Planification
de la terreur et populations civiles non-combattantes [ 2 ]
« Choosing Targets In Cities ! » Part. 2
by Christian Pose
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Une
puissante illusion de victoire
Il est à notre sens une puissante illusion (et les élus
socialistes européens sont encore sous le charme) de croire que
la "victoire" du socialisme de Zapatero est une victoire; de
croire que la mutation brutale ou que le renversement brutal des polarités
soit l'expression fondamentale d'une scission entre le libéralisme
d'Asnar, "l'Amérique Privée, l'affaire privée",
et le "citoyen" (pas seulement le citoyen espagnol mais le citoyen
européen) conduisant à une victoire du suffrage universel
et à une victoire du socialisme européen. Nous ne le pensons
pas.
Il y a tout lieu de croire que l'opposition moderne de la société
civile et politique à l'Etat politique (monarchie constitutionnelle
espagnole) a été absorbée par les sinistres offensives
transnationales de l'ultralibéralisme américain et européen.
La stratégie politique des "corporates" du socialisme
européen consiste à dissimuler cet état de fait.
Cette scission, qui n'en est pas une, n'a pas été dépassée
par le suffrage universel. Au contraire, le socialisme espagnol après
le 11mars (et le socialisme français après les élections
cantonales et régionales) est resté, plus que jamais, pour
reprendre l'expression du philosophe Lucien Sève : "l'affaire
privée de quelques uns".
Sève
dira dans une critique d' "Entre
Hegel et Marx" de Solange Mercier-Josa que la vision de Marx
sur l'opposition de la société civile à l'Etat politique
en cherchant à se résoudre de "façon rationnellement
nécessaire dans la monarchie constitutionnelle" comme le veut
Hegel (de façon extensive la république libérale,
orthodoxe ou la société chrétienne), est une vision
inconséquente; que "Hegel est inconséquent avec lui-même"
puisque ses vues conduisent à "étouffer une opposition
qu'il s'agit au contraire de pousser, par la lutte, jusqu'à la
"démocratie vraie" comprise comme la disparition de l'Etat
politique. Disparition de l'Etat politique ou de l'Etat de classe dira
plus tard Marx".
Il nous semble que le débat théorique et pratique sur la
question de l'opposition de la société civile (et politique)
bourgeoise et de l'Etat politique soit d'actualité. Plus encore,
la mise en perspective des liens/écarts entre Hegel et Marx tels
qu'appréhendés par Sève dans son introduction à
l'oeuvre de Mercier-Josa nous conduit à une perception/compréhension
renouvelée des tensions du monde, des rapports entre "pouvoir
princier (étonnant ici qu'un Ben Laden soit un Prince, mais aussi,
d'une certaine façon, un Etat politique à part entière
autant qu'une pure entité de la CIA et du libéralisme) et
société civile bourgeoise".
Pour Hegel ce rapport contradictoire (ici la confusion entre les intérêts
publics, privés et citoyens) relèverait théoriquement
d'une "unité dans l'essence, autorisant une médiation
des opposés" (dans le contexte rationnel, pour nous inconcevable,
de la monarchie constitutionnelle ou de la république libérale
: "l'affaire privée") alors que la réalité
serait plutôt, selon Marx
démocrate, et nous en conviendrons, une contradiction essentielle
"irréconciliable et asymétrique" (ouvrant sur
la lutte jusqu'à la disparition de l'Etat politique) et où
l'idée de "médiation des opposés serait purement
mystificatrice".
L'entité
terroriste internationale et l'affaire privée
Nous pouvons observer une telle constante contradictoire, selon nous,
au travers du concept d'"entité terroriste internationale",
la médiation paradoxale au service de l'Etat politique, "l'affaire
privée". A ce titre les leaders politiques libéraux
et le monde web du renseignement, sur la question des oppositions de la
société civile et politique à l'Etat politique, se
révèleront des entités éminemment réactionnaires
(opposition de la droite hégélienne à son aile gauche
marxiste), autrement dit des adversaires quasiment naturels des oppositions
civiles, politiques, et des résistances mondiales non-combattantes
(au sens militaire du terme), des adversaires (au sens marxien), de la
démocratie vraie et d'éminents défenseurs, par le
fait, des structures du capitalisme.
