Recherche de matériaux d'histoire criminelle et judiciaire : corporate fraude, corporate crime, war crime
Objection de croissance, décroissance, sortie de l'économie



Le "syndrome Sutherland"
de la collaboration au "syndrome Sutherland" à la théologie du marché, à la collaboration
par Christian Pose


Christian Pose "Une société qui définit le bien comme la satisfaction maximale du plus grand nombre de gens par la plus grande consommation de biens et de services industriels mutile de façon intolérable l'autonomie de la personne" (Ivan Illich)

" (...)Parce que tes marchands étaient les grands de la terre, parce que toutes les nations ont été séduites par tes enchantements..." (Ap. Jean, Ch.18, v.23)

"Tu n'as rien appris, tu n'a rien reçu, tu as eu de mauvais maîtres. Tu es même devenu méchant. Un jour le Virtuose est venu. Tu lui as emboité le pas. Tu es devenu virtuose. Un jour le fils du Virtuose est venu et tu as dit : "j'ai enfin mon disciple". Vous étiez inséparables. Vous avez plongé dans l'abîme. Le fils t'a tué et le fils s'est tué ensuite. Le fils aimait se montrer, se démontrer parmi les riches. Le père, le Virtuose, ne valait pas mieux. Ses disciples étaient les pires hommes mais tu ne le savais pas..." (Fleur de farine, Wada Tama)


"C'est Monsieur Pose et sa banque qui alimentent financièrement mon gouvernement. Je ne puis me passer de lui."
(Général Giraud, haut-commissaire en Afrique du Nord, au juge Voituriez, Alger, janvier 1943)


1 –  Assassinat politique et justice entrepreneuriale

Alfred Pose (1899-1969) banquier international monarchiste, fondateur en 1932 de la BNCI (Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie), de la BNCI-Afrique fruit de la transformation de la Banque de l'union nord-africaine (Alger), mais aussi du Crédit Foncier de Madagascar et de la Réunion ou BNCI-Océan Indien, "ministre des finances" de François Darlan autoproclamé haut-commissaire de l'Afrique du nord française le 14 novembre 1942 "au nom du Maréchal empêché" alors que le volume des affaires boursières vichystes est au plus bas (19), est le type même, semble-t-il, du stratège bancaire collaborationniste franco-européen et l'agent historique type de la mutilation de l'autonomie des peuples...

Ce bref essai propose une critique de l'économie néolibérale, de la collaboration bancaire avec pour arrière-plan emblématique l'assassinat de François Darlan (tour à tour anti-communiste, pro-nazi, pro-américain sans jamais se départir, toutefois, de son attachement à Pétain). L'essai exposera, dans un même temps, que "le droit doté d'une moindre valeur" et que le caractère personnaliste, individualiste de "l'homme nouveau" de l'économie de guerre à crédit, homme des hyper-mouvements de capitaux transnationaux : spéculateur, investisseur, patron des pays endettés riches ou pauvres, homme du commerce néolibéral européen atlantiste d'aujourd'hui, laïc ou croyant - Europe dure dont j'évoquerai différentes séquences -, sont bien présents dans la trame socio-historique, économique, écclésiale et juridique des années 1940, plus encore dans celle des années 1950.
Le caractère fictionnel du droit (parce que sans efficace social ou parce que n'étant plus un indicateur moral fiable pour l'organisation et les activités) et le caractère de plus en plus fictionnel du sujet réduit à la consommation de sa propre "vie-fiction" se manifesteront bien, de façon complexe - les affaires - mais évidente, dès le Traité de Versailles, 1918, l'occupation de la Ruhr, 1923, tout particulièrement lors des invraissemblables saignées des plans Dawes, 1924, (plus encore lors de la renaissance du crédit allemand après 1924, lors des grandes fusions industrielles dans le sillage de la politique de croissance des banques : "le modèle bancaire allemand"), et Young, 1928/29, dès la parodie du procès de Leipzich concernant le "jugement des criminels de guerre allemands de la première guerre par des juges allemands" entre 1921 et 1931.
Dans le temps si explicite du commerce bancaire privé américano-franco-allemand des années 1930 le journal du parti nazi ascendant Völkischer Beobatcher du 17 mars 1931 écrira sur la dernière affaire du procès de Leipzich - le torpillage du navire hopital "Llandovery Castle" et le mitraillage de ses canots de sauvetage par le sous-marin U 86 du Cdt. Helmut Patzig - : "le principe national doit rester au premier plan, et le juge allemand doit apprendre à accorder en toute circonstance une plus haute valeur à l'honneur et au bien de son peuple qu'à des réticences et des motivations de droit formel..."
Cette ténébreuse histoire, qui annonce les désastres judiciaires de Nuremberg et de Tokyo, se soldera par l'acquittement des deux officiers adjoints de l'U-86 en 1928 et la cessation des poursuites contre le Cdt. Patzig en 1931. En fait, de près de 900 allemands accusés initialement de crimes de guerre (dont l'empereur), l'on se retrouvera à 45 accusés... ".
Alfred Pose, malgré une intense collaboration avec l'économie répressive vichyste et une implication non moins évidente dans l'assassinat de Darlan ne bénéficiera finalement de pas moins d'indulgence de la part de la justice française "post-vichyste" algéroise de janvier 1943 (soumise aux pressions des lobbys entrepreneuriaux, politiques, alliés et français) et de la part de la justice résolument entrepreneuriale de 1945 (par. 14).

J'inclurai délibérément dans cette approche forcément incomplète quelques éléments de parenté critique, indices de pauvreté selon moi très significatifs, prenant en compte des paramètres marxo-décroissants et chrétiens afin de démontrer la pertinence du propos vertical d'Ivan Illich sur la mutilation de l'autonomie de la personne (La convivialité).
Cette orientation se veut également une argumentation en faveur de la sortie de l'économie, de la théologie de la libération et de la décroissance ainsi que du "De-Development Day" ou "Jour de la solidarité décroissante" conçu au Japon pour la zone Asie et Pacifique sur la base de l'opposition à l'accord de libre-échange signé par les Etats-Unis et la Corée-du-Sud le 30 juin 2007 ; un accord garantissant la quasi suppression des barrières-douanières entre les deux pays sur presque tous les produits industriels et agricoles.

Le rachat de "Mr.Alfred"
L'assassinat de Darlan sera perpétré le 24 décembre 1942 par les frères d'Astier "la noblesse d'épée", l'abbé Cordier "la cravate", Alfred Pose "le banquier conspirateur", Bonnier de la Chapelle "le bras armé manipulé" pour le compte du comte de Paris (?) investi d'un ridicule projet de restauration monarchiste en Algérie.
"Mr.Alfred" sera "racheté" (comme tous les grands banquiers ou entrepreneurs collabos) sans trop de difficulté tant par les américains que par la résistance, par De Gaulle, mais surtout par la rationalisation métropolitaine du travail - de plus en plus "nationale" au sens entrepreneurial (nous verrons plus loin qu'il s'agit déjà d'une stratégie capitaliste néolibérale, individualiste, élitiste, et non d'une "oeuvre patriotique" ou "résistante") et de moins en moins "nominale" ou "familiale" qui prévaut encore dans les réseaux ultraconservateurs industriels et bancaires franco-allemands régionaux des années 1930. Cette rationalisation est issue tant de la collaboration franco-allemande régionale hyperactive d'avant-guerre (Haut-Rhin et Bas-Rhin) que de la compétition interbancaire sur le territoire national pour le leadership franco-européen, que de la révolution bancaire théorique, technologique et pratique managériale "fordienne et taylorienne" (Bonin) dont Mr.Alfred se voudra l'un des champions par choix et ambitions personnelles bien avant la guerre (par.14).
Mr. Alfred ne pouvait donc être que récompensé pour ses bons offices sous l'occupation et loué finalement pour son "attitude sportive" (recommandation de Mr. Alfred aux directeurs d'agence de la BNCI dans les années 1930). Notons encore que Mr. Alfred en tant que spécialiste du crédit régional franco-allemand d'Alsace-Lorraine fera montre d'une grande souplesse lors de "l'annexion" de cette dernière mais aussi, dans le temps du business franco-allemand d'avant-guerre, lors de l'ouverture des premiers camps (par.16) ; la BNCI, par ailleurs, contrairement à ce que disent et diront plus tard ses fidèles employés, ne pouvait être surprise - à tout le moins commercialement parlant - par la guerre.

"La Caisse d'Epargne de Strasbourg, écriront Adèle Morlet et Madelaine Vattel, ouvrira dès 1936 des "comptes de guerre" en double pour tous les déposants, ce type de compte gagnera la Caisse d'Epargne de Périgueux en 1937". En juin 1939 (la Caisse d'Epargne de Périgueux) y acquiert deux immeubles; le 1er septembre 1939 de grandes caisses dites de mobilisation aux couleurs bleu, blanc, rouge, pleines de documents comptables sont déjà prêtes... (4)
"En 1938, note Alain Plessis, la Caisse des Dépôts et Consignations, bras séculier de l'Etat sous Vichy développe son concours au financement d'exportations d'armement vers les pays alliés de la France, la Pologne, la Roumanie, la Chine... Durant l'été de cette même année Worms & Cie acquiert une flotte de 100 000 tonnes de navires citernes pétroliers..." (La CDC et les banques commerciales).
Michel Margairaz remarquera, entre la fin 1938 et 1943 (dernier exercice complet de l'occupation), que les capitaux gérés par la CDC augmenteront de près de cent milliards de francs courants (passant de 111 à 205 milliards)... (grâce à un efficace système immunitaire la CDC d'avant-guerre est quasiment le substitut du Trésor : prêts au Trésor et rôle central sur sept marchés : monétaire, immobiler, assurance, crédit à moyen terme, prêt aux collectivités publiques, financement d'activités et d'équipements - téléphonie, électrification rurale, adduction d'eau, réparation des dommages causés par les innondations -, financement d'entreprises en difficultés durant la dépression de 1932, puis "fidèlité institutionnelle" aux orientations vichystes que certains traduisent en terme de "professionnalisme", de "neutralité bancaire", de "compromis", ndlr).
Margairaz dira encore que les excédents de dépôts des Caisses d'Epargne sous l'occupation s'accroîtront au point de représenter 70% des ressources nouvelles et ajoutera très significativement dans son étude consacrée à la Caisse sous l'occupation (réalisée par la Mission Historique de la Banque de France avec une approche toute sentimentale et professionnaliste pénible) que "les dirigeants de la Caisse sous l'occupation se féliciteront de la tenue des ressources d'épargnes et de la confiance des français dans la monnaie".

Non moins symptomatiquement, les prêts aux collectivités publiques qui s'affirmeront en 1929 - marché que se partagera le Crédit Foncier, concurrent et partenaire vichyste - régresseront dès 1933 dans un contexte d'ébranlement financier et d'épuisement social prévisibles aux conséquences funestes : échec des Grands Travaux contre le chômage, échec du programme Tardieu de 1930, déflation de 1935, réarmement - bien prévisible encore, l'on s'en doute - en 1936 jusqu'à la fin des années 1940 (4).
A cette époque (1940) les agents de la CDC-Alsace Lorraine de Strasbourg - dont la direction assumera la spécieuse mutation des affaires franco-allemandes tout le long de la montée du nazisme jusqu'en 1936 - sont logés avenue Hermann-Goering dans un immeuble appartennant à un alsacien juif où tous les locataires d'avant-guerre sont israélites. La plupart seront expulsés. En fait, l'immeuble sera confisqué en juillet 1940 devenant "propriété du peuple et du Reich allemand" puis loué à la CDC-Alsace-Lorraine. Après un très bref exil à Angers une partie du personnel rentrera à Strasbourg affirmant après la guerre que les activités alsaciennes de la Caisse sous administration allemande seront quasi inexistantes - une enquête sera toutefois diligentée à la Libération ; le directeur de la succursale de la Banque de France à Strasbourg regagnera également Strasbourg à la même époque pour les mêmes raisons, service minimum et "activité réduite" (CDC).

Emile Joos, 95 ans, agent de la BNCI-Strasbourg, confiera en 2001 : "en 1940 la plupart des banques alsaciennes seront absorbées par leurs homologues allemandes. La Dresdner Bank a pris la place de ma banque (BNCI). Elle a récupéré la clientèle, a converti les comptes en marks mais le personnel était le même. On avait pas le choix, on a été engagé d'office".
Le prévisionnisme des spéculateurs, affairistes et banquiers d'avant-guerre, aura cependant permis à beaucoup d'établissements de préparer les employés, les activités et les fonds à la collaboration. Il y aura cependant, n'en déplaise à Emile Joos, bien des moyens d'échapper aux pressions, démissionner, se déplacer ou rester en zone occupée en contournant les lois bancaires vichystes ou allemandes : "Nous (équipe d'une succursale du Crédit Industriel d'Alsace-Lorraine de Metz à Périgueux et son sous-directeur), consigneront encore Adèle Morlet et Madelaine Vattel, avons réussi à contourner le blocage des comptes juifs imposés par les nazis en Alsace-Moselle au printemps 40. Pour ce faire mes quatre compagnons et moi (Mr.André, évacué volontaire d'Alsace) avons transféré leurs comptes dans le Sud-Ouest et anti-daté ce transfert. Ainsi ils ne pouvaient plus être frappés par ces mesures de spoliation."

Parmi les affairistes régionaux franco-allemands - a fortiori ceux défendant les lobbys commerciaux juifs pro-nazis supports du fondement de l'Etat d'Israel - "Zionism in the Age of the Dictators", Lenni Brenner - nombreux seront ceux qui sauront intégrer le temps socio-politique du national-socialisme et surtout positionner favorablement leurs activités commerciales, intellectuelles et juridiques - un temps du moins - dans l'évolution du système répressif nazi en évitant, par exemple, de condamner l'ouverture des camps, les discours-enseignements d'Hitler ou ceux du parti nazi dans les régions. La pénétration avant-guerre de ces entrepreneurs et établissements bancaires bicéphales dans le Reich était pourtant réelle et profonde.
La maîtrise de la logique marchande, des conséquences de l'endettement public et privé et des mouvements de capitaux franco-allemends, contribueront à l'enrichissement de ces entrepreneurs comme aux déséquilibres sociaux et politiques, à la fragilisation des structures institutionnelles dont le nazisme triomphant, la ghettoisation, les internements, la pénalisation et la discrimination des faibles et des "associaux", seront les contre expressions. La tragédie de 1939 sera certes redoutée du crédit commercial régional franco-allemand, des PME-PMI frontalières, des assureurs, des promoteurs immobiliers, des sociétés de transport comme des places boursières nationales, mais prévenue longtemps à l'avance par le fait commercial; la violence qui en revanche s'abattra sur la société civile non combattante et non affairiste se traduira par une dépendance-privation violente et une souffrance intense.
Quoiqu'il en soit le Crédit Commercial de France sera absorbé par les fleurons nazis Commerzbank et Deustche Bank. La Badische Bank de Karlsruhe annexera la Société Générale pour créer la Badische Elsässische Bank, etc... Quant au Crédit alsacien et aux banques populaires d'Alsace-Lorraine (rien qu'à Strasbourg l'on compte 24 succursales et un nombre considérable de Caisses d'Epargne), le Reich les remplacera par une vingtaine d'établissements autonomes affiliés à une banque allemande pur produit de la crise de 1931/32, du capitalisme privé ou non, du commerce répressif nazi.

Après la "Libération" la BNCI sera nationalisée comme presque toutes les grandes sociétés vichystes ou aryanisées et deviendra BNP en fusionnant avec le Comptoir National d'Escompte de Paris (CNEP) "fort d'implantations dans les deux Empires britannique et français, en Inde, en Australie, en Egypte, à Madagascar et en Tunisie" (Bonin). Dans le tournant des années 1970 la BNP sera considérée très ostentatoirement comme "la force de frappe européenne du gaullisme bancaire" sous la double impulsion de l'Etat (1966) et de son "pilote" Michel Debré. Cela dit, selon Jean Jacques Jegou de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale (1999), cette affaire dévoilera plutôt l'incapacité de l'Etat à être un véritable actionnaire, les banques nationalisées de l'époque manquant essentiellement de nouveaux capitaux (5), et sa capacité de mauvais gestionnaire.
L'on sait aujourd'hui que ce constat ne peut plus être remis question. La BNP ira cependant plus loin après sa privatisation comme soulevée par les nouveaux apports en capitaux euroatlantistes des "années Mitterrand" (1993) et utilisera à son avantage la corruptibilité des hauts-fonctionnaires et la pénétrabilité des institutions internationales (FMI, BM, Nations-Unies) sans tenir compte des lois, de l'esprit des lois et des règles anti-corruption imposées, par exemple, aux fonctionnaires internationaux par l'OCDE en 1989, 1994, 1999. Corruptive la BNP post-1993 accumulera les exploits : clientèle criminelle, conflits d'intérêt, corruption actionnariale, délits d'initié, lobbying illégal, ruptures d'embargo, détournements de fonds, etc... (6).

Revenons en arrière, quelques années après la "Libération", en 1953 :
— s'achève l'affaire Harry White (homme de Truman au FMI en 1946) accusé d'espionnage communiste au coeur du dispositif monétaire de Bretton Woods, de la Banque Mondiale, du FMI, les institutions trans-étatiques prématurément gagnées par le "syndrome Sutherland" (par.10) ouvrent de nouvelles voies de circulation aux mouvements de capitaux tout en servant le capitalisme personnaliste américain; depuis 1948-1949 la Banque Mondiale applique en effet à la lettre les orientations développementistes et interventionnistes du point IV du discours Truman qui contribueront à la destabilisation/destruction des pays "sous-développés" pour le seul compte du crédit et des transnationales US; la BM ne se limite plus par ailleurs à emprunter aux Etats-unis mais émet aussi des titres en Europe, puis au Japon (7),
— l'URSS fait exploser sa première bombe H - quelques mois après la bombe H américaine - inaugurant l’ère de l'«équilibre de la terreur » et annonçant la "guerre froide",
— l'Espagne et Vatican signent un concordat qui légitime le régime franquiste.
Mr Alfred, monarchiste prévoyant, enterre paisiblement la fin de la "seconde révolution bancaire" (1860-1950) au pied des nouvelles "banques de masses" ou "universelles" privées dispensatrices d'une rationalité criminelle inédite et de conseils en tricherie auprès des gouvernements et entrepreneurs corrompus d'Amérique-latine, d'Afrique, d'Europe, d'Amérique du Nord ou d'Asie ; lutte anti-communiste, anti-socialiste, pénalisation de la précarité, exclusion, persécutions, assassinats d'opposants, emprisonnements, tortures, disparitions.
Mr. Alfred achèvera sa course autoritaire en tant que maire de la petite commune bourgeoise de Saint-Jean de Luz (1953-1961, décès 1969); St-Jean, lieu de villégiature de L. Paul Bremer III, autre héritier dispensateur de bienfaits, partenaire de Kissinger Associates (1989-2000), tête de pont du capitalisme américain au sein de la Coalition Provisional Authority, CPA-Irak (2003).
*(Michèle Alliot-Marie, ex-députée des Pyrénées Atlantiques, membre du bureau politique de l'UMP, actuelle ministre de l'Intérieur, de l'Outre-Mer et des Collectivités Territoriales de Nicolas Sarkozy, partisanne des méthodes de gestion si spécieuses de Donal Rumsfeld, Henry Kissinger, Zbigniew Brzezinski, Brent Scowcroft (2) appliquées indifféremment au budget de l'Etat, à la sécurité sociale, aux retraites, à l'épargne, au commerce transatlantique et au renseignement militaire ou encore à l'intelligence économique (8), sera également maire de St-Jean de Luz entre 1992 et 2002.)

Le crédit colonial et impérial
Mr Alfred "participera" à la Libération en contribuant à "débarasser la France de Darlan", "ministre providentiel" de Pétain en France et "agent" de Roosevelt en Algérie ; Darlan dont l'autorité politique, militaire et administrative en Afrique du nord française devenait celle d'un despote tant au regard de la résistance gaullienne et non gaullienne qu'au regard de la stratégie de la BNCI (et du CNEP) affirmée commercialement et publicitairement "nationale". Quoiqu'il en soit "le marché impérial concurrentiel" du crédit industriel et commercial convoité par Mr. Alfred avant la guerre ne pouvait prendre corps durablement dans le jeu civilo-militaire et politique exacerbé de Darlan bien que cherchant à rallier sous son autorité les différents territoires de l'empire : Tunisie, AOF, Djibouti, Antilles.
En métropole l'opportunisme bancaire et entrepreneurial en appui sur l'ancien régime collaborationniste rendu au seuil d'un "nouveau régime pro-américain" révèlera un autre aspect de Vichy. Une remarque confortée par Annie Lacroix-Riz dans "Quand les Américains voulaient gouverner la France", un propos d'une étonnante actualité : " (...) Ainsi chemina "un Vichy sans Vichy" américain, qu’appuyèrent, dans ses formes successives, les élites françaises, accrochées à l’Etat qui leur avait rendu les privilèges entamés par l’« ancien régime » républicain et soucieuses de négocier sans dommage le passage de l’ère allemande à la pax americana...".
Le document web "Amiral Darlan: la vérité sur son exécution" - diffusé en 2002 par Geoffroy d'Astier, petit-fils de François d'Astier, bras droit de De Gaulle à Londres, conspirationniste et co-ordonnateur de l'assassinat de Darlan le 24 décembre 1942, confortera l'idée que la banque et le banquier disposent bien d'un statut à part non seulement en période d'occupation ou de crise de régime mais également dans toute économie de guerre à crédit, en temps de paix.

Une chose marquera encore. Les d'Astier, Pose, Cordier, Capitant, Joxe, De Gaulle, Comte de Paris, Darlan, Murphy, Laval, Pétain, Roosevelt, Eisenhower, Churchill qui apparaîssent directement ou indirectement dans le temps de la conspiration contre Darlan paraissent au plan psychologique enchaînés à un jeu complexe de calculs, de provocations mais aussi de maladresses; joueurs opportunistes, manipulateurs, menteurs qui mériteraient, ici, d'être analysés selon les critères d'une histoire qui intègrerait ceux de la psychiatrie criminelle pour en dégager la dangerosité. Jusqu'à l'abbé Cordier dans le rôle du "confesseur-suicideur" - meurtrier en d'autres circonstances - qui fournira l'arme de l'assassinat au juvénile Bonnier de la Chapelle, lequel sera trahi et abandonné par les conspirateurs royalistes, moralistes et catholiques. L'inexpérimenté Bonnier sera effectivement jugé, condamné à mort contre toute attente et fusillé.
L'intérêt privé commandera de bout en bout et ceux qui feront office d'"hommes nouveaux" (pas moins que Darlan) apparaîtront, au final, tels des fabulateurs ou des assassins ordinaires dont la soif de gloire, de pouvoir politique et de profit commercial sera entretenue, nourrie, bien au delà des besoins réels des personnes, des situations et des Etats.

2 –  Approche asymétrique de la guerre, du commerce et histoire populaire familiale

Le banquier vichyste Alfred Pose né en 1899 sera parent, hasard de l'histoire des villages et des campagnes, de feu mon grand-père Jean "basque, béarnais, landais" comme il disait, ouvrier du bâtiment, homme de tous les métiers, flic à l'occasion comme son fils Gérard. Le fils gardera du père son goût pour les mythes républicains, la violence coloniale et la mécanique mais pas le sens des bergers, des montagnes, des forêts, des rivières, de cette chaude mystique populaire que l'on trouve encore dans la société rurale pyrénéenne.
Mon grand père, Jean, se mariera à une institutrice du pays, Marie - "un beau mariage pour un pauvre, dira-t-on". Leur fils Gérard, né en 1931 à Lagos au sud de Pau, jeune soldat en Indochine et gendarme en Algérie, se mariera à une femme métissée d'Hanoï (divorcée tôt) née en 1936 d'un père français officier des troupes de marine né à Madagascar et d'une mère anamite fille de terriens vietnamiens et chinois, héritière d'une lignée mandarinale bouddho-confucéenne.
Gérard traînera jeune du côté des ruraux tourmentés "sans travail, sans église et sans parti", du côté pourtant des conservateurs sans éducation d'après-guerre avec l'idée fixe bien que confuse qu'il avait intégré "le bon camp" ("à défaut de trouver un emploi stable") assimilé désormais à De Gaulle, au pouvoir militaire, politique, scientifique post-colonial, à l'Etat, à la grande banque commerciale et à son droit exclusif : l'Indochine, l'Algérie française, l'Afrique, Le Levant.
Gérard vivra toute sa vie avec les voix et les ombres des ex-combattants mutilés et recyclés de la guerre, cohortes de traumatisés que lui et les jeunes du pays observeront avec incompréhension sans que les questions clefs soient posées.
"Lui et les autres" - ceux qui entendaient les voix et ne voyaient plus comme les autres - vivront parmi les hommes fantômes "bons à tout faire" et parmi les familles pyrénéennes désespérées sous le seuil de pauvreté; des familles "qui savaient d'où l'argent des riches venait" et qui tournaient le dos depuis toujours aux institutions, à l'école, aux villes, au commerce, à la banque. Des familles pauvres, malheureuses, "mauvaises" diront certains, qui mangeaient du rat, du corbeau, du boyau de chat ou de chien pour ne pas crever de faim et qui tournaient en rond, aliénées par les différences de niveaux de vie et qui se posaient sans cesse les deux mêmes questions : "pourquoi la fille n'est pas mariée ?", "pourquoi le fils n'est pas bien ?".
Chez les pauvres illettrés du sud-ouest le mariage et le travail réduits à deux espaces conspirationnistes avant guerre étaient désormais - dans les villes comme dans les montagnes - deux espaces de pure prédation pour la survie alimentaire et sanitaire. L'homme et la femme dans ces pays là ne se parleront plus et vivront en étranger. Beaucoup de femmes seront veuves ou abandonnées. Beaucoup d'hommes seront retrouvés pendus dans les arbres, écrasés par des rochers ou noyés dans les rivières.
Gérard trainera comme un recalé, croisé sans croix, hagard parfois, sans conscience, sans histoire et sans foi. Il se rangera, par sympathie plus que par raison, du côté de ces sombres acteurs anonymes qui écriront l'histoire politique parce que policière et militaire, sans état-d'âme, en s'identifiant dès leur plus jeune âge à la violence instrumentalisée de l'Etat.
Admirer la réussite du fonctionnaire d'Etat sera toute l'histoire de Jean. Servir l'Etat post-colonial sera tout le drame de Gérard, gendarme sans qualité, brutal, hanté, esclave d'un panthéon secret maudit par la conscience rurale humiliée par le commerce intellectuel supra-étatique et les Etats érudits. "L'armée et la police ne commandent pas la banque", dit-on. En effet, un ministre des finances est, a été ou sera banquier et inspire naturellement l'ordre aux Etats et la crainte aux pauvres. "La banque, disait-on au pays, c'est l'Empire. La banque, disait-on encore, c'est le pouvoir".
Alfred Pose sera le "ministre des finances" de Darlan en Algérie tout en siégeant à la BNCI (Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie), force de frappe coloniale tirant profit des empires français et britannique autant que de l'empire américain naissant dans le tumulte de toutes les compromissions avant, pendant, après l'assassinat de Darlan, symbole de la fin de la IIIème république mais également de la fin des radicaux socialistes de la révolution nationale; un assassinat emblématique ouvrant dans la guerre la porte à l'idéologie pragmatique du libre-échange américain, c'est-à-dire au crédit et à l'hyper-endettement stratégiques. A la fin de la guerre, la Grande Bretagne réduite au Plan Marshall prendra également la vague du crédit stratégique et s'engagera sur les voies de la subversion européanniste, de la lutte anti-communiste et de la destabilisation dans le monde, du capital dématérialisé, voie du blanchiment, du recyclage de SS et d'espions érudits communistes, des paradis fiscaux dont les aristocrates autoritaires ou pro-nazis de la Banque d'Angleterre et les voyous sans scrupule de la City seront les outils...

