dessin : Yoshikawa " Le monde d'en bas" 2001

Planification de la terreur et populations civiles non-combattantes [ 2 ]
« Choosing Targets In Cities ! »
Part. 2


by Christian Pose

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Une puissante illusion de victoire

Il est à notre sens une puissante illusion (et les élus socialistes européens sont encore sous le charme) de croire que la "victoire" du socialisme de Zapatero est une victoire; de croire que la mutation brutale ou que le renversement brutal des polarités soit l'expression fondamentale d'une scission entre le libéralisme d'Asnar, "l'Amérique Privée, l'affaire privée", et le "citoyen" (pas seulement le citoyen espagnol mais le citoyen européen) conduisant à une victoire du suffrage universel et à une victoire du socialisme européen. Nous ne le pensons pas.
Il y a tout lieu de croire que l'opposition moderne de la société civile et politique à l'Etat politique (monarchie constitutionnelle espagnole) a été absorbée par les sinistres offensives transnationales de l'ultralibéralisme américain et européen. La stratégie politique des "corporates" du socialisme européen consiste à dissimuler cet état de fait. Cette scission, qui n'en est pas une, n'a pas été dépassée par le suffrage universel. Au contraire, le socialisme espagnol après le 11mars (et le socialisme français après les élections cantonales et régionales) est resté, plus que jamais, pour reprendre l'expression du philosophe Lucien Sève : "l'affaire privée de quelques uns".


Sève dira dans une critique d' "Entre Hegel et Marx" de Solange Mercier-Josa que la vision de Marx sur l'opposition de la société civile à l'Etat politique en cherchant à se résoudre de "façon rationnellement nécessaire dans la monarchie constitutionnelle" comme le veut Hegel (de façon extensive la république libérale, orthodoxe ou la société chrétienne), est une vision inconséquente; que "Hegel est inconséquent avec lui-même" puisque ses vues conduisent à "étouffer une opposition qu'il s'agit au contraire de pousser, par la lutte, jusqu'à la "démocratie vraie" comprise comme la disparition de l'Etat politique. Disparition de l'Etat politique ou de l'Etat de classe dira plus tard Marx".


Il nous semble que le débat théorique et pratique sur la question de l'opposition de la société civile (et politique) bourgeoise et de l'Etat politique soit d'actualité. Plus encore, la mise en perspective des liens/écarts entre Hegel et Marx tels qu'appréhendés par Sève dans son introduction à l'oeuvre de Mercier-Josa nous conduit à une perception/compréhension renouvelée des tensions du monde, des rapports entre "pouvoir princier (étonnant ici qu'un Ben Laden soit un Prince, mais aussi, d'une certaine façon, un Etat politique à part entière autant qu'une pure entité de la CIA et du libéralisme) et société civile bourgeoise".
Pour Hegel ce rapport contradictoire (ici la confusion entre les intérêts publics, privés et citoyens) relèverait théoriquement d'une "unité dans l'essence, autorisant une médiation des opposés" (dans le contexte rationnel, pour nous inconcevable, de la monarchie constitutionnelle ou de la république libérale : "l'affaire privée") alors que la réalité serait plutôt, selon Marx démocrate, et nous en conviendrons, une contradiction essentielle "irréconciliable et asymétrique" (ouvrant sur la lutte jusqu'à la disparition de l'Etat politique) et où l'idée de "médiation des opposés serait purement mystificatrice".


