dessins : Yoshikawa 1993

BUSH II "The Born Again", terrorisme, OMD, APEC

La stratégie de la perversion du droit par la loi ou le non-accomplissement humain.

by Christian Pose

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Nous dédions cet article au PFPC, Project for the First People's Century de l'écrivain politique chilien Robinson Rojas et à la recherche scientifique populaire sur les lois antiterroristes et la protection des droits de l'homme et du citoyen ( * ).


Turning Intellect into Influence


"(Les électeurs américains) ont voté pour l'homme qui leur a paru le plus solide sur la question de la défense nationale et pour celui qui aura montré le plus grand respect pour la morale traditionnelle et la foi... Ils ont voté pour répondre aux menaces d' Osama ben Laden et signifier par là que le peuple américain ne serait pas intimidé, (ils ont voté pour dire) qu'ils assisteraient à la fin de la guerre contre la terreur !"
C'est en ces termes que s'est exprimé le 4 novembre 2004 David Frum, auteur des discours économiques de George W. Bush entre 2001-2002, Resident Fellow de l'American Enterprise Institute (à la tête duquel se trouvent K.L.Lay président de Enron, W.Stavropoulos président de Dow Chemical, J.W.Snow président de CSX et secrétaire au Trésor) et ex-Senior Fellow du Manhattan Institute for Public Policy Research (1995-2001)


La stratégie de la perversion du droit par la loi... Le leadership mondial par l'intérêt privé


La philosophe marxiste Solange Mercier-Josa écrira en 1999 dans "Entre Hegel et Marx", en citant Marx dans son rapport à "la loi relative aux vols de bois" (1842), que "...la "loi" pervertit le "droit" en identifiant à toute force les deux choses essentiellement différentes tant au point de vue de "l'objet" que du point de vue de "l'acte" que sont, d'une part, "le ramassage de bois mort"... d'autre part, "le vol de bois avec prémeditation" ....
Mercier-Josa écrira plus loin "que l'intitulé même de la loi et les articles successifs que la Diète allemande (législateur complémentaire) aux côtés de l'Etat législateur vote sur proposition et après argumentation des propriétaires ont pour résultat effectif de subvertir le rapport rationnel entre le droit abstrait et le droit politique, de renverser la nécessaire subordination du droit de propriété privée au droit de l'Etat par la perversion du rapport entre le droit et la loi, entre la loi et la procédeure judiciaire. Le principe déterminant de la logique corruptrice de tout droit, c'est-à-dire tant de l'essence du droit privé que de l'essence du droit politique, est l'intérêt privé élevé au rang de droit à la place du droit. "Le droit de l'intérêt" se substitue à "l'intérêt du droit".

"Les députés des propriétaires de forêts (hier en 1842), dira encore Mercier-Josa, sont des députés de la noblesse et font partie de l'état des propriétaires fonciers..."
Rien n'est plus frappant en ce début de XXIème siècle que l'organisation mondiale de l'intérêt privé dissimulée pudiquement sous la noblesse des organisations mondiales commerciales, juridiques, bancaires, monétaires, douanières et des Etats politiques (en tant qu'une autre affaire privée).
Rien n'est plus frappant que l'espace de "lutte négative" issue du "libre-échange" ou de la "liberté de commercer" comme dira François Houtart pour mettre en garde contre les zones de libre-échange ou le marché unique.
Rien n'est plus frappant que de constater, que sous le lénifiant discours de la "fluidification des échanges internationaux", de l"'harmonisation et de la normalisation de la liberté de commercer et d'investir", dispensé à la fois par l'organisation ultrapatronale et ultradroite APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation, forum des chefs d'entreprises de 21 pays, de l'Australie au Vietnam, en passant par le Canada, le Japon, le Mexique, Singapour, les Philippines, la Chine, Hong- Kong et les Etats-Unis, la Corée du Sud, la Russie, le Chili et représentant 47% du maché mondial, 50% du PNB mondial) et par la non moins conservatrice OMD/WCO, Organisation Mondiale des Douanes, il ne soit question, en fait, depuis le 11 septembre 2001, que de lutte contre le terrorisme.

