[[ DO YOU LIKE YEN
? Tokyo , art & river bank, 24 juillet-7 août 2004 ]]
Soixante travaux se sont ajoutés à ceux de Paris (éof)
et à ceux envoyés par le net.
Merci d'y avoir participé, d'y avoir conduit vos travaux, d'y avoir crée
du yen, sur place, et d'y avoir participé financièrement.
Cette exposition a commencé par une histoire d'argent, créer des
faux billets et a fini par une histoire d'argent. La collecte organisée
par la galerie concernera finalement 35 personnes au Japon, pour un montant
total de 124 000 yens (921,51 euros). Ce chiffre a largement dépassé
celui de nos espérances du début. Je souligne que la collecte
relève de la seule initiative de la galerie.
Les trois initiateurs du projet (dont moi-même) ont toutefois proposé
une participation financière supplémentaire à concurrence
de 90 000 yens (662.31 euros).
Ma collecte aura impliqué 15 personnes en France, pour un montant total
de 18 560 yens (136,58 euros). Cette somme sera consacrée au tirage du
journal que j'ai l'intention de produire prochainement.
Il nous sera aimablement fourni, par ailleurs, une grande table, des chaises,
du matériel divers.
"Let's graffiti on Yen"
Do You Like Yen ? est une action simple "faisons des graffiti sur l'image
argent". Do You Like Yen est / a une proposition : parvenir à l'expression
du sens de l'économie propre à chacun.
Une ouverture allant "au-delà" des critères économiques
eux-mêmes (au-delà des activités des collectivités
humaines, des modes de production, de consommation des richesses), des critères
d'utilisation de la monnaie de son pays ou d'autres pays,"au-delà"
des critères d'utilisation des motifs symboliques propre à chaque
billet, au-delà de la qualité même de l'expression artistique
et de la pensée de chacun. Il n'y a pas de hiérarchie dans les
créations ni dans l'accrochage des oeuvres aux murs. C'est le but de
notre exposition.
L'idée de Do You Like Yen ? était déjà conçue
en 2000. Il me restait, toutefois, à réfléchir sur le contexte
de l'exposition.
Cette exposition, par exemple, est réalisable n'importe quand, n'importe
où, dès qu'une opportunité se présente. Quand le
temps ou l'époque change, les participants et les ateliers changent.
Certains s'arrêteront au courant (à la mode) d'un moment, d'autres
observeront que le temps et les événements se répètent,
inlassablement. Je pense, à ce titre, à la possibilité
d'une exposition permanente sur le net.
En 2000, le Japon était encore le premier pays au monde par le volume
de son Aide Publique au Développement (APD). Il y avait sans doute de
quoi sourire. Dans un même temps j'observais le phénomène
international du ZEN (clichet du calme tondu et de la sagesse), du MANGA (clichet
d'un Japon dominé par les petites filles), "la vie à la japonaise",
en France, et le décalage d'avec la menace réelle que représentait
(et que représente toujours) l'économie japonaise sur le monde.
Puis il y eut le 11 septembre. Je créai le CD-Rom "Série
Noire" dont l'objet consistait en la recherche des causes et des effets
entre des chiffres, abstraits, des places boursières et les événemments.
"Série Noire" n'était pas particulièrement original
en soi, puisque depuis la guerre du Kosovo l'on pouvait observer des analyses
de plus en plus éclairées sur les rapports entre les intérêts
(économiques, humains) et les guerres. (« Trafic
et crimes dans les Balkans », Nicolas Miletitch, « Explosion
ou confédérations », Catherine Samary, « Guerre
dans les Balkans, nouvel ordre global » Ignacio Ramonet). La guerre
en Afghanistan mettra également à plat les intérêts
nippo-américains par la guerre. Le CD-Rom "Série Noire"
sera pour cette raison (la somme des intérêts par la guerre de
Kaboul à New-York) distribué gratuitement. Cela évitait,
d'une part, de prendre part au "Money-trade" et d'autre part, à
une autre échelle, de participer au système des émissions
d'actions, des cotations boursières et des prix.
La guerre des intérêts prendra plus tard, une nouvelle forme, celle
de la guerre en Irak.
Pays Japon- pays étranger
Je me demandai, lors de ce dernier séjour au Japon, si la situation en
Irak s'était stabilisée. Les médias publics japonais n'en
parlaient quasiment jamais, pas plus qu'ils n'évoquaient la bestialité
du conflit israélo-palestinien. Il faudra attendre Paris pour avoir des
informations.