L'entité terroriste internationale et l'affaire privée


Nous pouvons observer une telle constante contradictoire, selon nous, au travers du concept d'"entité terroriste internationale", la médiation paradoxale au service de l'Etat politique, "l'affaire privée". A ce titre les leaders politiques libéraux et le monde web du renseignement, sur la question des oppositions de la société civile et politique à l'Etat politique, se révèleront des entités éminemment réactionnaires (opposition de la droite hégélienne à son aile gauche marxiste), autrement dit des adversaires quasiment naturels des oppositions civiles, politiques, et des résistances mondiales non-combattantes (au sens militaire du terme), des adversaires (au sens marxien), de la démocratie vraie et d'éminents défenseurs, par le fait, des structures du capitalisme.
Il en ira ainsi de Site Institute qui se veut un site web d'information et d'éducation sur le terrorisme, collectant, traduisant, publiant des documents arabes islamistes tels que "Wake Up Call to the Mujahidden" appelant en Juin 2004 à des attaques non seulement en Arabie Saoudite mais également à des actions armées contre les installations américaines du Qatar, de Bahrein et de Koweit ou "Kidnapping", manuel de l'enlèvement du parfait mujahedin.
Ce site web, américain et privé, dirigé par Steven Emmerson et Rita Katz, sera au service, un temps, et c'est l'intérêt de notre digression, de la Maison Blanche et plus spécifiquement du haut fonctionnaire républicain libéral Richard Clarke, ancien chef du contre-terrorisme de George W.Bush; Clark qui servira, dans sa carrière vouée au renseignement, les très bellicistes Ronald Reagan, George Bush I et Bill Clinton.


L'Analyste Scott Loughrey résumera l'oeuvre publique de R.Clarke en quelques mots :"...la propagande selon Richard Clarke" .
Sa toute récente démission de la Maison Blanche, qui prendra au départ l'allure d'une contre-propagande (Clark versus Bush), provoquera en fait (propagande oblige) un effet opposé transformant toutes ses oppositions sur l'affaire 911 en une spectaculaire campagne contre le terrorisme. Scott Loughrey remarquera cette tactique qui consiste à "noyer le poisson ("l'incompétence" de Bush, fond politique très critique de l'opposition nationale démocrate) dans l'eau du délit (la durée du mandat présidentiel de Bush)".
"L'opposition démocrate manipulée" défendra une fausse vérité : "Bush n'a pas tenu compte des avertissements de Clarke concernant la piste al Qaida pour l'attentat du 11 septembre". C'est la stratégie républicaine. En effet, Clarke (connu pour ses enquêtes privées spectaculaires "couronnées de succès" hors FBI et CIA) sera nommé "crisis manager" par Condoleezza Rice (conseillère du Président pour les affaires de sécurité nationale) dans les minutes qui suivront le crash du second jet sur le World Trade Center.
En fait, Clark, qui est également à la demande de G.W.Bush son conseiller spécial pour les questions de sécurité dans le cyberspace deviendra, grâce à son ennemi, l'analyste officiel des faiblesses du réseau internet U.S. Les "sites pirates et terroristes" présentant, selon la doctrine, une menace réelle pour les réseaux de la défense nationale et la sécurité.
La stratégie républicaine "Clark versus Bush" consistera bien en "une fausse affaire interne" dans le but de créer une "zone stratégique et tactique d'absorption de la critique démocrate"... dans le but de réduire les moyens de l'opposition nationale lors des enquêtes criminelles sur les responsabilités éventuelles du gouvernement Bush.
"En parler mieux que les autres, de l'intérieur" (c'est quasiment le titre du livre de Clarke), consistera bien à orienter les "extrêmes réels" que sont les outils politiques terroristes mais également les "911 families" (les familles de victimes) et la "911 Commission"(la commision d'enquête sur le 11 septembre 2001).
Une 911 commission
qui sera, du reste, pour ne pas déroger à la règle, déposée sur une structure type de désinformation publique bipartisanne. Pour preuve, le Sénat, la Chambre des représentants, la Maison Blanche, en confieront la direction à l'énigmatique et très contradictoire T.H. Kean (Kissinger refusera le job à cause des conflits d'intérêts)... "T.H.Kean, membre du CFR, politico businessman, est non seulement lié, comme l'écrira M. Chossudovsky, aux familles saoudiennes al Amoudi, ben Mahfouz, ben Laden mais est économiquement impliqué dans les "corporate crimes" des transnationales pétrolières américano-saoudiennes : Amerada, Delta Hess et Unocal" (lire aussi From Enron entanglements to Unocal)

"Against all Enemies : Inside the White House's War on terror", le livre "scandale" de Clarke, verra sa date de publication arrêtée par la Maison Blanche, toujours selon S. Loughrey, quelques jours avant que les officiels, précisément du gouvernement Bush, ne soient entendus par la très spécieuse 911 commission. L'opposition démocratique américaine et le grand public seront bien promenés. En fait, le travail de sape de Bush consistera à "chercher" très officiellement des pistes qui "devront impérativement" conduire à Saddam Hussein tandis que celui de Clarke consistera à s'y opposer et à affirmer le contraire (pistes ben Laden) très publiquement (raison donc de son "divorce d'Etat").