Le commerce, les échanges légaux, l'exercice des douanes ne concerneraient plus la seule nature juridique du commerce et des douanes en "soi", "l'objet commercial" et "l'acte de commercer", "l'objet des douanes" et l"acte douanier" mais se voudraient les portes-paroles universels et authentiques de la nature juridique des choses, réduisant les activités, et en particulier les oppositions civiles, à un support potentiel du terrorisme international. Tout serait donc affaire de définition...
En effet, les standards politiques et la dialectique juridique de sécurisation fournie par l'APEC et par l'Organisation Mondial des Douanes, sont indissociables de ceux et de celle produits par l'US Patriot Act aux Etats Unis, la Loi sur les infractions terroristes en Belgique (les syndicalistes: des terroristes ?), l'Emergency Law, le Conspiracy Crime Bill au Japon, la Loi C-36 et la Loi sur le SCRS au Canada.
Les nouvelles lois répressives antiterroristes appliquées à la protection du commerce, aux missions policières des douanes, agissent comme un "porte-parole" de l'ensemble des professions liées de près ou de loin aux activités commerciales présentes et futures (cela n'aura échappé à personne en ce qui concerne l'APEC et l'OMD).

Par le fait, la législation échapperait fondamentalement à sa mission historique initiale : pénétrer le monde des institutions féodales, les inégalités, les déséquilibres, afin de réduire les injustices. Elle n'aura, jusque là, pas véritablement réussi à abolir, pour paraphraser Mercier-Josa servant Marx et Hegel, les privilèges de la propriété (...) mais aura servi à conférer à ceux-là un caractère de nécessité en leur donnant un caractère civil.
Les nouvelles lois frappent, bel et bien. Elles frappent sans pitié les mouvements sociaux, l'activité syndicale et ouvrière, les opinions politiques dissidentes, les mouvements nationaux et internationaux de libération, très actifs aux Etats Unis, en Europe, en Amérique latine, en Afrique et en Asie, les mouvements de solidarité avec les précédents, en identifiant à toute force "le ramassage de bois mort" (légal sur la propriété des maîtres selon les lois des maîtres) au "vol de bois avec préméditation" et pervertissent, effectivement, le droit.
"Il s'agit de l'intervention légale la plus dangereuse depuis la seconde guerre mondiale contre le mouvement de gauche et progressiste, écrit l'avocat Raf Jespers de Progressive Lawyers Network d'Anvers à propos de la nouvelle législation antiterroriste belge. Une notion très élargie du délit politique y est introduite et les droits fondamentaux sont sérieusement menacés. la Belgique risque de glisser dans le sillage des Etats-Unis, c'est-à-dire vers des situations fascistes dans lesquelles les opposants politiques peuvent se retrouver en prison pour des années et où opinions et résistance anticapitalistes sont assimilées au terrorisme..."

En quoi "l'activité législatrice" des parlements (hier, la Diète de 1842) et des Etats (hier, l'Etat princier sous la pression de la noblesse propriétaire foncière) sous la double pression de l'APEC, phénoménale organisation mondiale capitaliste (50% du PNB mondial et 47% du commerce mondial) et de la non moins phénoménale Organisation Mondiale des Douanes, ne parvient-elle pas pour le seul bien commun et dans le but de protéger les faibles, à poser comme loi ce qui est en soi droit ? Pourquoi cette activité législatrice ne parvient-elle pas, dirons-nous en paraphrasant Mercier-Josa, à se règler en fonction de la seule "nature juridique" de la souffrance et de la misère sociale ? Quelque chose échappe bien à quelque chose ... mais quelle chose ?!
Marx répondra, nous dit Mercier-Josa : "...en appliquant la catégorie "vol" là où elle ne doit pas s'appliquer (nous dirons "crime" essentiellement auprès des exclus, des démunis, des sans toits, des sans terres, des minorités ethniques, des oppositions démocratiques à la mondialisation ou à l'impérialisme, des mouvements communistes révolutionnaires, des musulmans, etc,...), en prétendant que les faits qui diffèrent selon la nature sont identiques selon la loi, ensuite parce qu'en exigeant une survaleur en plus de la simple valeur courante, le législateur pervertit la sphère du droit formel et abstrait et institue un état régressif par rapport à ce droit...".

En appliquant la catégorie "terroriste" là où elle ne doit pas s'appliquer (les oppositions altermondialistes, communistes, socialistes, syndicalistes, ouvrières, les oppositions musulmanes y compris à ben Laden...) le "législateur/normalisateur" pervertit la sphère du droit formel et abstrait et institue un état régressif par rapport à ce droit.