La vieille Europe
En France, les descendants des grognards et les fils de poilus en col blanc s'acharnent. De quoi s'occupe-t-on ? Du cumul des mandats dans les conseils, de la survie de l'empire, des 200 familles. Monnet le cumulard passera par Alger et, via la banque et le commerce dont il servira les intérêts aux Etats-Unis, anticipera les besoins et tracera des canaux d'influence favorables au néolibéralisme américain : offensive économique asymétrique livrée aux vieux Etats et aux populations civiles non combattantes par des non-combattants civils inférieurs en nombre et d'un nouveau genre. En effet, les polyvalents des transnationales US n'attaqueront que les points faibles du vieux système capitaliste européen. Une offensive lancée avant la première guerre par les affairistes eugénistes américains persécuteurs de la condition ouvrière et des faibles, profiteurs de guerre - acier, pétrole, transport, armement, mines, alimentation, agriculture, assurances, banques de commerce - et contre lesquels le Sherman Act ne pourra rien : Flint, Rockefeller, Tiffany, Harriman, Carnegie, Read, Browning, Mellon, Warburg, Morgan, Remington, Ford, Schiff, Kuhn , Loeb, Sachs et tant d'autres qui s'autoproclameront dès les années 1920 : "les vrais aryens" ou "la race des maîtres".
Selon une étude du Global New Service of the Jewish People, Andrew Carnegie aurait bien financé dès 1911 un programme scientifique en dix huit points pour identifier et éradiquer les faibles et les dégénérés aux Etats-Unis. Le huitième point proposera l'euthanasie. Ce programme anticipant des atrocités hitlériennes aura pour intitulé : "Preliminary Report of the Committee of the Eugenic Section of the American Breeder's Association to Study and to Report on the Best Practical Means for Cutting Off the Defective Germ-Plasm in the Human Population."
La fondation Rockefeller de New-York financera également la recherche eugéniste nazie dans les années 1930, les programmes du Kaiser Wilhelm Institute for Psychiatry d'Ersnt Rudin l'un des concepteurs de la répression médicale nazie et ceux du Kaiser Wilhelm Institute for Anthropology, Human Heredity and Eugenics de Berlin d'Otmar Freiherr von Verschuer (dont les études sont suivies et louées par les cercles eugénistes américains) et de son adjoint Josef Mengele, futur bourreau d'Auschwitz.
Aussi, la célèbre note fondative de Monnet d'août 1943 sur l'élargissement de l'Europe (voir plus loin), une fois dissipés les hymnes à la joie de la résistance et de la reconstruction, ne peut se réduire, dans cette perspective eugéniste germano-américaine : passage de l'eugénisme négatif à l'eugénisme positif, à son traditionnel caractère économique, boursier et bancaire, politique et civil européanniste. Cette note fondative s'avère également une composante historique autant que l'expression d'une conspiration entrepreneuriale partiellement raciale contre les Etats; une conspiration dont les racines plongent dans le modèle capitaliste individualiste américain d'avant 1914. En effet, les dynasties familiales des frondeurs commerciaux, bancaires et industriels, de Flint à Dillon, à Morgan, à Dulles, à Harriman, à Sachs, parmi les plus influentes et les plus riches des Etats-Unis, n'avanceront pas, loin s'en faut, sans une idéologie de l'homme et de la race sous-jaçente, celle qui prévaut dans les cercles boursiers privés les plus huppés de Wall-Street; une idéologie parfaitement dissimulée par les idées généreuses du progrès - hissées au plus aberrant niveau du patriotisme, de l'élitisme et de la suprématie -, et par le consensus anthropologique non moins restrictif et récurrent sur les qualités du "bien naître", sur la pénalisatrion juridique et la discrimination sociale des tarés héréditaires de Francis Galton (1863), cousin de Charles Darwin, ou encore sur l'évolution sociale de Lewis Henry Morgan (1818-1881).

Morgan, avocat new-yorkais, concevra l'évolution sociale dans une perspective linéaire allant du simple au complexe. Morgan soutiendra l'idée d'un mouvement global des sociétés dont la croissance s'exprimera en trois stades : la sauvagerie (stade inférieur), la barbarie (stade moyen), la civilisation (stade supérieur). Cette idélogie, pour le moins expéditive et suprématiste - qui rappelle qu'Abrahm Lincoln affirmera lors de sa campagne sénatoriale de 1858 en Illinois n'avoir jamais été pour l'égalité sociale et politique entre les races blanche et noire (Zinn) -, confirmera le caractère insurrectionnel, traumatisant autant que le potentiel criminel du commerce blanc dont l'essence et les effets dissimulés par l'historiographie conservatrice révisionniste n'échapperont pas à l'approche résolument populaire des peines (Zinn, Chomsky, Pauwels, Dower, Pappé, Thapar, Lacroix-Riz, etc...).
Le commerce frondeur - qui compte parmi les dynasties croisées industrielles et financières les plus anciennes des Etats-Unis - jouera aussi bien avec l'Etat/les Etats, les traités, les partis, le droit et les lois, les tribunaux, la démocratie, le travail, la qualité de la vie, les naissances, la vieillesse, les religions et les guerres; un jeu que garantiront les croyances puritaines fondatrices de l'Union américaine, ciment de la république et de la fédération. Cette constante insurrectionnelle et délinquante, commerciale, libertarienne ou non, multipartisanne, politique non-gouvernementale, prendra bien le pas sur les institutions, les activités et se métastasera dans le corps de la démocratie politique.
Les Etats-Unis et l'Europe (grâce notamment à l'explosion des communications, des services, des réseaux bancaires et boursiers - banques de masse, bourses mondiales de type NYSE Euronext -, à la néolibéralisation des chefs d'Etat-relais : Bush/Bush-chrétien, Schröder/Merkel-chrétienne, Chirac/Sarkozy catho-opusien, Blair-catholique/Brown, Aznar-opusien/Zapatero, Berlusconi/Prodi-catholique, etc...) produisent bien la quantité d'informations c'est-à-dire la quantité de "civilisation chrétienne" nécessaire au blanchiment de la dynamique xénophobe, liberticide et homicide du commerce blanc. Le néolibéralisme conçoit bien une orthopraxie discriminante sectaire et affirme, plus encore, dans les couloirs des Etats, des universités et des entreprises, le pouvoir des méga-lobbyistes anti-Etat et anti-démocratie (Council on Foreign Relations, Trilateral Commission, Bilderberg Group, Société Mont Pelerin, etc...).
Avec juste raison les oppositions altermondialistes évoquent la création d'un tribunal pénal international pour les sociétés transnationales. Avec juste raison encore le Tribunal Permanent des Peuples accuse les sociétés multinationales de violations des droits humains...

Avant-guerre, la vieille Europe se refuse à la révolution paradigmatique entrepreneuriale et managériale américaine, à la dématérialisation-désétatisation des frontières politiques - ce ne sera pas le cas des cercles d'affaires européannistes ouverts à la rationalisation. Le vieux "monde-Etat" se refuse au "monde-marché". L'Europe se refuse, en fait, au décloisonnement, un jour sans Etat (?). La vieille Europe capitaliste est tout aussi hostile à la diplomatie non-gouvernementale américaine qu'aux offensives asymétriques de la guerre économique qui la plieront, à ces nouvelles normes déjà assimilées par les euro-businessmen érudits et élitistes tels que Mr. Alfred.
La vieille Europe monarchiste d'avant-guerre revendique sa légitimité couronnée tout comme l'héritier bourgeois son leg anti-communiste et anti-syndicat (mines, aciéries, forges), tout comme le policier-bourreau assermenté sa prison ou son centre de torture, le notaire sa clientèle familiale, la petite banque locale ou régionale son nom, le préfet sa république, le patriote sa victoire, la vieille église catholique son réseau paroissial.
Le "meurtre fondateur" de la nouvelle Europe civile livrée aux intérêts commerciaux européannistes et atlantistes - plus qu'une théorie - sera lisible à travers la criminalisation unilatérale du nazisme, des collabos et des capitulards qui empocheront toutes les responsabiltés : chambres à gaz et destruction de tant d'hommes, de femmes, d'enfants, destruction du potentiel économique, de la structure sociopolitique, intellectuelle, culturelle. Les préliminaires capitalistes d'avant 1914 sont oubliés et l'idéologie raciale blanche dominatrice des milliardaires hors-la lois de Wall-Street, de Philadelphie, de Chicago, de Houston, de Washington, de San Fransisco ou de Los Angeles est parfaitement occultée par le traumatisme infligé par le nazisme à la "civilisation occidentale".
Alors que l'histoire recense déjà entre 1798 et 1895 plus de 100 opérations militaires américaines sous le motif de la protection de ressortissants mais pour des raisons, en fait, purement commerciales (Argentine, Nicaragua, Japon, Uruguay, Chine, Angola, Hawaï, rapport de Dean Rusk, 1962) Monnet, en bon agent de l'interventionnisme américain, écrira en août 1943 pour des raisons non moins commerciales et pour des motifs civils et humanitaires non moins évidents :"les pays d'Europe sont trop étroits pour assurer à leurs peuples la prospérité" ; charbon, acier, atome, pétrole, gaz, mines, mutilations des pauvres et des exclus, xénophobie et racisme dans la nuit de la CECA, d'Euratom, des razzias sur le Proche et Moyen Orient, l'Afrique, l'Asie, et plus tard, nuit de l'Union monétaire, nuit des hommes faibles, prélude aux trafics d'influence laïcs et catholiques atlantistes.

Le rapport de René Courtin (du Conseil français pour l'Europe unie de juin 1947, branche de l'United Europe Movement de Duncan Sandys et de Churchill pour une Europe conservatrice libérale et des Etats souverains) établit également dès 1943 et à "l'opposé" les fondements moraux d'une autre Europe : "les orientations éthiques de la politique économique d'après-guerre"; une Europe non moins libérale et capitaliste s'opposant très utopiquement aux trusts, aux monopoles et aux pratiques restrictives. Les fédéralistes libertariens américains, pieux dictateurs de l'Ere Bush, ne diront pas moins face à l'omni-interventionnisme républicain de la Maison Blanche et face à leurs concurrents "sans foi ni loi" de Wall Street, spécialistes du harcèlement commercial et du meurtre des populations civiles non-combattantes; toute l'histoire du martyr, en fait, des indiens et des populations ouvrières des deux amériques, des caraïbes; toute l'histoire également des pieux dictateurs fondateurs de la fédération qui ancrèrent la révolution armée, le meurtre et le fanatisme, en Dieu : "Resistance to Tyranny as a Christian Duty. Revolution Understood in Scriptural Terms..."
Le rapport Courtin sera toutefois publié par le journal Combat à Alger; on y parle de saine concurrence pour une Europe libre et unie. Il sera diffusé clandestinement par le Comité général d'études de la Résistance (CGE) créé par Moulin.
A Alger, Washington, Londres, sous les chenilles des chars libérateurs américains et alliés de novembre 1942 (Afrique du nord) ces méthodes asymétriques associant le décloisonnement des marchés à la collaboration économique tous azimuts avec le Reich, Vichy, en métropole et hors métropole, mèneront à terme un bien plus grand projet que le rejet commun du communisme celui d'imposer à la vieille Europe et au vieux monde les nouvelles règles de la civilisation par "des marchés plus larges" (Monnet). Désormais - scénario tant de fois vécu dans les pays pauvres - il conviendra d'offrir aux Etats des démocraties viables, une force de travail régénérée, libérée, désaryanisée, au nom de la reconstruction, au nom de la fin des vieux antagonismes, de la justice, de l'égalité entre les cultures et de la dignité humaine - propagande pour la reconstruction/recomposition de la culture européenne du "Musée Imaginaire" de Malraux en 1947; parfait traité bourgeois d'annexion des cultures -, au nom "du développement des pays pauvres sources potentielles, dejà, d'instabilité et d'affaiblissement de la prospérité du nord" (Truman).

3 –  Arrière-plan testamentaire de la mémoire familiale

En 1947 Jean jurait et priait en basque tout en déambulant de boulot en boulot dans le bayonnais et Gérard, à peine 16 ans, tournait en rond dans son aliénation jusqu'au pays basque espagnol, où il se perdait... A son retour d'Algérie, il vivra en marginal de la police militaire puis de la police régionale, exclu, psychotique chronique, flic ou indic vaguement pensionné, vie bâclée, incertaine. Gérard, sujet déclassé, ne se souviendra même pas de ces deux enfants algérois qu'il tuera au bord d'une route, d'un coup d'aile de voiture; un écart à grande vitesse sur la chaussée. "Un accident", dira-t-il laconiquement.
Gérard ne décriptera pas les minutes de son procès; la tragédie algérienne des années 1950-60, autrement. Odieux procès militaire conduit à Alger par des militaires français pour le jugement d'un militaire français fautif, serviteur décomplexé de l'Etat, sportif, accessoirement bourreau (?). L'Etat recrutera ses nervis parmi les plus déséquilibrés - comme la gestapo. Les plus doués seront chargés des harcèlements, de la concussion et de la torture. Ils seront lachés dans la foule en civil; chemises blanches éclatantes, dents blanches, lunettes noires, désinvoltes, de jour comme de nuit : rues, marchés, boîtes, restaurants, bordels, quais, entrepôts, déserts. "Gérard", irresponsable politiquement et pénalement, sera protégé par des idiots politiques et militaires en habit de juge, aux ordres.
La Justice taxera la famille algéroise, une fois de plus, de "mauvaise éducation", d'"irresponsabilité parentale", de "laisser-aller", "les enfants n'étant pas assez tenus"... Probité, intelligence et bonté patriarcales coraniques, irréprochabilité intellectuelle, politique et religieuse de la famille algéroise y compris dans le drame et l'injustice d'une vie : "Oui, Mr. le juge..."
La famille algéroise portera seule le fardeau du deuil, de la douleur et bien entendu de la honte. "Gérard" oubliera... Chaban Delmas - "idole noire" que beaucoup de militaires de carrière du sud-ouest chercheront à imiter -, lui enverra des "cartes de visite" tout au long de sa vie, une bonne centaine, toutes signées, encre bleue, encre noire, soigneusement archivées. "En souvenir de..."
Vieille méthode impériale (française, britannique, allemande, américaine,...) que de s'offrir une base militaire délinquante criminelle, socialisée et fidèle, pour presque rien; un négatif du pouvoir. Cela dit, l'empire ne nourrira aucun attachement envers ses dandys violents cooptés désormais pensionnés clochards, errant de ville en ville, de commissariat en commissariat. L'empire ne sera pas la forme d'organisation sociale généreuse ou égalitaire inconsciemment espérée. Gérard engagé jeune l'ignorait.
Gérard ignorait également qu'il hériterait d'une aliénation durable, colères folles, idées délirantes, voix, hallucinations - lointains messages de la famille algéroise et de ses enfants, lointains messages d'autres familles, femmes, hommes, pas forcément opposants : Algérie, Maroc, lointains messages d'Indochine...
Jusque là l'empire avait été synonyme de pouvoir régalien; la France prétendra, en effet, avoir volé le pouvoir de justice de l'Etat indigène incapable d'Etat. Gérard y trouvera son compte, comme tous les ignorants, un temps; l'empire glouton, symbole d'abondance alimentaire et sanitaire, de régénération sociale, de pillages légalisés.
Gérard ignorait que l'empire était un principe de domination sans état-d'âme, incapable de bien ou de vertu; que l'empire était la part sublimée et donc la plus obscure de tout homme d'action, finalement de tout meurtrier potentiel.
Gérard ignorait. Gérard aimait rire et se promener en voiture, une traction avant noire avec les collègues du baroud, une aronde crème quand il était seul, chemise blanche et lunettes noires, cigarette au bout des doigts, "bella figurina...", un temps.
A sa mort, un cousin, autre basque-landais, me dira : "il était à poil sur le lit et les murs de la chambre étaient recouverts de son sang".
Je trouverai une boite à chaussure testamentaire au fond d'un placard à vêtements, des costumes neufs gris anthracite et des chemises blanches de prix. Il y avait des centaines de photos en noir et blanc : Algérie - "Gérard", les collègues aux lunettes noires, la base militaire, des gamins algériens torses nus tenus par l'épaule -, Indo - lui, très jeune, athlétique, grand, short et bras nus croisés, au pied d'un "stupa", vraies ou fausses photos ?, Indo encore, convois militaires sous la pluie, wagons à bestiaux chargés d'hommes, de femmes, d'enfants, précipités dans la boue noire par des militaires français, "Gérard", sur le toit d'un wagon en tenue de combat ? -, sous les photos, un 9mm, une arme de guerre qu'il n'aurait jamais dû posséder, d'autres photos, des traces d'exploits sportifs, encore, une traversée du désert algérien en moto militaire...
Comme tous les flics pyrénéens basques, landais ou béarnais, à peine scolarisés, de souche ouvrière ou paysanne, Gérard n'avait que peu d'opinions sur Mr. Alfred qu'il rencontrera à plusieurs reprises. Mr Alfred... autre idole noire institutionnalisée de Làa-Mondrans, au sud d'Orthez, idole noire à la fois populaire et maudite. Mr. Alfred et la BNCI cautionneront dans leur course au professionnalisme et au leadership bancaire le régime répressif de Vichy, le Reich, les persécutions des juifs et des communistes (comme à Alger), les camps, les tortures, l'Holocauste. Mr Alfred et sa banque acculeront bien (directement ou indirectement), à l'instar de son voisin de village De Lesseps, autre idole noire populaire et maudite, de nombreuses familles à la ruine, de nombreux hommes à la mort. Quoiqu'on en dise Mr. Alfred "spoliera le juif" sans que les gros spéculateurs et investisseurs français, européens, fédéralistes ou non, africains, indochinois ou américains (résistants ou non) soient alarmés ou aient à s'en plaindre.
La BNCI contribuera bien à ruiner la vie et l'espérance des plus pauvres dans de nombreux pays sous le couvert de relations privilégiées entre 1940 et 1966 : Allemagne, Argentine, Autriche, Belgique, Congo belge, Espagne, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Hongrie, Italie, Nigeria, Pakistan, Pays-Bas, Roumanie, Suisse, Turquie, Yougoslavie... Au faîte de son apogée la BNCI sera présente dans 40 pays et dotée de pas moins de 1000 bureaux; 267 bureaux, succursales ou sièges en 1932, 407 en 1940...

4 –  Le totem omniscient d'Ernst Junger et la stratégique mobilité de l'USAID

Les familles pyrénéennes et françaises rurales illettrées, pétrifiées, insensibles à l'imaginaire codifié des Etats - vision métaphorique de l'arrière plan social et politique du vieux Palerme et de la vieille Sicile, celui de la région mafieuse conspirationniste et criminelle, plutôt que celle, éclatante, lumineuse, de la désobéissance familiale et de la révolte civile non violente de Felicia Bartolotta Impastato et de Peppino Impastato -, les générations d'employeurs locaux douteux, les paroisses fascisantes consensuelles aux doubles vies, admettront sans état-d'âme ces odieuses conditions locales de naissance qui feront sourire De Gaulle et qui le conduiront à dire en 1960 - un an avant le massacre des algériens de Paris d'octobre 1961 -, que Tintin était son seul rival international.
Les professeurs de collège et de lycée épuisés par le recyclage massif des provinciaux sans dons, l'hypocrite finitude de la forme marchandise et la violence policière de la Vème république enseigneront tôt, prophétiques, que le courage politique au XXème siècle se limiterait à l'aventurisme sous hypnose de Malraux et s'achèverait "bravement" dans les planifications du commerce militaire des Etats, deux racines de l'autisme politique au service de l'ordre bourgeois et du rêve. En 1964, Malraux, Ministre de la Culture, enverra bien le 5ème génie militaire de Rouen entreprendre des fouilles sous le château de Gisors. Officiellement, il s'agira d'en découdre avec le fameux trésor des templiers, officieusement, de remplir les "caisses vides" du parti gaulliste.
La génération des lettré(e)s khâgneux issue des mensonges muséographiques de 1947, fils et filles mythiques d'employés, d'ouvriers-chômeurs, de petits fonctionnaires, de paysans non immigrés cambodgiens, vietnamiens confucéens ou bouddhistes, de ruraux animistes centrafricains ou sénégalais incapables, forcément, de vaincre la république du "roi nègre", la françafrique et poussant loin devant la chandelle de l'homme nouveau, finira par admirer la politique étrangère de cet autre "landais", Mitterrand (1981-1995), fasciné par la fixité du totem omniscient d'Ernst Junger et la stratégique mobilité de l'USAID, plus encore quand il vantera les vertus de la démocratie libéralisée et militarisée pour mieux la vendre au monde décolonisé non sans avoir ouvert les portes de l'Elysée aux hauts fonctionnaires du F.M.I. - dont il admirait tant, avec Rocard et Beregovoy, l'intelligence : "régler une fois pour toute la question de la dette publique française - 66% du PIB en 2005 (pdf) - et la dette des pays pauvres avec de l'argent frais." ("Non à l'njustice, oui à la B.M. et au F.M.I.", Pierre Mendès France après avoir dirigé pour la France la BIRD-B.M. de 1946 à 1947 -, sera le président des gouverneurs du FMI en 1948 et gouverneur du F.M.I. pour la France jusqu'en 1959).

Mitterrand ira plus loin lors du XVème sommet des pays industrialisés de juillet 1989 non sans louer Ronald Reagan (qu'il rencontrera huit fois) : "Je dirai que M. BUSH (Père) montre beaucoup d'ouverture d'esprit, beaucoup d'affabilité dans ses relations personnelles, un désir de réussir une bonne entente entre les pays ici réunis, et cette ouverture d'esprit de M. Bush qui connaît bien les problèmes de l'Europe et les problèmes du monde en raison de ses états de service antérieurs, me paraît de très bonne augure..." (Presse G7). "Ses états de services...", ritournelle implacable, obsessive, du militaire de carrière.
Au pied du tableau noir, ceux qui deviendront "les ainés de la juste cause" et qui cesseront d'envoyer des "enveloppes" aux combattants de l'ANC (tout en continuant à verser à la Croix Rouge, à la Recherche pour le cancer, à Amnesty et à Green Peace) tout en tournant le dos au communisme, à l'anarchie, à l'altermondialisme, plus encore à Cuernavaca, rejoindront les cohortes d'enseignants dépressifs empoisonnés par l'église de la sociale-démocratie néolibérale; violences scolaires, "mutations-déportations" sans préavis, trajets infinis, maternité-paternité illusoires, solitude, indifférence du système. Beaucoup s'effondreront sous le fardeau des coktails "anxio-xanax" des maisons de repos, d'autres avaleront avec amertume les consignes de guerre de Mitterrand à Mandela (1994) :
— "pas de Printemps sans "Eux" ; "Eux" : les commerçants d'armes; Edouard Balladur "le reaganien" déjà soutenu par Nicolas Sarkozy est 1er ministre de la cohabitation de la période 1993-1995, Peter D.Sutherland dirige l'OMC.
— "pas de Printemps sans "Cà" ; "Cà" : les marchés d'Etat, la globalisation-privatisation des services, la levée des barrières douanières, la corruption active et passive des institutions et des hauts fonctionnaires.
Ruinés par les drames familiaux, les sacrifiés chercheront l'espoir dans leur "médecin-affectueusement-traitant", la détresse des élèves de couleur ou le désespoir des familles névrosées, retranchés le soir dans leur cuisine un coupe papier et une lettre de démission qui ne partira jamais à la main; l'exil, oui, mais pour où et pourquoi faire ?...
Coté tours et maudits, les patrons voleurs d'esprits, voleurs d'enfants, infidèles, responsables de la production délirante, de l'hyper-endettement privé et de la fuite des capitaux, offriront en holocauste : capabilités de base et détermination sociale, mutilant sensiblement l'autonomie des naissances, des familles, des cultures et l'environnement.
Poussés par le G7 les ingénieurs généraux de l'armement de Mitterrand baptiseront "Germinal" au champagne, une vedette lance-torpille dernier cri exhibée en grande pompe sous les yeux libéralisés de Mandela tout en vidant sans scrupule les caisses pourtant déjà vides de l'Etat sud-africain ; dopage au développement sous le haut patronnage de la Banque Mondiale et du FMI. Le G7 sera le choix politique de Mandela, dit-on. Robben Island...

5 –  Approche ontologique et théologique des exclus par les exclus

Le travail de la mémoire, l'histoire populaire, l'approche ontologique et théologique des exclus par les exclus, s'inscrivent dans le temps du socialement le plus faible tournant le dos à l'agression commerciale, religieuse globale ou politique. Les exclus relevant d'une culture, d'une langue et d'une ethnie refusant d'appartenir à la "Base of Pyramide" (en fait "Global Bop Markets") de la Banque Mondiale refusent, en effet, l'instrumentalisation-récupération développementiste de leur condition : "civil & business partners" selon les critères du micro-crédit bancaire plutôt que "sans-terre", "sans papier" ou "sans toit" (le chaînon manquant capitaliste) et cherchent de toute évidence à sortir du cheminement "social-initiatique" liant intellectuellement, religieusement et juridiquement "l'homme nouveau" ou "l'individu" aux marchés régionaux et locaux, aux taux de change, aux prêts bancaires, aux micro-investissements, aux indicateurs de croissance, à la forme marchandise et aux "devoirs politiques".