Il est bon de rappeler, au stade où la "non-enquête" de la 911 commission et la "non-enquête" des instances judiciaires internationales sur la légalité de la guerre en Irak sont rendues, que la CIA de 1963 à 1993, ères Johnson (63-69), Nixon (69-74), Ford (74-77), Carter (77-81), Reagan (81-89), Bush I (89-93), ce n'est plus un secret pour l'histoire moderne, manipule les dirigeants et les opposants arabes tout en fournissant des armes convientionnelles et non conventionnelles : chimiques et bactériologiques, en échange de garanties pétrolières. Saddam Hussein sera, bien entendu, sur la liste des collaborateurs d'Etat.
Dans le sillage du renseignement américain (OSS, CIA, DIA), la très historique pétrolière Standard Oil (stade suprême de la prédation capitaliste et collabo notoire d'avec le régime nazi durant la seconde guerre mondiale, non sans les fidèles alliés que sont American IG Farben, ITT, Ford, DuPont, Siemens, IBM, Harriman, Bush, J.P. Morgan, Dulles, Warburg) parviendra même, dans le souffle idéologique de Rockefeller, son créateur, à mettre en place, tout au long de ses transformations stratégiques (Exxon, Mobil, Socal, Amoco BP) et des transformations du siècle dernier, un exceptionnel réseau d'influence politique, commerciale et militaire, en Irak et en Iran (opérations armées clandestines G.B.-U.S. 1940-1953). En fait, rien ne se réalisera en Irak, en Arabie Saoudite ou en Iran, sans le véto du groupe pétrolier américain (que serviront du reste la CIA, la DIA et toutes les agences militaires de renseignement).
La toute "récente" prise de contrôle du réseau bancaire commercial irakien par le réseau bancaire mondial Chase Manhattan Corporation (Rockefeller) et J.P. Morgan & Company (J.P. Morgan) fusionnant et opérant sous le label J.P. Morgan Chase, sera l'un des multiples fruits de cet effrayant processus post colonial d'absorption et de corruption.
Il est juste de rappeler, à ce stade du développement de l'enquête criminelle de la 911 commission, que George Bush I, ancien directeur de la CIA de 1976 à 1977, aura été, selon Dan Briody, Michel Chossudovsky, Noam Chomsky, en relation d'affaire non seulement avec toutes les pétrolières américano-arabes du Proche et du Moyen Orient mais également avec la famille saoudienne ben Laden en tant que conseiller pour les affaires internationales de Carlyle Group (dirigé par F.Carlucci de 1993 à 2003; Carlucci, par ailleurs, ancien directeur de la CIA et ex-secrétaire à la Défense de R.Reagan de 1987 à 1989).
Carlyle, dirigé depuis 2003 par Louis V.Gerstner, ancien président d'IBM, est officiellement une société d'investissement privé et une multinationale spécialisée dans la haute technologie, l'armement et l'énergie. Cette société tentaculaire est impliquée dans les oppositions politiques qui secouent régulièrement la Corée, la Chine, l'Irak, l'Iran, l'Afghanistan et l'Asie centrale, le Pakistan, l'Inde, Israel, l'Europe centrale, la Russie, l'Afrique, les Caraïbes, l'Amérique centrale et l'Amérique du sud.... Considéré comme "la banque de la CIA" ( et en tant qu'un groupe non côté en bourse pour échapper, selon Dan Briody, aux contrôles de la commission américaine des opérations boursières) Carlyle est réputé pour être le commanditaire de nombreuses opérations clandestines menées par la CIA ou par des groupes militaires privés.