L'APEC, une communauté d'intérêts privés ultrasécurisés


Sous le poids du gigantisme de ses intérêts privés, l'APEC plie les lois selon ses exigences et écrase la nature juridique de toutes choses au point de les indifférencier, tant au point de vue de "l'objet" qu'au point de vue de "l'acte". "Nous, les dirigeants économiques, déclareront les dirigeants de l'APEC, sommes reunis à BOGOR (1994), en Indonésie, pour établir le calendrier futur de notre coopération éconmique en vue de favoriser une croissance économique accélérée, équilibrée et équitable, non seulement dans la région Asie-Pacifique, mais aussi dans le reste du monde... Nous sommes heureux de réitérer notre engagement à atteindre au plus tard en l'an 2020 notre objectif d'ouvrir et de libéraliser le commerce et l'investissement dans la région Asie-Pacifique. La réalisation de cet engagement se fera selon un rythme qui tient compte des divers degrés de développement économique des pays de l'APEC, les pays industrialisés devant atteindre cet objectif au plus tard en 2010 et les pays en développement devant l'atteindre au plus tard en 2020."

Sous le poids du gigantisme de ses intérêts privés, l'APEC ne peut avancer sans la consultation constante d'une multitude d'organisations spécifiques telles que Europol, l'UNICJRI (United Nation Interregional Crime & Justice Research Institute), le SECI (South Eastern European Cooperative Initiative), les BRLR (Bureaux Régionaux de Liaison chargés du Renseignement travaillant pour la sécurité intérieure et les douanes) ou encore telles que les agences de renseignement civile ou militaire traditionnelles NSC ou IB en Inde, BAKIN, BIA en Indonésie, NICA,NSC aux philippines, DINE,CNI au Pérou, DCI en colombie, DNII en Uruguay, ANI au Chili, DST, DGSE en France, CIA, FBI aux Etats-Unis...
L'APEC, évolue, bien qu'elle s'en défende, dans un contexte privé et publique ultrasécurisé sur-saturé par les objectifs de lutte contre la "criminalisation potentielle des échanges et le terrorisme" (contrefaçon WCO IPR-Intellectual Property Rigths- Strategic Group, IACC, sécurité antiterroriste (pdf)). Affirmant être un système économiquement stable, global, socialement responsable, l'APEC n'en demeure pas moins une hydre capitaliste totalitaire developpant de nombreux réseaux d'intérêts polyvalents dits de "sécurité", réseaux et sous réseaux, échappant à la logique même de sécurité et au droit. La lutte politique clandestine, hors-les-lois, que le concept utilitariste de "facilitation douanière" (OMD/WCO) parvient à dissimuler, est bien la partie immergée de l'iceberg dans la zone Asie-Pacifique. L'APEC (21 pays membres) est une puissance juridiquement finie, monumentale, riche et quoiqu'elle en dise : armée (organisations para-militaires, groupes illégaux de combat, d'infiltration, d'opérations clandestines), établie durablement dans une zone très rationnellement criminalisée. Une zone où le concept juridique de "terrorisme" est traditionnellement assimilé à toutes les formes de la revendication ouvrière, syndicale, universitaire, politique ou artistique, pourtant "légale" au regard des constitutions ou du droit international. Un espace légal profondément contradictoire relevant désormais d'une volonté politique de contrôle global de la chaine alimentaire, de la production, de la distribution, de la spéculation, de l'épargne, des activités sociales, des centres de plaisir et de la démographie, que seule la "sécurisation de la chaine logistique internationale" (SCLI) peut garantir.

De l'interdépendance capitaliste transnationale, revendiquée à forte voix par l'APEC (l'OMC, le FMI, la Banque Mondiale, l'OMD) sous la forme de l'universalisation du lien de dépendance entre les hommes constitué par leurs besoins et les méthodes pour produire et distribuer les moyens de satisfaire ces besoins, Marx, écrit Mercier-Josa, nous dira ce qu'elle vaut dans les Manuscrits de 44. Cette interdépendance n'aura pas pour effet une interdépendance équilibrée et harmonieuse entre les producteurs (telle que l'APEC affirmera qu'elle sera entre 2010 et 2020 dans son texte statutaire de 94), mais la concentration de la richesse entre les mains d'une minorité, le dénuement de la classe des travailleurs et l'abaissement de ces derniers à l'état de plèbe inactive et totalement indigente.