L'indifférence nationale s'accompagnait toutefois d'envois réguliers
en hommes (Jieitaï), en matériels et en argent (APD, financement
contre le terrorisme, développement du processus démocratique).
Un financement global provenant pourtant des impôts nationaux, "ketsuzei"
ou "impôt du sang". Il était temps de me questionner
sur l'attitude du journalisme japonais à propos de la guerre et du "pays-Japon",
membre de la force de coalition.
Oé Kenzaburo (bilan Do You Like yen ? Paris) insistera dans Libé
« Je
suis en colère » sur l'autisme de la presse japonaise et du
premier ministre Koizumi à propos de la présence militaire japonaise
en Irak. Une vision ingérée par les lecteurs français "comme
un médicament" pour la régulation de la digestion difficile
du : "Jietaï, force d'autodéfense japonaise en Irak".
Cet article me permettra d'aller plus loin, de penser par exemple à la
conception superficielle (distinction facile) du "pays étranger",
"pays nippon" (mon/notre pays), étranger "gaïkoku"
(extérieur) et à celle, non moins nuancée de "notre
symbole (yen)".
Je tiens également à donner, ici, une explication à propos
de cette remarque qui m'aura été faite durant l'exposition de
Tokyo : "Mami PY n'habite pas au Japon, pourquoi utilise-t-elle le (notre)
yen comme motif ?" Résidente dans un pays étranger depuis
16 ans, je demeure de nationalité japonaise et n'en suis pas moins une
complète immigrée. En France, je ne suis pas française.
Au-delà de 90 jours de séjour sur le territoire français
les conditions de vie civile, administrative, financière (visa, compte
bancaire, permis de...) et l'identité personnelle, demeurent éminemment
problématiques. Vivre toutefois à cheval sur plusieurs frontières,
pays, populations, ethnies, permet d'échapper à la "mystique
nationale" : croyance nationale, mysticime national, apologie de la nation,
superstition nationale... J'ai essayé de m'en sauver et cela est devenu
un fondement de mon identité, un moyen de garder une distance avec le
problème.
Le mythe romain "Janus" ayant "une tête
double, avec deux visages opposés, l'un tourné vers le passé,
l'autre vers l'avenir, dont le nom latin signifie passage (de janua, entrée,
chemin), était le dieu des portes, et a donné son nom au mois
de janvier (qui clôt l'année passée, et ouvre celle à
venir). Dans un cadre psychiatrique, le port d'une tête double pourrait
s'interpréter comme une simple allégorie de dualité mentale,
mais par ses origines mythologiques exprimant un concept religieux de renaissance,
cette dualité voudrait réunir le monde des morts à celui
des vivants (passés et à venir). (...) - une épilepsie
psychique - vécue comme un état de mort apparente et de résurrection,
récurrent." (Janus
ou le dieu aux deux visages)
La porte de Janus s'ouvre pour le rituel de la guerre, l'armée et les
missionnaires passent, lorsque la paix règne, elle se referme.
L'exposition Do You Like Yen ? a ouvert ses portes à Paris (éof)
le jour du premier anniversaire de l'invasion américaine en Irak simultanément
à la journée mondiale pour la Paix et le retrait des forces militaires
de la coalition en Irak. Le Jietaï et la monnaie japonaise (pour la part
japonaise) jouaient déjà un rôle important en terme de logistique
et de moyens financiers. Une dualité occidentale à la japonaise,
paradoxale comme le Zen en occident. Guère différente finalement
de la dualité janusienne obscure "USA-APD (l'Amérique ravira
au Japon sa place de première nation bienfaitrice de l'humanité
en 2001) et "USA-US Army"... Quoiqu'il en soit de l'illusion et de
l'absence de transparence, le Japon suit les Etats-Unis. Les "Grands pays"
créent l'Histoire et construisent l'avenir. Le Japon fait des offrandes
et vénère ses dieux protecteurs.... Le "libéralisme-mondialisme"
serait-il un dieu qui chercherait à abolir les frontières financières?
Une frontière inviolable plutôt tracée par les USA entre
les USA et le Reste du monde...
Pour appréhender l'irritation d'un visiteur de Do You Like Yen ? Tokyo,
qui s'opposera à l'assimilation de Hiroshima (6 aout 1945) au 11 septembre
2001, nous citerons l'approche de John Berger dans « De
Hiroshima aux Twins Towers ». Une problématique que nous aborderons
avec un même esprit d'ouverture. Dans les deux cas nous assisterons, semble-t-il,
à la fin d'une suprématie nationale sur son sol.
