
- la campagne d’épuration ethnique contre les Kurdes de 1987
à 1988
- le gazage des Kurdes à Halabja (1988)
- l'écrasement de la rébellion chiite (1991)
- les meurtres avec préméditation de chefs de partis politiques
- les meurtres avec préméditation de dignitaires religieux
(1974)
- le massacre de membres de la tribu kurde des Barzani en 1983..."
Fin juin 2005, le Gouvernement irakien annonce que l'ancien dictateur
doit répondre de 12 chefs d'accusation de crimes contre l'humanité,
quand bien même plus de 500 dossiers existeraient contre lui...
Le premier procès sera ouvert le 19 octobre 2005. (T.W)
Conclusion
Il paraîtra évident au regard de la lourde comptabilité
criminelle irakienne post Saddam Hussein, que les acteurs politiques,
judiciaires, religieux, militaires, policiers, commerciaux irako-arabo-américains
et les forces militaires d'occupation ne sont toujours pas en mesure,
en terme de capabilité, de considérer le respect et la violation
des droits des populations civiles non combattantes en Irak et des familles
de victimes d'assassinats politiques comme prépondérants
ou pertinents dans l'évaluation, à tout le moins morale,
des situations et des conséquences.
Sur la base de la condamnation internationale des crimes de guerre et
des crimes contre l'humanité perpétrés par les instigateurs
de l'"Irak Salvador-Option" il conviendrait de soutenir plus
encore le processus ininterrompu des enquêtes indépendantes
internationales. Donald Rumsfeld, Dick Cheney, John Negroponte, Elliot
Abrams confirmeront eux-mêmes à plusieurs reprises entre
2003 et 2005 la possibilité de cette réhabilitation en Irak
bien qu'étant liés directement ou indirectement à
cette stratégie optionnelle de la violence.
Il paraîtra évident que dans le contexte de l'instrumentalisation
globale de l'intérêt privé et du profit illicites
le jugement d'un criminel de guerre, criminel contre l'humanité,
ne suffit pas sans quoi les procès de Leipzig, de Nuremberg et
de Tokyo auraient suffit...
Il n'est donc pas trop tôt pour soutenir que dans ce contexte les
jugements de la CPI, du TPIY, du TPIR, du Tribunal spécial pour
la Sierra Léone, des Chambres spéciales pour les crimes
graves du Timor-Leste ou que les jugements des Tribunaux spéciaux
irakien et cambodgien s'ils conduisent bien aux condamnations réalistes
de criminels de guerre et de criminels contre l'humanité ne parviendront
pas, malgré tout, à "booster" (sur la base même
de ces condamnations) l'efficace des principes égalitaires de justice.
Il ressortira enfin, au regard du potentiel criminogène de l'économie
du bien-être, qu'un principe de justice ne peut plus et ne doit
plus se résumer aux seules défenses des droits, des libertés,
des revenus, des richesses, des possibilités offertes à
chaque individu ou même des bases sociales du respect de soi-même.
Cette base relève bien de la mécanisation néolibérale
qui prétend offrir "ces choses que tout homme rationnel est
supposé désirer" alors que 60% de l'humanité
vivant au-dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté (+ ou
- 2$ par jour) n'est plus capable de satisfaire ses besoins nutritionnels,
de trouver un toit, de se soigner ou de participer à la vie sociale
de la communauté.
Citons pour conclure cette pensée de la juriste militante Monique
Chemillier-Gendreau, une pensée manifeste : "Vous voulez laisser
un monde vivable derrière vous ? Alors, entrez en résistance,
passez vos nuits à essayer de comprendre et vos journées
à organiser la lutte dans des réseaux planétaires
où se construira la loi internationale du futur (...) traque(z),
dans tous les replis du droit et dans les relations sociales qu'il induit
et légitime, les ruses par lesquelles se construisent autrement
des formes équivalentes de privation de liberté et de rupture
d'égalité (...)" (20)
Très solidairement, C.Pose, 3 septembre 2006
----------------------------
Notes web de l'article "Irak Salvador-option" :
*Nouveaux documents
Salvador
in Iraq: Flash Back by Jonathan D. Tepperman (CFR,
5/4/05)
"Reuel
Marc Gerecht (1)
an ex-CIA analyst now at the American Enterprise Institute, confirms that
a version of assassination squads, Kurdish and Shia commando teams, have
indeed been assembled to go after Sunni insurgent leaders. "[The
Pentagon] is trying to expand these units and deploy them more aggressively...Stuart
Herrington (1)
— a former Army intelligence officer who, during the Vietnam war,
helped lead the Phoenix Program, an assassination campaign against Viet
Cong cadres, recently visited Iraq as a counterinsurgency consultant to
the Pentagon. The exact nature of Herrington's work in Iraq remains classified,
but, he tells me, "When I was [in Iraq], I favored using Shiites
and Kurds to go after the Sunnis...."
-Echoes
of Vietnam CBC News Analysis, February 10, 2005, from Joe Schlesinger
1) The
Corporate/Think Tank Complex
Father Robert Sirico's Acton Institute and ExxonMobil lash out against
corporate responsibility activists, Bill Berkowitz, July 14 2003
2) 'The
Salvador Option'
The Pentagon May Put Special-Forces-led Assassination or Kidnapping Teams
in Iraq, Michael Hirsh, John Barry, Common Dreams 9 janvier 2005,
3) IRAK
The Salvador Option
The ¨Progress Report", Christy Harvey, Judd Legum, Jonathan Baskin,
10 janvier 2005
4) Media Disinformation
and the Nature of the Iraqi Resistance,
Ghali Hassan, GlobalResearch. ca, may 2005
5) For Iraq,
"The Salvador Option" Becomes Reality,
Max Fuller, globalresearch.ca, june 2005
6) Interview
on ABC's This Week with George Stephanopoulos,
7)
Interview on CNN's Late Edition with Wolf Blitzer,
8)
Statements of Support, Defend America,
9) Joint Chiefs of Staff,
10) Iraqi resistance
downplayed by US government propaganda,
11) Terre
brûlée à Fallouja,
12) Propagande et
révisionnisme historique à Washington : le président
Saddam Hussein n'a jamais "gazé des kurdes" à
Halabja !
13) L'Irak
sort de l'impasse en se dotant d'un gouvernement, 8/5/2005
14) Iraqi
Bankers Meet U.S., International Financiers in New York, Washington
& Iraqi
Private Banks Authorized to Conduct International Payments, Remittances
and Letters of Credit
15) U.S.:
Pentagon Should Probe Civilian Deaths,
16) Saddam Hussein
al-Majid al-Tikriti, Procédure Légale, Trial Watch,
17) Special Report on the trial
of President Saddam Hussein,
18) Update on the Representation
of President Saddam Hussein,
19) George
W. Bush : les États-Unis vaincront les terroristes en Irak
20) Monique Chemillier-Gendreau : "Droit international et Démocratie
Mondiale, Les raisons d'un échec", Textuel, Paris, 2002
(fin)
home
: linked222.free.fr home
: Ni bonze, ni laïc
|