Ce cheminement pragmatique négatif mondial relève d'un nouvel espace de rationalité, de travail et de sécurisation, bien connu des exclus et des alternatifs occidentaux, un espace d'affiliation sociale et technologique conçu à partir d'un mode d'exploitation individuel et collectif inédit, une civilisation et un espace de vie à crédit civilo-militarisés puisqu'il s'agit d'économies de guerre à crédit imposées tant par des armées que par des civils (Asie centrale et du sud-est, Pacifique, Europe centrale, Afghanistan, Irak, Proche et Moyen-Orient, Corée-du-Sud, Pakistan, Afrique, hier l'Europe et le Japon, en cours de remilitarisation, etc...), un espace d'occupation, un espace de soulèvements, incertain, de résistance, de collaboration et de dépendance, un espace de prédation dissimulé sous des institutions politiques issues de démocraties conçues artificiellement.
Il s'agit bien pour le pauvre conscient et libre, opposé aux nouvelles valeurs commerciales et aux partis qui les défendent ou s'en défendent, de rompre avec ceux qui en appui sur les nouveaux marchés se pensent protégés de leur propre arbitraire par l'argent, les biens, la croyance, la connaissance ou les titres, et par conséquent particulièrement constitués pour occuper une position sociale, religieuse, économique ou politique.
Le martyr civil est. Il y a persécution, douleur, mort. Les intellectuels alternatifs, les théologiens libres, les paysans érudits dotés d'une longue mémoire cherchent leurs élèves dans la nuit, ou n'en souhaitent plus, convaincus toutefois que la détermination doit plonger ses racines ailleurs, autrement, dans une terre préservée, en Dieu ou non, avant de reproduire du sens social, de la foi, de l'homme, des liens transgénérationnels.
"Repousser les actions loin devant. Respecter l'étude longue et gratuite, patienter, échapper au rendement, au confort social, trouver ses amis dans les pas de la sagesse sans profit. Apprendre à vieillir dans le corps de cette sagesse sans profit et rendre au pays sa vérité volée." (Un prof. sud-africain de Western Cap, ruiné et estimable, décédé,"Les hors-la-loi de Westville-Campus")

Un appel et une souffrance populaires
Durant la seconde guerre, alors que très habilement s'édifie une phase décisive du commerce global, la position collaborationniste des Etats anti-nazis, des entreprises et de Vatican révèlera que l'inquiétude populaire n'est pas dénuée de sens. Elle répond à un appel et à une souffrance qui offriront, un temps, une légitimité sociale à l'église politique coloniale et post-coloniale qui soutiendra :
— le Plan Marshall,
— l'ordre anti-stalinien de l'OECE (Organisation Européenne de Coopération Economique dopée par la soldatesque capitaliste de la résistance : Paul-Henri Spaak, Paul van Zeeland, Dirk Strikker, Anthony Eden, Richard Heathcoat Amory) issu en 1948 du Plan d'endettement Marshall (entre le 3 avril 1948 et le 30 juin 1950 la Grande Bretagne, la France, l'Italie, la RFA perçoivent pas moins de 12 milliards de dollars des Etats-Unis) et de la Conférence des Seize (Conférence de coopération économique européenne),
— le discours fédéraliste européen unioniste et anticommuniste de la CIA de 1948 qui ouvrira après la crise-sanction du Plan Marshall de 1949 les pistes sans retour et sans destination pour les pauvres de l'intégration économique et celles de l'Union européenne des paiements (UEP) - levée des obstacles de l'inconvertibilité des monnaies européennes et nouvelles vagues hystériques de dépendance spéculative, d'hyper-investissements, d'endettement, d'exclusion.
Cette souffrance issue des plans de reconstruction de l'Europe et du Japon n'est guère différente de celle qui s'abat sur les victimes des planifications en Irak, en Afghanistan, au Chili, en Argentine (passage du régime dictatorial à la démocratie politique via les plans du FMI, de la BM, de la Réserve Fédérale et des banques de commerce privées américaines). L'économie néolibérale distillée dans le temps de la guerre, hyper-sécurisée dans celui de l'après-guerre et les institutions publiques conçues à la va-vite dans le champ de l'instabilité des hyper-mouvements de capitaux liés aux décloisonnements des marchés constitueront le fondement politique et théologique de l'autoritarisme populiste de l'église des années 1950.

L'Allemagne de cette époque est au centre des débats sur l'avenir de l'Europe tout comme la Russie de Poutine menaçant l'Europe de ses ogives nucléaires début juin 2007 en réponse au déploiement des boucliers anti-missiles américains en Pologne et en Tchecoslovaquie - en fait, frappés d'obsolescence par les républicains depuis la chute du Bloc soviétique -, est au centre du discours transatlantique sur les accords de libre-échange. La stratégie qui consiste à traumatiser les populations civiles se développe à l'avantage du commerce euro-américain et du processus d'expansion de cette Europe, hier ruinée, aujourd'hui otanisée mais encore trop étatiste (tout comme sont trop étatistes et pas assez otanisés les anciens pays de l'union soviétique). L'Allemagne, la Russie et l'Europe, hier comme aujourd'hui, demeurent les objectifs commerciaux civilo-militarisés de Washington.
Cette stratégie conduira, du reste, en deux mois au décret de Poutine du 14 juillet suspendant la participation de la Russie au traité sur la réduction des forces conventionnelles en Europe (CFE), aux rebondissements de l'affaire Litvinenko, à "l'expulsion" des diplomates russes et britaniques de Londres et de Moscou, au survol des eaux écossaises par les bombardiers russes TU95, etc... et le 4 août, à la veille des vacances du parlement britannique, à l'acceptation par Gordon Brown de l’installation sur le territoire britannique de radars faisant partie du bouclier anti-missile américain.
Le contexte socio-politique, militaire et commercial des années 1950 n'est pas moins, inacceptablement, provocateur et autoritaire, homicide et liberticide. L'on aurait tort, ici, de prendre l'ouverture ecclésiale au social de cette époque pour une volonté de dialogue.

Des années 1950-CIA au sens autoritaire de l'homme des classes moyennes croyantes de 2007
L'on aurait tort également de ne pas se pencher sur le rôle emblématique que joue l'église catholique romaine américaine au sein du libre-échange global. Le courant spirituel systémique de la "régénération des églises américaines" (avril 2003) animé, par exemple, par le théologien jésuite et Cardinal Dulles "Mgr. CIA", fils de John Foster Dulles, frère d'Allen Dulles co-fondateur de la CIA, nourrit tous les espoirs - sous l'impulsion pro-capitaliste de Jean Paul II - d'une théologie du marché dominatrice.
Théologie réductiviste et alarmiste : "la liberté populaire conduit au chaos social, au suicide par manque d'espoir; l'homme ne naît pas libre car la liberté est un don de Dieu" (tout comme le marché, les armées de G.W. Bush ou le droit au meurtre des pères fondateurs de l'union américaine au XVIIIème siècle).
Comportementaliste : "la doctrine sociale catholique est la fidèlité à la loi morale et aux évangiles" (appliquée au marché, cheval de bataille de tous les think tanks et ONGs catholiques orthodoxes disséquant les problèmes sociaux à l'aune de la Doctrine sociale de l'Eglise) (1).

Suprématiste et moraliste, la théologie du marché jésuite et son magister sont désormais dotés d'un nouveau Pape résolument dullesien plutôt qu'atlantiste, Benoît XVI, promené aussi bien par le jeu des opusiens (à Rome, ordination opusienne, aux Etats-Unis, en Inde "we need more saints" (Archevêque Concessao), au Japon, en Russie ou en France) que par le jeu des jésuites via le clan pontifical autonome Dulles à l'Ouest, autrement à l'Est. (Lettre de Benoit XVI aux catholiques chinois, 27/05/07)
Qu'on le veuille ou non, la Doctrine sociale catholique renforce le néolibéralisme de l'Eglise et sa pénétration dans les classes moyennes croyantes support d'un mode de production capitaliste global voulu inaltérable; une doctrine sociale présentée par les théologiens néolibéraux ou néocons comme un complément au "discours social" du patronat laïc et chrétien. Une doctrine sociale qui se veut également un élément stabilisateur des institutions publiques en reconnaissant toutefois la primauté de l'instance catholique sur l'Etat : "l'Etat n'a pas le droit de s'ériger en juge ou en tant que source de la moralité" (Encyclique Rerum novarum de Leon XIII, 1891, toujours étudiée, bien entendu, et vénérée).
Missionnariste, accusatrice et fondamentaliste : "les fausses réformes sont celles qui ne respectent pas les Evangiles, les Ecritures à la lettre, la Tradition, les structures ecclésiales divinement révélées. Les prophéties doivent s'accomplir dans un contexte exclusivement apostolique et dans le cadre de l'Eglise sans quoi il ne s'agit pas d'authentiques prophéties... Donner corps aux impulsions révolutionnaires appauvrirait l'héritage divin de l'Eglise et fausserait son rapport missionnaire au monde... La cathéchisme de l'Eglise Catholique est le seul moyen de notre réforme... La dissidence sournoise est partout... Il faut redonner corps à l'Evangélisation traditionnelle tout comme à la morale catholique fondamentaliste." (True and False Reforme, Dulles, Fordham, 2005)

Raciale et universaliste : "la civilisation occidentale ne peut avancer sans être régénérée par ses racines religieuses conservées dans l'église catholique".
Cela dit, apparatchik des familles collaborationnistes et révisionnistes au service de nombreux gouvernements republicains et des plus grosses fortunes américaines, Avery Dulles - inflexible quant à l'interprétation des Ecritures, des prophéties, de la morale, de la liturgie, des sacrements et de l'intégrité catholiques - sera le premier théologien né américain créé Cardinal (par Jean Paul II en février 2001) à n'avoir jamais été évêque (ordination de Dulles en 1956 en présence de son père John Foster Dulles, law-businessman très établi dans l'économie nazie et la politique non-gouvernementale avant la seconde-guerre, conseiller à l'industrie de l'armement du gouvernement durant la guerre -, sous-secrétaire d'Etat d'Eseinhower durant la guerre froide et spécialiste de la lutte anti-communiste de 1953 à 1959...).

La théologie intégriste Dulles ne peut toutefois occulter que d'autres discours existent ni occulter que des jésuites ouverts aux pauvres et à la théologie de la libération ont sacrifié leur vie; gardons à l'esprit les assassinats des pères de l'Université centraméricaine (UCA) ''José Simeón Cañas'': Ellacuria, Martin-Baro, S.Montes, Lopez, Lopez y Lopez, Moreno, Romero, de leurs dévouées J.E. Ramos et C.M. Ramos (Salvador 1980,1989).
Tout aussi inaceptable "l'exécution religieuse et institutionnelle" du théologien jésuite pour la libération Jon Sobrino (d'origine basque et vivant au Salvador) qui échappera aux assassinats des pères de l'UCA et qui dénoncera ces massacres devant les églises, les théologiens, l'opinion et les médias. L'exécution de Sobrino impliquera le cardinal Ratzinger-Benoit XVI - qu'il accuse de manipuler ses oeuvres, d'être un faussaire - et l’archevêque de San Salvador (évêque aux armées) qui portera l'arme de la calomnie et de la censure : Fernando Saenz Lacalle, ordonné prêtre de l'Opus Dei en 1959. (Jean Paul II nommera plus tard de nombreux membres de l’Opus évêques en Amérique latine : sept au Pérou, quatre au Chili, deux en Equateur, un en Colombie, un au Venezuela, un en Argentine et un au Brésil).
Les oeuvres de Sobrino seront soumises à "l'option salvadorienne de Vatican" à l'aide de la procédure d'urgence prévue par les articles 23-27 de l'Agendi Ratio In Doctrinarum Examine dès 2001 sous l'impulsion de Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Les oeuvres retenues par l'inquisition seront "Jésus-Christ libérateur, lecture historico-théologique de Jésus de Nazareth' et 'La foi en Jésus-Christ, essai sur les victimes'. Elles seront reconnues subversives et dangereuses en Amérique Latine, dans les séminaires et les centres de formation (Mesures disciplinaire contre Sobrino).
Sobrino qui sera interdit d'enseignement en 2006 et de publication en mars 2007 par Lacalle citera le cas du Supérieur Général des Jésuites Pedro Arrupe (basque d'origine) co-instigateur de la réforme de Vatican II (1962-1965), agitateur bénévole au sein des hiérarchies politiques gigognes de l'Eglise mis à l'index par le pouvoir central ecclésial romain; sans doute parce qu'il s'impliquera trop dans la lutte civile et religieuse anti-mafia en Sicile et en Italie.
Coutumier du fait le Cardinal Ratzinger s'illustrera en mars 1983 en envoyant à l’épiscopat du Pérou - fief opusien : "Dix observations sur la théologie de Gustavo Gutiérrez" (pionnier de la théologie de la libération), un ensemble d’observations assimilant la théologie de Gutierrez (dominicain) à un marxisme déguisé ayant pour objectif de faire du christianisme un facteur de mobilisation au service de la révolution... "Le recours de la  théologie de la libération au marxisme, certes très grave, ne serait au fond qu’une conséquence conjoncturelle, écrira Ratzinger : celle de la séduction qu’exerçait cette idéologie dans les années de naissance de la  théologie de la libération, sur des esprits déjà débilités par le relativisme."

L'intégrisme pan-américain de Dulles (dont le clan, lors de la seconde guerre et après via la démocratie chrétienne italienne, traitera sans scrupule avec les mafias siciliennes et américaines) inspire réellement l'église romaine, politique, liberticide et déicide; une église qui n'est pas "peuple de Dieu", incapable de réformes significatives et qui prône une "théologie développementiste entitétique" inappropriée aux souffrances individuelles, incapable d'appréhender les causes de la misère, l'instabilité fondamentale ou l'entropie qui affecte toute chose (découvrir Dieu dans le corps des lois universelles, de la détermination sociale, des oppositions, des ethnies, du marxisme, de la décroissance, des récoltes ou des saisons est tout sauf incertain), invitant plus encore à la "papauté universelle" et à l'"Eglise globale", deux entités aux conséquences funestes, territorialement, socioéconomiquement, écologiquement, théologiquement et humainement.
Le théologien libre espagnol Tamayo Acosta, lui même persécuté par Rome et défenseur de Sobrino, n'hésitera pas à mettre en cause les aptitudes de ces doctes érudits ou ignorants - de toute obédience : prêtres, évêques et archevêques, cardinaux, papes. Indispensables et salutaires remises en question qui inspirent de nouvelles formes de ministères, l'égalité radicale entre chrétiens et chrétiennes devant la connaisance et les charges ecclésiales, la désacralisation de l'Eglise, la suppression des oppositions : clercs-laïcs, hiérarchie-peuple, ministère-sexualité, sacerdoce-vie de couple; jaillissement de l'église populaire ou de l'église "peuple de Dieu" à partir du monde de l'exclusion invitant aux critiques de "ce qui est", les oppositions occultées par l'Eglise : ministère-usure, ministère-rationalité économique néolibérale, ministère-sexisme, ministère alliance du pouvoir; saine théologie acostienne.

Ajoutons, à cette belle et indispensable révolution, la critique de l'altération du "sens de l'homme révélé" précisément "divinement", "à l'Eglise" matérialiste, ritualiste, capitaliste, ruinant par le fait tout espoir d'écoute des souffrances dues aux inégalités sociales, aux injustices, ruinant toute reconnaissance de l'individu, charnel, sensible, sexuel, vivant et mourant, toute possibilité de compréhension de la misère réaliste, toute possibilté de reconnaître, de soutenir et de fortifier les capablités de chacun (pour moi dans un contexte de décroissance et de sortie de l'économie), ruinant toutes les possibilités de défendre ce qui est juste, comme les luttes sociales urbaines ou rurales, de protéger les oppositions civiles dans les rues (à condition d'en découdre avec les concentrations urbaines, de repenser le manque et l'abondance), les campagnes (à condition de repenser les pertes, les rassemblements ruraux autour du manque/abondance et le multi-agir transgénérationnel), les chantiers/usines (à condition de s'engager contre le capitalisme et de quitter les villes), les prisons (à condition de militer pour leur abolition et les capabilités dans un contexte de décroissance hors les cités), dans les tribunaux (à condition de condamner la justice entrepreneuriale); être présent, anticiper, penser, écrire, créer, travailler librement, repenser le travail, donc, déjouer la suprématie de la représentation politique urbaine et rurale, de l'Etat néolibéral, du centralisme administratif, monétaire, bancaire, prévoir, contribuer, donner, soigner (à condition de repenser l'autonomie sanitaire et alimentaire), aimer, autre façon sans doute de demeurer humble, créatif en terme d'autonomie ecclésiale, civile et politique, évangélique, ce que les fondamentalistes comme Dulles refusent en se déclarant ennemis des dissidences et héritiers de la chaîne des pontifes comme de l'autorité apostolique; "ère Dulles du paraître apostolique" et non ère de la communion dans le temps social, économique, politique, des exclus et de la souffrance; temps apostolique.
L'église (et sa théologie du marché), tour à tour attentiste, professionnaliste, collaborationniste : "Dieu ne répondant plus", demeure déséspérement attachée au droit naturel à la propriété privée (Rerum novarum) sublimé par la fulgurante intégration de Vatican et des communautés ecclésiales à la théologie du marché et à l'inacceptable massification des populations urbaines. Une église divisée et contradictoire qui reconnaît d'un côté le "rôle pertinent du profit" de l'autre celui de la "lutte contre la primauté absolue du capital, de la propriété des instruments de production et de la terre sur la liberté et la dignité du travail de l'homme" à condition, bien entendu, "que cette lutte ne serve de base au socialisme" (assimilé au stalinisme, Centesimus Annus).

Par le fait, le mécanisme de l'obscurantisme et de l'oppression - impliquant l'économie sécurisée, l'exclusion sociale, le dirigisme et la collaboration avec les régimes autoritaires - se recompose dans le cône d'ombre de l'Eglise catholique systémique fondamentalement opposée aux transformations sociales, ces dernières impliquant sa propre transformation ou destructuration.
Une "révolution socioreligieuse", économique, dialectique et bien entendu politique est donc pensée; elle est portée avec un talent inépuisable par les penseurs prophétiques, les théologiens de la libération, les théologiens libres et les innombrables acteurs alternatifs de la transformation sociale par la foi en milieu urbain et rural, ce, malgré les hoquets de l'église qui s'assimile invariablement et très contradictoirement à la liberté et à l'individu : "son magister ecclésiastique pur et immaculé" ; politiquement orienté, bien que présenté comme inaltéré depuis le Christ et soumis à l'expansion néolibérale désormais crédo des classes moyennes croyantes.
Ce crédo se résumera en juin 2007 à quelques points essentiels sous la plume de Lord Brian Griffith, capitaliste catholique ultra-néolibéral, vice-président de Goldman Sachs International (depuis 1991), co-animateur de Church of England et de Conservative Christian Fellowship :
— directives globales du G8 adaptées à l'organisation sociale diocésène dans le monde sur la base dogmatique de l'homme de l'encyclique Centesimus Annus de Jean-Paul II (1991),
émancipation du patronat chrétien (les ouvriers et les pays pauvres croyants acceptent mieux leur sort entre les mains d'un patronat sanctifié et béatifié !),
— développement assimilé à la paix (et "sanctifié" par Centesimus Annus, 105),
— privatisation accrue du marché et de l'entreprise (juste et légitime selon JP II),
— croissance économique,
— libre-échange garanti par l'Eglise comme le moyen le plus approprié à la répartition des ressources et à la réponse aux besoins ("La propriété privée et la destination universelle des biens", Centesimus Annus, 4),
leadership du business dans le monde. (lire également Lord Brian Griffiths on Globalization, 11/06)

Arracher des âmes toute idée de Dieu
Revenons aux années 1950, se recompose un sens de la charité et une théologie qui paradoxalement mettront en valeur l'incapacité de l'église à écouter, à sauver ou à partager; l'idéologie du marché néolibéral issue de la seconde guerre se fortifira dans le dogmatisme de "l'église du Christ infaillible" de l'encyclique "Humani Generis" (1950) qui s'attaque non seulement aux théologies réformatrices non dogmatiques mais également "aux obstacles à l'intelligence humaine dans sa quête de vérité divine" (sens, passion, imagination) tout autant qu'à l'évolutionnisme, l'existentialisme, le rationnalisme des sciences et le matérialisme dialectique de l'idéologie communiste suspectés "d'arracher des âmes toute idée de Dieu". Dans ces ombres se construira la théologie de "l'église populaire" (bien tardive finalement si l'on considère que l'impératif de toute église consiste en la protection des pauvres ou des exclus contre toutes les formes d'aliénation ou d'agression) d'Angelo Giuseppe Roncalli (1881-1963) nom civil de Jean XXIII (1958-1963), nonce apostolique de Paris (ambassadeur du Pape) chargé des évêques vichystes en 1945; dont son prédecesseur, Mgr Valeri.

Une église populaire dans les années 1960 ?...
Nous évoluons encore dans une période de pressions et de construction européenne post-coloniale, bras laïc de la chasse aux oeuvres subversives artistiques, philosophiques ou théologiques et bien entendu aux créateurs de réformes, période de dénonciation, de l'anti-communisme, de l'anti-socialisme, de l'anti-syndicalisme. Les ex-nazis, les collabos laïcs et religieux sont au sommet des Etats, parfaitement blanchis, parfaitement intégrés à la logique marchande supra-étatique, à toutes les hiérarchies gouvernementales et non gouvernementales et le plus souvent à la tête de ces hiérarchies. Toutes les activités ou presque sont infiltrées : scientifiques, militaires, policières, commerciales, industrielles, bancaires, financières, législatives, judiciaires, universitaires, diplomatiques, politiques, sécuritaires, syndicales, religieuses.

De la guerre à l'européannisme angélique à la béatification
Cinq "missionnaires" (allemand, italien, français, belge) de la seconde guerre et défenseurs acharnés de l'ordre sécuritaire, de la discipline capitaliste, de la lutte anti-communiste et de la planification, contribueront à forger le caractère angélique "chrétien supranational" de la construction européenne au nom du progrès et de la dignité humaine, effaçant spontanément la responsabilité de l'Europe envers ses exclus et ceux des pays pauvres pillés et, plus encore, les causes proprement financières et commerciales, régionales et mondiales, qui contribueront à l'avènement du nazisme en 1933 :
Konrad Adenauer (1876-1967), chancelier de la République fédérale d‘Allemagne en 1949, catholique atlantiste proche des opusiens (les premiers opusiens s'installeront en Allemagne en 1952), membre de l'ancien Parti catholique allemand et co-fondateur de l'union chrétienne-démocrate (CDU), dispansera une politique libérale favorable à la remilitarisation et au développement de la culture hypersécuritaire de l'OTAN (1955). Comme la plupart des hommes politiques de cette époque opposés au nazisme avant et durant la seconde guerre Konrad Adenauer contribuera au nom du pragmatisme à la remise en selle des transnationnales ayant servi l'hitlérisme, à reconvertir-recycler les élites nazies en Europe et dans le monde. Les signatures des traités instaurant en 1951 la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) et en 1952 la Communauté européenne de défense (CED) permettront d'occulter l'opportunisme des amnysties dont les américains en Europe et au Japon seront les maîtres d'oeuvres.

Schuman et Gasperi

— Alcide de Gasperi (1881-1954), opusien italien, passera à l'instar d'Adenauer de la résistance anti-fasciste et anti-nazie au pragmatisme économique et politique d'après-guerre "autorisant" le recyclage des cadres fascistes ou nazis. Il collaborera à la constitution du Parti de la démocratie chrétienne dont il deviendra le Secrétaire. A partir de 1944 Gasperi est Président du Conseil puis Ministre des affaires étrangères dans les gournements de coalition de 1945 à 1953. L'Italie gaspérienne est répressive, infiltrée par la CIA tant pour la stabilité économique de l'après-guerre, la stabilité politique de la démocratie chrétienne que pour la lutte anti-communiste et la lutte contre les grands réseaux mafieux italo-américains de trafic d'héroine (1951). Elle est très perméable aux méthodes fascistes du Gladio (1950) et, dans la lancée de la politique anti communiste globale du président Truman, tout à fait acquise à la criminalisation-persécution de la gauche ouvrière, artistique et intellectuelle. Les mouvements politiques catholiques d'extrême-droite et l'organisation ecclésiale papiste d'inspiration gaspérienne se rangeront sans difficulté derrière l'alliance antisocialiste mondiale assimilée "au bien universel". Pie XII qui, du reste, approuvera les buts de l'Opus Dei en tant qu'institution de l'Eglise en 1943 (ce qui ne surprend pas au regard du concordat de juillet 1933, guère plus au regard des fonctions de Pacelli-Pie XII à cette époque, de son rapport au Reich, à "l'aryanisation" de l'Eglise catholique allemande, art. 14,16) et en tant qu'insitution de droit pontifical en 1947 et 1950, affirmera en décembre 1946 un indeffectible autoritarisme christique garantissant la position résolument anti-communiste de Vatican : «O con Cristo o contro Cristo, o con la sua Chiesa o contro la sua Chiesa». La politique de Gasperi le catholique relèvera d'une aspiration européanniste exclusiviste, élitiste, supranationale, socialement et psychologiquement violente, qui révèlera des valeurs d'exclusion et de répression. Pour les élites catholiques la CECA représentera une espérance souverainiste qui s'avèrera résolument anti-démocratique : "les puissances de l'argent", liant le discours social de l'église non seulement à la discrimination mais également à la collaboration, pour cause de lutte anti-communiste ou anti socialiste, à la mafia. Gaspéri fait actuellement l'objet d'un procès de béatification.

Schuman et Monnet

— Jean Monnet (1888-1979), marchand d'alcool, banquier aux Etats-Unis, résistant et coordonnateur du Plan Marshall - commissaire au plan de De Gaulle -1946/1952 - concevra une reconstruction nationale et européenne sur la modernisation des équipements des grandes entreprises collaborationnistes nationalisées : "moderniser d'abord, et libérer ensuite" (Monnet inclinera dès 1946 en faveur de l'amnystie des entreprises et des banques collabos, dont la BNCI d'Alfred Pose) qu'il voyait comme le moteur de la reprise dans les domaines des transports, de l'énergie et des matières premières, de la monnaie, de l'investissement, du crédit commercial, de la spéculation. Monnet créera le Comité d'Action pour les Etats-Unis d'Europe qui rassemble les principaux responsables politiques et syndicaux européens et jouera un rôle particulier dans les étapes successives de la construction européenne : traités de Rome sur le marché commun et EURATOM, entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté, Conseil Européen, élection du Parlement Européen au suffrage universel, Union monétaire. Il conçevra la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (Plan Schuman) dont il présidera la Haute Autorité (1950).
— Le vicomte Davignon, banquier et industriel opusien, sera un haut fonctionnaire au Ministère des Affaires étrangères dans le gouvernement belge de Paul-Henri Spaak; coalition sociale-chrétienne/socialiste. Premier président de 1974 à 1977 de l'Agence Internationale de l'Énergie il dirige le comité des directeurs politiques des ministères des six pays membres de la Communauté Économique Européenne. Ce comité sera chargé d'élaborer des propositions sur la coopération politique, qui aboutiront, en 1975, au "Rapport Davignon", qui prévoit la mise en place d'un mécanisme "d'information et de consultation dans le domaine de la politique étrangère" (amorce, en fait, supra-étatique et antigouvernementale de la cohésion européenne de Peter D. Sutherland en 1995, par 10). De 1977 à 1985, il est désigné Commissaire européen en charge du marché intérieur, de la gestion de l'union douanière et des affaires industrielles. Vice-président de la Commission Européenne de 1981 à 1985. Il est également président de la Table Ronde des Industriels Européens, défenseur intraitable des industries minières, membre de la Trilatérale et président de Bilderberg,

Angelo Giuseppe Roncalli futur Jean XXIII et Schuman

— Robert Schuman (1886-1963), démocrate-chrétien, "père fondateur" de la Fédération européenne et de la CECA, opusien proche d'Angelo Giuseppe Roncalli-Jean XXIII (Jean XXIII accordera son soutien à Mgr. Escriva et à l'Opus Dei en 1962, ses successeurs en feront autant) et "serviteur de Dieu qui n'a rien écrit de contraire à la foi de l'église catholique", pétainiste jusqu'au 11 juillet 1940 (?), élévé aux honneurs des autels, procès de béatification en cours...
"Pour que la paix puisse vraiment courir sa chance, écrira Schuman dans sa déclaration du 9 mai 1950, il faut, d’abord, qu’il y ait une Europe. Cinq ans, presque jour pour jour, après la capitulation sans conditions de l’Allemagne, la France accomplit le premier acte décisif de la construction européenne et y associe l’Allemagne. Les conditions européennes doivent s’en trouver entièrement transformées. Cette transformation doit rendre possibles d’autres actions communes impossibles jusqu’à ce jour. L’Europe naîtra de tout cela, une Europe solidement unie et fortement charpentée. Une Europe où le niveau de vie s’élèvera grâce au groupement des productions et à l’extension des marchés qui provoqueront l’abaissement des prix.Une Europe où la Ruhr, la Sarre et les bassins français travailleront de concert et feront profiter de leur travail pacifique, suivi par des observateurs des Nations Unies, tous les Européens, sans distinction qu’ils soient de l’Est ou de l’Ouest, et tous les territoires, notamment l’Afrique qui attendent du Vieux Continent leur développement et leur prospérité..." (également, indispensable, Low et le plan Schuman).