L'APEC et "l'immortalité scientifique"
"...Un bien être émotionnel tout au long de votre vie grâce à un ajustement des centres du plaisir"



L'APEC semblent évoluer, à tout prendre, selon une philosophie du pur profit et du pur plaisir, sophistiquée et transhumaniste : satisfaction des besoins privés et garantie de l'abondance, grand projet de la société civile, longévité, uniformisation de la beauté, de la performance sexuelle et cérébrale, de la puissance. Une idéologie édoniste du profit parfaitement nourrie par le fantasme et l'intérêt que suscite le développement privé des biotechnosciences et dont Nick Bostrom, par exemple, semble un vivant représentant (What is Transhumanism ?).
Joyaux de l'ultracapitalisme industriel et des inégalités sociales, le transhumanisme et le post-humanisme se développent co-extensivement au développement de la nouvelle pensée eugéniste, comme si l'un, l'ultracapitalisme industriel, ne pouvait se développer sans l'autre, les inégalités, le racisme, la discrimination, l'eugénisme, une terminologie qui prête à sourire en France bien que les héritiers du nobel rockefellerien Alexis Carrel soient nombreux, mais beaucoup moins aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, au Japon, en Chine et en Amérique Latine; une pensée à laquelle aura mordu le président péruvien Alberto Fujimori (APECien convaincu) en stérilisant entre 1996 et 2000, et sous l'autorité gouvernementale d'un programme sanitaire de planification familiale, quelques 300 000 femmes indiennes.
Quoiqu'il en soit de son émergence ou de sa ré-émergence historique, l'eugénisme demeure, sous l'apparence sacro-sainte d'une science exacte démesurée et phare, un choix politique pour des groupes d'universitaires bioextrémistes, médecins, généticiens, psychologues, économistes, tels que Glayde Whitney, Edward Miller, Charles Murray, Richard Lynn (Center for Genetics and Society & Eugenics Archive).

Les composantes les plus extrémistes de la recherche scientifique civile et militaire, en particulier dans le domaine de la génétique, des neurosciences et des biotechnologies liées aux composantes les plus politiques de l'APEC et de l'OMC (ordres connexes et sous-ordres polyvalents) se veulent, plus encore, la base d'un nouveau champ théorique et pratique, et non plus métaphorique, de justice. La nébuleuse de Bogor, acquise à l'idée que la justice rime avec la liberté de la recherche scientifique appliquée à la guerre préventive et dans un même temps au commerce et à l'investissement "socialement responsables", s'est également dotée d'une diplomatie publique calquée sur le modèle américain conçu par Madelaine Albright après la guerre du Kosovo, en 1999.
L'APEC aura, par exemple, les yeux fixés sur Charlotte Beers, ex-présidente des sociétés multinationales de publicité J.Walter Thompson et Ogilvy & Mather. C'est elle qui sera nommée par G.W.Bush à la tête du sous-secrétariat d'Etat à la Diplomatie Publique (Public Diplomacy) en 2001. C'est donc à elle que reviendra la lourde charge de redorer le blason de l'Amérique et du capitalisme libéral après le 9/11. Une diplomatie publique, lancée sur le marché de la communication internationale et de la représentation politique comme un produit publicitaire, qui aura pris soin de se doter d'une "sociologie légère et accessible de l'accomplissement humain". Une sociologie politique "think tank" révolutionnaire, alliant la haute technologie de la communication, le commerce et les services secrets, à la "production d'imaginaire": séries B, films grands studios, reportages militaires TV, websites, magazines radio, publications. Un imaginaire politique en "rapport d'essence fini" avec la techno-sécurisation des marchés du nouvel ordre économique mondial et pourquoi pas, comme Bostrom, Miller, Lynn, Whitney, Murray, Hernstein, Fukuyama, le prétendront, tantôt à mots couverts (dans l'ombre de la Maison Blanche, du Ku-Klux-Klan, de la secte Moon, des Yakuza, du Bible Belt, de l'extrême droite néo-nazie et des enquêtes criminelles du FBI) tantôt à grand renfort de publicité scientifique sur la scène des médias, avec la techno-sécurisation du marché de la cessation de la souffrance physique et psychique par la nanobiologie moléculaire... de l'immortalité scientifique.

