CRISTINA CASTELLO

Jasmins et bourreaux · Jazmines y verdugos
Le chant des sirènes · El canto de las sirenas
Nous rapatrier · Repatriarnos
Semences



Poèmes de Cristina CASTELLO www.cristinacastello.com

" Prisonnières. On va nous emprisonner. Elles et moi
Elles. Des milliers de milliers d’âmes sveltes
qui avec moi sont contrebandières
De valeurs. D’utopies possibles. D’art.
Art. Négation de la finitude humaine.
Vivre sans masque est désir de beauté. " (Semences)


Mr Sakai







Cristina Castello
Poète et Journaliste
Membre de :
Société des poètes français,
Société des poètes et artites de France
Cristina Castello est née en Argentine. Elle habite à Buenos Aires, mais elle vit quelques mois chaque année à Paris.
Elle est poète et journaliste .
En tant que poète, elle a publié son recueil de poèmes : « Soif » -Éditions L' Harmattan, Paris (français - espagnol), en octobre 2004. En préparation son prochain recueil des poèmes (bilingue) sera publié en 2007 en France

SOIF
Cristina Castello
Préfaces de François Xavier et de Oscar Barney Finn - Illustrations de Antonio Segui et édition de Ricardo Dessau
Poètes des cinq continents L'Harmattan
LITTÉRATURE POÉSIE AMÉRIQUE LATINE Argentine

Liberté et actions civiles et politiques en Argentine
— Mémoire civile et politique en Argentine —
Une page d'histoire criminelle dédiée aux victimes et aux familles des victimes de la dictature et du génocide qui frapperont l'Argentine entre 1976 et 1983
"Nunca Mas"








*
Jasmins et bourreaux


Cristina Castello

Un peloton de bourreaux poursuit
les jasmins qui dansent avec la brise
Libanais, Palestiniens, Humains.
Les soleils se meurent sur leurs paupières
Leurs horizons sont tranchés aux ciseaux
Ils se nourrissent de pleurs ravalés
Et dans leur âme ils bercent une colombe morte.
La sève les repousse et la mort les saccage
Tous les firmaments leur sont défendus
La prière vers un dieu devenu sourd sillonne leurs haillons
Et à chaque bataille Thanatos l’emporte sur Éros.
Les cloches ne sonnent plus des angélus de pétales
Les clochers épouvantés sifflent — squelettes.
Tels des feux d’artifice le Pouvoir lance des missiles
Qui se brisent dans un fracas de bombes et d’ossements.
Et ils meurent en s’avortant, telle une fleur avant d’être née
Mais quoi, que fais-je avec ma seule voix qui brame.
Des millions d’étoiles suicident mes joues
Pendant que mon âme traverse les galaxies de cèdres
Pour que l’univers s’abreuve dans des nids-calices
Pour des bouquets de petits pieds de bébés bien nourris
Pour un ciel qui dirige l’orchestre d’un chœur d’anges
Et un lit qui fasse naviguer les jasmins sur les mers, vers la paix

Paris, le 18 juillet 2006
Pendant que la Palestine et le Liban regorgent d’effroi

traduit de l’espagnol (Argentine) par Pedro Vianna
en harmonie avec l’auteure





*
Jazmines y verdugos


Por Cristina Castello

Un pelotón de verdugos persigue
A los jazmines que danzan con la brisa
Libaneses, palestinos. Humanos.
Se les mueren los soles en los párpados
Tienen horizontes cortados con tijeras
Se alimentan de llantos succionados
Y en el alma acunan una paloma muerta.
La savia los repele y la muerte los saquea
Tienen vedados todos los firmamentos
La plegaria a un dios ensordecido surca sus jirones
Y Tánatos vence en cada batalla a Eros.
Las campanas no tañen ángelus de pétalos
Los campanarios despavoridos silban esqueletos.
Como fuegos artificiales el Poder juega misiles
Que estallan los fragores de bombardeos y de huesos.
Y ellos mueren abortando, tal flor antes de ser nacida
Pero qué, qué hago yo con mi sola voz que brama.
Millones de estrellas suicidan mis mejillas
Mientras mi alma cruza las galaxias de cedros
Para que el universo abreve nidos en cálices
Por ramos de piececitos de bebés bien nutridos
Por un cielo que dirija la orquesta del coro de ángeles
Y una cama que por el mar navegue jazmines, a la paz

París, 18 julio 2006
Mientras Palestina y el Líbano regurgitan pavor.