Il en ira ainsi de Site Institute qui se veut un site web d'information
et d'éducation sur le terrorisme, collectant, traduisant, publiant
des documents arabes islamistes tels que "Wake
Up Call to the Mujahidden" appelant en Juin 2004 à des
attaques non seulement en Arabie Saoudite mais également à
des actions armées contre les installations américaines
du Qatar, de Bahrein et de Koweit ou "Kidnapping",
manuel de l'enlèvement du parfait mujahedin.
Ce site web, américain et privé, dirigé par Steven
Emmerson et Rita Katz, sera au service, un temps, et c'est l'intérêt
de notre digression, de la Maison Blanche et plus spécifiquement
du haut fonctionnaire républicain libéral Richard Clarke,
ancien chef du contre-terrorisme de George W.Bush; Clark qui servira,
dans sa carrière vouée au renseignement, les très
bellicistes Ronald Reagan, George Bush I et Bill Clinton.
L'Analyste Scott Loughrey résumera l'oeuvre publique de R.Clarke
en quelques mots :"...la
propagande selon Richard Clarke" .
Sa toute récente démission de la Maison Blanche, qui prendra
au départ l'allure d'une contre-propagande (Clark versus Bush),
provoquera en fait (propagande oblige) un effet opposé transformant
toutes ses oppositions sur l'affaire 911 en une spectaculaire campagne
contre le terrorisme. Scott Loughrey remarquera cette tactique qui consiste
à "noyer le poisson ("l'incompétence" de
Bush, fond politique très critique de l'opposition nationale démocrate)
dans l'eau du délit (la durée du mandat présidentiel
de Bush)".
"L'opposition démocrate manipulée" défendra
une fausse vérité : "Bush n'a pas tenu compte des avertissements
de Clarke concernant la piste al Qaida pour l'attentat du 11 septembre".
C'est la stratégie républicaine. En effet, Clarke (connu
pour ses enquêtes privées spectaculaires "couronnées
de succès" hors FBI et CIA) sera nommé
"crisis manager" par Condoleezza Rice (conseillère
du Président pour les affaires de sécurité nationale)
dans les minutes qui suivront le crash du second jet sur le World Trade
Center.
En fait, Clark, qui est également à la demande de G.W.Bush
son conseiller
spécial pour les questions de sécurité dans le cyberspace
deviendra, grâce à son ennemi, l'analyste officiel des faiblesses
du réseau internet U.S. Les "sites pirates et terroristes"
présentant, selon la doctrine, une menace réelle pour les
réseaux de la défense nationale et la sécurité.
La stratégie républicaine "Clark versus Bush"
consistera bien en "une fausse affaire interne" dans le but
de créer une "zone stratégique et tactique d'absorption
de la critique démocrate"... dans le but de réduire
les moyens de l'opposition nationale lors des enquêtes criminelles
sur les responsabilités éventuelles du gouvernement Bush.
"En parler mieux que les autres, de l'intérieur" (c'est
quasiment le titre du livre de Clarke), consistera bien à orienter
les "extrêmes réels" que sont les outils politiques
terroristes mais également les "911 families" (les familles
de victimes) et la "911 Commission"(la commision d'enquête
sur le 11 septembre 2001).
Une 911 commission qui sera, du reste, pour ne pas déroger
à la règle, déposée sur une structure type
de désinformation publique bipartisanne. Pour preuve, le Sénat,
la Chambre des représentants, la Maison Blanche, en confieront
la direction à l'énigmatique et très contradictoire
T.H. Kean (Kissinger refusera le job à cause des conflits d'intérêts)...
"T.H.Kean,
membre du CFR, politico businessman, est non seulement lié,
comme l'écrira M. Chossudovsky, aux familles saoudiennes al Amoudi,
ben Mahfouz, ben Laden mais est économiquement impliqué
dans les "corporate crimes" des transnationales pétrolières
américano-saoudiennes : Amerada,
Delta Hess et Unocal"
(lire aussi From
Enron entanglements to Unocal)
"Against all Enemies : Inside the White House's War on terror",
le livre "scandale" de Clarke, verra sa date de publication
arrêtée par la Maison Blanche, toujours selon S. Loughrey,
quelques jours avant que les officiels, précisément du gouvernement
Bush, ne soient entendus par la très spécieuse 911 commission.