Sous les nouveaux moyens de domination que sont l'harmonisation des échanges légaux aux frontières, la libéralisation du commerce, de l'investissement et la lutte mondiale, accélérée, contre le crime organisé et le terrorisme, se dissimulent, bel et bien, "les parfaits du libéralisme" (le droit se retourne contre le droit -1 et -2).
Ils sont néo-casuistes et techno-idéologues anti-étatistes, anti-individualistes, anti-égalitaristes, anti-démocrates, payés, sous contrat avec les think tanks bipartisans de Washington, de New-York, de Chicago, de Los Angeles, de Boston, d'Houston, par les capitalistes du nouvel ordre économique mondial pour penser l'accomplissement humain et adapter, le corps sociologique des lois aux intérêts privés des multinationales. Ils sont philosophes, psychologues, sociologues, économistes, biologistes, médecins idéologues, tantôt républicains, tantôt démocrates... Dans tous les cas, ils sont entretenus par les fondations américaines les plus prestigieuses de la recherche (quelques centaines sur 12 000) : DuPont, Carnegie, Ford, Rockefeller, Rothschild, AT&T, (pdf) etc,...
Des fondations idélogiquement et économiquement indissociables des "maisons mères" transnationales dotées, pas moins que les "invincibles légions" de Rome, de structures croisées invisibles, aujourd'hui des sociétés internationales de surveillance et des compagnies militaires privées conçues selon Noam Chomsky, Kurt Nimmo, John Pilger, Jonathan Cook, pour détruire les foyers d'oppositions politiques. Des compagnies militaires privées sous contrat avec l'armée (exemple d'un sujet sérieux traité par un think tank ambiguë fondé par le sinistre idéologue de la guerre du Vietnam Samuel Huntington et financé par le Carnegie Endowment for International Peace, Maison Blanche, Affaires Etrangères, Défense, Pentagone, CIA, DIA, industrie de l'armement, universités prestigieuses) auxquelles sont effectivement confrontés tous les résistants à l'ordre impérialiste et qui s'illustrent aujourd'hui en Irak, en Afghanistan, en Asie centrale, en Amérique Latine : IPOA -AirScan, ArmorGroup, Blackwater USA, ICI Oregon - SAIC....


Il paraît donc très difficile de percevoir, à première vue, les liens historiques ou sociologiques existant entre l'idéologie transhumaniste du plaisir sexuel, la perfection corporelle et intellectuelle, la garantie renouvelée de la consommation privée, l'immortalité scientifique, les olympiades, le néo-eugénisme, la reproduction et la "sécurisation par zone du monde" par les troupes de Bogor (multinationales de la pharmacie, de la chimie lourde, de l'armement, du transport terrestre, aérien, maritime, de la construction, du pétrole, de la banque) mais aussi par les fantassins para-militaires de l'OMD, d'Europol, de la CIA, de la NSA, du FBI, etc....
La sécurisation par zone se veut également un remède drastique contre les délinquants et les terroristes. Potentiellement, tout un chacun, civil non combattant et non armé, "opposants criminalisés, syndicalistes, dissidents, pouvant sérieusement nuire à un pays, écrit l'avocat progressiste Raf Jespers, ou à une organisation internationale, en vue de gravement désorganiser ou de détruire les structures de base politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales d'un pays ou d'une organisation internationale"... Tout individu, dira l'OMD, (caressant le souhait d'utiliser) la perfection du système mondial de fluidification et de facilitation des échanges aux frontières pour faire circuler des armes de destruction massive : chimique, biologique, radiologique, nucléaire, CBRN (Europol, UNICJRI). Un tel "prototype criminel CBRN", ne peut se concevoir qu'à partir de l'imaginaire technoscientifique militaire. A qui il s'adresse importe peu. Ce qui compte, c'est qu'il soit créé. Le droit et les catégories juridiques suivront et agiront sur le politique et l'opinion avec la force d'une nouvelle théorie psychologique. Nous sommes à la base du processus de criminalisation...

Hier, entre 1900 et 1930, le "fléau mondial", la "pathologie criminelle idéale", jailliront également de l'imaginaire technoscientifique, biologique, génétique (civil et militaire), et criminaliseront la misère sociale, espace des ennemis de la nation. Les créateurs de prototypes criminels imaginaires oeuvreront simultanément à partir de laboratoires secrets et d'agences spéciales aux Etats-Unis et en Allemagne : Cold Spring Harbor Laboratory, New York Bureau of Industries, Kaiser Wilhem Institute, Institute for Anthropology, Human Heredity and Eugenics, Max Planck Institute, financés par les richissimes fondations de scientistes racistes, rigoureusement anti-étatistes, anti-égalitaristes, anti-démocrates, ultra-capitalistes et ultra-anticommunistes : Rockefeller, Carnegie, Rothschild, Harriman, Morgan, Dillon.
"Il fallait, retiendra l'histoire, traiter rapidement le problème majeur de la race blanche américaine appauvrie par l'immigration et les mariages entre tarés héréditaires, handicapés mentaux, malformés, improductifs.... bons pour la stérilisation forcée après internement forcé, bons pour l'euthanasie, bons pour les chambres à gaz" sur la base des critères scientifiques avancés par le Committee of the Eugenic Section of the American Breeder's Association de la Fondation Carnegie en 1911 ou sur la base du jugement émis par Oliver Wendell Holmes (juge à la Cour Suprême des Etats-Unis) lors de l'affaire Buck versus Bell, en 1927 (Sterilization Act de Virginie, 1924, Sterilization Act d'Alberta, 1928 et Eugenic Sterilization Laws).