Mais pour l'exposition de Tokyo, il eut été préférable
de citer, non le nom de Janus, mais celui, plus familier au Japon, de Daikoku
ou "le triple visage de DAIKOKU" (Maha-kara/dieu des guerres/dieu
des ténèbres/ dieu des richesses)... daikoku (ookuni)-Ookuninushinomikoto
(un des dieux japonais) ou "la dualité des dieux", etc...
Anonyme
99% des travaux des tokyoïtes ne portent pas de noms. Cela m'a étonné
et ennuyé, car sans nom je ne pouvais les classer et les contacter. Mais
finalement, je trouvai que c'était une bonne chose, mes autres projets
étant des actions anonymes. L'anonyme signifie "sans nom" et
non négation de la personnalité, de l'être. Ce n'est pas
davantage un refuge pour manipuler autrui ou spéculer. (L'action anonyme
"Histoire
d'orange" pose la question de la propriété (intellectuelle),
du droit d'auteur et de l'oeuvre).
Devenir anonyme, en tant qu'organisateur ou opérateur (parfois participant),
ne permettait-il pas de contempler les travaux ou les oeuvres sans manipulation
du sens ? Le créateur crée librement, le regardeur regarde sans
préjugé... J'y voyais finalement une possibilité de communication
supplémentaire (plutôt de communion), créer, voir. Les noms,
cependant, ne signifiaient pas que cet état de l'acte (créer,
voir) était impossible. Créer sans nom consisterait donc en la
proposition d'une position, un essai.
"Dessins anonymes, rien d'instant", une ancienne préoccupation
et un projet contemporain qui me tient à coeur, n'est toujours pas réalisable,
ni au point. Celles des expositions auxquelles je me suis rendue et qui ont
traité de l'anonymat avaient toutes tendance à hiérarchiser
les oeuvres ou à jouer au jeu des noms cachés. Cela éloignait,
semble-t-il, de ce que j'appelle aujourd'hui "anonyme" et qui libère
de la distinction née du nom (appellation / mot, conçu par l'histoire
et la culture). Dans Do You Like Yen ? je me nomme, du reste, mami PY.
En fait, DO YOU LIKE YEN ? Tokyo, peut être considérée comme
la signature d'une pétition sans noms. Je souhaite que chacun des travaux
ne soit pas enseveli par la masse des billets. Que chaque travail témoigne
de la raison d'être. Que la raison de la participation à cette
exposition, transpire par le travail.
J'ai souhaité que le travail à fournir soit le fruit de la spontanéité,
et de la liberté, en le séparant de mes pensées personnelles
quant à l'économie et à l'art. Si le vote des Lois d'urgence
au Japon ne vous interesse pas, vous pouvez bien évidemment vous en détourner
et dessiner à votre guise sur la base de votre choix. Toutefois je n'ai
vraiment pas souhaité que les participants-visiteurs suivent une opinion
sans réflexion ou un événement (spectacle) excitant.
Une remarque : l'explication de l'Aide Publique au Développement (APD)
japonaise dans le monde, un élément de mon argumentation, a été
considérée comme du prêchi-prêcha par les japonais.
En fait, je n'aurais pas dû expliquer... Mon avis sur l'APD concernait-il
un sentiment sur le yen par trop personnel ? Il me paraissait toutefois indispensable
d'en parler. Comment ouvrir la porte sans ambiguité ? Etait-ce compliquer
que d'informer chacun afin d'ouvrir un espace plus vaste, précisément
à chacun ? "Faire des graffiti sur un billet" signifiait-il
simplement révéler la conscience de chacun sur la question de
l'économie ?
La table ronde que j'ai proposé (pas de place d'honneur, toutes les paroles
ont le même poids) n'a pas eu lieu. Une réunion où il n'y
aurait eu aucun leader d'opinion, aucun professeur, seulement des participants
et des créateurs autonomes, des travaux ni supérieurs ni inférieurs,
des pensées, des sentiments, des vies privées librement projetées.
C'était l'exposition que je souhaitais réaliser.
L'écologie des économies et des ménages
Il y a un sous-titre à Do You Like Yen ? "L'écologie des
économies et de ménages".
Si nous avons conscience d'être le prolongement d'une voie (le progrès
comme un idéal que nous incarnons ou que nous avons épousé
sans réfléchir), l'"écologie" cherche, quant
à elle, à établir/fonder un nouveau style de vie. Un nouveau
style dont la base consisterait en la raison sans être rationaliste, en
la joie sans être épicurien, chercher l'avantage de soi et de l'autre
et non l'avantage de l'autre en renonçant à soi (effacé/sacrifice).