L'opposition démocratique américaine et le grand public
seront bien promenés. En fait, le travail de sape de Bush consistera
à "chercher" très officiellement des pistes qui
"devront impérativement" conduire à Saddam Hussein
tandis que celui de Clarke consistera à s'y opposer et à
affirmer le contraire (pistes ben Laden) très publiquement (raison
donc de son "divorce d'Etat").
Il est bon de rappeler, au stade où la "non-enquête"
de la 911 commission et la "non-enquête" des instances
judiciaires internationales sur la légalité de la guerre
en Irak sont rendues, que la CIA de 1963 à 1993, ères Johnson
(63-69), Nixon (69-74), Ford (74-77), Carter (77-81), Reagan (81-89),
Bush I (89-93), ce n'est plus un
secret pour l'histoire moderne, manipule les dirigeants et les opposants
arabes tout en fournissant des armes convientionnelles et non conventionnelles
: chimiques et bactériologiques, en échange de garanties
pétrolières. Saddam
Hussein sera, bien entendu, sur la liste des collaborateurs d'Etat.
Dans le sillage du renseignement américain (OSS, CIA, DIA), la
très historique
pétrolière Standard
Oil (stade suprême de la prédation capitaliste et collabo
notoire d'avec le régime nazi durant la seconde guerre mondiale,
non sans les fidèles alliés que sont American
IG Farben, ITT, Ford, DuPont, Siemens, IBM, Harriman, Bush, J.P. Morgan,
Dulles, Warburg) parviendra même, dans le souffle idéologique
de Rockefeller, son créateur, à mettre en place, tout au
long de ses transformations stratégiques (Exxon, Mobil, Socal,
Amoco BP) et des transformations du siècle dernier, un exceptionnel
réseau d'influence politique, commerciale et militaire, en Irak
et en Iran (opérations
armées clandestines G.B.-U.S. 1940-1953). En fait, rien ne
se réalisera en Irak, en Arabie Saoudite ou en Iran, sans le véto
du groupe pétrolier américain (que serviront du reste la
CIA, la DIA et toutes les agences militaires de renseignement).
La toute "récente" prise
de contrôle du réseau bancaire commercial irakien par
le réseau bancaire mondial Chase Manhattan Corporation (Rockefeller)
et J.P. Morgan & Company (J.P. Morgan) fusionnant et opérant
sous le label J.P. Morgan Chase, sera l'un des multiples fruits de cet
effrayant processus post colonial d'absorption et de corruption.
Il est juste de rappeler, à ce stade du développement de
l'enquête criminelle de la 911 commission, que George Bush I, ancien
directeur de la CIA de 1976 à 1977, aura été, selon
Dan Briody, Michel Chossudovsky, Noam Chomsky, en relation d'affaire non
seulement avec toutes les pétrolières américano-arabes
du Proche et du Moyen Orient mais également avec la famille saoudienne
ben Laden en tant que conseiller pour les affaires internationales de
Carlyle
Group (dirigé par F.Carlucci de 1993 à 2003; Carlucci,
par ailleurs, ancien directeur de la CIA et ex-secrétaire à
la Défense de R.Reagan de 1987 à 1989).
Carlyle, dirigé depuis 2003 par Louis V.Gerstner, ancien président
d'IBM, est officiellement une société d'investissement privé
et une multinationale spécialisée dans la haute technologie,
l'armement et l'énergie. Cette société tentaculaire
est impliquée dans les oppositions politiques qui secouent régulièrement
la Corée, la Chine, l'Irak, l'Iran, l'Afghanistan et l'Asie centrale,
le Pakistan, l'Inde, Israel, l'Europe centrale, la Russie, l'Afrique,
les Caraïbes, l'Amérique centrale et l'Amérique du
sud.... Considéré comme "la banque de la CIA"
( et en tant qu'un groupe non côté en bourse pour échapper,
selon Dan Briody, aux contrôles de la commission américaine
des opérations boursières) Carlyle est réputé
pour être le commanditaire de nombreuses opérations clandestines
menées par la CIA ou par des groupes militaires privés.