*
Le chant des sirènes


Cristina Castello

Toutes les villes chantent une même litanie
Brament des motets et madrigaux plaintifs
hurlent les Gymnopédies douloureuses de Satie
Abandonnent les yeux sans abri
et des yeux pleins de Néant bercent un Kyrie.
Symphonie des mille avec une multitude de sanglots
qui jamais ne s'embraseront en larmes.
Ce sont des rossignols ou des vautours qui nous survolent ?
Les vautours ont assassiné l’albatros en vol
et impavide le monde a assisté au festin.

Cette Planète est une danse macabre.
Et le chant des sirènes, hurlement de mort qu’Ulysse n’entendit pas,
charme aujourd’hui des villes qui dansent au rythme de l’épouvante
de Palestiniens, de Latinos, de Marocains et d’autres encore.
Et le Marché massacre, les brebis se plient.
Des êtres meurent orphelins de musique,
orphelins de l’Univers orphelins de pitié.

Il y a des fantômes dans les villes-litanies.
Il y a des esprits, des spectres, des ombres. Haleines
d’êtres cloîtrés haletants au bout de leurs aboiements
les disparus, les bombardés, les sans-papiers
nous tournent autour dans la douleur comme des miroirs déformants
de camps d’extermination qui subsistent, et encore plus.
Il y a des fantômes d’assassins et des monstres
et sur les mêmes places où jouent les enfants
on les honore de sculptures de leurs corps-potence.
Toutes les villes ont des fantômes sans musique
et exigent un chant et un finale de Fidelio
avec chœur de délivrance, et Beethoven pour lumière.

Musique. Je veux j’exige je réclame je demande conscience,
pour le cri de liberté du Chœur des esclaves hébreux
pour le combat de Nabucco et la valeur morale du bonheur.
Art. Art qui sauve, qui nourrit et qui est une Suite maritime.
Mais combien d’êtres ? et quand ?
Ouvrons la porte aux musiques et aux êtres mis en cage.
Nettoyons notre miroir et que l’Univers nous bleuisse.
Perdons patience.
Gagnons la liberté.

Paris mon Paris aimé et à présent subissant la violence du Pouvoir.
Paris m’arrose maintenant et les yeux brûlent d’Absolu.
Et j’invente des hymnes, et des soleils. Et je dessine le monde.
Mais est-ce là un rêve et le monde est-il un cauchemar.
Et pendant que je dé-tisse les heures en me battant pour des villes humaines,
je regarde la Seine et je vois le miracle.
Le ciel n’éclaire pas le fleuve.
Le ciel reflète la Seine.
Et un instant je sens la terre émue de pluie.
Et l’harmonie est un bébé blotti dans mon ventre
et il me crie nous crie qu’il veut être accouché,
dans une ville aux Reflets dans l’eau
que sa vie renaisse, ainsi que toutes les vies.

Ithaque.
Ithaque d’Odisseus, Ithaque de Cavafis.
Cité mythique ardente de musique, j’en veux.
Je le veux. Je veux pour le monde entier
la Symphonie des jouets
et un Magnificat, et une berceuse et un adagio sans fin.

Je veux des semeurs de musique. Les villes réclament les semailles.
Pour un ciel ruche d’étoiles et frémissement de chenilles,
Empreinte de l’insaisissable et Après la pluie,
Allons ! Allons enflammer des réveils
Descendre dans les abîmes de l’homme
Et remonter ses phares de Bien.
Pour que la musique soit.
Pour célébrer le feu.
Pour la pluie.
Et pour qu’il n’y ait plus
d’horizons
fugitifs.