Jean Marie Harribey dans « Vers
une société économe et solidaire, développement
ne rime pas forcément avec croissance » traitera bien mieux
que moi ces préoccupantes questions de l'écologie et de l'anti-développentisme.
"(...) Nous devons alors fonder pour l'avenir une
distinction radicale entre les deux concepts : l'amélioration du bien-être
et l'épanouissement des potentialités humaines se réalisant
hors du sentier de la croissance infinie des quantités produites et consommées,
hors du sentier de la marchandise et de la valeur d'échange, mais sur
celui de la valeur d'usage (*) et de la qualité du tissu social qui peut
naître autour d'elle. (...)
Cela passe non pas par une décroissance aveugle, inacceptable pour une
majorité de citoyens, mais par une décélération
ciblée permettant d'enclencher la transformation des processus productifs
et aussi celle des représentations culturelles : la décélération
de la croissance, comme première étape avant d'envisager la décroissance
sélective, en commençant par celle des activités nuisibles,
pour une économie réorientée vers la qualité des
produits et des services collectifs, une répartition primaire des revenus
plus égale et une baisse régulière du temps de travail
au fur et à mesure des gains de productivité, seule manière
de promouvoir l'emploi en dehors de la croissance. En sachant que toute remise
en cause du modèle de développement actuel n'est réaliste
qu'à condition de remettre en cause simultanément les rapports
sociaux capitalistes''.
Définir le développement comme l'évolution d'une société
qui utiliserait ses gains de productivité non pour accroître indéfiniment
une production génératrice de dégradations de l'environnement,
d'insatisfactions, de désirs refoulés, d'inégalités
et d'injustices, mais pour diminuer le travail de tous en partageant plus équitablement
les revenus de l'activité, ne constitue pas un retour en arrière
par rapport à la critique du développement actuel. Cela ne condamne
pas à rester à l'intérieur du paradigme utilitariste, si
les gains de productivité sont obtenus sans dégrader ni les conditions
de travail ni la nature.
A partir du moment où l'on admet que l'humanité ne reviendra pas
à l'avant-développement et que, de ce fait, les gains de productivité
existent et existeront, leur utilisation doit être pensée et rendue
compatible avec la reproduction des systèmes vivants. On peut faire l'hypothèse
que la baisse du temps de travail peut contribuer à débarrasser
notre imaginaire du fantasme d'avoir toujours davantage pour mieux être,
et que l'extension des services collectifs, de la protection sociale et de la
culture soustraits à l'appétit du capital est source d'une richesse
incommensurable avec celle que privilégie le marché. Derrière
la question du développement sont en jeu les finalités du travail
et donc le chemin vers une société économe et solidaire."
Alternative
J'ai réçu récemment un mail de l'Académie-sans-toit.
J'ai observé jusqu'à présent deux voies alternatives, celle
de la "résistance" et celle du "parallélisme".
Celle de la "résistance" est forcément résistante
et conduit à l'obligation de contrer le puissant courant de l'instution,
du corporatisme, l'autorité avec esprit critique. Celle du "parallélisme"
est par contre une force co-habitante au sein du système existant mais
alternativement et autrement.
Dans les deux cas, quand un objet a été crée (productions,
oeuvres) et qu'une valeur (nécessaire à la consommation dans le
contexte économique traditionnel) lui a été attribuée,
la question du prix, de l'argent comme problème, se manifeste. La "sous
culture" (résistance et parallélisme), comme disent les anti-alternatifs,
ne peut obtenir une place sociale. Je ne le pense pas. Il paraît au contraire
que les deux courants alternatifs observés échappent en fait,
comme après un pacte tacite, à la valorisation, comme s'il y avait
eu un renoncement à la marchandisation. Il ne s'agit pas d'une étape
immature qui n'arriverait pas à atteindre à la "grande exposition"
ou au "grand évènement". Il s'agit au contraire de la
Société réelle excluant les illusions. Ici, l'argent comme
problème n'existe pas (je ne dis pas que l'argent n'intervient pas)."
(*) La valeur d'usage est l'utilité d'un bien ou
d'un service, notion qualitative non mesurable et non réductible à
une valeur d'échange monétaire. Cette dernière est le rapport
dans lequel deux marchandises vont s'échanger entre elles par le biais
de la monnaie. En soulignant cette distinction, on signifie le refus que tout
soit marchandisé."
(« Développement
ne rime pas forcément avec croissance (21) » Harribey)
"Les émanations rentabilisables du bien, du
vrai et de la beauté collent encore à l'art noble, ceci offre
l'opportunité d'un transfert d'image inégalable. Le bien, le vrai
et le beau (BVB), débarrassés de tous soupçons, représent
un énorme capital symbolique même s'il est difficilement chiffrable."