14 juillet 2007

Notons ici que si Nicolas Sarkozy sanctifie son 14 juillet par la lecture de la déclaration Schuman il confère à son "Europe des riches" - conforme à la doctrine de la Federal Reserve qui impose la vie à crédit, l'affaiblissement des épargnes mondiales (via un cycle de crises du crédit bancaire et de crises boursières mondiales) et la mise sous-tutelle par les Etats des classes moyennes endettées afin de réduire les dettes américaines - un caractère paroissial dirigiste, politiquement et socialement hyper-restrictif, familialement craintif. Cette tendance à l'ascèse moraliste va de pair avec la tentation d'une "révolution nationale" européenne et bigote, au fond, prolongement naturel de la révolution nationale et de l'ordre nouveau de 1940 - de la collaboration à la pseudo-reconstruction - et est parfaitement contenue dans la célèbre phrase du Pape Léon XIII sur l'autorité et le devoir. "L'erreur consiste en une conception de la liberté humaine qui la soustrait à l'obéissance, à la vérité..." (L.XIII, Rerum novarum, "Les choses nouvelles", 1891).
Léon XIII imposera cette inacceptable "conception de la liberté" en faisant l'apologie jamais contredite à ce jour - et même plutôt augmentée et habilement socialisée -, de l'innovation technologique et industrielle, du libéralisme, du capitalisme, de la propriété privée (1891), de la grandeur politique et militaire de la France, du patriotisme et du missionnarisme (1892, 1896). Les soldats de condition modeste embrigadés et jetés dans le feu des deux guerres, les internés, les miséreux, les ouvriers, les déportés juifs ou non, les chômeurs, les bagnards, les minorités, les illettrés d'Europe et les peuples martyrs des colonies, on le sait, paieront le prix fort de cette conception autoritaire de l'organisation catholique sociale ralliée stratégiquement à la laïcité républicaine (L.XIII, Inter innumeras sollicitudines, "Au milieu des sollicitudes",1892).
Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Raffaele Luigi Pecci, 1810-1903), successeur de Pie IX et de condition artistocratique, semble encore l'inspirateur "malgré lui" (?) du business catholique européen, familial, dérégulé, boosté, désormais, par la doctrine de l'hyper-endettement privé et public néoconservateur américain et dont Nicolas Sarkozy est la créature (à propos d'endettement : The Capitalist Future d'Irving Kristol et des lobbyistes les plus extrêmes-droitistes de l'American Enterprise Institute supporters de Nicolas Sarkozy : Sarkozy's lesson for america: A french lesson for america's grand old party : Sarkorzy's New Europeans ; A post-gaullist, pro-american France ? de Gary J. Schmitt signataire du PNAC, Reuel Marc Gerecht, signataire du PNAC, ex-agent de la CIA, spécialiste de l'insurrection et de la contre-insurrection au Proche et Moyen-Orient).

Cette église catholique de la fin du XIXème siècle au service finalement :
- des "pieux dictateurs" multimilliardaires libertariens ou républicains européens et américains des XXème et XXIème siècles,
- de la Maison Blanche bonapartiste, des grognards polyvalents de l'OTAN, des armées bénies, du renseignement civil, militaire et religieux américain,
- du discours supra-étatique de personnalités aussi variées, agentes et influentes que Lord Brian Griffith, Peter D. sutherland, Condoleezza Rice, G.W.Bush, Robert Zoellick ou que son alter ego Pascal Lamy (supposé 1er ministre de Sarkozy après avoir servi Mauroy, Delors, Jospin, Strauss-Khan, le gvt américain et Rand Corporation), ne pouvait qu'accompagner la défaite du socialisme et l'ascension d'un Nicolas Sarkozy, ministre de la police de l'empereur, à la tête d'un régime politico-affairiste.
Le ministre, ici, n'a pas davantage de bon sens historique, d'intégrité morale ou de doigté politique, son jeu de scène présidentiel exubérant nous y invite, que l'inexpérimenté J.F. Kennedy entouré de ses conseillers scientifiques, "les meilleurs", de ses "girls", de ses "patrons-ministres" ou que la plupart des chefs d'Etat contemporains réduits au fonctionnalisme démocratique irakien.
Engagé pour l'heure dans une croisade pour "l'homme nouveau européen" et l'expansion anarchique du libre-échange "à cheval" sur la croyance et les valeurs sociales catholiques, il représente toutefois pour le Cardinal Tauran des archives secrètes du Vatican un obsessif espoir quant au financement des "grandes religions par l'Etat :" ("La République, les Religions, l'Espérance" - livre écrit et présenté par Sarkozy au Vatican en novembre 2004) a été écrit par un ministre qui n’a pas peur de parler de religion, en affirmant que les chrétiens ne doivent pas avoir honte de leur foi et ne doivent pas avoir de complexe d’infériorité. Intéressante aussi la définition de la laïcité qui se trouve dans le livre : « Je (Sarkozy) crois en une laïcité positive, une laïcité qui garantit le droit de vivre sa propre religion comme un droit fondamental de la personne. La laïcité n’est pas l’ennemie des religions, au contraire, la laïcité est la garantie pour chacun de nous de croire et de vivre sa propre foi. » Une définition à laquelle on peut tout à fait souscrire. Et pas seulement ; dans son livre, Sarkozy a d’une certaine façon préfiguré la possibilité de retoucher la fameuse loi de 1905 – qui a sanctionné la séparation de l’Église et de l’État – pour rendre possible un financement direct des grandes religions par l’État, en rompant un autre tabou de la politique française..." (propos sur "La République, les Religions, l'Espérance", entretien-cadre accordé en 2004 par Nicolas Sarkozy au philosophe catholique anti-gay Thibault Collin de la Fondation de Service Politique favorablement opusienne - qui se distinguera durant la campagne présidentielle 2007 en envoyant aux électeurs près de 1,6 millions de tracts défendant les valeurs de l'UMP - et au juvénile propagandiste dominicain Philippe Verdin; à découvrir également dans la sphère catholique du MEDEF la nébuleuse opusienne d'Ernest Antoine Seillères).

Cela dit, les populations pauvres discriminées (4 à 5 milliards) épuisées par les différences de niveau de vie, la croissance couplée à l'endettement et aux pillages, ne pourront suivre les marches forcées imposées par les Etats-relais fantaisistes riches ou pauvres stratégiquement endettés, les multinationales psychotiques délirantes, les églises évangéliques globales néolibérales et néocons, les monastères partisans attentistes ou collaborationnistes fascinés comme les banques - avant, pendant les périodes d'occupation puis lors des périodes de reconstruction - par les titanesques coups de béliers assénés au "peuple-monde" par les hyper-mouvements de capitaux.

La reconstruction des pays sous-développés ?
Si l'"église populaire" est bien vivante dans les théologies les plus critiques et les coeurs des théologiens les plus proches de la souffrance, elle ne peut l'être sous les talons de fer des capitalistes transnationaux, des hauts fonctionnaires européannistes, des Papes et des cardinaux issus de la grande pastorale de la seconde guerre, de la collaboration avec le nazisme et de l'économie de guerre à crédit. Ce serait contre nature. Dans le cône d'ombre ecclésial des années 1960 l'on parle bien, insistons : banque, capital, investissement, barrière douanière, fer, charbon à la façon de Schuman (église européenne angélique du charbon et de l'acier), atome, police, armée, renseignement, dictature - comme à Santiago, à Buenos Aires, à Chicago, à Washington.
L'église politique romaine s'adapte donc, vite, et trame son histoire populaire dans le temps de l'unification législative européenne, de la défense commune... hypocrite réaffirmation des droits de l'homme, de la liberté, de la dignité pour aboutir, consubstantiellement, à la réforme conciliaire de Vatican II (1962-1965). "La plus grande réforme théologique, liturgique, biblique, dira-t-on, depuis le XVIème siècle". L'ouverture aux exclus...
Le théologien libre Juan José Tamayo Acosta écrira avoir trouvé le fondement de la Théologie de la Libération et de l’option pour les pauvres dans un discours de Jean XXIII prononcé, précisément, le 1er septembre 1962 : « L’Église de Jésus-Christ est Église de tous, mais pour les pays sous-développés elle est l’Église des pauvres. »
Si je soutiens la théologie de Juan José Tamayo Acosta et sa lutte contre la répressive Congrégation pour la Doctrine de la Foi, je réagis au concept "pays-sous développés" qui fait écho à la dogmatique de la "reconstruction des pays sous-développés" et du "développement des économies primitives" contenue dans le discours d'investiture du Président Truman de janvier 1949 - Point IV -, mais également à celle de la "reconstruction" de l'Europe de l'après-guerre dont on sait qu'elle signera le pillage en règle des richesses du monde et l'exclusion des pauvres.

6 –  L'oubli du printemps ecclésial

Juan José Tamayo Acosta reconnaîtra toutefois que Vatican II déviera de son option pour les pauvres pour finalement être rattrapé par les problèmes de l'organisation intérieure de l'Eglise, de sa structure, de sa hiérachie patriarcale, dans l'oubli du printemps ecclésial; oubli consubtantiel à l'expansion du recyclage confirmé des nazis (par. 14) dans le temps politique de la guerre froide, du Gladio, de l'Otan, de la mafia politisée et institutionalisée; recyclage qui s'anime dans le corps de la lutte historique contre le communisme international - à tort bien entendu.
Le 12 décembre 1969 : l’attentat de la piazza Fontana ouvrira les années de "plomb" en Italie. Le fascisme secret et institutionnalisé évolue sur les bases de l'extrême-droite populiste et cléricale régénérées et sanctifiées par la démocratie chrétienne.

7 –  Le "Saint-Siège" observateur de l'OMC

Dans cette nuit de l'homme pauvre et des libertés - qui dure -, nuit d'Europe et des pays décolonisés, nuit des assassins, seront évoquées la "démocratisation de l'église" et sa "déhiérachisation" absorbées par le trou noir du capitalisme éthique et de la théologie du marché ouvert sur le soit-disant espace de partage de l'Eglise, de la dignité et de l'égalité "si cher" à Jean Paul II. Je dis : "soit-disant", "si cher", car "Jean Paul II, écrira justement Tamayo Acosta, s'empressera de briser les théologiens réformateurs de Jean XXIII concepteurs de Vatican II"; des théologiens défenseurs de la réforme, de la démocratisation et protecteurs des pauvres, très probablement intègres et sincères : Rahner, Haring, Ruiz, Gomalez, Chene, Congar.
L'église autoritaire hiérarchique conduit bien à la réaffirmation du "magister ecclésiastique immaculé" et à l'opportunisme théologique liant le dogme au temps et aux signatures des accords de libre-échange américain; "Saint Siège" observateur de l'OMC. Ces nouveaux traumatismes intentionnels du XXIème siècle, écrits ou non, sont bien infligés aux Etats émergeants et aux pauvres baptisés d'office "civil partners" puis "business partners" en Asie-Pacifique, en Europe, au Proche et Moyen-Orient, en Russie, en Afrique, en Amérique Latine...
"VATICAN CITY, JAN 22, 2007 - The Holy Father appointed Msgr. Michael W. Banach, nunciature counsellor at the Secretariat of State, as Holy See permanent representative to the International Atomic Energy Agency (AIEA), to the Organization for Security and Cooperation in Europe (OSCE), and to the Preparatory Commission for the Comprehensive Nuclear-Test-Ban Treaty Organization (CTBTO), and as Holy See permanent observer to the United Nations Organization for Industrial Development (ONUDI), and to the Office of the United Nations in Vienna, Austria....
"VATICAN CITY, JAN 8, 2007 - The Holy See currently maintains diplomatic relations with 175 States, to which must be added the European Union and the Sovereign Military Order of Malta. It also has relations of a special nature with the Russian Federation and the Palestine Liberation Organization" (Vatican Information Service)


Leonardo Boff, théologien de la libération et réformateur social

8 –  "Quel sera le modèle catholique de Benoît XVI ?"


En 1984/1985 et 1992, Leonardo Boff, ex-fransiscain (fin de sa prêtrise en 1992 et début de sa laïcité), sera jugé puis condamné au silence et à la cessation de ses activités sous le pontificat de Jean Paul II par le cardinal Ratzinger et la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qu'il préside pour son livre "Church: Charism and Power, Liberation, Theology, and the Institutional Church ".
Seront jugés et condamnés pour des raisons politico-théologiques aussi futiles qu'injustifiées et selon une même procédure expéditive le théologien Hanz Küng en 1979 (Vatican II), l'ex-dominicain et théologien Jacques Pohier en 1979, le théologien Edward Schillebeeckx en 1979/1980, 1984 et 1985 (Vatican II), le théologien Charles Curran en 1986, le père Tissa Balasuriya excommunié en 1997, le jésuite Anthony de Mello en 1998, le théologien Reinhard Messner en 2000, le jésuite Jacques Dupuis en 1998, le révérend Marciano Vidal et le jésuite Jon Sobrino en 2001, le théologien Juan José Tamayo Acosta en 2003, le jésuite Roger Haight en 2004...
En mai 2007 Leonardo Boff rappellera lors de la réaffirmation du rôle politique central et dirigiste de l'église romaine au Brésil et en Amérique Latine de Benoît XVI que : "le catholicisme dévotionnel brésilen procèdait (avant tout) du colonialisme centré sur l'adoration des saints, la prière et les pélerinages (le catholicisme dévotionnel, ndlr), (qu'il) trouvait aujourd'hui sa forme dans la dramatisation hypermédiatisée des émotions collectives, tandis que l'engagement catholique éthique reposait sur l'action catholique, la doctrine sociale, les pastorales dont le point culminant consistait en la théologie de la lbération". "Un modèle qui fait appel à l'intelligence, écrit Boff, à l'analyse sociale, liant la foi à la transformation sociale" - le catholicisme dévotionnel conduisant au renfermement sur soi et non à la transformation sociale ou à sa dynamique.
Leonardo Boff pronera au Brésil un catholicisme des premiers chrétiens, forcément multi-ethnique, indoafrolatino américain ce qui, dans le contexte pastoral social, politique et critique brésilien ne s'oppose pas, selon lui, à la forme du catholicisme romain mais l'accompagne par la communion (16 mai 2007) ...
Boff posera la question - ce n'est pas, bien entendu, sans lien avec notre propos sur le crime de collaboration économique avec le régime nazi et l'oppression : "quel sera le modèle catholique de ce Pape ?"
Le Pape évoquera contre toute attente les "relations historiques" liant l'église aux populations autochtones qu'il assimilera à "une rencontre des ou entre cultures" effaçant arbitrairement le passé colonial des odieuses missions évangéliques en Amérique Latine. Boff insistera, il s'agit plutôt d'imposition et d'aliénation, et non de "rencontres entre cultures"; "l'ouverture brésilienne" de Benoît XVI offre la part belle, une fois de plus, à la soldatesque du révisionnisme liée au temps des affaires politico-commerciales internationales et de la représentation traditionnelle anti-démocratique. La colonisation et l'évangélisation relèveront bien, écrira Boff, d'un même projet, d'un même élan, déclanchant le plus important génocide de l'histoire.
"Sadness came amongst us, Christianity was introduced, it was the beginning of our misery and of our slavery ... They came to kill our flower, they came to castrate the Sun. » (Mayan Chilam Balam).
Boff notera, enfin, que la position centrale du Christ dans le discours de Benoît XVI sur la culture et la vie sociale relève avant tout d'un fondamentalisme réducteur, d'une théologie sans Esprit car tout, dans ce discours, se réduit au Christ : "the « dictatorship » of Christ in the Church" réduisant le propos sur la charité et l'aide aux pauvres à celui des années 1950 - dont nous avons vu qu'il était tout sauf charitable...

9 –  Benoît XVI : broker de Mammon

Peter D. Sutherland (2007), président de Goldman Sachs International, de British Petroleum Amoco, du groupe des conseillers du D.G. de l'OMC, co-administrateur de l'IESE Business School (Opus Dei).

Benoît XVI trahira définitivement son modèle en confiant en décembre 2006 la gestion du patrimoine de Vatican à "l'ange blond" du business Peter D. Sutherland responsable en tant que directeur de l'OMC en 1994 de bien des pressions sur les Etats endettés non libéralisés et en particulier sur le gouvernement argentin de Carlos Menem pour l'affirmation du régime des privatisations néolibérales (sécurité sociale, pensions, retraites, assurances). P.D. Sutherland et ses amis du FMI, de la Réserve Fédérale américaine, du Congrès et de la Banque Mondiale armeront un irrépressible processus informatif bancaire qui permettra de lier sans dommage le temps politique de l'amnystie des bourreaux de la dictature (1990), qui sont toujours considérés par les élites comme de bons cadres du système, à celui du Mercosur "Mercado Común del Sur" (1991/1994); un tsunami qui secouera l'Argentine et l'Amérique Latine et qui placera au premier plan des économies latinoaméricaines : Citigroup-Citibank, HSBC, BBVA, SANTANDER, le libre-échange, l'OMC et... des différences de niveau de vie entre les riches et les pauvres plus importantes que jamais.
P.D. Sutherland est le parfait représentant de la globalisation des services, des industries délocalisées, de l'expansion planétaire civile et militaire de l'Otan, et le métronome idéal des gouvernements et des banques d'investissement, celles qui feront du riche, l'homme d'une race dominatrice discriminante et du pauvre le représentant d'une race inférieure soumise à la naissance par le mode de production capitaliste et le néolibéralisme; une domination raciale propre à une ère aryenne nouvelle déjà évoquée dans "Economies de guerre à crédit, sang des martyrs..." et dont l'expansion planétaire se mesure en "points bancaires par habitant". Cette Ere de la domination blanche bancaire-entrepreneuriale euro-atlantiste se traduira malgré tout par un assujettissement des populations riches et bien entendu par son corollaire la ghettoïsation des pauvres, un regain de travail forcé sous payé ou quasiment impayé pour les sans droits (dans la plupart des pays endettés y compris au Japon où les heures de travail supplémentaires, forcées et impayées, sont recensées).
P.D. Sutherland est également président du mangeur d'hommes Goldman Sachs International - champion des politiques supra-étatiques anti-intergouvernementales (moins de relations entre les gouvernements, plus d'institutions "gestionnaires" et "administratives" indépendantes des Etats, plus d'Etats intégrés au modèle global soulagé du fardeau politique au nom du libre-échange).
Entre 1997 et 2004 la maison mère Goldman Sachs Group affectera pas moins de 6 millions de dollars au lobbying parlementaire, bancaire et commercial pour les seuls Etats-Unis. Nous verrons plus loin que l'infiltration du gouvernement républicain de G.W. Bush et du système boursier euro-américain par Goldman Sachs (avec la collaboration de G.W.Bush) relève bien d'une entreprise de sape anti-démocratique. P.D. Sutherland est également président du destructeur de vie et d'environnement British Petroleum Amoco (hydrocarbures, gaz, chimie industrielle, stratrégies actionnariales minières, stratégies financières; classé en 1991 dans le groupe des 10 plus gros pollueurs des Etats-Unis par Citizen Action/Washington-CAN). Entre 1997 et 2004 BP Amoco consacrera pas moins de 27 millions de dollars au lobbying (pbc) pour un scandaleux volume d'investissements dans les politiques développementistes d'Etats pro-apartheid soutenus par des groupes mafieux, para-militaires et contre-insurrectionnels : Amérique Latine (Colombie, Bolivie), Azerbaïdjan, Tchétchénie, Proche et Moyen Orient (Iran), Asie, Afrique. "More investment means more employment" ou ""more income and more housing and more education" seront les slogans de BP justifiant la collaboration avec l'économie d'apartheid en Afrique du Sud (TransAfrica Forum, Randall Robinson et Democracy Now). Sutherland est membre régulier des groupes Bilderberg et Trilateral Commission.
Benoit XVI confiera également la gestion du patrimoine de Vatican à Robert J. Mac Cann, président de la banque d'investissement écofasciste Merrill Lynch - 24 millions de dollars en lobbying (pbc) entre 1997 et 2004 - lire également l'invraisemblable "option pour la terre" de l'European Investment Bank, Merrill Lynch, Dresdner Klenworth, Unicredit : "EPOS II – The “Climate Awareness Bond” et pour la confirmation Amministrazione del patrimonio della sede apostolica...

Goldman Sachs (1869, 22 425 employés) et Merrill Lynch (1914, 60 300 employés dans 37 pays) sont deux symboles de la seconde (1860,1950) et troisième révolution bancaire (1960,...); des banques parfaitement couplées-intégrées aux activités transnationales des nouvelles "banques de masse", "banques universelles" du Wolfsberg Group (lutte globale contre le trerrorisme, le blanchiment, le crime et le cybercrime bancaires) et à l'économie de guerre à crédit; des banques également poursuivies pour fraudes par la justice américaine.
En avril 2000 Goldman Sachs & co., Merrill Lynch Pierce Fenner & Smith Inc. seront contraints à $ 5,1 millons et $ 4,6 millions d'amendes.
En avril 2003, prolongement des mêmes affaires, Goldman Sachs et Merrill Lynch seront respectivement condamnés par la Commission des opérations boursières (SEC) et la Cours de district de New-York à $ 110 millions et $ 200 millions d'amendes pour violation des lois boursières fédérales, des règles de la corporation des brokers (National Association of Securities Dealers, New-York Stock Exchange) et diffusions d'analyses erronées et mensongères dans le but de tromper les investisseurs ou les spéculateurs.
Ces deux banques couvertes de scandales sont bien évidemment deux spécialistes du pillage des ressources financières et industrielles des nations pauvres aux systèmes de production et de distribution fragilisés, aux structures sociales fracturées, aux règles ou lois inappliquées ou inapplicables; des nations épuisées par les "coups bas" des élites économico-financières, juridiques, intellectuelles, militaires et religieuses (catholiques romaines et opusiennes (2,3) notamment) profitant du système capitaliste international et des appareils répressifs.
Depuis le coup d'envoi de la globalisation, Merrill Lynch, bailleur de fond de la guerre contre l'exo-islamoterrorisme et des campagnes de G.W. Bush, près de 500 000 dollars en 2004, affirmera réaliser l'essentiel de ses bénéfices à l'extérieur des Etats-Unis, +48% vs. 37%. Notons que Goldman Sachs Group misera la même année près de 300 000 dollars sur Bush et près de 130 000 dollars sur Kerry - sans compter, bien sur, les contributions au lobbying présidentiel des salariés-employés et des partenaires de M.L. et de G.S. gr. (Wall Street mise sur la réelection de "W").

En bon broker de Mammon Benoît XVI sait être opportuniste puisque que John A.Thain, ex-président de Goldman Sachs et soutien de G.W.Bush, sera nommé en avril 2007 directeur exécutif (CEO) de NYSE Euronext premier marché boursier mondial non sans un coup de pouce républicain - New York Stock Exchange Group Inc (premier marché mondial d'actions en capitalisation et en volume de transactions) fusionnera en avril 2007 à Euronext (première bourse paneuropéenne) sous le nom NYSE Euronext; John A. Thain est également membre de la French-American Foundation - lobby sarkozien, négropontien, sellièrien - et gouverneur de la New York-Presbyterian Foundation, Inc.. Henry M. Paulson, ex-PDG de Goldman Sachs, sera nommé en mai 2006 par G.W.Bush au poste de Secrétaire au Trésor tandis que Joshua B.Bolten, ex-manager de Goldman Sachs, deviendra en avril 2006 le chef de cabinet de la Maison-Blanche avec pour mission de la remanier de fond en comble, etc... (Goldman Sachs à la tête du pouvoir).

En décembre 2006 Carlo Gilardi, expert auprès de la Banque de Rome, de la Banque d'Italie, de la Banque de Trévise, conseiller de l'Université St Jean de Rome, tour à tour manager et conseiller des transnationales Benetton, Cofiri et Safilo, rejoindra également l'équipe angélique des conseillers en gestion du patrimoine du siège apostolique.


10 –  Le "syndrome Sutherland", OPA sur la chrétienté et l'"homme nouveau"

Peter D. Sutherland, Trilateral Commission en 1999 et direction de l'OMC (1993-1995)

Observons les stratégies de Benoît XVI et du capitalisme euro-atlantiste sous un autre angle. Les ministres des États membres de l'Union Européenne responsables du marché unique, le vice-président de la Commission européenne, Günter Verheugen, et la commissaire européenne, Neelie Kroes, se réuniront les 27 et 28 avril 2007 sous la présidence du ministre fédéral de l'Économie et de la Technologie, Michael Glos. Cette réunion historique sera placée sous le thème général "Le marché intérieur européen face à la concurrence mondiale".
Les participants évoqueront la réorientation stratégique et politique du marché intérieur "afin de relever de façon efficace les défis de la mondialisation". MM. Katsuhiro Nakagawa, vice-président du conseil d'administration de Toyota Motor Corporation , Thomas M. McCoy, vice-président d'AMD, et Peter D. Sutherland s'attacheront à mettre en valeur les points de jonctions entre les intérêts de l'industrie, les objectifs de l'OMC et les accords de libre-échange...