Silence
À-Dieu.

traduit de l’espagnol (Argentine) par Pedro Vianna
en harmonie avec l’auteure

Buenos Aires, novembre 2006





*
El canto de las sirenas


Por Cristina Castello

Todas las ciudades cantan idéntica letanía
Braman dolientes motets et madrigaux
aúllan las Gymnopédies sufridas de Satie
Desamparan los ojos sin abrigo
y ojos plenos de Nada acunan un Kyrie.
Sinfonía de los mil con multitud de sollozos
que no se encenderán en lágrimas jamás.
¿Nos sobrevuelan ruiseñores o buitres?
Los buitres asesinaron albatros en vuelo
y el mundo asistió impávido al festín.

Es una danza macabra este Planeta.
Y el canto de sirenas, alarido de muerte que Ulises desoyó,
hechiza hoy ciudades que bailan al ritmo del pavor
de palestinos, latinos, marroquíes y más.
Que el Mercado masacra y las ovejas acatan.
Mueren seres huérfanos de música,
huérfanos de Universo huérfanos de piedad.

Hay fantasmas en las ciudades letanías.
Hay espíritus, espectros, sombras. Hálitos
de seres clausurados jadeantes de latidos:
los desaparecidos, los bombardeados, los sin papeles
nos giran en dolor como espejos deformados
de campos de exterminio que hoy siguen, y más.
Hay fantasmas de asesinos y monstruos
y en las mismas plazas donde los niños juegan
se los honra en esculturas de sus cuerpos patíbulos.
Tienen fantasmas sin música todas las ciudades
y exigen el canto y un final de Fidelio
con coro de liberación, y Beethoven por luz.

Música. Quiero exijo clamo demando conciencia,
para el grito de libertad del Coro de esclavos hebreos
por la lucha de Nabuco y el valor moral de la felicidad.
Arte. Arte que salva, nutre, y es una Suite de mar.
Pero ¿a cuántos y cuándo?
Abramos la puerta de músicas y seres enjaulados.
Limpiemos nuestro espejo y que el Universo nos azule.
Perdamos la paciencia.
Ganemos la libertad.

París mi París amado y hoy padeciente de la violencia del Poder.
París me llueve ahora y los ojos arden de Absoluto.
E invento himnos, y soles. Y dibujo el mundo.
Pero es esto ensoñación y el mundo es pesadilla.
Y mientras destejo horas en lucha por ciudades humanas,
miro el Sena y veo el milagro.
El cielo no alumbra el río.
El cielo refleja al Sena.
Y por un instante siento la tierra emocionada de lluvia.
Y la armonía es un bebé agazapado en mi vientre
y me grita nos grita que quiere ser parido,
en una ciudad de Reflejos en el agua
que renazca su vida y todas las vidas.

Ítaca.
Ítaca de Odiseo, Ítaca de Kavafis.
Ciudad mítica ardiente de música, quiero.
Quiero. Quiero para el mundo todo,
la Sinfonía de los juguetes
y un Magnificat, y una canción de cuna y un adagio sin fin.

Sembradores de música, quiero. Las ciudades claman por la siembra.
Por un cielo colmena de estrellas y estremecimiento de orugas
Huella de lo inasible y Después de la lluvia.
¡Vamos! Vamos a inflamar despertares
A descender a los abismos del hombre
Y a remontar sus faros de Bien.
Para que la música sea.
Para celebrar el fuego.
Porque la lluvia.
Y para no más
horizontes

fugitivos.
Silencio

A-Dios. Buenos Aires, noviembre de 2005




*
Nous rapatrier


Cristina Castello

Que les hippocampes amoureux dépècent l’horreur
Que des bandes de jacinthes poignardent l’indifférence
Qu’Orphée guide vers l’Arcadie Libanais et Palestiniens
Qu’Eurydice brûle les enfers et fonde la joie
Que la paix se berce dans des partitions de Gounod
Que des orphelins rassasiés imposent la justice
Et que des siroccos en furie assassinent la cruauté
Pour faire don de nous avec faim de pluie
Et nous rapatrier dans des brumes de lumière