(« Gondola ! Gondola ! » Hans Haacke (« Libre - Echange »,
Haacke / Bourdieu, Ed. Seuil)
Le problème est que l'espace de l'exposition devient un territoire sacré
ayant une légitimité qui se propose d'avance "un important
capital symbolique". Là où les évènements se
déploient, les oeuvres arrangées ne sont pas considérées
comme vraies et sont, a priori, jugées. Elles n'accèdent ni au
sacré ni à l'authenticité (pas encore légitimes)"
précisément à cause des organisateurs et des propriétaires
de l'espace. Le système de location des galeries au Japon (très
développé) mais "mal noté" parce qu'imposant
des exigences financières aux créateurs (artistes), est un système
limitatif.Il concerne, en fait, ceux qui peuvent payer sans que la qualité
intervienne jamais comme critère, et implique un inexorable processus
de valorisation et de marchandisation.
La difficulté de la transmutation de la qualité en objet/argent
nécessite une technique habile, les galeristes le savent, bon gré,
mal gré. L'abattement fiscal offert aux entreprises mécènes,
qui va également dans ce sens, dissimule très bien la criminalité
des entreprises. Des entreprises qui revendiquent pourtant, et en toute bonne
fois, comme le système des galeries, le Libre - Echange.
Entre la marchandise "vrai-bien-beau" et l'autonomie, l'objet à
exprimer et les créateurs (artistes), sont ballottés. Le nouvel
espace alternatif met de coté l'intervention de l'argent, ne serait-ce
pas en soi, une bonne chose ?
"Le mouvement issu de la pensée alternative
s'oppose à la privatisation de la connaissance et de la vie, il ouvre
au contraire la propriété intellectuelle au bien commun."
(« La
propriété intellectuelle et les multinationales (en japonais)
», la banque des graines et le bien commun, Seiji Tanaka)
Monique Chemilier Gendreau parlera dans « Droit International et Démocratie,
les raisons d'un échec » de l"'en-commun".
L'agriculture et la culture affrontent un problème commun, celui de la
conscience de la valeur. La pensée alternative s'opposant à la
culture de la marchandisation et du prix, permet d'accéder à une
nouvelle forme de discernement, de désintéresser du jugement absolu.
Nous conduirait-elle vers le chemin d'une "société économe
et solidaire" ?
Dans le contexte propre à Do You Like yen ? Personne ne se sacrifie.
La participation lie à quelque chose, même si elle ne porte pas
un effet immédiat, sensible. Ce que j'entends par "lier" consiste
à devenir actif avec un "esprit économe et solidaire".
Si l'on perd l'équilibre du discernement, on incline souvent vers une
forme de stoïcisme ou vers une forme d'anti-développement avec sacrifice.
Je ne pense pas qu'il faille laisser le libéralisme se substituer à
un quelconque sentiment d'unité. Fabriquer, produire de la valeur d'échange,
nous fait croire à l'illusion d'être uni.
"Lier", selon moi, ne signifie pas forcément avoir un projet
un commun. "Lier" pourrait signifier, dans un monde fractal, une forme
agrandie de plusieurs nombres premiers, des nombres qui s'entre-dépendent,
ou un effet papillon transmuant un infime battement d'aile en une force, au
loin.
Chaque lien devenant une cause ou des causes, un effet ou des effets. Chaque
linked (lié), est lié à soi... Cette exposition serait
une simple confirmation de ce "soi-lié-à".
Anecdotes
J'ai essayé, jusque là, dans les ateliers, à Paris comme
à Tokyo, de soutenir et d'encourager l'autonomie, la spontanéité,
l'indépendance des participants. Cette volonté n'a pas toujours
été bien comprise, en particulier au Japon, où l'on me
fera remarquer que l'on se sentait seul, abandonné, que la présence
d'un animateur-orienteur, et même d'un leader, aurait été
la bien venue...
Il me sera même venu à l'idée de rembourser un co-producteur
japonais de Do You Like Yen ? qui m'aura reproché de ne pas avoir cherché
à savoir qui "ils" (les co-producteurs), étaient...
Je serais heureuse, chers amis, de publier vos avis sur toutes les questions
soulevées ici, sur le net.
Je tiens par ailleurs à m'excuser du retard accumulé ce mois-ci
pour le renouvellement des pages HP.
home : http://linked222.free.fr/ mail
to : linked222@free.fr