Le décloisonnement psychologique qui opère là où sont signés les accords de libre-échange : Europe, Asie, Amérique Latine, Amerique du Nord, Proche et Moyen-Orient et dont sont friandes les universités et les business-schools de l'Opus Dei co-administrées par des (ou d'ex) présidents néolibéraux de multinationales ou de banques centrales : Université Pontificale de la Sainte Croix de Rome, Université Australe & IAE Business School de Buenos Aires, Centre universitaire de développement et ISE de Sao Paulo, Université des Andes de Santiago, Université de La Sabana de Chía, Colombie, Universités panaméricaine et Bonaterra du Mexique, Université du Piura du Pérou, Lexington College de Chicago, Université de Navarre de Pampelune et IESE Business School (dont les partenaires ne sont pas moins que IBM, Goldman Sachs International, Siemens, Deutsche Bank, Banque de France, Daimler Chrysler, Bayer AG, HSBC...) est également le domaine de prédilection de Peter D. Sutherland co-administrateur de l'IESE Business School.
Pour Peter D. Sutherland ce décloisonnement psychologique implique une cessation graduelle de toute opposition politique ou citoyenne au libre-échange. Cette option mondialiste et européanniste accompagne la crise théologique du "sens révélé de l'homme" qui affecte profondément l'Eglise; une église qui consacre l'essentiel de son temps à soulager le "sujet" (religieux de droit) de sa créativité politique quand elle incline au socialisme et l'Etat de sa suprématie quand il se souhaite trop national et trop social. Ce point de théologie est, du reste, très copieusement commenté dans la Doctrine sociale catholique. Mais la fracture sociale de l'Eglise est désormais réelle au point que son sens inspiré de l'homme, altéré, est quasiment intégré à la conception matérialiste et rationaliste du "sujet économique européen" de P.D. Sutherland et à celle non moins théorique, scientifique et expérimentale, des laboratoires libéraux-libertariens américains. Leur objectif : "révéler à nouveau le sens de l'homme" (quoique présenté comme inaltéré, immaculé par la dogmatique) au nom de la théologie du marché. Les libertariens, pieux dictateurs capitalistes et fondateurs de la fédération américaine, établissent ainsi de façon lisibles les fondements populistes d'une Eglise historique "agréablement désemparée" par les assauts des nouvelles richesses - le/les marchés -, si difficiles à obtenir mais si aisément convoitées par les diocèses, promesses interdites du libre-échange, du crédit et de l'endettement, de la croissance sans fin, de la domination civilo-militaire; que d'espérances liées à la création de "l'homme nouveau", "bien né", riche, beau, intelligent, supérieur, en bonne santé, économiquement décomplexé, religieusement inspiré, politiquement soumis et obéissant, dépendant... Que de nouveaux commandements pour la "réaffirmation du rôle et du droit de l'individu conservateur, de la stricte séparation de l'Eglise et de l'Etat, des gouvernements de moins en moins interventionnistes."
Une tendance qui révèlera une nuée d'"OPA" lancées sur la chrétienté résolument infidèle aux Evangiles comme à l'idéal de pauvreté sur la base prometteuse néoconservatrice, néolibérale ou libertarienne de la personne; une tendance consubstantielle au développement de la théologie du marché à laquelle souscrit bien évidemment Peter D. Sutherland et à laquelle répondent, très adroitement, les encycliques papales...
En fait, l'organisation sociale, politique et économique ecclésiale planétaire se languissait d'une telle dérive depuis le pape Léon XIII; c'est aujourd'hui chose faite. "Tous (et toutes) peuvent trouver la sainteté en accomplissant leur travail et leurs tâches quotidiennes" consignera dans ses pages l'Opus Dei au faîte de son ascension populiste autoritaire, politique et économique; y compris, l'Eglise néolibéralisée, "ses saints" et ses sicaires.

L'option pour le décloisonnement psychologique dispose de puissants lobbys laïcs et catholiques. Elle est, par exemple, défendue par le groupe italien de la Commission Trilatérale dont Peter D. Sutherland préside la section Europe. Sutherland qui sera le maître d'oeuvre en interne d'un ouvrage très significatif co-rédigé en 1999 par Robert Zoellick, ancien sous-sécrétaire d'Etat de G.W.Bush, conseiller de Goldman Sachs en 2006 et actuel président de la Banque Mondiale, et par Hisashi Owada - juge, ex-représentant du Japon à l'OCDE, ex-premier conseiller du président de la banque Mondiale James Wolfensohn entre 1999 et 2003, sous le titre évocateur : "21 st Century Strategies of the Trilateral Countries : in concert or conflict ?".
"In concert or conflict" signifie sans ambiguité "avec ou sans le consentement des pauvres", une dialectique purement CFR. Ce document en trois parties, très important, indique que l'Europe, les Etats-Unis et le Japon mènent et mèneront la danse du développement néolibéral "Pax Consortis" (théorie Owada de l'ébranlement révolutionnaire), sur une structure "libérée du fardeau de l'organisation des cinquante dernières années" et imposeront finalement, sans concession, une nouvelle rationalisation de l'intérêt privé et des profits au service de la compétitivité, du travail, de la sécurité, des institutions. La dogmatique du changement d'Owada implique une interdépendance entre les élites et des charges partagées "entre ces élites seulement"; ceci est parfaitement établi dans le titre et dans le texte. Owada parle en terme de révolution attendue (la troisième pour le Japon), révolution capitaliste trilatérale dirigée par quelques hommes fortunés d'exception. Hisashi Owada est visiblement sensible à la révolution bourgeoise qu'il attise, au népotisme et au giga-capitalisme financier et inustriel, comme R. Zoellick et P.D. Sutherland; sensible à l'homme "bien né" propre au "néo-eugénisme positif" et à la société de classe qui ne peut, selon ses moyens, que se régénérer.
Notons que le groupe italien de la Trilatérale compte également parmi ses membres le philosophe politique opusien Rocco Buttiglione, ex-ministre des affaires européennes de Silvio Berlusconi, conseiller de Jean Paul II, théoricien des "fondements bibliques et divins du libre-échange et de la globalisation", chercheur associé à l'Acton Institute du rév. Sirico (Michigan) et, par le fait, courroie de transmission des thèses libertariennes entre les Etats-Unis, l'Europe et Vatican.
Pour les catholiques néocons, les opusiens, les trilatéralistes Sutherland, Zoellick, Owada - dont la fille, Masako, est mariée au prince Naruhito héritier de la couronne impériale du Japon - le "sujet politique" et le "sens de l'homme divinement révélé" sont consubstantiels à l'intérêt privé mais aussi à de très habiles principes éthiques : "ethique civilo-militaire des marchés décloisonnés de l'Otan" (Riga), "éthique de l'individualisme méthodologique libertarien américain" et "éthique du personnalisme pragmatique" de Jean Paul II. Pour les éthiciens et les théologiens du marché comme pour les spéculateurs-entrepreneurs de Dieu, de Goldman Sachs, de Merrill Lynch, de Benetton, l'homme nouveau est donc, avant tout, antisocialiste.
"Le socialisme, enseignera le révérend Sirico (adepte des thèses de Buttiglione), est la plus grave erreur de l'humanité". En tant que défenseur du business transnational dont il associe la victoire au rayonnement de Benoît XVI "gardien de la foi véritable", le rév. Sirico défend un fanatisme de la "foi" associé au "sens de l'homme divinement révélé à l'Eglise" et à un "pape réformateur" présenté en mai 2007 dans le Washington Post Europe comme un "persécuté tant par les dictateurs catholiques qui rêvent de restaurations monarchistes... que par les socialistes de Dieu."
Les théologiens activistes de la libération latino-américains, les prophètes hors églises et les théologiens libres sont en effet présentés dans les shows planétaires du rév. Sirico à l'égal de l'antéchrist et ne peuvent conduire, dixit, ni au salut ni à la liberté religieuse.

Observons un instant la sainte nébuleuse du rév. Sirico, qui, à n'en pas douter, conduira son église à Las Végas, paradis des enfants malades. Fondateur d'Acton Institute (Grand Rapids, Michigan) le rév. Sirico est un chaud partisan du Cardinal Dulles, de G.W. Bush, de Lord Brian Griffith et de Rocco Buttiglione. Il se distinguera dès 1995 en animant des messes multimédia et des séminaires pour la défense des sociétés transnationales, ses "enfants malades" : BP Amoco, Ford Motor Cie, Exxon-Mobil, Wal-Mart, Koch Industries, etc... -, au nom de "l'éthique et de la morale base du capitalisme et du libre-échange" tout en condamnant les oppositions civiles, politiques ou religieuses anti-capitalistes, les associations de défense de la nature et des droits de l'homme.
Sirico accusera ces dernières d'acculer les multinationales créatrices de richesses et d'emplois au "corporate suicide". Difficile puisque 70% des emplois créés aux Etats-Unis sont dûs aux PME-PMI. Quant à la création de richesses parlons plutôt du pillage des richesses... "Suicide des enfants malades ?" Ils ne relèvent que des divagations du révérend. Les associations écolos, les décroissants, les altermondialistes ou les églises anti-capitalistes ont bien freiné, parasité, épuisé, transformé certains élans capitalistes mais n'ont jamais "suicidé une transnationale", ni devant les tribunaux ni devant Dieu. Il y aura bien, cependant, des activistes actionnariaux religieux comme ceux de l'Interfaith Center for Corporate Responsibility dont les oppositions éthiques au sein des assemblées actionnariales humaniseront une fraction infime du marché actionnarial américain; il ne s'agit pas de "corporate suicideurs" mais bien d'acteurs légaux contrôlés qui plus est au service de la charité, du désarmement, de la paix ou de l'écologie. (Lire à ce sujet le très interessant $900 Billion of Institutional Investors Pressue Exxon Mobilon Global Warming, opération actionnariale historique menée conjointement par California State Teachers Retirement System (CalSTRS), F&C Management Ltd., Illinois State Board of Investment, New York City Employees Retirement System, New York State Common Retirement Fund, the California, Connecticut, Maine, Maryland, North Carolina and Vermont State Treasurers, labor funds: SEIU, AFSCME, Sisters of St. Dominic of Caldwell du New-Jersey, membres de l'ICCR qui semble éviter la sédimentation bureaucratique qui menace les réseaux caritatifs laïcs et religieux, Dallas, 23/05/2007 & To oppose SEC attack on shareholder rights, 29/08/07).
On ne peut pas, ici, même si je le déplore, parler de "corporate suicide" mais plutôt d'investissements socialement responsables menés par des groupes civils, socio-professionnels structurés, indépendants et solidaires, opposés à l'anarchie spéculative et au terrorisme financier et industriel.
Cela dit, de nombreuses transnationales délinquantes ou criminelles du pétrole, du gaz, de la chime telles que Shell, Chevron, Texaco, Unocal, BP Amoco, qui paiera une amende de $ 32,000,000 pour fraude en avril 2000, de la pharmacie industrielle comme GlaxoSmithKline, Bayer, Blue Cross, Pfizer ou de la banque d'investissement comme Goldman Sachs ou Merrill Lynch ruineront seules leur réputation en trichant et en mettant délibérément en jeu les intérêts de leurs clients, ou en ruinant la vie et la santé des populations. Les rapports de la Commision américaine des opérations en bourse (SEC) et les condamnations impartiales des tribunaux parlent...
Beaucoup d'hommes ou de femmes, de familles, par contre, se suicident et se suicideront suite aux harcèlements, aux pressions exercées par les multinationales sur la vie et l'environnement ou ont été tués et seront tués par des nervis au service des multinationales. Les oppositions et les amendes pleuvent ? Qui s'en plaindrait? L'ICCR ? Les Soeurs de Saint Dominique du New Jersey ? J'en doute. Que cherche au fond le rév. Sirico ?

Selon Jeff Smith de Media Mouse, Grand Rapids (Mi.), Acton Institute mène grand train et dispose d'un budget annuel moyen de 500 000 dollars en 1994. Acton Institute reçevra également, selon MediaTransparency, Minneapolis, $ 265 000 d'Exxon Mobil entre 1998 et 2006, et pas moins de $ 2,5 millions entre 1991 et 2001 de Lynde and Harry Foundation, Earhart Foundation, Scaife Family Foundation, John M. Olin Foundation, noyau dur de l'autoritarisme et des affaires aux Etats-Unis; des familles multimilliardaires dotées d'un immense prestige tant auprès des contribuables, des partis politiques qu'elles financent, des think tanks libertariens et néocons, des médias que des universités désormais supporters de l'éco-management, du néo-moralisme social, du business éthique. Selon Kris Alan Mauren (Dir. ex.) le budget annuel 2007 d'Acton Institute atteint $ 5,000,000.
Les campagnes du rév. Sirico permettent, en fait, non seulement d'accroître le crédit de ses amis catholiques introduits depuis des décennies au Vatican, à la Maison Blanche, au Congrès, au parti Républicain ou au Pentagone, mais également celui de tous les opposants à la théologie de la libération, autre cible du lobbying européanniste anti-gauche et supra-étatique de l'Opus Dei - dont le rev. Sirico est le proche sinon l'intime -, en Amérique Latine, aux Etats-Unis (60 centres dans 19 grandes villes), en Europe, en Asie.
Parmi les amis les plus connus du rév. Sirico je retiendrai : Michael Novak, Eliot Abrams, Dick Cheney mais aussi le rév. James Tonkowich de l'Institute on Religion and Democracy (IRD), méthodiste écofasciste wesleyien affiché au PNAC et défenseur de l'interventionnisme militaire américain. Les campagnes politiques et religieuses de l'IRD ont été et sont toujours violentes envers les gauches traditionnelles ou alternatives, croyantes ou non, et les autonomistes. L'IRD, fondé par Michael Novak en 1981, n'est pas moins qu'une centrale d'agents catholiques républicains et néocons opposés aux églises sociales ou populaires américaines dévouées aux homeless, aux chômeurs ou aux malades mentaux. Le récent rapport du vice-president de l'IRD Alan Wisdom et de John Lomperis, chercheur associé, sur le "projet de gauche religieuse" de son ennemi NCC (National Council of Churches) met bien en valeur les "options anti-sociales" que nourrit la politique-business de Bush-Cheney (Lomperis a été un militant de la campagne présidentielle Bush-Cheney) et la pénalisation-marginalisation des oeuvres éthiques ou de charité aux Etats-Unis; ceci n'empêche pas que le NCC comme la plus part des lobbys religieux américains n'échappe pas aux tentations du leadership national, à la sédimentation hiérarchique, à une certaine forme de conservation ou aux dérives, jusqu'à ces dernières années, financières (le NCC fédère 36 églises protestantes et orthodoxes). Le rév. Currie de Portland qui soutient les exclus dans l'Etat de l'Orégon tout en s'opposant à la politique militaire de G.W.Bush et au Homeland Security Act - sources d'innacceptables discriminations et disfonctionnements sociaux et budgétaires aux Etats-Unis -, condamnera également l'activisme d'extrême-droite de l'IRD et ses opérations de sape menées médiatiquement contre les activistes sociaux religieux, "les rouges". Des propos confirmés par Bill Berkowitz sur MediaTransparency en janvier 2007. RightWeb, de son côté, accusera l'IRD de soulever les chrétiens américains dès les années 1980 afin de booster les votes du Congrès et les budgets militaires en faveur des opérations anti-communistes et anti-théologie de la libération en Amérique centrale, au Nicaragua, en Union Sovietique, en Angola, à Cuba.

L'IRD recevra plus de $ 7,5 millions entre 1985 et 2005 des fondations caritatives qui subventionnent Acton Institute. Autres amis exorcistes du rév. Sirico : Samuel Gregg du Center for Economic Personalism, Kris Alan Lauren co-fondateur d'Acton, co-directeur de Donors Capital Funds et de Foundation for Economic Education et à un autre plan hypermédia des "associations caritatives fondées sur la foi" pour la lutte contre la pauvreté, "la taupe du révérend Sirico à la Maison Blanche", Marvin Olasky ou encore le "putschiste Gingrich" pressenti par les néoconservateurs alternatifs comme candidat potentiel aux élections de 2008. Je retiendrai parmi les relais amplificateurs les plus représentatifs de "l'oeuvre de sape pieuse" du rév. Sirico : l'Ecole de Chicago, l'American Enterprise Institute, le Manhattan Institute, l'Ethics and Public Policy Center, la Société Mont Pélerin, l'Université Catholique-Institut Jean Paul II de Lublin/Pologne, l'Académie Internationale de Philosophie de Schan/Liechtenstein et de Santiago/Chili, co-financée par l'Opus Dei.

Pour Benoît XVI, Buttiglione, l'Opus Dei, le rév. Tonkowitch, Gingrich, mais aussi pour Sutherland, le centralisme étatique et le socialisme s'opposent irrémédiablement à la foi et à la dogmatique ecclésiale de l'homme (les victoires néolibérales et nécons catholiques européennes vont dans ce sens), tout comme, dixit Sirico, la théologie de la libération s'oppose à la dogmatique catholique du pouvoir, de la propriété privée, de l'éthique entrepreneuriale.
Le rév. Sirico et ses magnats misent en effet des millions de dollars sur les messages satellisés des théologiens du marché qui se résument à l"'inadéquation de la révolution théologique marxiste d'avec les Evangiles... ". Sirico affirme cette année encore que la "liberté de l'humanité issue du martyr est sans commune mesure avec celle des révolutionnaires", que "l'hérésie est une folie..." et devant des millions christo-consommateurs que : "le christianisme commence non avec la révolution mais avec le martyr !...".
Le 18 mai 2007 Sirico tentera d'exorciser ce qu'il appelle la "contre-conférence episcopale" des théologiens brésiliens et latino-américains de la libération opposés au modèle catholique de Benoît XVI (ouverture brésilienne). Immolation. L'homme nouveau de l'Eglise évangélique, anti-socialiste, anti-marxiste et anti-décroissant, doit se réaffirmer dans le sang du martyr, accepter les contraintes dogmatiques et l'oppression politique, se soumettre. Une Eglise évangélique qui condamnera l'esclavage non en tant que fait mais en tant qu'obstacle au dogme, les non chrétiens n'ayant ni droit ni âme à sauver...

Pour l'envouteur européen Sutherland les "opposants politiques" sont assimilés à des obstacles à l'expansion du libre-échange tout comme le sont textuellement les barrières douanières, les Etats de droit, les gouvernements, les parlements. Sutherland, du reste, se présentera comme un "citoyen privé" en ouverture de la 17ème conférence Jean Monnet donnée à l'IUE-Florence en juillet 1995. La stratégie de Sutherland, à l'époque directeur de l'OMC, implique une modélisation économique libre-échangiste et supra-étatique; une liberté qui ne peut et ne doit se manifester sans une "discipline capitaliste de fer" et sans "ordre", deux précisions reccurentes dans son discours incitatif sur la cohésion européenne et l'homogénéité des jeunes leaders et businessmen européens; un discours autoritaire indissociable du suréquipement sécuritaire endo-européen : police, sécurité du territoire, armée européenne, armement, communication, renseignement, intégration de l'Europe de l'est et de la CEI à l'Otan, intégration des Etats-Unis aux nouveaux concepts sécuritaires européens.
Ce suréquipement, exposera Sutherland, s'accompagnera d'institutions européennes fortifiées inédites afin de contrer la violence civile et l'instabilité économique soulevées par les hyper-mouvements de capitaux déclanchés par le développement du libre-échange et le décloisement des marchés dans les pays pauvres. La stratégie psychologique de Sutherland consistera, tout en réaffirmant que les Etats-Unis et l'Europe sont les plus gros partenaires commerciaux et les plus gros investisseurs, en la victimisation du libre-échange "sans défense" dans la guerre globale livrée au "monde-Etat" par le décloisonnement et les hypermouvements de capitaux assimilés à des "agresseurs du futur" (dixit).
"Sceller fermement le rapport commercial bilatéral dans le cadre du système multilatéral est le moyen de le maintenir stable et d'empêcher ou de résoudre les querelles, dira Sutherland. Cette voie (offrira) également la meilleure base à l'Union européenne et aux Etats-Unis pour développer une approche constructive et partagée à l'égard des nouvelles questions à l'ordre du jour du commerce mondial...".

"L'homme nouveau européen", "l'homme nouveau mondial" et "l'homme nouveau écclésiastique" issus des zones de libre-échange angéliques seront donc des hommes dotés de droits politiques formels sans valeur réelle pour les oppositions et traumatisés intentionnellement par/pour le suréquipement en forme marchandise; des hommes pour lesquels le principe de l'autonomie individuelle (si important pourtant en droit civil) sera littéralement anéanti par le scellement des rapports commerciaux. Reste la part inconnue, les dommages collatéraux (la misère et l'exclusion dont on sait bien qu'elles ne disparaîtront pas) tant dans les pays riches que dans les pays pauvres où seul le "marché des pauvres" est pris en considération dans une optique de développement.

Sutherland réaffirmera, pour mieux occulter les dérives criminogènes et liberticides de sa propre option, que les sanctions commerciales de représailles (contre les "pays en voie de développement - zones Afrique, Amérique Latine, Asie - dont la compétivité est fondée sur le mépris du droit du travail et de la protection de l'environnement") sont fondamentalement erronnées et contraires aux lois du commerce.
Un conseil professoral, presque académique, donné aux théoriciens du PNAC et aux néocons américains qui prônent l'usage du mensonge, les sanctions diplomatiques, les sanctions commerciales et l'invasion militaire contre "les fauteurs des pays émergents", sur la base d'une doctrine globale du "danger permanent", "danger qui ne porte pas de nom", "danger présent"; une doctrine, du reste, qui semble rejoindre non seulement celle du "blowback" du renseignement américain : "effets inattendus et négatifs au pays résultant d'opérations clandestines à l'étranger" mais également celle de P.D. Sutherland :
"Aucun changement de régime ne peut être imposé par une intervention militaire directe, écriront Robert Kagan et William Kristol. Les tactiques à observer pour un changement stratégique de régime varieront selon les circonstances. Dans certains cas, la meilleur politique consistera à soutenir des groupes rebelles, se sera l'objet de la doctrine Reagan mise en application au Nicaragua (Salvador Option) et un peu partout dans le monde. Dans d'autres cas, la meilleure tactique consistera à soutenir des dissidents ouvertement ou non, avec ou non des sanctions économiques, avec ou non un isolement diplomatique... Mais rappelons ceci, quand bien même l'Amérique déciderait de marchander avec les régimes tyranniques qui causent du tort à notre pays, à nos amis ou à nos alliés, elle rechercherait la transformation de ces régimes et non la coexistence... Après avoir assisté au renversement historique de la dictature aux Philippines, en Indonésie, au Chili, au Nicaragua, au Paraguay, à Taiwan et en Corée du Sud, en quoi, serait-il utopique d'imaginer un changement démocratique en Irak ?... Alors que nous avons assité à l'effondrement historique de l'oligarchie communiste soviétique, en quoi serait-il utopique d'oeuvrer à l'effondrement de l'oligarchie du parti communiste chinois, moins puissante et moins stable?... Le régime chinois montre beaucoup de signes d'instabilité. Nous descellons, en effet, de formidables contradictions entre d'une part ses dispositions autoritaires et dictatoriales et d'autre part son phénoménale désir de croissance libérale... Cependant, n'oublions pas ceci, même si demain le gouvernement chinois devait s'effondrer cela ne nous relèverait pas de nos responsabilités dans le monde. Il existera toujours un danger inconnu..." (Kagan, Kristol, 2000).
Au nom de la croissance et des pertes qu'engendrent de telles inadéquations et querelles à la tête des Etats, suggèrera encore Sutherland, la coexistence des trois mondes : le politique, la sécurisation, le libre-échange, doit s'accélérer d'autant que "les frontières nationales ont de moins en moins d'influence sur les décisions du secteur privé concernant les investissements, la production et la consommation." (1995)

Syndrome oblige, les 27 et 28 avril 2007, les ministres de l'Union Européenne (U.E.) s'accorderont d'une part sur "la sécurité" que doit garantir avant tout le marché intérieur à la "citoyenneté privée sutherlandienne" dans le processus irréversible de la mondialisation face auquel "aucun État membre ne (peut) s'imposer seul..." et d'autre part sur le fait que l'Europe ne doit en aucun cas répondre à un tel défi par un quelconque cloisonnement des marchés...

l'Union Européenne

Le 15 mai 2007, Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, la Chancelière allemande et Présidente du Conseil européen, Angela Merkel, ainsi que le Président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, dévoileront les grandes orientations multiconfessionnelles (chrétiennes, juives, musulmanes) supra-étatiques souhaitées par les institutions politiques et économiques européennes. Les propos tenus ne seront guère éloignés des principes fondateurs de l'Europe catholique ou chrétienne supra-nationale, euro-atlantiste, anti-Etat et anticommuniste...
Léonoardo Boff posera plus haut la question : "quel sera le modèle catholique de Benoît XVI ?" Les dignitaires cooptés européens et les "hauts" représentants des trois religions monothéistes appréhenderont la question de la modélisation en prônant une homogénéisation éthique supra-confessionnelle qui ne remet toujours pas en question l'élitisme, la hiérarchisation des pouvoirs et des valeurs favorable aux marchés, aux concentrations de richesses, aux institutions religieuses autoritaires et dirigistes, à la société de classe; une homogénéisation éthique défavorable au pauvre de naissance, à l'exclu adulte ou à l'homme sans capabilités, sans droits, sans terre, sans toit. Les "hauts" représentants des trois religions s'accorderont au final sur des questions qui seront au coeur de la crise sécuritaire européenne, de l'endettement public et privé, des luttes sociales et de la répression anti-gauche des années 1950-1960: "Quel rôle les religions et les communautés religieuses peuvent-elles jouer dans une Europe fondée sur la dignité humaine? Comment pouvons-nous promouvoir nos valeurs communes au-delà des frontières de l'Europe? Est-ce au moyen de valeurs communes que nous pouvons intensifier le dialogue entre les cultures et les religions? La tolérance est-elle un concept utile?..."

De la collaboration...à la collaboration

11 –  Le diable boiteux...


Alfred Pose, Académie des Sciences Morales et Politiques, 1953

Revenons, avant de conclure, aux temps du commerce politique laïc et catholique peu glorieux de la collaboration, du néolibéralisme et de la résistance à crédit, du rationalisme, du pragmatisme, du professionnalisme.
Au pays basque, de Saint-Jean-de-Luz à Làa-Mondrans le "beau monde" connaît Mr.Alfred (1899-1969) moins en tant que "héros de la révolution nationale" (amnystie, révisionnisme, crise historiographique ou amnésie?) qu'en tant que "banquier conquérant, monarchiste, héros de la résistance et ami de De Gaulle".
Le "beau monde", la bourgeoisie catholique basque, béarnaise, bordelaise, haute-garonnaise, ses riches collectionneurs-alpinistes himalayens, ses moines ou ses prêtres missionnaires orientalistes... Soixante pères français et suisses se succéderont de 1854 à 1952 pour l'évangélisation du Tibet par le Yunnan - plus de 4 500 prêtres en 350 ans seront envoyés en Asie par la Société des Missions Etrangères; ils y fonderont plus de 120 diocèses -; ceux des années 1900 se plaindront du nombre de missionnaires martyrs "massacrés par les lamas", conséquences des pressions anglaises sur Lhassa pour obtenir la liberté de circulation et de commerce. Les missionnaires de 1933-1945 seront à mots couverts "pétainistes, giraudistes et gaullistes" tout en demeurant anticommunistes et hostiles à la décolonisation; temps des missionnaires de Gounod et des vicaires apostoliques du Tibet, des "amis de Coubertin" et des Jeux nazis si éloignés des Olympiades populaires de 1936.
Comme de bien entendu les évêques maréchalistes : "les évêques de Pétain" (1940-1944) (Durand) et les amnysties religieuses soignées ou sur mesure (Cardinal Oddi) ne manqueront pas, tout comme l'Ahnenerbe-SS (vidéos de 1 à10) ne manquera pas en 1938/39 de sportifs et d'alpinistes olympiques (Wienert, Schäfer, Beger, Geer, Krause) pour se rallier les élites politiques tibétaines nyingmapa, kagyupa ou gélugpa présentes aujourd'hui en Europe et dans le monde; notons que les tantras transmis dans les centres bouddhistes aux apprentis lamas transformeront bien, très académiquement et très politiquement, des "humains" en "non-humains" après 9 moins de retraite fermée (tradition laïque nyingmapa de Dordogne); les textes tantriques expliquent, par ailleurs, que cette tradition est conçue pour une durée de vie... de cinq mille ans. (A propos des rapports entre le Vatican et le Reich lire le concordat de juillet 1933 et l'importante contribution de Lacroix-Riz sur l'orientation résolument pro-nazie, antibolchévique et antisémite raciale du "Saint-Siège" au cours des années 1940 "Pacelli-Pie XII et « la destruction des juifs d'Europe »".)