"Bush II innocent" (affaire 911 et guerre irakienne) signifierait
que le Président est autiste (quant à ses actions) et qu'il
ignore tout des activités politiques, commerciales et militaires,
de son père (mais aussi de son grand père Prescott Bush)
et tout de celles de son lobby mondial.
Un lobby d'affaire bicéphale (privé-public) international
dans lequel Bush II a non seulement un rang mais aussi des intérêts,
et que l'on retrouve, selon une
étude de Geoffrey Geuens dans son gouvernement.
Citons pour mémoire : Andrew Card vice-président de General
Motors (ancien ministre des Transports de Bush I) président du
conseil de l'Administration Présidentielle de Bush II, Dick Cheney
ancien administrateur de Lockeed Martin, président de Halliburton
(100 000 employés dans 130 pays) ancien secrétaire à
la Défense de Bush I et vice président des Etats-Unis de
Bush II, (l'ex- général de l'opération Tempête
du Désert) Colin Powell administrateur d'AOL Time Warner, de Gulfstream
Aerospace, secrétaire d'Etat de Bush II, Donald Rumsfeld ancien
président de GD Searle &Co (bio-technologie-pharmaco-chimie),
General Instrument (électronique de défense), administrateur
de Gulfstream Aerospace et de Rand Corporation, secrétaire à
la Défense de Bush II, Condoleezza Rice ancienne administratrice
de la société pétrolière Chevron, Conseillère
"Sécurité Nationale" de Bush II, John Snow président
de USX Corp. (transports, infrastructures) secrétaire au Trésor
Bush II, Donald Evans président de Tom Brown Inc., bailleur de
fonds des campagnes de Bush I & de Bush II, secrétaire au Commerce
de Bush II, Norman Mineta ancien vice-président de Lockeed Martin,
secrétaire au Transport de Bush II, etc...
Choosing
targets in Cities
"...des cibles dans les villes!"
Il est très clair pour John
K.Cooley, G.Geuens,
Christian
de Brie, ou encore pour l'historien Howard
Zinn ... que le business est très informé et très
présent dans la vie de l'Etat politique; que le renseignement peut
également être, dans un tel contexte, guidé par les
intérêts privés des sociétés transnationales.
Et que les choix idéologiques politiques, économiques (parfois
religieux) des transnationales se confondent très souvent avec
ceux des leaders politiques souvent issus des mêmes groupes idéologiques.
Le PNAC, par exemple, Project
for the New American Century, think tank capitaliste ultra-droite
extrêmement subversif, est une source très active d'influence
idéologique politique, militaire, religieuse et économique,
créée par de notoires "corporate criminales" comme
Dick Cheney, Jeb Bush (frère de G.W.Bush), Steve Forbes, Francis
Fukuyama, Dan Quayle, Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz ... Qu'est-ce donc
que l'information ou le renseignement pour les néoconservateurs
du PNAC ? L'on dira volontiers un business réservé à
des acteurs cooptés, très "public-privé"
et donc très fermé, par un autre moyen.
Site Institute, républicain néocon et ultralibéral
"de" R. Clarke, se devra donc de divulguer, d'après Rita
Katz son porte parole, de la matière terroriste dans l'opinion
selon une pédagogie républicaine et libérale. En
effet, "le site forme et éduque...les populations". C'est
bien du "renseignement". Sa techno-idéologie, relevant
de l'Age de l'information, sera adpatée aux besoins de la consommation
de masse transnationale tout comme celle de la
CIA ou du FBI.
Le 27 mai dernier, Site Institute fera parler "avant tout le monde",
et sous le titre "CHOOSING
TARGETS IN CITIES", un document arabe publié par Al Battar
Magazine daté de mars 2004. Ce document, récent, annoncera
une vague d'attentats sans précédent, tout comme "Jihadi
Iraq, Hopes and Dangers" annoncera sur le web les
attentats de Madrid.
Les "objectifs d'Al Battar" concerneront des cibles situées
dans les villes, cibles économiques, diplomatiques et religieuses,
mais aussi humaines. Si "le document de Madrid" traduit par
Lia et Hegghammer à Oslo plusieurs mois avant le 11 mars, et dont
CNN (après les attentats) se fera le libre interprètre,
était "très riche" en terme d'idéologie
politique mais "trop pauvre" en terme "d'objectifs militaires",
celui traduit et publié par Site Institute sera plus complet en
terme tactique. Il dressera "au nom de Dieu" une typologie très
stricte de cibles réelles.