"Bush II innocent" (affaire 911 et guerre irakienne) signifierait que le Président est autiste (quant à ses actions) et qu'il ignore tout des activités politiques, commerciales et militaires, de son père (mais aussi de son grand père Prescott Bush) et tout de celles de son lobby mondial.
Un lobby d'affaire bicéphale (privé-public) international dans lequel Bush II a non seulement un rang mais aussi des intérêts, et que l'on retrouve, selon une étude de Geoffrey Geuens dans son gouvernement.
Citons pour mémoire : Andrew Card vice-président de General Motors (ancien ministre des Transports de Bush I) président du conseil de l'Administration Présidentielle de Bush II, Dick Cheney ancien administrateur de Lockeed Martin, président de Halliburton (100 000 employés dans 130 pays) ancien secrétaire à la Défense de Bush I et vice président des Etats-Unis de Bush II, (l'ex- général de l'opération Tempête du Désert) Colin Powell administrateur d'AOL Time Warner, de Gulfstream Aerospace, secrétaire d'Etat de Bush II, Donald Rumsfeld ancien président de GD Searle &Co (bio-technologie-pharmaco-chimie), General Instrument (électronique de défense), administrateur de Gulfstream Aerospace et de Rand Corporation, secrétaire à la Défense de Bush II, Condoleezza Rice ancienne administratrice de la société pétrolière Chevron, Conseillère "Sécurité Nationale" de Bush II, John Snow président de USX Corp. (transports, infrastructures) secrétaire au Trésor Bush II, Donald Evans président de Tom Brown Inc., bailleur de fonds des campagnes de Bush I & de Bush II, secrétaire au Commerce de Bush II, Norman Mineta ancien vice-président de Lockeed Martin, secrétaire au Transport de Bush II, etc...


Choosing targets in Cities
"...des cibles dans les villes!"



Il est très clair pour John K.Cooley, G.Geuens, Christian de Brie, ou encore pour l'historien Howard Zinn ... que le business est très informé et très présent dans la vie de l'Etat politique; que le renseignement peut également être, dans un tel contexte, guidé par les intérêts privés des sociétés transnationales. Et que les choix idéologiques politiques, économiques (parfois religieux) des transnationales se confondent très souvent avec ceux des leaders politiques souvent issus des mêmes groupes idéologiques.
Le PNAC, par exemple, Project for the New American Century, think tank capitaliste ultra-droite extrêmement subversif, est une source très active d'influence idéologique politique, militaire, religieuse et économique, créée par de notoires "corporate criminales" comme Dick Cheney, Jeb Bush (frère de G.W.Bush), Steve Forbes, Francis Fukuyama, Dan Quayle, Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz ... Qu'est-ce donc que l'information ou le renseignement pour les néoconservateurs du PNAC ? L'on dira volontiers un business réservé à des acteurs cooptés, très "public-privé" et donc très fermé, par un autre moyen.
Site Institute, républicain néocon et ultralibéral "de" R. Clarke, se devra donc de divulguer, d'après Rita Katz son porte parole, de la matière terroriste dans l'opinion selon une pédagogie républicaine et libérale. En effet, "le site forme et éduque...les populations". C'est bien du "renseignement". Sa techno-idéologie, relevant de l'Age de l'information, sera adpatée aux besoins de la consommation de masse transnationale tout comme celle de la CIA ou du FBI.
Le 27 mai dernier, Site Institute fera parler "avant tout le monde", et sous le titre "CHOOSING TARGETS IN CITIES", un document arabe publié par Al Battar Magazine daté de mars 2004. Ce document, récent, annoncera une vague d'attentats sans précédent, tout comme "Jihadi Iraq, Hopes and Dangers" annoncera sur le web les attentats de Madrid.