Le "beau monde" sera également l'expression qui caratérise le mieux les familles pyrénéennes franco-espagnoles héritières des oligarques des années 1937-1939 qui cracheront sur le fusillé Garcia Lorca en 1936, soutiendront la dictature de Franco, cautionneront les bombardements terroristes de la légion Condor tout en tournant le dos aux suppliciés et au martyr de Guernica, du temps où Mr. Alfred rachetait les banques régionales de Bergerac, de Brive, de Saint-Gaudens - en 1940 les dépôts clientèles de la BNCI atteindront 10 milliards de francs au lieu de 3 milliards en 1932 .

Aujourd'hui les petits héritiers du "beau monde" s'activent "inexplicablement" autour de la riche et puissante synarchie tibétaine anglo-saxonne de Dordogne et du sud-ouest dont les moines-lamas d'Amdo, du Kham, de Lhassa, des Marches (Batang, Yerkalo, Tsekou, Atense), s'amusaient, hier, à massacrer les missionnaires ou à brûler les églises perdues; dont celle de mon "parent" le père André, "le vieux de Bahang" - baptiseur de ma mère métisse en Indochine et confesseur et ami de mon grand-père -, auteur d'un dictionnaire, constructeur de routes, de ponts et planteur de vignes dans les alpes yunnaises... Il finira ses jours en Dordogne.
Il y a quelques années, inexplicablement encore, la nouvelle génération des lamas blancs régionalistes se réunissait en petits comités de jeunes leaders au pied du drapeau jaune et bleu de leur secte et du svastika des "grands maîtres". Ils construiront un rempart - tout en prônant un discours social - autour de ces mêmes vieux maîtres bellicistes qui refuseront la désinstitutionnalisation, la désacralisation, la non-violence, la pauvreté, la gratuité, le don, l'égalité (enseignées pourtant en Chine bouddhiste populaire depuis le XVIIème siècle; enseignements qui traverseront la Révolution Culturelle).
Les vieux lamas resteront nostalgiques de l'ordre absolu héréditaire, de la possession territoriale et des richesses. Ils transmettront aux jeunes élites européennes leur paradoxale aptitude à la "révolution nationale synarchique" et à la "collaboration" avec tous les "empires" (tous les régimes où "l'or" joue un rôle prépondérant), à commencer, c'était hier, par l'empire britannique; la reine d'Angleterre Elisabeth II sera officiellement reconnue "Tara" déesse protectrice du Tibet pour services rendus à la "nation tibétaine", Hitler, avatar de Shiva, Mao : "grand lama égoïste, faché avec les offrandes, les rites, l'ordre et les dieux" -... Nostalgiques du contrôle des naissances et des morts aussi, des vies privées; nostalgiques des "coups portés à l'ennemi", à la Chine populaire (Hu Jintao serait désormais un Dieu vivant) et surtout aux "tirtikas", les barbares ou les non-convertis en sanscrit...
Auvergne, Provence Côte-d'Azur, Rhone-Alpes, Bretagne, Aveyron, Bourgogne, Haute et Basse Normandie, Languedoc Roussillon, Ile de France, le "beau monde" profitera de la fracture sociale et des largesses pénales du socialisme néolibéral, du gaullisme et de la chiraquie. Bien des hôpitaux psychiatriques abriteront leurs exclus, bien des viols d'adultes et d'enfants, des incitations au suicide et des suicides, des mensonges et des vols caractérisés seront couverts.
Les vieux "lamas constructeurs" dotés de tous les pouvoirs de la représentation, n'en déplaise aux sceptiques et aux défenseurs du système, confieront pourtant avec une étonnante énergie et une érudition politique peu commune que le choix de la « nouvelle Allemagne » de 1933 d'attaquer les mouvements ouvriers, d'interdir tous les partis politiques et les syndicats, de censurer la presse et d'instaurer une dictature brutale avait été un bon choix, qu'Albert Speer avait été un grand architecte parcequ'il n'avait reculé devant aucun obstacle, et plus invraissemblablement que le "Triomphe de la volonté" de 1934 (film de la conférence du NSDAP de 1933 paru sous le titre "La Victoire de la foi") de Leni Riefensthal avait été un film grandiose...
"Le film de Riefenstahl débute (pourtant, ndlr), écrira Stefan Steinberg dans « La réalité ne m'intéresse pas... », avec des vues aériennes suggérant l'arrivée héroïque de Hitler descendant du ciel, pour saluer un peuple qui vient à sa rencontre des quatre coins du pays. La conférence louange les accomplissements du président du Reich Hindenburg récemment décédé et salue les nombreux invités, représentants de la presse et diplomates étrangers. Les forces de défense, l'armée, les SS et les SA démontrent leur totale loyauté au dictateur. Au centre du film se trouve la foi loyale des fidèles du Führer. « Ils sont l'Allemagne. Lorsqu'ils agissent, la Nation agit », déclare pathétiquement à la foule Hess, le représentant de Hitler. Quant à Hitler, il explique que le « grand commandement » pour l'Allemagne de jouer un rôle dominant « ne vient pas d'un chef mortel, mais de Dieu, le créateur de notre peuple »..." (à lire Nazi Connection with Tibet, & Russian and Japanese Involvement with Pre-Communist Tibet, A. Berzin, historien d'appareil, victimisant et bouddhiste; The Nazi Expedition, Robin Cross, Zen At War, Brian Daizen Victoria et la critique de zensite) ...

Au Japon, Pema-Gyalpo célèbre lama tibétain, professeur de droit à l’Université Toin de Yokohama et professeur émérite à la Gifu Women’s University, juriste international des droits des minorités et membre du Kreddha, se présentera le 23 juillet 2007 aux élections sénatoriales du 29 juillet sur la liste du Kokumin Shinto ou le "Nouveau Parti du Peuple", parti national populiste d'extrême-droite aux côtés de l'ex-président péruvien opusien Alberto Fujimori. Alberto Fujimori sera reconnu par le Congrès péruvien le 27 août 2001 responsable de crimes contre l’humanité. Le 5 septembre 2001, le Procureur général du Pérou, Nelly Calderón, inculpera l’ancien président de meurtre, de lésions graves et de «disparition forcée»....

"La Bnci se retrouve soudain dans le cercle des ’’banquiers impériaux’’, écrira de façon symptomatique Hubert Bonin dans "Les réseaux bancaires parisiens et l’empire : comment mesurer la capacité d’influence des ’’banquiers impériaux’’ ?" car son directeur général Alfred Pose a lancé depuis Alger en 1940-1942 une politique de déploiement en Afrique qui débouche sur la création de Bnci-Afrique, fruit de la transformation de la petite Banque de l’union nord-africaine acquise en septembre 1940; elle est appelée dans les années 1950-1960 à se déployer sur tous les rivages méditerranéens, atlantique et indien du continent africain, à Madagascar et aux Antilles."
En 1944 la BNCI ouvrira une filiale à Beyrouth, en 1945 à Damas, en 1946 à Alep et à Latakia (Syrie). Albin Chalandon, président d'Elf-Aquitaine (1977-1983), ministre de la Justice (1986-1988) sera directeur de la BNCI-Afrique entre 1950 et 1951; entre 1946 et 1951, la BNCI-Afrique en appui sur ses filiales et participations, implantation continentale, renforce ses positions au Levant et en Egypte...
La BNCI est plus que jamais une cellule souche du capitalisme financier, bancaire et industriel gaulliste. Guy Vadepied et Pierre Péan rappelleront que François Chirac, père de Jacques, dirigera la succursale de la BNCI-Victor Hugo à Paris et que Marcel Dassault en sera son client assidu, ami et partenaire : " Après les nationalisations (1945, ndlr), Bloch [Dassault] et Potez se retrouvent d’un seul coup à la tête de coquettes sommes. Les placer, mais où ? Les deux avionneurs ont confiance en François Chirac, directeur de la succursale de la BNCI de l’avenue Victor Hugo, leur banquier et presque ami. François Chirac est le fils d’un instituteur radical-socialiste et franc-maçon de Corrèze. À force de travail, il est devenu employé de banque, puis fondé de pouvoir, enfin directeur de succursale d’une importante agence située dans les beaux quartiers. Il suggère aux deux avionneurs de fonder leur propre banque. Ainsi naît la Banque commerciale de Paris. François Chirac est également nommé administrateur du groupe Bloch & Potez, ainsi que d’une entreprise d’Henri Potez, qu’il dirigera pendant 32 ans, jusqu’à sa mort en 1968. Les Potez, Bloch et Chirac sont désormais liés dans la vie comme dans les affaires. Les trois familles se retrouvent régulièrement au Rayol, dans le Var, où Potez a fait l’acquisition d’une belle maison. Proches du front populaire, elles se rallieront à De Gaulle pendant la guerre...".
En Fait, le peuple ne connaîtra de Mr. Alfred que ce que les guichets, les affiches publiciatires et les pages du Larousse (autre ami de la synarchie tibétaine) ou de l'encyclopédie Quillet de l'après-guerre à la fin des années 1960 en diront. Mais de BNCI "maudite" (c'était hier), de crimes économiques résultant de la complicité de Mr.Alfred avec l'économie nazie et Vichy, point...
Les "encyclopédistes" post 1960 ne seront pas les seuls à se "professionnaliser" ou à se "neutraliser" sur la question; le caractère homicide de l'économie capitaliste nazie ou de l'occupation est aujourd'hui très souvent occulté par des visions historicistes libéralisées assimilant le temps de l'économie du Reich et de l'occupation à celui d'une incertaine transition dans l'histoire du régionalisme européen des affaires, les "aléas du nazisme et de la seconde guerre". Bonin lui même n' échappera pas dans "La Sogenal" à la tendance encyclopédiste; cela dit, dans son hommage à Lacroix-Riz intitulé : "Peut-on imaginer des banquiers patriotes et résistants, 1940-1944 ?" il critiquera la tendance des pouvoirs publics à nier "la parenthèse Pétain", la continuité entre la IIIème et la IVème République "comme si, écrira-t-il, ces années sombres ne prenaient pas place dans l'histoire de France"...
"Mr.Alfred", banquier monarchiste collabo, théoricien fiscaliste et économiste, universitaire (Caen), président du Comité d'Expansion économique des Basses-Pyrénées, accessoirement Chevalier de l'Ordre du Mérite d'Isabelle la Catholique (Espagne), Officier de l'Ordre du Cèdre (Liban) et Grand-Croix de la Fondation internationale Alfaro (Panama) sera élu à l'Académie des Sciences Morales et Politiques en novembre 1953 tout comme le boiteux abbé, évêque et duc TALLEYRAND en 1832 "agent général du clergé sous l'Ancien Régime, député et ambassadeur pendant la Révolution Française, ministre des Relations extérieures sous le Directoire, ministre des Affaires étrangères sous le Consulat, ministre des Affaires étrangères sous le Premier Empire, ambassadeur et Président du Conseil des ministres sous la Restauration et ambassadeur sous la Monarchie de Juillet, assistant à quatre couronnements..." (Wikipedia)

12 –  Qui n'a pas besoin d'argent ?

Alger le 5 juin 1943, Monnet, Catroux, De Gaulle, Churchill, Giraud

Telle est la question finalement sous l'occupation et Mr Alfred l'aura bien compris. D'un côté comme de l'autre l'on court après sa martingale ou son secret, au nom de la patrie vaincue ou pour le Reich, au nom de l'honneur, de la résistance ou de Dieu; l'argent n'a pas d'odeur mais quelle efficacité pour l'organisation et le commerce de l'influence !! L'Empire ne connaît pas encore ses limites en terme de marché, Muhammed Yunus (Grameen Telecom Village), Jacques Attali (PlaNet Bank) affirmeront très mensongèrement y être parvenus 64 ans plus tard grâce au revenu minimum garanti. L'évangélisation des "global BOP markets" dispansée par les missionnaires de la Banque Mondiale et les banques de développement en 2007 prendront également la vague du mensonge et de la démagogie Yunus-Attali pour argent comptant, tradition de l'endettement et du crédit oblige...

L'Armée Secrète (AS) et Moulin auront besoin d'argent. Les budgets sont connus, pour la période qui nous interesse de janvier à mars 1943, près de 12 millions de francs seront alloués à Combat, près de 6 millions de francs à Moulin, 4 millions de francs à l'Armée Secrète de février à avril 1943.
Le catholique européanniste Frenay aura lui-même recours, en conflit sur la question avec Moulin, aux capitaux américains : "10 millions de francs par mois et vingt largages". La vie n'est pas facile. Robert Belot posera le problème du financement de la résistance en crise, de la résistance à crédit, qui s'avère, sous cet angle, l'amorce d'un marché irakien, soudanais ou afghan comme un autre : renseignements militaires contre dotations financières, en matériel, en moyens de communication US.
La Résistance et le maquis, toute tendance confondue, percevront entre mars 1943 et novembre 1944 près de 66 millions de francs des américains par le canal Suisse et la Délégation de la Résistance. Pour sauver l'honneur de la résistance : "pas de dépendance avec un pays étranger !" - ce sentiment d'humiliation et de honte est donc bien connu au sein de l'empire en déroute... - l'on ne parlera pas de dons américains, mais de prêt-bail...
Le "grand héros" des opérations suisses est "le Dantec" nom de code d'Allen Welsh Dulles (1893-1969) oncle du cardinal Dulles, "grand ami de la France et de l'Europe anti-nazies" responsable pour l'Europe à Berne de l'OSS (Office of Strategic Services) concurrent des services de renseignement anglais qui détiendront jusqu'à l'entrée en guerre de l'OSS le quasi monopole des sources d'information et de leurs flux; perte d'un marché, donc.
Les difficultés des résistants et maquisards français de cette époque devront beaucoup à cette autre guerre pour le monopole de la victoire que se livreront bailleurs de fonds des résistances américains et britanniques; affamer les guerriers de l'ombre ne sera pas un problème, ni pour Washington ni pour Londres. "Trop armer les maquis et trop renforcer les mouvements de résistance, écrira Robert Belot, risquait de brouiller la partition militaire qu'ils (les alliés) entendent jouer le jour J" ("L'affaire Suisse : Frenay dans le camp américain ?", Henry Frenay, Belot).
Allen Welsh Dulles qui exploitera très habilement l'Ennemy Act (comme son frère John Foster Dulles et la plupart des collabos américains) est déjà un professionnel des intrigues militaires, financières, juridiques - nouveau business -, à Wall Street avant la guerre, à Philadelphie (Philadelphie sera le siège de filiales allemandes ou de sociétés mères américaines parfaitement intégrées au développement de l'économie nazie; la ville est aujourd'hui un phare emblématique de la Réserve Féderale comme de l'actuel Irak Stock Exchange), à Washington, et un expert de l'économie nazie autant que du "marché des nazis".
'"Anti nazi de la première heure" Dulles se distinguera toutefois en avril 1944 en ignorant l'"Auschwitz protocols", le rapport Vrba-Wetzler sur les chambres à gaz d'Auschwitz. Attitude pour le moins paradoxale. Un rapport pourtant indispensable à tous ceux qui se déclaraient prêts à porter un coup décisif au nazisme et à la guerre par les armes. Cette affaire révèlera que ce n'était pas tant la fin de l'horreur ou de la guerre qui comptait mais bien l'exploitation monopolistique d'un spectacle de masse, populiste, inédit, "le vrai visage du nazisme" à des fins de propagande politique et commerciale pour la reconstruction.
Ce "vrai visage" était cependant bien connu des capitalistes américains de Wall Street qui collaboraient avec le Reich et l'économie nazie. Certains co-financeront et même co-exploiteront les camps; Auschwitz notamment. John Loftus & Mark Aarons dans "The Secret War Against the Jews", Toby Rogers du Clamor Magazine et John Buchanan de la New Hampshire Gazette le révèleront également dans 'Heir to the Holocaust: The story of Prescott Bush and the Nazis' et, ci dessous, dans "Bush/Nazi Link Confirmed" :

"While President Bush publicly embraced the community of holocaust survivors in Washington last spring, he and his family have been keeping a secret from them for over 50 years about Prescott Bush, the president's grandfather. According to classified documents from Dutch intelligence and US government archives, President George W. Bush's grandfather, Prescott Bush made considerable profits off Auschwitz slave labor. In fact, President Bush himself is an heir to these profits from the holocaust which were placed in a blind trust in 1980 by his father, former president George Herbert Walker Bush.
Throughout the Bush family's decades of public life, the American press has gone out of its way to overlook one historical fact - that through Union Banking Corporation (UBC), Prescott Bush, and his father-in-law, George Herbert Walker, along with German industrialist Fritz Thyssen, financed Adolf Hitler before and during World War II. It was first reported in 1994 by John Loftus and Mark Aarons in The Secret War Against the Jews: How Western Espionage Betrayed the Jewish People.
The US government had known that many American companies were aiding Hitler, like Standard Oil, General Motors and Chase Bank, all of which was sanctioned after Pearl Harbor. But as The New York Times reporter Charles Higham later discovered, and published in his 1983 groundbreaking book, Trading With The Enemy; The Nazi American Money Plot 1933-1949, "the government smothered everything during and even after the war."...(John Buchanan)

Lors de correspondances échangées avec Alen Kubowitzki, représentant du Congrès Juif Mondial (août et décembre 1944), John Jay MacCloy en charge en juin 1944 de l'OPD, Division Operation du Departement de la Guerre, branche du département chargé des projets stratégiques et de la direction des opérations militaires (Haut Commissaire américain en Allemagne en 1947), refusera lui aussi d'admettre la véracité du rapport Vrba-Wetzler pour des raisons stratégiques (moyens limités du fait de la planification des objectifs) et politiques (pas d'aides aux victimes de l'oppression ennemie à moins d'une coincidence avec les objectifs planifiés) et s'opposera à toute action directe contre les camps nazis; en fait, il s'agira de préserver les intérêts américains en Europe, des mines aux fabriques, intérêts commerciaux, industriels et financiers; ne pas détruire les camps. Les refus seront systématiques, britanniques, américains, soviétiques, l'historien Rafael Medoff l'expliquera dans The Man Who Exposed Auschwitz pour le compte du David S. Wyman Institute for Holocaust Studies :
"Vrba's report convinced the Jewish Agency leadership in Palestine to change its position on bombing. Agency leaders initially opposed bombing Auschwitz because they believed it was a labor camp, not a death camp. But after receiving the Auschwitz Protocols in June, Agency officials lobbied British, American, and Soviet officials to bomb the camp or the railways leading to it. Their requests were rebuffed...
"The full version of the report (the Auschwitz Protocols), however, was held up in Switzerland for three months by U.S. diplomats who regarded it as low priority. After it finally reached Washington in October, the Auschwitz Protocols was widely distributed by the War Refugee Board--despite the objections of the Office of War Information, which claimed publicity about atrocities against Jews would undermine the Allied war effort..." (Dr. Rafael Medoff, 2006). ("L'abandon des juifs"... 2000 personnes en trois minutes, les américains et la solution finale, 1941-1945", David S. Wyman (1987) et "The Man Who Exposed Auschwitz", Dr. Rafael Medoff, avril 2006).

13 –  Les porteurs [américains] d’emprunts allemands

Lacroix-Riz confirmera notre propos sur la collaboration de John Foster Dulles en soulignant dans "Industriels et banquiers sous l'occupation" que : "Le sévère Enemy Act prohibant à l’entrée en guerre tout commerce avec l’ennemi fut... violé dès l’entrée en guerre des Etats-Unis, et plus encore quand Stalingrad posa la question de l’après-guerre. [...] Ces intérêts communs suscitaient des va-et-vient fréquents entre les Vieux et Nouveaux Continents, ‘voyages d’affaires en Allemagne’ omniprésents dans les correspondances et les passeports de John Foster Dulles : très actif dans leur réorganisation à la veille d’un conflit certain, celui qui représentait dans les années 20 et 30 les ‘porteurs [américains] d’emprunts allemands’ se rendit chaque année à Berlin de 1933 à 1939."

Les Etats-Unis seront bien perrméables au nazisme et les élites intellectuelles universitaires contribueront à ce que le courant eugéniste et négationniste dissimulant à l'opinion américaine les orientations pro nazies du commerce américain, les discriminations anti-juif, les persécutions des minorités, des opposants politiques et les camps d'internement, passe; le circuit est parfaitement établi entre d'une part le parti nazi, les universités et la presse allemandes aryanisées et d'autre part les universités américaines les plus prestigieuses : MIT, American University, Yale, Columbia, Princeton.
Stephen H. Norwood notera en 2004 les dérives pro nazies de Harvard entre 1930 et 1937, ce qu'il en dit est édifiant : "The Harvard University administration during the 1930s, led by President James Conant, ignored numerous opportunities to take a principled stand against the Hitler regime and the antisemitic outrages it perpetrated, and contributed to Nazi Germany's efforts to improve its image in the West. The administration's lack of concern about Nazi antisemitism was shared by many influential Harvard alumni and students. A faculty panel that supervised a mock trial of Hitler in 1934 ruled that Hitler's anti-Jewish actions were "irrelevant" to the debate. Nazi leaders were warmly welcomed to the Harvard campus and invited to prestigious social events, as the Harvard administration strove to build friendly relations with thoroughly Nazified universities in Germany. By doing so, Harvard's administration and many of its student leaders offered important encouragement to the Hitler regime as it intensified its persecution of the Jews and strengthened its armed forces... (1934) the Harvard administration welcomed a top Nazi official, Ernst Hanfstangl, who was Hitler's foreign press chief as well as a virulent antisemite, to the campus for his 25th class reunion. The student newspaper, the Harvard Crimson, editorialized that the university should award Hanfstangl an honorary degree "as a mark of honor appropriate to his high position in the government of a friendly country." The joyous reception Hanfstangl received on campus was interrupted when a local rabbi confronted him and demanded to know what Hanfstangl had meant when he recently remarked that "everything would soon be settled for the Jews in Germany." The rabbi cried out, "My people want to know . . . does it mean extermination?" Hanfstangl replied that he "[could] not discuss that. I am on vacation. I am with my old friends." The Nazi official proceeded to President Conant's house for tea..." (Harvard's Nazi Ties, Norwood, Oklahoma university)

Au final, alors que rien n'est achevé en terme de "victoire" ou de "justice", Bretton Woods, la BIRD et le FMI verront le jour en juillet 1944. Dans un tel empressement il n'est pas étonnant que le rapport Vrba-Wetzler, "rendu public" deux mois plus tôt, ait été ignoré... Les businessmen américains collabos seront épargnés - les élites intellectuelles, les capitalistes donateurs et la presse partisanne y contribueront. "S'ils sont épinglés par la justice américaine" ils ne subiront aucun dommage au nom de la reconstruction.

Côté allemand, notera Edwin Black dans IBM et l'Holocauste, vingt et un grands banquiers seront arrétés par la division des enquêtes sur les cartels de l'Office of the Military Governor US, OMGUS (nov.1945). Chacun sera accusé d'avoir favorisé le réarmement et le pillage des pays occupés.
Parmi les pilliers de l'économie nazie "épinglés" par la justice retenons : Deutsche Bank, Commerzbank, Dresdner Bank. Dresdner Bank, banque SS par excellence, allouera près de 48 millions de reichmarks de crédits à des groupements SS et près de 18 millions à Himmler. Elle détiendra 26 % de Huta Hoch und Tiefbau qui construira les cinq crématoires d'Auschwitz-Birkenau (Waffen SS and Police, Central Construction Management, Auschwitz, septembre 1942). Dresdner Bank financera également une partie du camp de concentration de Sachsenhausen.

La Deutsche Bank contribuera pour sa part non seulement au réarmement de l'Allemagne tout en structurant l'édifice financier et industriel nazi mais également à l'aryanisation de l'économie allemande sous le patronnage d'Hitler. Elle financera Auschwitz et la mise en esclavage de près d'un million de déportés-internés. Marianne Arens du World Socialist Web Site apporte d'irréfutables éléments:
"Historians of the establishment's own archives have now presented documents which prove the Deutsche Bank contributed towards the financing of Auschwitz with the full knowledge of its executive. The Kattowitz subsidiary of the Deutsche Bank gave a loan for the building of the Buna plant of IG Farben and sites of the Waffen-SS in Auschwitz.On February 4, 1999 in Frankfurt the head of the Deutsche Bank's Historical Institute, Manfred Pohl, explained in detail the lucrative relations which existed at that time: executive member Hermann J. Abs was also a member of the board of directors of IG Farben, the parent company of the Buna plant in Auschwitz. This facility, built in 1941 in Auschwitz-Monowitz, produced synthetic rubber and exploited forced labourers who worked for virtually nothing. The plant kept a current account at the local subsidiary of the Deutsche Bank, and by the spring of 1943 turnover ran up to 5 million marks a month...
The facts were available 50 years ago. In June 1947 a special commission--the OMGUS (Office of Military Government for Germany, US)--presented the report of its inquiry into the Deutsche Bank, the contents of which still give its managers headaches today.The OMGUS inquiry group, the "Deutsche Bank Team", was attached to the finance ministry headed by Henry Morgenthau and comprised Jewish German emigrants, American experts in public finance and historians. A few months after the fascist defeat in 1945 it was possible for this group to conduct research relatively freely in Germany while the Nuremberg Trials were being prepared. The OMGUS report then faded into oblivion in 1947 after the Truman administration in the US had replaced Roosevelt and the rebuilding of Germany became an important factor in the Cold War.
The report of the Deutsche Bank Team "proved that the leaders of this bank giant had the closest political connections to the Third Reich's centre of power" and leading members of the executive of the Deutsche Bank such as Emil G. von Stauß, Philipp Reemtsma, Carl Friedrich von Siemens and Albert Pietsch had already been financing Hitler long before his take-over. The report brings to light the mechanism through which the bank controlled the financial network in the Reich's territory and also exercised control over industry. It showed the role played by the bank in rearmament and war preparations and how it advanced the "arianisation of the business world" from which it made enormous profits. The report proved how the bank's import-export business developed and how closely its world-wide operations were co-ordinated with the annexation programs of the "Third Reich". ("The Deutsche Bank, Auschwitz and German business's compensation fund" by Marianne Arens, 1999, Corporations and Cooperation with the Nazis by holocaust-history)

Ingo Loose Chercheur à l'Institut d'Histoire de l’Université Humboldt de Berlin, spécialiste des restitutions de biens matériels par la Pologne, confirmera dans "Credit Bank and The Holocaust" - bien que très indulgent ou modéré sur la question de la responsabilité directe des directeurs de banque polonais dans l'Holocauste - le rôle des banques de crédit : Commerzbank, Dresdner Bank et Deutsche Bank dans l'extermination des juifs en Pologne. Il établira que sans les banques aryanisées il eut été impossible de parvenir à la solution finale. Les banques de crédit apparaissant en quelque sorte comme les éléments informatifs les plus adaptés au processus historique de la déportation, de l'internement et de la destruction des juifs. Ingo Loose insistera sur le rôle et le pouvoir des arrétés nazis et de l'information bancaire dans l'Holocauste; informations concernant la "clientèle", tous les aspects de la vie privée des non-juifs et des juifs soumis à la pression des règles inflexibles nazies sur la confiscation des biens, la privatisation des droits, la ghettoïsation et que ne pouvaient ignorer les grandes banques, leurs succursales et leurs filiales en Pologne, en Europe, puisqu'elles en faisaient le commerce - sapant les moyens économiques du juif tout en le spoliant, tout en prospérant de façon toute aussi discriminante avec la clientèle non-juive - dans les zones où la terreur anti-juive était légale.