Les cibles idéologiques clairement définies en mars dernier
(dans la roue de Madrid) concernent stricto sensu "la (vague de)
christianisation des communautés islamiques au Yemen, en Iraq,
en Arabie Saoudite où des bibles auraient été distribuées;
les responsables (prêtres, ministres du culte et rabbins) étant
bien connus du Mujahedin".
Les cibles économiques impliqueraient au préalable une vague
de destabilisation afin de rendre vulnérable les secteurs clés,
les biens pétroliers, les pipelines, les compagnies pétrolières
étrangères américaines et européennes. Il
s'agirait, ici, de préparer des offensives en vue "du retrait
forcé des capitaux étrangers juifs et chrétiens des
marchés locaux arabes musulmans".
Les cibles humaines concerneraient : "les juifs (américains,
israeliens, français...), les chrétiens (américains,
britanniques, espagnols, australiens, canadiens, italiens)... dans les
secteurs de la finance, des affaires, de la diplomatie, de la politique,
de la pensée, de la science et de l'expertise, du commandement
militaire, du tourisme... les apostats, les proches des gouvernements
juifs et chrétiens, les séculiers et les modernistes qui
prêchent un idéal corrompu parmi les croyants, les espions
et les enquêteurs..."
Les
difficultés rencontrées par le contre-terrorisme américain,
dans sa traque des hiérarchies terroristes islamiques échappant
de nouveau à "l'espace clandestin, stratégique et tactique
de création d'ennemis", seraient autant de reflets, selon
J.M. Berger dans The
Cult of Impersonnality, de l'impersonnalité stratégique
militaire et insurectionnelle d'al-Qaida.
Pour J.M.Berger, spécialiste des questions terroristes sur le site
Intelwire "les ennemis de l'Amérique ne sont pas guidés
par des personnalités très connues ou charismatiques"
et "leur décapitation" (selon Bush) n'est pas, à
proprement parler, la stratégie antiterroriste adéquate.
Le problème, selon Berger, relèverait plus de l'organisationel
que de l'individu ciblé ou des hierarchies emblématiques.
En fait, le succès de la lutte contre les réseaux d'al-Qaida
tiendrait davantage de la compréhension de l'informalité
et de l'impersonalité de "son organisation". Le bushisme,
comme l'écrira Berger, serait en fait pris au piège d'une
compréhension/interprétation par trop matérialiste
des évènements et des doctrines. Nous ne le pensons pas.
"...comme
prévu?"
La perception américaine des hiérarchies des commanditaires
(l'obsession du hiérarchisme islamique) et des objectifs présumés
d'al Battar ou d'al Qaida (Site
Institute de Washington et
FFI d'Oslo perçevront les oppositions extrêmes de façon
similaire), serait, selon Berger, une cause rationnelle des échecs
de G.W.Bush dans le domaine de la lutte anti-terroriste internationale.
Ce qui nous intéresse, pour notre part, au travers de ces prétendus
échecs rationnellement prévisibles, et l'on comprendra pourquoi,
c'est l'affirmation contradictoire des moyens du libéralisme bipartisan
mondial face aux oppositions de la société civile et politique
mondiale.
S'il est certain que les objectifs de guerre d'al Battar ont été
écrits pour être traduits, il est également certain
que les idéologues ultralibéraux de la sécurité
américaine en réactualisant le concept de l"entité
terroriste internationale" (tel qu'il existe aujourd'hui dans le
jargon du contre-terrorisme) ont bien envisagé une arme idéologique
polycéphale capable de "trancher l'islamité non civilisée"
et les oppositions de la société civile et politique à
l'Etat politique (celles qui refusent ou refuseront l'empire de la consommation)...
Une arme spéciale pour une guerre "spéciale" en
tout point similaire à celle forgée par l'équipe
Kennedy-Taylor-Mac Namara pour vaincre les foyers révolutionnaires
du Tiers-Monde en 1962.