Les "objectifs d'Al Battar" concerneront des cibles situées dans les villes, cibles économiques, diplomatiques et religieuses, mais aussi humaines. Si "le document de Madrid" traduit par Lia et Hegghammer à Oslo plusieurs mois avant le 11 mars, et dont CNN (après les attentats) se fera le libre interprètre, était "très riche" en terme d'idéologie politique mais "trop pauvre" en terme "d'objectifs militaires", celui traduit et publié par Site Institute sera plus complet en terme tactique. Il dressera "au nom de Dieu" une typologie très stricte de cibles réelles.
Les cibles idéologiques clairement définies en mars dernier (dans la roue de Madrid) concernent stricto sensu "la (vague de) christianisation des communautés islamiques au Yemen, en Iraq, en Arabie Saoudite où des bibles auraient été distribuées; les responsables (prêtres, ministres du culte et rabbins) étant bien connus du Mujahedin".
Les cibles économiques impliqueraient au préalable une vague de destabilisation afin de rendre vulnérable les secteurs clés, les biens pétroliers, les pipelines, les compagnies pétrolières étrangères américaines et européennes. Il s'agirait, ici, de préparer des offensives en vue "du retrait forcé des capitaux étrangers juifs et chrétiens des marchés locaux arabes musulmans".
Les cibles humaines concerneraient : "les juifs (américains, israeliens, français...), les chrétiens (américains, britanniques, espagnols, australiens, canadiens, italiens)... dans les secteurs de la finance, des affaires, de la diplomatie, de la politique, de la pensée, de la science et de l'expertise, du commandement militaire, du tourisme... les apostats, les proches des gouvernements juifs et chrétiens, les séculiers et les modernistes qui prêchent un idéal corrompu parmi les croyants, les espions et les enquêteurs..."


Les difficultés rencontrées par le contre-terrorisme américain, dans sa traque des hiérarchies terroristes islamiques échappant de nouveau à "l'espace clandestin, stratégique et tactique de création d'ennemis", seraient autant de reflets, selon J.M. Berger dans The Cult of Impersonnality, de l'impersonnalité stratégique militaire et insurectionnelle d'al-Qaida.
Pour J.M.Berger, spécialiste des questions terroristes sur le site Intelwire "les ennemis de l'Amérique ne sont pas guidés par des personnalités très connues ou charismatiques" et "leur décapitation" (selon Bush) n'est pas, à proprement parler, la stratégie antiterroriste adéquate. Le problème, selon Berger, relèverait plus de l'organisationel que de l'individu ciblé ou des hierarchies emblématiques. En fait, le succès de la lutte contre les réseaux d'al-Qaida tiendrait davantage de la compréhension de l'informalité et de l'impersonalité de "son organisation". Le bushisme, comme l'écrira Berger, serait en fait pris au piège d'une compréhension/interprétation par trop matérialiste des évènements et des doctrines. Nous ne le pensons pas.


"...comme prévu?"


La perception américaine des hiérarchies des commanditaires (l'obsession du hiérarchisme islamique) et des objectifs présumés d'al Battar ou d'al Qaida (Site Institute de Washington et FFI d'Oslo perçevront les oppositions extrêmes de façon similaire), serait, selon Berger, une cause rationnelle des échecs de G.W.Bush dans le domaine de la lutte anti-terroriste internationale.
Ce qui nous intéresse, pour notre part, au travers de ces prétendus échecs rationnellement prévisibles, et l'on comprendra pourquoi, c'est l'affirmation contradictoire des moyens du libéralisme bipartisan mondial face aux oppositions de la société civile et politique mondiale.
S'il est certain que les objectifs de guerre d'al Battar ont été écrits pour être traduits, il est également certain que les idéologues ultralibéraux de la sécurité américaine en réactualisant le concept de l"entité terroriste internationale" (tel qu'il existe aujourd'hui dans le jargon du contre-terrorisme) ont bien envisagé une arme idéologique polycéphale capable de "trancher l'islamité non civilisée" et les oppositions de la société civile et politique à l'Etat politique (celles qui refusent ou refuseront l'empire de la consommation)... Une arme spéciale pour une guerre "spéciale" en tout point similaire à celle forgée par l'équipe Kennedy-Taylor-Mac Namara pour vaincre les foyers révolutionnaires du Tiers-Monde en 1962.
"Mettre au point un appareil politique et militaire, écrira l'historien Nguyen Khac Vien dans "Vietnam une longue histoire", et même une "doctrine" pour essayer de conquérir le Tiers-Monde, d'écraser ou de faire dévier les mouvements de libération nationale de l'Asie, de l'Amérique Latine de leurs objectifs... Cette mise au point de nouvelles armes idéologiques et psychologiques dans le contexte d'une stratégie contre-insurrectionnelle globale pour lutter contre la guerilla et les autres formes de lutte armée des peuples colonisés impliqueront les forces spéciales de l'US Navy, la CIA, le Pentagone, la Maison Blanche, le Congrès" (lire également Vietnam accuses former senator Bob Kerrey of crimes during war et Drive out war criminal Bob Kerrey)...