"Les cas difficiles (peuvent) distraire notre perception morale en nous amenant à penser aux gens distants de nous, dont le sort suscite la pitié et l'inquiétude", dira en 1975 le célèbre philosophe américain de la morale John Rawls, qui laissera à la postérité plutôt qu'une théorie de la justice "juste", une théorie qui, à force d'être philosophiquement équitable, édifiera un fondement moral de la justification des inégalités et de la perpétuation de l'Etat corrompu.
Solange Mercier-Josa écrira dans une perspective marxiste et pour conclure sur cet aspect des inégalités perpétuées : "... c'est "l'intérêt privé" qui en termes hégéliens, considère le délinquant forestier (de 1842) "comme une bête nuisible qu'il faut mettre hors d'état de nuire" ou qui, en termes marxiens, "fait de la loi un chasseur de rats qui veut détruire la vermine, car n'étant pas naturaliste, il ne voit dans les rats que vermine".


Un accomplissement humain
"Generally speaking, great things in the cultural and scientific realms are done in the midst of political and economic success. Why ?" Charles Murray (AEI, Bradley Lecture,1998)



La "sécurisation par zone" (les "zones" ou les "cas difficiles" de l'APEC, du GATT, du FMI, de l'OMC, de la Banque Mondiale) se veut également, selon la charte de BOGOR, une réponse à l'éducation, à la formation, en partie grâce à la haute technologie en communication, à la misère sociale et aux mouvements sociaux de 2010 pour les pays riches et de 2020 pour les pays en voie de développement. Un point de doctrine (?) faisant corps au libéralisme théorique de Francis Fukuyama, économiste néocon du PNAC, du CFR, du National Endowment for Democracy, paravent de la CIA pour la promotion de la politique économique engagée par les plus grands groupes privés américains à l'étranger (la plupart d'entre eux sont membres de l'APEC) et pour la promotion de la "participation non gouvernemental à la démocratisation des régimes indigènes". Un Francis Fukuyama "payé" pour prouver l'enjeu post-humain de la biotechnologie et de la manipulation génétique, tout comme seront "payés" en leur temps un Charles Murray et un Richard Hernstein de l'AEI et du Manhattan Institute, respectivement sociologue et psychologue, pour affirmer que les inégalités sociales sont bien liées à des différences génétiques héréditaires.

D'un point de vue du droit, si ce n'est pas à la nature juridique de la misère sociale de se régler (et comment le pourrait-elle puisque la misère sociale n'est toujours pas un objet juridique) sur les lois (issues d'un contexte sociopolitique orienté), c'est bien aux lois de se régler sur la nature des choses qui font la misère. La loi existante, qui s'adapte inconditionnellement aux exigences du commerce mondial, pervertit bien l'accès des plus pauvres au droit à la vie (demandé en Europe par la publiciste progressiste Chemillier-Gendreau). Les groupes qui "parviennent selon la terminologie antiterroriste belge, à inspirer de la crainte parmi les populations, à forcer les autorités, les organisations internationales à s'abstenir ou à effectuer des actions en vue de désorganiser gravement les structures de bases politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales d'un pays" sont légalement des "groupes terroristes". Ils inspirent, et ce sera le maître mot de Jacques Derrida concernant les Etats Voyous (rogue states), de nombreux projets de loi puis les lois ... y compris les lois antiterrorites, les commissions et les groupes pour la lutte internationale anti-terroriste.
Un contexte sociojuridique idéal pour constituer davantage de "foyers de prurit social" dira encore Chemillier-Gendreau dans son combat contre la répression des sans papiers, des illégaux, des exclus.

La "nécessité publique", donc, de voter et de mettre en application de nouvelles lois antiterroristes et anticorruption préconisées aussi bien par G.W.Bush à Washington que par Michel Danet, secrétaire-général français de l'Organisation Mondiale des Douanes ou par Kunio Mikuriya, son adjoint, à Bruxelles et devant 162 pays, ou encore par Michel Zarnowiccki, l'un des nombreux "douaniers" de la Banque Mondiale à Genève, pressée par les objectifs privés de l'APEC, les options techniques para-militaires, policières de sécurisation par zone et les courants d'opinions scientifiques néo-eugénistes panaméricains brassés depuis un demi-siècle par les think tanks bipartisans (AEI, MI, RAND,CSIS, CFR, Brooking, NED, Hoover, Heritage, Cato, Bildelberg, etc,...), les holdings, les multinationales proches de la Maison Blanche, de la Défense, des Affaires Etrangères, du Commerce US conduira, plutôt qu'"au droit pour soi", à la dénaturation du droit, seul soutien légal des pauvres et des minorités, région par région, zone par zone, dans le monde.