"Mettre au point un appareil politique et militaire, écrira
l'historien Nguyen Khac Vien dans "Vietnam
une longue histoire", et même une "doctrine"
pour essayer de conquérir le Tiers-Monde, d'écraser ou de
faire dévier les mouvements de libération nationale de l'Asie,
de l'Amérique Latine de leurs objectifs... Cette mise au point
de nouvelles armes idéologiques et psychologiques dans le contexte
d'une stratégie contre-insurrectionnelle globale pour lutter contre
la guerilla et les autres formes de lutte armée des peuples colonisés
impliqueront les
forces spéciales de l'US Navy, la CIA, le Pentagone, la Maison
Blanche, le Congrès" (lire également Vietnam
accuses former senator Bob Kerrey of crimes during war et Drive
out war criminal Bob Kerrey)...
Nul doute que d'autres attentats auront lieu. Nul doute que des enfants,
des mères et des pères, seront encore fauchés/sacrifiés
par les luttes contradictoires, et pour nous réellement absurdes,
menées par le terrorisme et son commanditaire direct et indirect,
le libéralisme mondial.
Nul doute également que les campagnes d'attentats islamistes dirigées
"contre
les intérêts américains chrétiens, juifs et
capitalistes anti islamistes dans le monde" et ils sont nombreux,
seront utilisées par "le contre-terrorisme muiltimédia
américain, européen ou japonais" pour affaiblir les
concepts même de résistance civile et politique (selon
Houtart-Amin) ou de fuite (selon
Hardt-Negri) afin de nourrir plus encore l'agressivité de la
globalisation.
L'objectif
du PNAC et de la politique étrangère ultra sécuritaire
de G.W. Bush concernera bien la négation de toutes les formes d'oppositions
mondiales à la mondialisation. Les cibles de l'idéologie
libérale, après l'urbanisation forcée des cultures,
sont bien désormais dans les villes. Nous faisons ici une référence
historique à la politique d'urbanisation forcée de la paysannerie
vietnamienne, radicalisée et pénalisée pour son soutien
supposé à la résistance Vietcong puis déportée
par millions des campagnes du Nord vers les villes du Sud afin de couper
tous les liens nourriciers au Vietcong.
Cette campagne d'urbanisation forcée (en fait de déportation)
sera mise en place, du reste, par Samuel P.Huntington. Cet idéologue
subversif préside aujourd'hui le John M.Olin Institute for Strategic
Studies de Harvard, tout comme l'ex-sénateur et ancien gouverneur
du Nebraska Bob Kerrey (membre de la 911 commission) préside la
New School University, tout comme l'ancien gouverneur du New jersey et
chairman de la 911 Commission Thomas H. Kean préside la Drew University
avec un très dangereux programme idéologique politique pour
le XXIème siècle, celui du "Clash
des civilisations".
Le
terrorisme international mystificateur
Les réflexions que nous ont proposé les philosophes Mercier-Josa
et Sève sur le Manuscrit de Kreuznach (ici Marx, penseur démocrate,
a 25 ans) nous permettront ( par extension de la critique marxienne de
la doctrine hégélienne sur la contradiction contenue dans
le rapport opposant le pouvoir princier et la société civile
bourgeoise) d'appréhender d'une façon nouvelle l'aspect
mystificateur du terrorisme international.
Mystificateur, le terrorisme international contemporain l'est. Il l'est
plus encore là où la manipulation du suffrage universelle
et de la société civile est vivace. Le libéralisme
s'en sert à merveille (la
manipulation sanglante du Hamas par Israel, le
plan de guerre Sharon et le
martyr de la société civile palestinienne prouveront
la véracité d'une telle thèse sur un autre terrain
des résistances) d'autant plus qu'il est devenu la véritable
affaire universelle qui "inverse tout" (pour reprendre l'expression
du jeune Marx critiquant Hegel). Une inversion qui aura pour corollaire
d'étouffer l'opposition, et ici nous partagerons la proposition
de Mercier-Josa lue par Sève: "...une opposition qu'il s'agit
au contraire, selon Marx, de pousser, par la lutte, jusqu'à la
démocratie vraie". Une lutte conduisant très pédagogiquement,
selon Mercier-Josa-Sève-Marx, à la disparition de l'Etat
politique et à l'avènement du communisme (il nous paraîtra
interessant, ici, d'inviter le lecteur à lire les observations
du chercheur M.Warschawski sur le
martyr de la société civile israelo-palestinienne, M.Warschawski
est l'un des fondateurs de l'Alternative Information Center de Jérusalem).