Nul doute que d'autres attentats auront lieu. Nul doute que des enfants, des mères et des pères, seront encore fauchés/sacrifiés par les luttes contradictoires, et pour nous réellement absurdes, menées par le terrorisme et son commanditaire direct et indirect, le libéralisme mondial.
Nul doute également que les campagnes d'attentats islamistes dirigées "contre les intérêts américains chrétiens, juifs et capitalistes anti islamistes dans le monde" et ils sont nombreux, seront utilisées par "le contre-terrorisme muiltimédia américain, européen ou japonais" pour affaiblir les concepts même de résistance civile et politique (selon Houtart-Amin) ou de fuite (selon Hardt-Negri) afin de nourrir plus encore l'agressivité de la globalisation.
L'objectif du PNAC et de la politique étrangère ultra sécuritaire de G.W. Bush concernera bien la négation de toutes les formes d'oppositions mondiales à la mondialisation. Les cibles de l'idéologie libérale, après l'urbanisation forcée des cultures, sont bien désormais dans les villes. Nous faisons ici une référence historique à la politique d'urbanisation forcée de la paysannerie vietnamienne, radicalisée et pénalisée pour son soutien supposé à la résistance Vietcong puis déportée par millions des campagnes du Nord vers les villes du Sud afin de couper tous les liens nourriciers au Vietcong.
Cette campagne d'urbanisation forcée (en fait de déportation) sera mise en place, du reste, par Samuel P.Huntington. Cet idéologue subversif préside aujourd'hui le John M.Olin Institute for Strategic Studies de Harvard, tout comme l'ex-sénateur et ancien gouverneur du Nebraska Bob Kerrey (membre de la 911 commission) préside la New School University, tout comme l'ancien gouverneur du New jersey et chairman de la 911 Commission Thomas H. Kean préside la Drew University avec un très dangereux programme idéologique politique pour le XXIème siècle, celui du "Clash des civilisations".


Le terrorisme international mystificateur


Les réflexions que nous ont proposé les philosophes Mercier-Josa et Sève sur le Manuscrit de Kreuznach (ici Marx, penseur démocrate, a 25 ans) nous permettront ( par extension de la critique marxienne de la doctrine hégélienne sur la contradiction contenue dans le rapport opposant le pouvoir princier et la société civile bourgeoise) d'appréhender d'une façon nouvelle l'aspect mystificateur du terrorisme international.
Mystificateur, le terrorisme international contemporain l'est. Il l'est plus encore là où la manipulation du suffrage universelle et de la société civile est vivace. Le libéralisme s'en sert à merveille (la manipulation sanglante du Hamas par Israel, le plan de guerre Sharon et le martyr de la société civile palestinienne prouveront la véracité d'une telle thèse sur un autre terrain des résistances) d'autant plus qu'il est devenu la véritable affaire universelle qui "inverse tout" (pour reprendre l'expression du jeune Marx critiquant Hegel). Une inversion qui aura pour corollaire d'étouffer l'opposition, et ici nous partagerons la proposition de Mercier-Josa lue par Sève: "...une opposition qu'il s'agit au contraire, selon Marx, de pousser, par la lutte, jusqu'à la démocratie vraie". Une lutte conduisant très pédagogiquement, selon Mercier-Josa-Sève-Marx, à la disparition de l'Etat politique et à l'avènement du communisme (il nous paraîtra interessant, ici, d'inviter le lecteur à lire les observations du chercheur M.Warschawski sur le martyr de la société civile israelo-palestinienne, M.Warschawski est l'un des fondateurs de l'Alternative Information Center de Jérusalem).