En décembre 1945, la BIRD, structure essentielle de la "Banque Mondiale", Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement de l'Europe et du Japon est active...

14 –  Nuremberg encore

Les industriels Flick, Thyssen, Krupp après avoir si longtemps servi la mort en l'imposant aux autres seront réhabilités par des avocats douteux pour lesquels la banque de commerce et la finance de Wall Street étaient le crédo.
Ce sera le cas notamment de l'avocat d'affaire révisionniste John Jay McCloy (1895-1989) second président de la Banque Mondiale entre 1947 et 1949. L'histoire retiendra le nom de John Jay McCloy en tant que "libérateur" des milliardaires nazis Alfred Krupp et Friedrich Flick en 1951 mais oubliera celui de Konrad Adenaeur qui demandera en 1950 la relaxe de Krupp pour contrer les forces ascendantes des gauches sociales allemandes et celui de Earl J. Caroll, avocat et homme de main de McCloy, défenseur d'Alfred Krupp. Earl J. Caroll s'engagera à restituer l'intégralité de la fortune Krupp et estimera le montant de ses honoraires, pour la période d'activité comprise entre 1946 et 1951, à 5% de tout ce qu'il restituera. Caroll recevra au service du droit, de la justice et de la reconstruction germano-américaine et européenne, 25 millions de dollars.
En 1955, quatre années après sa "libération", Friedrich Flick règne sur 100 compagnies. Le chiffre d'affaire annuel du consortium est estimé à 2 milliards de dollars. Flick est considéré par la presse néolibérale américaine comme le détenteur de la cinquième fortune mondiale; la mémoire...
JJ McCloy dirigera plus tard The Chase Manhattan Bank (1955-1960), camp de base des amis de Rockefeller. JJ McCloy cumulera ainsi des postes stratégiques et honorifiques réservés à la mafia républicaine d'avant-guerre et contribuera allègrement par son activisme juridique et ses conseils à chefs d'Etat à la Maison Blanche auprès de John F. Kennedy, Lyndon Johnson, Richard Nixon, Jimmy Carter, Ronald Reagan, auprès des "sept soeurs" (les sept plus importantes pétrolières américaines) à défigurer la démocratie politique, le droit et les lois, l'histoire sociale populaire américaine du XXème siècle, la justice et la vérité en novembre 1963 au sein de la commission Warren aux côtés de l'inévitable Allen Welsh Dulles, désormais "ancien directeur de la CIA" (une charge non moins spécfique), et de Gerarld Ford.
Quelques décennies plus tard le rapport sénatorial Levin (auditions, mars 2001) dénoncera les crimes de blanchiment (narcodollars, fraudes financières, évasions fiscales, cybercrimes bancaires) de The Chase Manhattan Bank. The Chase Manhattan Bank naîtra de la fusion de Chase National Bank et de Bank of The Manhattan Company en 1955 et est intégrée, aujourdhui, au groupe JP Morgan Chase.
Reconnues coupables de crimes de collaboration avec l'ennemi en décembre 1944 par le département de la Justice américain les filiales françaises de Chase National Bank et de JP Morgan Chase seront poursuivies. Les filiales françaises de National City, (Morgan) Guaranty (Trust), Bankers Trust et American Express bien que reconnues coupables d'une même violation de l'Ennemy Act ne seront pas poursuivies. Si l'on considère qu'à la mi-janvier 1942 ce même département de la justice avait consigné une liste noire de 5000 sociétés écran américaines, européennes ou latino-américaines accusées d'appartenir aux nazis ou suspectées d'entretenir des liens avec ces derniers, que leur siège fut situé dans l'Europe nazie ou dans les pays neutres comme le Portugal, l'Espagne, ou la Suisse (Edwin Black) - et exerçant sur le sol américain via une ou des filiales -, cela fait extrêmement peu de justice. Le voisin canadien n'échappera pas au spectre des sociétés écran nazies et des sociétés collabos US. La Cooperative Catholique des Consommateurs de Combustible importera, par exemple, du charbon allemand au Canada par l'intermédiaire du réseau allemand-américain Thyssen impliquant le système bancaire de couverture de Prescott Bush (Brown Brothers Harriman et Union Banking Corporation) et son gang d'avocats d'affaire de Wall-Street.

La collaboration euro-américaine ne pouvait que s'offrir un Happy End avec le Displaced Persons Act, (1) "projet de la CIA qui permettra, selon Peter Mertens, l'immigration entre 1948 et 1952 d'un demi-million d'Européens de l'Est aux USA (dont) 10.000 criminels de guerre nazis : des officiers supérieurs de la Croix de Fer hongroise, de la Légion bulgare, de l'Organisation des Nationalistes ukrainiens de Stephan Bandera, de la Légion lithuanienne et de la Brigade blanc-russe. La plupart auront créé des divisions de Waffen-SS et sauvagement massacré des communistes, des juifs et d'autres citoyens...". Le GAO, General Accounting Office, confirmera en 1978 l'immigration d'anciens nazis sur le territoire américain et établira clairement que de nombreux obstacles seront semés pour entraver les enquêtes sur l'exode des cadres nazis et la collaboration américaine.
L'amendement Holtzman ira plus loin bien que ce même Congrès ait autorisé la CIA dès 1949 à "immigrer les nazis vitaux pour la sécurité nationale", c'est ce que nous explique Earlean M. McCarrick du Centre Wiesenthal : "In 1978 Congress adopted the Holtzman Amendment to the Immigration and Nationality Act, adding to the list of deportable aliens those who between March 1933 and May 1945 had assisted the government of Nazi Germany in persecuting individuals because of race, religion, national origin, or political opinion. In 1982 the House Judiciary Committee again requested a GAO investigation of allegations concerning the relationship between federal agencies and Nazi criminals. The 1985 GAO report verified that Nazi and Axis Collaborators Were Used to Further U.S. Anti-Communist Objectives in Europe-Some Immigrated to the United States... Some of the Nazi recruits were brought to the United States in violation of American immigration law, sometimes under special laws passed by Congress at the behest of the CIA (such as the 100 Persons Act of 1949, which authorized the CIA to admit 100 "otherwise inadmissible persons" who were "vital to national security") and sometimes under the regular immigration law or the DPA with the aid of CIA falsification of identities and sanitization of wartime records. Some eventually played a role in American politics, primarily through their participation in East European emigre organizations."

E.M. McCarrick mettra également en valeur un certain nombre de points que le Procès de Nuremberg, les agences américaines de contre espionnage et le Displaced Persons Act dissimuleront et nous rappellera l'outrageuse clémence de JJ Mc Cloy envers les plus riches et les plus savants criminels nazi : "(...) at the same time that the United States publicly participated in the Nuremberg prosecutions, officially initiated the policy of denazification in its zone of occupation, and excluded Nazis from its shores, it also secretly pursued a conflicting agenda. It competed with the USSR (as well as England) for Nazi scientists-not to try them for their criminal exploitation of concentration camp inmates as laboratory animals and as slave laborers but to lure them into service in American governmental programs. As first Operation Overcast and then Project Paperclip enticed Nazi scientists, American military intelligence also began to enlist Nazi intelligence personnel to obtain information about the Soviet Union and its Eastern European satellites... Resources initially used against Nazi criminals-for example, the Central Registry of War Criminals and Security Suspects (CROWCASS), established by the Allies to facilitate the identification and arrest of Nazi criminals, and the U.S. Army's Counter Intelligence Corps (CIC), initially assigned the task of tracking down those Nazis to be brought to trial-were diverted to cold war intrigues. Nazis, as the experienced government officials, industrialists, and bankers, were returned to power. Relatively few perpetrators, except for the big-name celebrities at Nuremberg, were both tried and punished. By 1950, with the beginning of the Korean War, the new High Commissioner of Germany John McCloy (who had administered, and even in the 1980s defended, America's wartime relocation program under which persons of Japanese ancestry were removed from the West Coast and confined in internment camps) appeased German demands and opted for clemency for many imprisoned Nazi criminals..." (American Anti-Nazism: A Cold War Casualty)

JJ McCloy - du clan Truman-Bush-Dulles - dévoilera à travers le droit, les lois et la justice, trois supports de l'hyper-activité capitaliste, de la guerre, de l'injustice sociale, du crime organisé mafieux et de la répression, le même caractère de dangerosité que son prédécesseur le banquier et industriel multimilliardaire Eugène Meyer, nommé à la tête de la Banque Mondiale (Juin 1946 - décembre 1946) par Harry Truman, artisan du show populiste national qui précèdera et accompagnera en 1948 le Displaced Persons Act.
L'histoire de Meyer est donc intéressante. Elle offre un regard panoramique similaire sur l'élitisme et le "bien naître" néo-eugéniste, la cooptation des dirigeants entre clans, la pénétrabilité des institutions par les affaires, la presse, la guerre, l'université, la banque, la religion, le fanatisme blanc. Meyer sera nommé par Edgar Hoover à la présidence du bureau des gouverneurs de la Federal Reserve entre 1930 et 1933; années de l'expansion du nazisme, de sa pénétration affairiste et intellectuelle, en Europe, en Amérique latine, aux Etats-Unis (le business et l'espionnage allemands d'avant 1914 favoriseront cette expansion) et de la collaboration des banques et de l'industrie US non sans l'impulsion de la Réserve américaine. Meyer acquièrera le Washington Post en 1933 et le Times-Hérald en 1954.
Autre caractère de dangerosité, Eugène Meyer est un expert en économie de guerre à crédit. Il conduira celle des Etats-Unis en 1917 et dirigera pour le président Wilson la War Finance Corporation créée en avril 1918 pour soutenir financièrement les entreprises et les banques américaines "qui auront le plus souffert" durant la guerre de 14-18 et dès 1919 le commerce américain à l'exportation jusqu'en juillet 1939.
Même double profile que John Jay McCloy, Robert Mac Namara, Alden W. Clausen, James Wolfhenson, Paul Wolfowitz à la présidence de la Banque Mondiale ou que Robert Zoellick.

15 –  "Offensive nationale populaire ou offensive régionale privée ?"

Mr. Alfred sera un privilégié - au prix du sang qu'il convient de payer pour la manifestation des capitalistes euroatlantistes - et finalement traité à l'égal d'un grand "professionnel" de bout en bout de son histoire avec Darlan à Vichy, à Alger, en Afrique impériale comme en françafrique. La BNCI libre de toute manoeuvre sous l'occupation sera blanchie comme tant d'autres banques. Le capital sous Vichy est bien libre de tout mouvement; Lacroix-Riz le confirmera en 2003 dans "Industriels et banquiers français sous l'Occupation" : "Dans aucun domaine (...) Vichy ne précéda le capital privé. Il cautionna des décisions arrêtées en dehors de lui [...]."Le message est sans ambiguité.
Lacroix-Riz écrira à propos d'Alfred Pose : "Après l’assassinat, le 24 décembre 1942, de Darlan, auquel furent mêlés les gaullistes, Washington revint vers Giraud, fugace second de De Gaulle au Comité français de libération nationale (CFLN) fondé le 3 juin 1943. Au général vichyste s’étaient ralliés, surtout depuis Stalingrad, hauts fonctionnaires (tel Maurice Couve de Murville, directeur des finances extérieures et des changes de Vichy) et industriels (tel l’ancien cagoulard Lemaigre-Dubreuil, des huiles Lesieur et du Printemps, qui jouait depuis 1941 sur les tableaux allemand et américain) et banquiers collaborateurs (tel Alfred Pose, directeur général de la Banque nationale pour le commerce et l’industrie, féal de Darlan)". ("Quand les Américains voulaient gouverner la France")

Le Parti Populaire Français (PPF, parti fasciste) financé par le grand patronat (dont la BNCI) est également au centre du dispositif conspirationniste des synarques polyvalents "service-trahison", "agents du complot de la défaite française de 1940", puis agents du complot dirigé "contre les tendances socialistes de la revolution nationale et du pétainisme, en vue, selon Rochebrune-Hazara, de protéger les intérêts économiques étrangers, en particuliers juifs et anglo-saxons"; des synarques comme Pierre Pucheu du Comité des Forges, ex-Croix de feu (industriel - gérant de Japy pour Worms -, ministre de la production et de l'intérieur de Pétain, créateur de sections spéciales anti terroristes GMR et "Mr.guillotine" en 1941, exterminateur de résistants et de cadres communistes (Grenier), exécuté à Alger en mars 1944) ou comme Gabriel Leroy-Ladurie, directeur de la Banque Worms "épine dorsale de la synarchie" (Lacroix-Riz), "éminence grise de la synarchie" (Rochebrune-Hazara); Kuisel, de son côté, ne croira guère au complot synarchique. Seront également financiers du PPF " les banques Verne, Rothschild, Dreyfus, Lazard, la BNCI et la banque d’Indochine ». (French fascism : the second wave (1933-1939), Soucy).
Pour ma part j'opterai pour la découverte du complot synarchique pour la défaite de 1940 de Lacroix-Riz qui dévoile également à "quel point l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie étaient implantées en France, par des réseaux économiques, une araignée qui tisse sa toile en prévision de la défaite... il y a ce fameux Comité des Forges, et son dirigeant, François de Wendel...". ("Comment de 1918 à 1939 les élites françaises ont fait le choix de la défaite", questions/commentaires de JC.Grellety (Vox Populi), entretien avec Annie Lacroix-Riz, 2006).
Des propos indissociables de ceux sur le crime de collaboration et l'absence de justice post conflit sur la base du maintien du statu-quo économique. Ils confirmeront, pour ceux qui en douteraient encore, le caractère profondément corruptif, conspirationniste et liberticide des années 1930; les options criminogènes des politiques de partis, des relais d'affaires civilo-militarisés conduisant aujourd'hui l'idéologie de la richesse aux couloirs de l'Otan, à Riga, et les démunis du tiers et du quart monde à l'abandon des favelas. Cette critique de la puissance politique du patronat confortera celle du processus historique de la mutilation de l'autonomie et du processus non moins irréversible pour l'homme du suréquipement en forme marchandise ("J'entends par convivialité l'inverse de la productivité industrielle", Ivan Illich).

L'historien Hubert Bonin qui montrera une prudence toute scientifique à l'égard du système bancaire franco-allemand (1900-1970) n'évitera pas cette "neutralité" qui finit par fondre le sens critique dans l'attitude "professionnaliste" de la banque sous l'occupation qu'il observe, et bien entendu par nourrir une tendance au "compromis" victimisant ou déculpabilisant, à tort, la profession bancaire. Bonin évoquera toutefois dans plusieurs documents, notamment dans : "Peut-on imaginer des banquiers patriotes et résistants (1940-1944) ?", la position résolument collaborationniste de la BNCI (CCF, Paribas - et son réseau de partenaires allemands et autrichiens pro-nazis -, la Société Générale) et d'Alfred Pose.
"Bref, écrit Bonnin spécialiste français de la banque, une forme de « professionnalisme » l’aurait emporté dans plusieurs banques sur toute implication dans le vichysme ou le collaborationnisme. Une remarque paraît intéressante, que nous avons dénichée chez Philippe Burrin : « D’autres opérations [franco-allemandes] engagent tout simplement l’avenir, et il faut ici donner quitus au Comptoir national d’escompte, la seule grande banque à s’en être abstenue. » Nous n’avons pas (encore) trouvé dans les archives du Cnep d’explication à ce non-engagement dans de telles affaires. Mais c’est un indice d’une attitude partagée par plusieurs banques, face au collaborationnisme déclaré de plusieurs dirigeants éminents de Paribas, du Ccf, de la Bnci et du président de la Société générale. Le monde des banquiers n’est pas homogène, lui non plus, et il est traversé de courants et de sensibilités, comme le décrit Charles Rist quand il analyse l’opinion de ses collègues membres du conseil d’administration de plusieurs établissements : les attentistes et les partisans d’une victoire des Alliés sont tout de même majoritaires face aux anticommunistes et proallemands virulents. Le maintien des flux d’activité de leur banque, au nom du « professionnalisme », ne se confond pas avec une impulsion à tout prix des intérêts de la maison telle qu’elle est mise en oeuvre par Alfred Pose à la Bnci et par Laurent-Atthalin à Paribas, notamment..." (Bonin, 2005).

Les vues de Renaud de Rochebrune et de Jean Claude Hazera sur la BNCI et les banques françaises sous l'occupation sont également des plus intéressantes.
"Entre avril 1941 et octobre 1943, certaines banques dont la Société Générale - les autres sont le Crédit Lyonnais, la BNCI et l'Aerobank allemande - réussissent à se brancher sur le circuit du "clearing", un des principaux modes de pillage de l'économie française par l'occupant... Quand une entreprise française exporte des produits en Allemagne, l'Office des changes doit verser le montant de la facture à l'une de ces banques qui est chargée de régler l'exportateur. Or il suffit qu'il manque un coup de tampon sur les justificatifs de l'entreprise, cas qui sera fréquent, pour que la banque y trouve son intérêt... en conservant l'argent pendant quelques temps. L'inventeur de ce système qui est à rechercher du côté des banques... voulait manifestement créer une rente pour les établissements financiers concernés sous prétexte de faciliter la vie des exportateurs....(notons encore) que les entreprises françaises exportant vers l'Allemagne ne sont pas payées en marks mais reçoivent la contre-valeur de leur facture en francs après présentation d'un justificatif de livraison. Dans la mesure où le courant inverse d'exportation allemand vers la France est très faible, c'est une manière de faire payer au Trésor français encombré de marks sans véritable de pouvoir d'achat mais tenu de débourser des francs, une partie du pillage de la France par l'occupant. En se branchant sur ce circuit les trois banques françaises (Société Générale, Crédit Lyonnais, BNCI) n'accroissent donc pas le pillage mais elles en profitent, aux dépens des entreprises..." ("Les patrons sous l'occupation", 1995)

"Le 22 novembre 1940, écriront encore De Rochebrune et Hazera, le comité d'organisation des banques, en sa huitième séance, s'attardera sur le cas de la BNCI, grande banque parisienne mise en cause pour l'ouverture de guichets sans autorisation..."
Il ne s'agira pas d'une réprimande patriotique du comité d'organisation des banques mais d'un calcul marchand. La concurrence, en effet, est rude. Il convient de savoir si le lobby des banques pétainistes développera une offensive nationale populaire comme celle du Crédit Agricole ou une offensive régionale purement privée selon le découpage territorial de la clientèle de 1936. La BNCI dispose en 1940 de 407 bureaux, agences ou succursales.

En avril 2005 Jean Monnage rappellera dans sa très courageuse "critique familiale" du "milieu français" chargé par la gestapo des opérations punitives contre les résistants et les maquisards, des interrogatoires et des tortures : "Un du 93 rue Lauriston, des fortifs au "milieu", du "milieu" à la gestapo, de la gestapo au poteau" que le Pc de la Légion nord-africaine chargée des opérations répressives de la gestapo à Périgueux était la BNCI (mai 1944) : "Monange quitta Tulle, à la fin mai 1944, sur l’ordre de Lafont pour arriver à Périgueux, pour prendre le commandement de la légion nord-africaine, comme lieutenant, en remplacement de Villaplana. Son arrivée à Périgueux a été marquée par une plus grande activité dans la lutte contre la résistance par des opérations menées par la légion ou la police allemande. Le Pc de la légion était situé au siège de la BNCI de Périgueux, tous les témoins entendus indiquent que le chef était le lieutenant Raymond (pdf)."

. "En 1948/ 1949, un employé de la "Morgan Guaranty Trust" qui travaillait à Londres devenu aujourd'hui l'un des responsables d'une banque américaine de la place de Paris, évoque son activité de l'époque (Morgan Guaranty Trust est alors en affaire avec la BNCI laquelle est en pleine expansion africaine et méditerranéenne, la BNCI ouvre une filiale à Beyrouth en 1944 , à Damas en 1945, à Alep et à Latakia (Syrie) en 1946, au caire en 1946, via le Crédit foncier d'Orient, à léopoldville-Congo Kinshasa en 1950 via la Société congolaise de banque, à Téhéréan en 1958 via la banque Eteborate, Maroc, Tunisie, Congo-Brazzaville, Cameroun, Nigéria, Côte d'Ivoire, Sénégal, Madagascar, La Réunion, etc...) : "Un pactole de trois millions de dollars (près d'un milliard et demi d'anciens francs) avait été amassé à Londres par le B.C.R.A. (Bureau central de renseignements gaulliste) en dehors de toute comptabilité officielle et réparti dans différentes banques britanniques, en particulier la " Morgan" et la "Barclays Bank".Mon travail officiel à la « Morgan Guaranty Trust » consistait en la visite de nos succursales " d'Europe continentale". A l'occasion de ces visites, je rapatriais en France et en Suisse des devises fortes que je remettais à des personnes de confiance du Service d'Ordre du R.P.F.La sortie d'Angleterre - malgré un régime sévère - ne posait aucun problème car nous étions couverts par l'Intelligence Service... Cette masse financière permit au S.O. du R.P.F. de s'équiper de belle façon. Selon Claude Angeli et Paul Gillet ("La Police dans la Politique" Grasset Paris) il..." comprenait 16.000 hommes, plus un certain nombre difficilement appréciable de nervis recrutés dans le Midi et des effectifs relativement importants dépendant du ministère de la Défense Nationale".
"Ma propre enquête, écrira Charoff, effectuée directement auprès des intéressés, donne des résultats à peu près identiques mais permet de cerner avec plus de précision le nombre des marginaux récupérés et la répartition très inégale de ces forces par régions. C'est ainsi que l'Est et le Midi de la France constituent de véritables pépinières pour le S.0. du R.P.F. dont les actions se situent, dans le meilleur des cas, à la limite extrême de la légalité..."Nous avions besoin d'hommes sûrs, dira Claude-Laurent Massiani, l'un des recruteurs, décidés ayant fait leurs preuves, alors on ne pouvait pas se permettre d’être trop regardants.Si le gars était qualifié, pas de problèmes. S'il était vraiment trop marqué dans la région, et c'était souvent le cas pour les mecs de Sabiani, on lui établissait un certificat de Résistance sur un réseau bidon, où les archives étaient incontrôlables, et on l'expédiait dans une autre ville. Pour ce que nous coûtaient les certificats de Résistance ! Ils étaient imprimés en Belgique et on les recevait par rames entières... ("Dossier B... comme barbouzes" de Patrice Charoff).

16 –  "Modestie devant les faits " et "esprit sportif"


l les valeurs de la Bourse de Moscou

Mr Alfred et ses collaborateurs, on s'en doute, ne seront pas harcelés ou persécutés par les polices, les services secrets français et alliés dans le continuum d'action/répression du débarquement allié en Algérie et au Maroc de novembre 1942. Darlan à la tête du gouvernement de Pétain de février 1941 à avril 1942 ne sera jamais jugé pour crime de collaboration ou pour crime contre l'humanité.
Mr Alfred et ses collaborateurs ne seront pas davantage inquiétés après l'assassinat de Darlan en décembre 1942. Leur sort est enviable; à la différence de celui des fusillés d'office ou jugés partialement et reconnus coupables de trahison. Rappelons que Bonnier de la Chapelle, bras armé de l'attentat, sera réhabilité en décembre 1945 par un arrêt de la Chambre de Révision de la Cour d'Appel d'Alger qui déclarera que l'assassin avait agi dans l'intérêt de la libération de la France alors que Darlan avait agi contre les intérêts de la France; l'histoire parle, l'on n'attendait pas moins, au fond, pour confirmer ce que tout le monde sait de la Libération et de la collaboration vichyste "bipartisanne", pro-allemande et pro-américaine, métropolitaine et algéroise, de la justice politico-entrepreneuriale, des "amis américains", du révisionnisme...

Remarquons maintenant, en terme de psychiatrie criminelle, que Mr. Alfred semble doté de ce trait de caractère obsessif, spéculatif et opératif, propre aux idéologues des affaires, aux théoriciens de la monnaie et aux compétiteurs boursiers; un caractère qui confère toujours une grande dangerosité aux banques centrales, d'investissement ou de commerce françaises, américaines, japonaises ou allemandes. La plupart de ces établissements sont en effet dirigés par des intellectuels issus d'un processus théorique, juridique et politique, parfois religieux, bipartisan ou multipartisan, professionnaliste, conçu pour produire des élites spécialistes de l'enrichissement et de l'endettement stratégiques, de l'économie de guerre à crédit, à la fois opportunistes, attentistes et collaborationnistes, anti-Etat, anti-parlementaristes, antidémocratiques, bien entendu anti-socialistes et anti-décroissantes. Des hommes maîtres d’un double processus de désaffiliation avec le monde commun et d’affiliation à un monde résolument à part, "le business transnational". Le pouvoir de transmission ou initiateur restant définitivement entre les mains des initiants cooptés... Ainsi définis les "bourreaux sironiens" utilisent bien "un principe initiatique universel" tandis que les suppliciés, l'employé de base, l'homme social, le christo-consommateur, l'exclu, ne débouchent sur aucune piste, voie, transformation. Les fuyards sont bien retenus prisonniers et les opposants affaiblis, incapables désormais de penser l’intentionalité qui sous-tend les actes de leurs agresseurs, transformés en soldats. Le soldat aura au final droit de tuer, gage de son affiliation nouvelle, de remplir des missions spéciales y compris contre ses anciens amis, signe d'appartenance à un groupe d'élite... (Dispositifs de guerre et suppliciés).
Cette "spécificité caractérielle" complexe nourrira bien des processus criminels historiques (les déportations, les internements, l'Holocauste) et se lira tant dans la personnalité des stratèges criminels économiques de la seconde guerre que dans celle des stratèges des méga-organisations financières, juridiques, commerciales, militaires, internationales contemporaines comme le F.M.I., la BIRD-Banque Mondiale, l'OMC, l'OMD ou la Banque Asiatique ou Africaine de Développement (BAD), l'OTAN.
De ce fait, la dangerosité de Mr. Alfred n'est guère différente, essentiellement ou substantifiquement, de celle des personnalités institutionnalisées "cooptées par le système" comme Robert Zoellick (B.M., Goldman Sachs), Peter D. Sutherland (Godman Sachs, OMC), Marshall N. Carter (NYSE Euronext, Federal Reserve), Nobuo Kuroyanagi (The Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ,Ltd., BAD), Jacques de la Rosière (FMI, BNP-Paribas, Power Corporation of Canada), Pascal Lamy (OMC), Michel Danet (OMD), Ben Bernanke (Federal Reserve), Pierre Lelouche (OTAN), etc... Les conséquences de leurs programmes et de leurs décisions se lisent chaque jour dans le monde émergent mourrant.