Quoiqu'il en soit l'on comprendra mieux maintenant les objectifs du libéralisme
militarisé et ceux de la mondialisation, l'enjeu contradictoire
du terrorisme international ou ce que l'on doit entendre par mystification.
La civilisation du monde par le droit (civil, commercial, pénal,
public, l'on se souviendra de la
codification du droit des personnes vivant sous la seule autorité
du Coran et de la Sharia dans les pays musulmans), doit servir de fondations
à l'Ere des grands prédateurs industriels, de l'information
truquée et de l'histoire scolaire falsifiée.
Le sociologue marxiste belge François Houtart, président
du BRussells Tribunal, en parle très bien quand il appelle, à
propos de l'enjeu économique du monde arabe, à la résistance
face à ce que l'amérique entend par "...partenariat
G 8 et Moyen Orient ou zone de libre-échange au Moyen-Orient"
L'après Saddham et l'après ben Laden conduisent déjà,
selon Houtart, à la grande politique américaine " des
accords entre le requin et les sardines (...) car libre commerce signifie
la possibilité pour le plus fort d'imposer sa loi, dit Houtart...
Libre échange signifie (aussi) un marché de dupe appuyé
par (...) les pouvoirs politiques et (...) une idéologie qui se
base sur la liberté et ainsi la liberté de commercer; si
les pays arabes désirent de leur propres initiatives faire un marché
d'échanges comme le Mercosur ou l'Europe, c'est bien entendu un
pas positif mais à condition qu'il y ait une autonomie de décision,
que cela ne soit pas imposé de l'extérieur, et que finalement
cela ne soit pas simplement une autre manière de réaliser
la globalisation du capitalisme".
Ainsi l'entité terroriste internationale (au même titre que
l'opération clandestine de l'Etat politique comme moyen de destabilisation
d'un autre Etat politique), dans notre propos théorique sur l'essence
des conflits et le commerce, deviendrait, dans "un contexte de conflits
ou d'oppositions", et par l'étonnante propriété
de l'inversement universel, une "arme spéciale jugée
nécessaire" par l'affaire privée (les intérêts
privés de quelques uns) ou l'Etat politique.
Cette confusion contradictoire des intérêts de quelques uns
(élus corrompus et affairistes demeurant au service de l'Etat politique)
d'avec ceux de la société civile mondiale, et qui répond
à une logique théorique intrinsèque, sera remarquablement
traduite par l'économiste canadien Michel Chossudovsky dans le
lourd réquisitoire
qu'il dresse contre l'action criminelle menée conjointement
par l'administration américaine, les sociétés transnationales
et la CIA en Afghanistan.
Il s'agit pour nous, en conclusion, d'insister encore sur le sens de l'
inversion mondiale globale où l'"injuste" devient le
"juste" où "le crime" devient "la norme
ou la règle de droit"...un dangereux processus que dépeindra
très pédagogiquement Jacques Derrida avec le concept de
Rogue States, les
Etats voyous.
"(...) Les Etats qui sont en état de faire la guerre aux Rogue
States, écrira Jacques Derrida, sont eux-mêmes, dans leur
souveraineté la plus légitime, des Rogue States abusant
de leur pouvoir (...) des Etats où l'abus de pouvoir est constitutif
de la souveraineté même". Derrida ira plus loin dans
"Pour une justice à venir" en prenant le
parti de la foi des plus faibles dans un contexte de méssianicité
sans messsianisme. Il s'exprimera ici dans le cadre politique et moral
du Brussells Tribunal : "...un messianisme sans religion (celui des)
mouvements altermondialistes, écrira-t-il (...) qui rassemblent
les faibles de la terre, tous ceux qui se sentent écrasés
par les hégémonies économiques, par le marché
libéral, par le souverainisme (...). Je crois, insistera encore
le philosophe, que se sont ces faibles qui seront à terme les plus
forts et qui représentent l'avenir (...) sans céder aux
vieux concepts de la politique (de l'Etat-national territorialisé),
sans céder aux Eglises ou aux pouvoirs religieux, théologico-politiques
ou théocratiques de tous ordres".
....................................
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