"Marx dira, note Mercier-Josa, que l'intérêt privé a le génie pervers de faire du crime (...) un moyen privilégié de donner à une forme déterminée de propriété privée une fixité et même une pérennité qu'elle n'aurait jamais eues sans lui". L'assaninat de Julio Huencatecuran, prisonnier politique Mapuche tué d'un coup de poignard en plein coeur le 26 septembre 2004 à la prison pénitentiaire de Santiago au Chili, illustre parfaitement, une fois de plus, la pertinence de la compréhension marxiste de la nature criminelle de l'intérêt privé.
Le terrorisme policier et la violence para-militaire perpétrés par l'Etat chilien et les multinationales forestières, minières, immobilères, bancaires contre la population et le peuple Mapuche, dont Julio Huencatecuran sera l'un des nombreux martyrs, se nourrit trop bien de l'accès libre aux lois et de l'efficacité capitaliste à le préserver.
"Les députés des propriétaires de forêts sont des députés de la noblese, écrit Mercier-Josa dans le sillage de Marx, et font partie de l'état des propriétaires fonciers que Hegel pense être de par ses biens (ou de par sa fortune) protégé "contre son propre arbitraire" et par conséquent "particulièrement constitué pour occuper une position politique".

L'expansion de l'APEC en Amérique Latine et l'histoire de la persécution des éthnies, des communautés pauvres sans droit, ou dotées de droits restreints, en témoignent. Le XVIIIème sommet du Groupe de Rio, réunissant chefs d'Etat et ministres latino-américains et caraïbes pour traiter, par exemple, des problèmes de sécurisation de la zone latino-américaine (y compris haïtienne) comme une conséquence de l'alignement sur la politique de libre-échange des Etats-unis, du Canada, du Japon, de l'Inde et de l'Union Européenne, enfonce le clou. La représentation se veut stable sinon universelle et comme la société civile exige (hors traités) la satisfaction de ses besoins privés (essentiellement financiers), des garanties et la reproduction des conditions des garanties. La justice protège la propriété (et l'administration qui la garantit) et réduit le droit à la vie des pauvres au rang d'un objet juridique improbable sinon psychologiquement insupportable.
Le XVIIIème sommet du Groupe de Rio est bien, en cela, un fidèle reflet de l'identité "des propriétaires de forêts et de leurs députés, propriétaires fonciers de la noblesse" de la Prusse de 1842, un mauvais film sur l'utopie de justice sociale des gouvernements et des chefs d'Etat qui contraindra, par exemple, au Chili, les opposants politiques révolutionnaires, les travailleurs, les mères résistantes, les ethnies historiques anti-impérialistes à la prison, aux aveux ou à l'exil.
Un cycle de violence prendra bien corps. Un cycle qui fera souffrir le peuple et qui plaît toujours aux gouvernements. Un processus faustien méprisé par Allende mais auquel ne pourra échapper, tant il colle à la peau et à l'âme, le président chilien Ricardo Lagos, très apprécié à Washington par G.W. Bush, le Congrès, la CIA, le département du Commerce, le FMI, la banque Mondiale, la Chambre de Commerce américano-chilienne, l'APEC, l'OMD et, dans la nuée des conseillers-chercheurs nationaux, par Mark Falcoff (Resident Scholar, AEI), ex-membre du Council on Foreign Relations, ancien consultant du National Bipartisan Commission on Central America sous la direction d'Henry Kissinger en 1983...

Soulevé par la vague ultralibérale des capitaux américains dans l'économie chilienne et par les promesses qu'inspire la nouvelle règlementation du cinéma officiel, Ricardo Lagos, alors que le parlement tarde à voter la loi sur la transparence de la gestion publique, ne manquera pas de déclarer sur son website présidentiel, et nous serons bien d'accord : "El cine es el gran instrumento para reflegar nuestra identidad"


BUSH II "The Born Again"