Quoiqu'il en soit l'on comprendra mieux maintenant les objectifs du libéralisme militarisé et ceux de la mondialisation, l'enjeu contradictoire du terrorisme international ou ce que l'on doit entendre par mystification. La civilisation du monde par le droit (civil, commercial, pénal, public, l'on se souviendra de la codification du droit des personnes vivant sous la seule autorité du Coran et de la Sharia dans les pays musulmans), doit servir de fondations à l'Ere des grands prédateurs industriels, de l'information truquée et de l'histoire scolaire falsifiée.
Le sociologue marxiste belge François Houtart, président du BRussells Tribunal, en parle très bien quand il appelle, à propos de l'enjeu économique du monde arabe, à la résistance face à ce que l'amérique entend par "...partenariat G 8 et Moyen Orient ou zone de libre-échange au Moyen-Orient"
L'après Saddham et l'après ben Laden conduisent déjà, selon Houtart, à la grande politique américaine " des accords entre le requin et les sardines (...) car libre commerce signifie la possibilité pour le plus fort d'imposer sa loi, dit Houtart... Libre échange signifie (aussi) un marché de dupe appuyé par (...) les pouvoirs politiques et (...) une idéologie qui se base sur la liberté et ainsi la liberté de commercer; si les pays arabes désirent de leur propres initiatives faire un marché d'échanges comme le Mercosur ou l'Europe, c'est bien entendu un pas positif mais à condition qu'il y ait une autonomie de décision, que cela ne soit pas imposé de l'extérieur, et que finalement cela ne soit pas simplement une autre manière de réaliser la globalisation du capitalisme".


Ainsi l'entité terroriste internationale (au même titre que l'opération clandestine de l'Etat politique comme moyen de destabilisation d'un autre Etat politique), dans notre propos théorique sur l'essence des conflits et le commerce, deviendrait, dans "un contexte de conflits ou d'oppositions", et par l'étonnante propriété de l'inversement universel, une "arme spéciale jugée nécessaire" par l'affaire privée (les intérêts privés de quelques uns) ou l'Etat politique.
Cette confusion contradictoire des intérêts de quelques uns (élus corrompus et affairistes demeurant au service de l'Etat politique) d'avec ceux de la société civile mondiale, et qui répond à une logique théorique intrinsèque, sera remarquablement traduite par l'économiste canadien Michel Chossudovsky dans le lourd réquisitoire qu'il dresse contre l'action criminelle menée conjointement par l'administration américaine, les sociétés transnationales et la CIA en Afghanistan.

Il s'agit pour nous, en conclusion, d'insister encore sur le sens de l' inversion mondiale globale où l'"injuste" devient le "juste" où "le crime" devient "la norme ou la règle de droit"...un dangereux processus que dépeindra très pédagogiquement Jacques Derrida avec le concept de Rogue States, les Etats voyous.
"(...) Les Etats qui sont en état de faire la guerre aux Rogue States, écrira Jacques Derrida, sont eux-mêmes, dans leur souveraineté la plus légitime, des Rogue States abusant de leur pouvoir (...) des Etats où l'abus de pouvoir est constitutif de la souveraineté même". Derrida ira plus loin dans "Pour une justice à venir" en prenant le parti de la foi des plus faibles dans un contexte de méssianicité sans messsianisme. Il s'exprimera ici dans le cadre politique et moral du Brussells Tribunal : "...un messianisme sans religion (celui des) mouvements altermondialistes, écrira-t-il (...) qui rassemblent les faibles de la terre, tous ceux qui se sentent écrasés par les hégémonies économiques, par le marché libéral, par le souverainisme (...). Je crois, insistera encore le philosophe, que se sont ces faibles qui seront à terme les plus forts et qui représentent l'avenir (...) sans céder aux vieux concepts de la politique (de l'Etat-national territorialisé), sans céder aux Eglises ou aux pouvoirs religieux, théologico-politiques ou théocratiques de tous ordres".

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