Cette dangerosité et cette forme d'aliéniation criminelle seront accrues avec le retour de l'autoritarisme, du militarisme du "Bloc national" incluant les fascistes (1919-1924), les peurs millénaristes liées à la victoire du "cartel des gauches" (1924-1926), la fronde anti-parlementariste qui secoue la France au sortir de la crise de 1931 (issue du crash de 1929 et, une fois de plus, de la politique ou des malversations de la Réserve Fédérale américaine), le tumulte des escroqueries bancaires, politiques et financières : Hanau, haro sur les gauches et "l'anticonformisme" (1928/32), Oustric, chute du gvt Tardieu (1930), Stavisky, chute du gvt Chautemps (1934), la montée des idéologies extrême-droitistes nationalistes, monarchistes et cléricales de 1934 conduisant à la pénalisation-criminalisation des forces de gauches, du PCF notamment, ainsi qu'au stérile gouvernement d'Union nationale de Doumergue-Herriot-Tardieu (ou siègeront également Pétain et Laval).
Mr Alfred, autocrate méthodiste du business bancaire frappé d'incapacité dolosive, élaborera le fondement de "sa restauration" sur une base d'action personnaliste (proche de celle qu'il prône aux chefs d'Etat "qui ne sont pas conçus pour penser mais pour agir", "Philosophie du pouvoir", 1948) et tissera sa toile du côté des PME-PMI franco-allemandes - "promesses" du modèle bancaire franco-allemand -, des élus franco-allemands, de la population régionale franco-allemande du Reichland d'Alsace-Lorraine qui depuis 1887 travaillent avec le Comptoire d'Escompte de Mulhouse (CEM) germanisé lors de "l'annexion" de l'Alsace-Lorrainne et la BNC, héritage capitaliste sur lequel il fondera la BNCI. Lors d'un discours à ses directeurs d'agence des années 1930 il dévoilera son sens très aigu de "l'innovation" et de la "compétitivité" et, à la japonaise, un goût non moins stratégique pour "la modestie devant les faits" et "l'esprit sportif".

Son souhait récurrent de recueillir l'élite de la profession bancaire ne vaut pas moins que celui des banquiers investisseurs-spéculateurs américains, aliénés méconnus, délinquants, violents, xénophobes et autoritaires, exigeant l'absolue abnégation-soumission de leurs employés au nom de "l'alacrité". Stéphanie Fontenoy évoquera dans "Goldman Sachs à la tête du pouvoir" le pouvoir des recruteurs américains sur les "innocentes créatures" (ndlr) broyées par la règle du "non-je...". La règle de l'ascèse est simple : "gros salaire-pas d'égo !" Tentation opusienne...
Mr. Alfred, irresponsable pénalement et politiquement, cultivera de toute évidence cette même ambivalence entrepreneuriale, obsessive, qui se traduira par une absence totale de scrupule envers les conventions humaines et l'homme dans les affaires tout en se voulant proche d'elles et de lui en interne; sermon de l'abbé dominicain ou fransiscain des années 1930 sur la sainte tradition du silence, de la miséricorde et de la pauvreté qui, dans un même temps, spéculerait sur la victoire du bloc national fascisant ou la restauration monarchiste, les valeurs "du modèle bancaire allemand" garantissant de "gros profits" tout en vociférant, du soir au matin, contre le cartel des gauches, le front populaire ou "la victoire des bolchéviques".
Diplômé de H.E.C., agrégé de droit (science économique), très au fait des doctrines, des traitements comptables allemands et des techniques commerciales américaines Mr Alfred sait également qu'il évolue dans une phase bancaire révolutionnaire (la seconde révolution bancaire, dira Bonin, de 1860 à 1950) qui établit clairement que c'est aux banques nouvelles de créer leur environnement concurrentiel.
Mr. Alfred spécialiste de la vie régionale franco-allemande, des besoins des PME en crédit (tout comme le CNEP), de la vie politique, a déjà recomposé la territorialité franco (-allemande) concurrentielle. Les banques d'hier étaient des banques locales et régionales - une nuée à racheter (Pas-de-calais, Gironde, Charente, Drôme, Somme, Saône et Loire, Loire-Alantique, Seine-Maritime, Corrèze, Côte d'Or, Var, Aveyron...), une des activités de la BNCI et du CNEP, au service de la petite bourgeoisie, de la gestion du patrimoine et de la petite entreprise - pas encore de la paysannerie "rivée à la thésaurisation en espèce" et se passant des banques. "Une catégorie sociale, dira Coussement-Ichou, qui ne sera pas représentée dans la structure de la BNCI."
Mr. Alfred sait ce qu'est une marque de fabrique et connaît le pouvoir limitatif du nom de la banque familiale sur la clientèle dont il souhaite moderniser l'approche et la confiance. Il sait également qu'il ne pourra accéder au premier cercle des grandes banques franco-européennes (Société Générale, Crédit Lyonnais, Paribas, BUP, CNEP) qu'en insufflant à l’économie tertiaire et bancaire une partie des concepts de la révolution managériale déployée autour de la rationalisation, de la division et de la spécialisation du travail - très proche en cela de Ford et de Taylor (Bonin, Coussement-Ichou). Il féminise, divise et rationnalise. D'un côté le commercial et de l'autre le traitement administratif. En fait Mr Alfred crée 6 (à 8) régions administratives : Angers, Avignon, Bordeaux (Pyrénées Atlantique), Lille, Lyon, Nancy où sont centralisés les traitements de toutes les opérations à l'aide des dernières machines électro-comptables; stratégie commerciale de la rationalité bancaire française. Mr.Alfred tient compte des difficultés du CEM d'Alsace-Lorraine "banque allemande" critiquée du fait de sa "germanité" dans les régions franco-françaises et transmuée pour l'occasion en BNC, Banque Nationale de Crédit
Il faudra 20 ans, sans interruption, écrira Bonin, pour étayer le dispositif "révolutionnaire" couplé à une politique d'investissement spécifique (achat de matériel et rachat de banques régionales), 1930 à 1950, fin de la seconde révolution bancaire. Au nom de famille, réflexe bourgeois d'ancien régime, Mr. Alfred préfèrera la rationalité de la "nationalité" (tout comme Hitler préfèrera le principe national et l'honneur au juge et au droit formel au temps du procès des criminels de guerre de Leipzich, la suprématie aryenne aux races inférieures, l'espace vital aux droits des nations) et l'efficace de l'impact psychologique des nouvelles normes commerciales de la séduction et de la publicité, clefs du néolibéralisme, sur la clientèle héritière de l'ancien empire colonial.
Mr. Alfred soutiendra le jeu supraétatique joué par la plupart des acteurs civils et militaires au pouvoir, tout au long de la collaboration, de la guerre et de la résistance, celui du capitalisme, de Pétain, de Darlan, de Giraud, de De Gaulle et qui se résumera à refuser l'indépendance aux colonies pour d'évidentes raisons économiques et politiques, jeu qui se soldera par la stratégie gaullienne des belles promesses d'indépendance et par Foccart à l'Elysée. Une stratégie gigogne de voyous d'avenir d'autant que les premières agences de la BNCI en 1932 verront le jour sur les terres régionales prometteuses, commercialement parlant, d'Alsace-Lorrainne.
Cette stratégie du choix de la nationalité française ou "inspirer confiance à l'industrie et au commerce national franco-allemand" à travers un inépuisable réseau de guichets, d'affiches et de promotions incitatives s'opposant à l'aventurisme spéculatif de type panaméen - créer les conditions de la concurrence, impulsion quasi idéologique, militaire, étatique et bien évidemment vitaliste - permettra d'investir en toute sécurité avec l'aval des pouvoirs sans la critique du peuple, la nouvelle clientèle (moteur de la production selon Mr. Alfred) et les employés, dans l'économie française et allemande - à l'instar du CEM depuis 1887 et de la BNC jusqu'à son effondrement en 1932 -, ce, durant le temps de l'expansion du NSDAP, du réarmement allemand et de l'ascencion d'Hitler à la chancellerie en janvier 1933.
Ce ne sera donc pas une grande surprise pour Mr. Alfred quand en novembre 1940 la Dresdner Bank prendra "le contrôle" des agences BNCI de Nancy, de Mulhouse ou de Strasbourg (Dresdner Bank aujourd'hui partenaire de BNP-Paribas sera reconnue "banque SS" en 2006 par sa direction tout en ayant financé ses propres historiens; pratique très répandue permettant bien entendu tous les révisionnismes entrepreneuriaux et que condamne fermement Lacroix-Riz).
La Dresdner Bank qui faisait de la promotion en France dans les années 1930 sur la rationalisation, les machines à statistiquer, sera nationalisée par l'Etat allemand en 1932 après son effondrement lié à la crise de 1931 puis privatisée-aryanisée par le IIIème Reich avant de devenir un fer de lance dans l'économie nazie. Pas davantage de surprise, également, quand le Reich fournira à nombre de filiales de la BNCI commissaires allemands et administrateurs provisoires. "De l'esprit sportif, suggèrera Mr. Alfred à ses directeurs de 1930, de la modestie devant les faits..."
L'Alsace-Lorraine à travers notamment la Banque d'Alsace-Lorraine, BAL, et la Sogenal "Société générale alsacienne de banque germanisée Allgemeine Elsässische Banggesellschaft : "fruit d’une nécessité politique et diplomatique après que l’Alsace-Lorraine ait été rattachée au Second Reich allemand et banque régionale européenne au sein de l’économie bancaire germanique fortement décentralisée, en lien (discret) entre « la France de l’intérieur » et l’outre-Rhin", jusqu'en Autriche, écrira Bonin, est une banque que Mr. Alfred connaît très bien puisqu'il y travaillera (en tant que directeur des études, ndlr) avant de conduire la BNCI".
La BAL et la Sogenal serviront également "de tête de pont, écrira encore Bonin, au transfert de capital d’expérience et de technologie de l’Allemagne vers la France dans le domaine des techniques de mécanisation comptable. Une économie industrielle de la mécanisation comptable se structurera, en effet, au tournant des années 1930, grâce en partie aux débouchés financiers. Les banques, avec 23 unités, et les compagnies d’assurances, avec 50 unités. Banques et assurances détiendront ainsi presque un tiers des 268 équipements mécanographiques allemands installés en France en mars 1933; en mars 1933 sera également scellé l’accord franco-allemand qui prévoit de solder les dettes allemandes en devises vis-à-vis des banques françaises grâce aux revenus des exportations (charbons, denrées) vers la France.
Il est donc quasiment impossible pour un capitaliste de métier "franco-allemand" - dont l'enrichissement et l'expansion en terrain concurrentiel dépendent de la maîtrise des informations (plus encore quand son objectif consiste en la création de l'environnement concurrentiel), des études de marché, des langues, des technologies, des réseaux d'affaires interdépendants, des politiques, des religions, des oppositions - d'ignorer l'aspect proprement liberticide et homicide des années 1930 et en particulier de cette année 1933, année de l'incendie du Reichstag. Impossible pour un authentique capitaliste "franco-allemand" agissant en profondeur, territorialement, politiquement et socialement, d'ignorer l'appareil répressif nazi, le harcèlement des minorités, des communistes et des juifs. Impossible de "faire des affaires" transfrontalières ou transnationales, Bonin, le dit à mots couverts, Lacroix-Riz ou encore Brenner, le confirment à haute voix (y compris entre nazis et juifs), sans contribuer activement, explicitement, au processus historique, politique, social, intellectuel, juridique, culturel de la répression policière politique nazie, sans collaborer à tout le moins indirectement mais en toute conscience à son installation et à son irrémédiable développement.
Cette année 1933, riche en promesses entrepreneuriales franco-allemandes, en reprises et en croissance, sera également celle de l'ouverture des premiers camps d'internement relevant de la Gestapo, des S.A. ou des S.S. : Bergkamen, Boergermoor, Branderburg-Havel, Brauweiler, Bredaw, Esterwegen-Hummling, Kuhberg-Ulm, Lichtenburg, Morringen-Solling, Hamburg-Fuhlsbuttel, Hamburg-Wittmoor, Hammerstein, Heuberg, Burg Hohenstein, Kemma Wuppertal-Barmen, Sachsenburg, Sonnenburg-Neumark... Il est probable que, pour cette période, le nombre de ces camps ait été supérieur à quarante cinq.

Fidèle à l'idéal de "sportivité" et de "modestie devant les faits" des années 1930 - la montée du nazisme ne pouvant être un obstacle dans la course de la BNCI au 1er cercle des grandes banques françaises et sans doute franco-européennes -, Mr. Alfred "théoricien de la révolution" après avoir enrichi la BNCI sous l'occupation en Europe, en Afrique, au Levant, dans l'Océan Indien et conspiré contre son employeur Darlan "l'expédient provisoire" (US), deviendra le "ministre des finances" de son successeur, le général Giraud (dont il aurait rejoint le camp en octobre 1942; une alliance que lui aurait reproché Pierre Cathala, ministre des finances de Vichy en janvier 1943, redoutant une crise de confiance dans le réseau des banques parisiennes et des grands actionnaires); Giraud homme de main de Roosevelt et d'Eisenhower en Afrique du nord française qui maintiendra les lois d'exclusion, y compris celles frappant les enfants, et les camps d'internement des suds algérien et marocain et "second Franco... entouré de vichystes, de banques et de trusts" selon Frenay (Belot).

"Mr.Alfred",... une autre façon d'intégrer, discrètement, les conditions du jeu politique résolument homicide de la collaboration et du gaullisme sous le masque de la maîtrise de l'environnement concurrentiel industriel et commercial, du leadership bancaire transnational et des ressources exploitables sur les continents africain et européen "libérés".

Notons encore, d'après les documents web de Geoffroy d'Astier, que si le complot monarchiste contre Darlan avait réussi, Mr. Alfred, en bon stratège de l'oppression moderne, était pressenti ministre des finances du comte de Paris, chef du gouvernement et ministre d'Etat, De Gaulle : adjoint du prince, Giraud: ministre de la guerre, Henri d'Astier : ministre de l'intérieur, et Jacquet son ex-directeur de cabinet sous Darlan (adjoint administratif aux finances): ministre de la Justice.
"Le 16 janvier (1943), le juge Voituriez rencontre Giraud et Bergeret (ex-collaborateur de Darlan et adjoint de Giraud, ndlr) pour leur faire part de son intention de faire arrêter Alfred Pose et Marc Jacquet dont l'implication dans l'attentat ne fait aucun doute. A sa grande stupéfaction, Bergeret lui dit: "Le général Giraud désire que vous retiriez votre référé et que vous ne mettiez en cause ni Pose ni Jacquet. Nous savons bien qu'ils sont coupables, mais il existe des considérations supérieures à la justice et nous devons, nous, en tenir compte." Et le général Giraud ajoute : "C'est Monsieur Pose et sa banque qui alimentent financièrement mon gouvernement. Je ne puis me passer de lui." Puis Giraud demande au juge de suspendre son enquête, il estime que le général de Gaulle n'est pour rien dans l'assassinat de Darlan : "Les services spéciaux américains ont examiné votre dossier avec le général Bergeret. Ils sont maintenant convaincus que la collusion entre le comte de Paris et de Gaulle est le fait du hasard, qu'en réalité le but des conjurés était bien, à l'origine, la restauration de la monarchie, et que l'ensemble a été organisé à Alger. (Albert Voituriez. L'affaire Darlan. L'instruction judiciaire. Lattès, 1980)".


« Fin »
en toute solidarité et fraternité décroissantes, pour la sortie de l'économie et l'objection de croissance,
C.Pose, 17 août 2007




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Crédit documentaire web solidaire
Algérie 1992-2006 "Résister à l’effacement de la mémoire des disparus"

HSBC, première banque d'Europe autorisée à s'installer en Algérie
"Le Conseil de la Monnaie et du Crédit (CMC) vient d'autoriser la banque britannique HSBC-Hong-Kong and Shangai Banking à s'installer en Algérie devenant ainsi la treizième banque étrangère à activer dans le pays. Le capital social de cette banque, qui est fixé au départ à 2,5 milliards de DA, sera relevé à 3,67 milliards de DA à sa troisième année de présence active sur le marché algérien. Le CMC souligne qu'il a accordé une attention sur l'origine des capitaux, dans le cadre de la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme » et qu'il a « examiné, d'abord, la qualité de l'actionnariat..." (Blog de Benchicou)
Commentaire
"Il serait intéressant que la presse algérienne fasse des investigations pour savoir combien coûte au Trésor algérien l’investissement de 1 euro étranger en Algérie. Le manque de transparence - comme pour la vente des 70% de El Hadjar dont il faudra un jour qu’une commission d’enquête révèle les dessous - montrera à l’évidence qu’il en coûte à l’Algérie près de 2 € pour chaque euro investi dans le pays. (...) Pour flatter l’ego de Temmar and co. qui veut à tout prix montrer qu’il attire les investisseurs, l’Algérie se ruine totalement." (Akim — 27 mai, 2007)
Khalida Toumi se plaint de ce blog auprès de Zerhouni

Dossier Algérie 1992 - 2006

Les grandes banques internationales arrivent, Le Quotidien d'Oran
"Les années 2006 et 2007 seront, selon Benkhalfa, «des années d’expansion du réseau bancaire avec l’arrivée de nouveaux acteurs, parallèlement à la modernisation des systèmes de paiement». Il fait part d’un faible niveau de bancarisation au niveau de la banque de détail, celle destinée à la clientèle la plus large. L’élargissement de la place financière d’Alger par l’installation de banques étrangères, et de surcroît de renommée internationale, vient à point pour, comme le note le délégué général de l’ABEF, «corriger le gap existant en matière de bancarisation». Il fait part de l’existence actuellement de 1.200 points bancaires pour 31 millions d’habitants, soit une agence pour 29.000 habitants. L’idéal pour lui est «d’arriver à une agence pour 15 000 habitants..." (notre critique de "l'unification de Bagdhad" dans "Economies de guerre à crédit, sang des martyrs", C.P.)
--- L’Algérie s’est enfoncée dans la corruption par Faouzia Ababsa (La Tribune, 27/09/07)
"La grande corruption dans les transactions commerciales internationales prend des proportions de plus en plus inquiétantes, l'Algérie est devenue un «acteur» important de ce type de corruption, et ce n'est pas un hasard si 4 principaux fournisseurs de l'Algérie - l'Allemagne, le Canada, l'Italie et le Japon (membres du G 8) - n'ont toujours pas ratifié la Convention des Nations unies contre la corruption !" (adoptée le 31 octobre 2003, 140 pays signataires, ratifiée par 80 pays... (C.P.)
Commentaire
"(...) la tragédie algérienne d’aujourd’hui n’est que le prolongement de la triste comédie populaire de “Dechra Ghir Hak”. De mal en pis, et de pis en pis encore en attendant des noirceurs plus ténébreuses, notre pays va droit vers des crises plus poignantes et nul ne pourra prédire les conséquenses qui en découleront à l’avenir.Tout est mal géré chez nous au point ou il faudrait s’interroger si nos gouvernants ne font pas recours à des modes de corruptibilité pour exister d’abord et s’affirmer ensuite... être prédisposé à systémiser la corruption à travers les circuits financiers nourrisant et garantissant la viabilité d’un système." (Malcolm S)
Violations des droits humains - Disparus
Violations des droits humains - Tortures  
Massacres - Exécutions sommaires
Les disparitions forcées en Algérie : un crime qui perdure
"La loi « pour la réconciliation nationale et la paix » promulguée en février 2006 prévoit une prise en charge à condition que les familles concernées abandonnent toute poursuite judiciaire et s’engagent à ne plus porter plainte. Et en pratique, les pressions sont encore plus fortes, puisque certaines familles sont contraintes de signer des formulaires attestant que leur parent disparu a été enlevé par des « terroristes » ou qu’il a « rejoint les maquis». Plus grave encore, que leur parent est mort au cours d’un accrochage avec les services de sécurité. Pourtant, de l’aveu même de certains responsables politiques, beaucoup de familles refusent ces compensations et continuent de lutter pour que le sort de leurs parents disparus soit dévoilé et que justice soit faite..."
Ordonnance n°06-01 du 28 Moharram 1427 correspondant au 27 février 2006 portant mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale

Egalement
Le Tribunal permanent des Peuples accuse les transnationales de violation des droits humains par João Pedro Stedile
Un tribunal (pénal) international pour les sociétés transnationales ?


NOTES Le "syndrome Sutherland"

(1) INDUSTRIELS ET BANQUIERS SOUS L’OCCUPATION, LA COLLABORATION ÉCONOMIQUE AVEC LE REICH ET VICHY, DE ANNIE LACROIX-RIZ - ATTAC Landes, Historiens sous influence Qui « écrit » l'Histoire ? Par Paul Labarique et le site de LACROIX-RIZ
(2) Les Empreintes des Machines à Affranchir de cette période
(3) Passeurs de comptes : en contournant les lois allemandes en 1940, certaines banques alsaciennes ont sauvé des comptes juifs de la spoliation systématique... pas la BNCI
(4) Ref. BANQUE NATIONALE POUR LE COMMERCE ET L'INDUSTRIE - BNCI et "la CDC sous l'occupation"
(5) Avenir du secteur bancaire et financier, pages O1517 et 01518, rapport de l'assemblée nationale, 17 février 1999,
(6)IRAK : plainte contre BNP-Paribas et AWB
-The Oil-for-Food Scandal – the Canadian Connection : "BNP Paribas is actually controlled by Power Corporation, an appropriately named Canadian company that has a shocking track record of 'business' relationships with the worst gangsters and tyrannical regimes in the world..."
- Les tentacules de Power Corporation
"Devant un sous-comité du Congrès Américain, le chef de la direction de la BNP-Paribas en Amérique du Nord, M. Everett Schenk, avoua en avril 2005 que sa banque avait effectué 403 paiements à des tierces parties qui ne figuraient pas sur la liste des compagnies contractantes autorisées par l’ONU à livrer des biens humanitaires en Irak. “ Les erreurs sont peut-être inévitables”, plaida Schenk au sujet de ces paiements qui “ n’auraient pas dû avoir lieu”, dont la valeur totale s’élève à 470 millions$."
- Paul Desmarais and corruption from Canada Extensive connections to BNP Paribas, a French bank that had been handpicked by the UN in 1996 to broker the Oil-for-Food program
- Canada's global connections
- INTERNATIONAL MAN OF MYSTERY : Who is Maurice Strong ?
(7) LES DÉBUTS DE LA BANQUE MONDIALE : 1946—1962
(8) "Les mutations du traitement des données comptables dans les banques françaises dans les années 1930-1960", H. Bonin
(9) Iraq Gate, KISSINGER ASSOCIATES, BNL AND IRAQ (source pinknoiz)
Audit: U.S. lost track of $9 billion in Iraq funds
CSIS kissinger
(10) "La Sogenal, un modèle une banque régionale européenne (1881-2001) ?", H.Bonin, doc. html, et le site de Hubert Bonin qui, si nous critiquons sa tendance professionnaliste faisant la part belle à la banque et au commerce, a le mérite non seulement d'exploiter très pédagogiquement le web mais également d'informer sur une certaine actualité de la recherche bancaire et entrepreneuriale; mêmes remarques pour le site "esprit impérial".
(11) "l'espritimpérial"
(12) Les relations bancaires franco-allemandes au xxe siècle : entre la guerre économique et la coopération de voisinage, Communication au colloque franco-allemand, institut franco-allemand de Paris, 11 mai 2007, H. Bonin, doc. html
(13) Programme de recherche 2005-2007, L’esprit économique impérial ? Groupes de pression & réseaux du patronat colonial en France & dans l'empire (1830-1970)
(14) L'Organisation Européenne de Coopération Economique (OECE)
(15) Ref. BNCI , archives nationales du monde du travail
(16) Les grandes banques allemandes et leurs activités dans l'Europe occidentale occupée, 1940-1944, BÄHR Johannes,
(17) DRESDNER BANK AND THE THIRD REICH, Hitler's Willing Bankers
(18) Dresdner, Financier of Hitler's SS, Lifts Curtain on Nazi Past
(19)The Deutsche Bank, Auschwitz and German business's compensation fund By Marianne Arens
"Following his return from New York two weeks ago German Chancellor Gerhard Schröder and 12 representatives of prominent German businesses and banks announced the creation of a foundation for the compensation of Nazi-time forced labourers. The "joint declaration" has been supported up to now by Allianz, BASF, Bayer, BMW, DaimlerChrysler, Deutsche Bank, Degussa-Hüls, Dresdner Bank, Friedrich-Krupp, Krupp-Hoesch, Hoechst, Siemens and Volkswagen. More companies are sure to follow...." & Blood money: two exposés of Swiss collaboration with the Nazis By Nancy Russell
(20) German Banks in the Third Reich
(21) "How Occupied France Financed its own Exploitation in World War II or Squeezing the Capital Market for the Nazis" by Kim Oosterlinck & Eugene N. White , Une approche classique des méthodes du financement de l'occupation Nazie."Defeat in 1940 was the third French loss in a modern war where occupation costs or reparations were imposed. After Napoleon’s defeat at Waterloo and after the Franco-Prussian war, France was forced to pay reparations for occupation and the cost of the war to the victorious allies in 1815 and to the German Empire in 1871..."
(22) The Bond market and the legitimacy of Vichy France. Kim Oosterlinck, Université Libre de Bruxelles. Approche classique, la bourse de Paris demeurera ouverte durant la guerre - avec une interruption entre juin et octobre 1940; les places boursières de Bordeaux, Lille, Lyon resteront actives également tout au long du conflit.
(23) Mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France, Commission Mattéoli très partisanne, réduira la responsabilité de l'Etat français lors de la spoliation des juifs de France, un coup d'oeil sur la législation bancaire sous Pétain, les banques françaises "blanchies" : BNCI, CDC, Banque de France, Banque de Paris et des Pays-Bas, "le milliard"...
(24) BANQUE DE FRANCE ET REICHSBANK, FACE AUX NÉGOCIATIONS DU PLAN YOUNG PAR FRÉDÉRIC CLAVERT, classique.

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"Economies de guerre à crédit , sang des martyrs..."



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