"Investment will continue if crime stays low" écrira dans le New York Sun J. Vitullo-Martin du Manhattan Institute (co fondé d'après les notes de Geoffrey Geuens par Anthony Fisher, mentor de Margaret Thatcher et William Casey ancien directeur de la CIA, et dirigé par Peter M.Flanigan de Warburg Dillon Read, Maurice Greenberg d'American International, John Hennessy de Credit Suisse First Boston, Robert J. Hurst de Goldman Sachs&Co., Brian R.Wien de Morgan Stanley & Co....).
Ce sera également le maître mot de la stratégie économico-policière (baptisée par ses détracteurs Manhattan Institute's Strategy) de l'ex-maire républicain de New-York R. Giuliani. Une double stratégie qui conduira de nombreux maires sud-américains submergés par les investissements illégaux et la violence criminelle (de Mexico à Brazilia via Santiago), à adopter puis à mettre en application la doctrine (?) de police municipale dite de "Tolérance Zéro" envers les plus petits délits" (deals et graffitis, adoptée en France par l'ex-ministre de l'intérieur Sarkozy) et la "Broken Window theory", dite également de tolérance zéro envers les petits braqueurs et les casseurs de vitres afin de repousser les gangs mafieux sur les banlieues, loin des centres-villes, ou sur d'autres villes (Do Police Matter ? An Analysis of the Impact of New-York City's Police Reforms). Le monde devra cette brillante stratégie aux sociologues think-tank "payés" James Q.Wilson (co-auteur de Turn Intellect Into Influence aux côtés de David Frum écrivain des discours économiques de G.W. Bush avant et après 9.11, lire également l'intéressant entretien "Live" ) et G.L.Kelling.
G.W. Bush II (qui aura été conseillé, du reste, pour l'allocation des deniers fédéraux aux institutions religieuses charitatives par un ancien disciple de James Q.Wilson, John Dilulio, ex-AEI) et attendu le 19 novembre 2004 à Santiago pour le nouveau sommet de l'APEC, ne tiendra pas un autre discours.
"Investment will continue if crime stays low...". Ce sera, en fin de compte, grâce à ce type d'argument "tink tank", simpliste et faux, mais perforant comme la politique sociale bushienne, désormais religieuse et policière, qu'Alex Lemun Saavedra (17 ans), de la communauté Montutui, mourra, assassiné en 2002 par des carabiniers pour s'être opposé, lui et sa communauté d'Agua Buena, à la société forestière chilienne transnationale Mininco...
La justice criminelle des Etats républicains, inversement proportionnelle à la liberté légale de commercer et d'investir (cela n'aura échappé à personne), n'a rien de fraternnelle ou d'égalitaire. La justice sociale évolue bien dans un contexte de ségrégation et d'inégalité. La législation, paradoxalement sans efficace pour le réglement de la misère, et l'intérêt commun, semblent désormais s'opposer en soulevant les communautés de travailleurs, les sans toits, les sans terres, les exclus et les opposants criminalisés contre l'Etat politique...

Nous ne pouvons éviter, à ce "stade" de notre problème, de repenser cette compréhension remarquable que la philosophe militante Solange Mercier-Josa donne de Marx sur l'amalgame fait entre droit privé et droit politique, entre "ramasseurs de bois mort" et "voleurs de bois mort avec préméditation" : "... Marx (...) met en cause l'emprise que l'intérêt privé a sur le droit et qui le dénature. L'intérêt privé a le génie pervers de faire du crime et de sa négation non pas un passage du "droit en soi" au "droit pour soi" mais un moyen privilégié de donner à une forme déterminée de propriété privée une fixité et même une pérennité qu'elle n'aurait jamais eues sans lui".

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( * ) Par cet article nous renouvelons notre soutien au programme cadre de l'écrivain politique chilien Robinson Rojas, Project for the First People's Century, aux programmes d'étude et de recherche populaire sur les législations antiterroristes dans le monde pour la défense et la protection des droits de l'homme et du citoyen (IAPL-Pays-Bas, NLG-USA, PLN-Belgique, IADL-Belgique/Inde, ALU/Irak,Algérie,Egypte, JALISA-Japon) et renouvelons notre soutien à nos frères étudiants chiliens s'opposant au projet d'expansion de l'APEC au Chili et en Amérique Latine lors de la manifestation prévue à Santiago, à Valparaiso et dans les provinces du sud, le 17 novembre 2004.
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Entre Hegel et Marx
Points cruciaux de la philosophie hégélienne du droit
Solange Mercier-Josa
Préface J. d'Hondt
La philosophie en commun
PHILOSOPHIE


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Articles du même auteur
[ Planification de la terreur et populations civiles non-combattantes I , « Choosing Targets In Cities ! » Part. I ]
[ Planification de la terreur et populations civiles non-combattantes II , « Choosing Targets In Cities ! » Part. II ]

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