Paris, le 27 juillet 2006
Pendant que la Palestine et le Liban regorgent d’effroi
traduit de l’espagnol (Argentine) par Pedro Vianna
en harmonie avec l’auteure





*
Repatriarnos


Por Cristina Castello

Que hipocampos enamorados descuarticen el horror
Que bandadas de jacintos acuchillen la indiferencia
Que Orfeo guíe a Arcadia a libaneses y palestinos
Que Eurídice queme infiernos y funde la alegría
Que la paz se acune en partituras de Gounoud
Que huérfanos saciados impongan la justicia
Y sirocos enfurecidos asesinen la crueldad
Para donarnos con hambre de lluvia
Y repatriarnos en brumas de luz

París, 26 de julio 2006
Mientras Palestina y el Líbano regurgitan pavor.





*
Semences


Par Cristina Castello

Prisonnières. On va nous emprisonner. Elles et moi
Elles. Des milliers de milliers d’âmes sveltes
qui avec moi sont contrebandières
De valeurs. D’utopies possibles. D’art.
Art. Négation de la finitude humaine.
Vivre sans masque est désir de beauté.

C’est mon rêve de toujours vigilante pour les rêves.
C’est une soif de mains ouvertes.
Cette soif si grande qu’elle m’étouffe.
Je veux que chaque fenêtre éclaire un violon, un piano, une harpe.
Que’ en toutes avenues du monde
des sculptures de Giacometti regardent avec ravissement La Pietà.
Je veux que dans les sièges des gouvernements dans tous
un Christ de Velázquez avorte l’horreur.

Cette soif. Soif bénie qui avrile et reverdit l’âme.
Vie prodigieuse qui étend le désir de la saisir. Toute.
Et la trêve qui vient à pas retardés.
Je veux que Fra Angelico s’échappe du Prado
et que l’Annonciation parcoure le monde dans sa Lumière.
Je veux que Redon et Mantegna, Uccello, Léonard et Monet
soient trace. Phare. Et qu’ils proscrivent des bourreaux pour que Jamais Plus.

Je veux que nous sachions une bonne fois qu’il est déjà l’heure
qu’en amour se livrer absolument est la certitude de la liberté.
Que tous les matins au lieu d’écouter des nouvelles d’âmes sans anges
Bach, Poulenc, Mahler, Debussy, Schubert et Chopin,
éclatent sur un Rio de la Plata qui se change en mer.
Mer bleue d’amour qui dans la nuit berce les oreillers
Avec des madrigaux, des adagios et des clairs de lune.

Je veux. Je veux et je sème. Je veux.
Que nous enseignons la bonté avec bonté.
Que le ciel soit toujours piqué d’étoiles,
Je vous veux adultes au rire virginal
et enfants en portraits d'anges.
Que les sans pitié respirent Blake.
Que Rilke exorcise l‘évidence.
Que les petits vieux vivent dans l’honneur.
Que le Pays, le Continent, le Monde, l’Univers
soient pour des égaux et sans discrimination.

Je veux. Je veux qu’Eluard, Desnos et Rimbaud, Quasimodo, Yeats,
Lorca, Kavafis et Celan, dansent en poésie sur toutes les âmes.
Et puis que la Chanson de la Joie de Schiller
L’Ode à la Liberté, La Neuvième de Beethoven
soient l’Hymne de tous les Justes de la Terre.
Pour vivre avec soif, la soif sacrée.
Pour que l’éveil soit veille.
Pour semer l’art et l’amour.
Pour ne plus voir déjà.

De masques.

Rien que la lumière, rien que la vérité.


Poème extrait du recueil « Soif »,
Publié à Paris - octobre 2004
Éditions « L ‘Harmattan »




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