LIBERTES et ACTIONS CIVILES ET POLITIQUES AU JAPON

L'empire philanthropique Sasakawa ou le nouveau visage du crime organisé japonais à l'heure de la globalisation

par Christian POSE

"...Reprenant le propos de Marx sur la philosophie hégélienne du droit (1) nous pouvons dire de Sasakawa qu'il a eu le génie pervers de faire du crime, à l'instar de l'intérêt privé, un moyen privilégié de donner à une forme déterminée de propriété privée une fixité et même une pérennité qu'elle n'aurait jamais eue sans lui..." C.P.

20/8/2006


POSE Christian Christian Pose


Karine Delavie-Blanchon

Intervention des femmes et redéfinition de l’espace public

Le cas de l’Association des femmes siciliennes pour la lutte contre la mafia

Résumé
La mafia a toujours fait l’objet de mythes, alimentés notamment par le cinéma et la littérature. Parmi les représentations traditionnellement véhiculées, celle concernant l’idée de la femme sicilienne soumise à son père, à ses frères, puis à son mari est particulièrement vivace. C’est pourquoi l’Association des femmes siciliennes pour la lutte contre la mafia a touché ma curiosité intellectuelle engendrant spontanément un grand nombre d’interrogations relatives à cette spécificité féminine, historiquement déterminante dans la lutte antimafia.

Avant de combattre la mafia, tu dois faire un autoexamen de conscience, et ensuite, après avoir battu la mafia en toi-même, tu peux combattre la mafia qui est dans le milieu de tes amis ; la mafia, c’est nous et notre manière fausse de nous comporter1. (Rita Atria)

Femmes et mafia ont pendant longtemps été considérées comme deux « mondes » antinomiques ; les femmes étaient à la fois complètement exclues de cette « affaire d’hommes » et de l’espace public sicilien. Pourtant, l’investissement de femmes dans la lutte antimafia est ancien ; dès les fasci siciliens (1892-1894), elles y occupaient une place très importante. Plus tard, après la chute du fascisme qui avait férocement combattu Cosa Nostra — notamment avec l’action du célèbre préfet Mori —, la mafia retrouve son ancienne influence et les syndicalistes et militants socialistes entament une nouvelle phase de lutte. Bon nombre d’entre eux sont assassinés sans que leurs meurtriers soient recherchés. C’est à ce moment que pour la première fois de l’histoire sicilienne, des femmes demandent justice ; Francesca Serio2 en 1955 et Serafina Battaglia3 en 1960 deviennent des emblèmes de courage. Les années 80 marquent le début du « mouvement de masse » qui trouve son paroxysme au début des années 90 notamment en prenant pour ressource l’émotion collective avec le Comité des draps et l’action des femmes du jeûne en 1992, en réaction aux massacres de Capaci — assassinats de Giovanni Falcone, de sa femme et de trois gardes du corps — et de Via D’Amelio — assassinat de Paolo Borsellino et de son escorte. C’est précisément à partir du milieu des années 90 que de nombreuses associations antimafia se créent. Mais la première d’entre elles, l’Association des femmes siciliennes pour la lutte contre la mafia naît en 1984 et se définit comme exclusivement féminine. Pourquoi ? Pour apporter des éléments de réponse, il est important de comprendre les raisons et le contexte de sa création, et d’analyser qui sont ces femmes*.


Les femmes et la res publica en Sicile

De nombreux stéréotypes affectent les femmes siciliennes parmi lesquels la thèse du matriarcat, qui oppose à une apparente invisibilité dans la sphère publique, un pouvoir absolu au sein de la sphère privée. Il me semble que si la femme a une position centrale dans la famille méridionale9, il faut néanmoins nuancer cette position, car elle est alors renvoyée à son rôle de mère. D’ailleurs, si le taux de fécondité italien est aujourd’hui le plus bas d’Europe, il demeure en Sicile relativement élevé — même s’il décroît depuis quelques années : « La Sicile est […] l’une des dernières régions d’Italie à ne pas être frappée par le problème de la dénatalité (le taux de natalité y est de 2,3 enfants par femme contre 1,3 pour la moyenne italienne).(10) »

Il y a donc une tradition d’enfermement dans la sphère privée. En effet, les femmes sont quasiment absentes de l’espace public depuis longtemps, les deux pôles les plus significatifs étant celui du marché du travail et de la politique. Le taux d’inactivité des femmes est très élevé en Sicile, et elles étaient par ailleurs absentes des affaires publiques jusqu’à une date récente — il suffit de regarder le nombre peu élevé de députées élues pour s’en convaincre.

Parallèlement à son éviction de Cosa Nostra, il semble en effet qu’il y ait eu une tradition d’exclusion de la femme de la sphère publique sicilienne, elle-même dominée pendant longtemps par la violence. Ces quelques remarques ne prétendent nullement traiter « des Siciliennes » en général, mais dresser un tableau de leur situation au moment de la création de l’Association. Car sa naissance se situe dans une période clef, tant par rapport au contexte sociétal que par rapport au « contexte mafieux ». On ne peut en effet ignorer ni l’héritage du rôle des féministes des années 70 ni la période terrible et sanguinaire de la fin des années 70 et du début des années 80 pour Palerme, qui connut alors une recrudescence alarmante de meurtres, notamment avec les premiers assassinats de « servitori dello stato (11) », tels que Cesare Terranova, Gaetano Costa, Chinicci ou Dalla Chiesa.

C’est dans ce contexte qu’émerge l’Association des femmes siciliennes pour la lutte contre la mafia qui naît officiellement le 27 janvier 1984. Sa formation remonte cependant à la fin des années 70-début des années 80. Elle résulte en effet d’une initiative de Giovanna Terranova, Caterina Mancuso et Rita Costa qui avaient lancé une pétition populaire adressée au Président de la République, au Président du Conseil et aux gouvernements régionaux de Sicile et de Calabre, demandant à l’État et à toutes les forces politiques de s’occuper réellement du problème mafieux et de faire la lumière sur les délits qui lui sont inhérents. Elles avaient obtenu 30 000 signatures en Sicile et en Calabre et créé alors un « Comité des femmes contre la mafia ». Comme le soulignent Norbert Elias et Eric Dunning :

Les chances des hommes d’accéder au pouvoir diminuent et celles des femmes augmentent en proportion chaque fois que les relations dans une société ou une partie de la société deviennent plus pacifiées, lorsque les chances qu’ont les femmes de s’engager ensemble dans l’action rejoignent ou dépassent celles des hommes, et que la ségrégation sexuelle commence à s’effacer (12).

C’est donc dans ce contexte de violence extrême que des femmes ont décidé de se regrouper pour s’opposer à ce système.... 1998/1999 Labyrinthe



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Isabelle Sommier : Groupes mafieux et globalisation du crime
(audio, le monde, 19 juillet 2003)

Organisation tournée vers la maximisation de ses avantages, tout groupe criminel profite des ressources offertes par les différents processus de globalisation : multiplication des échanges, accélération des flux de circulation des biens et des personnes, révolution en matière de transports et de communication, etc. Sa faculté d'adaptation lui donne une supériorité certaine face à une lutte anti-criminalité engoncée dans des frontières nationales et la lourdeur des procédures. Elle facilite ses activités, en particulier les trafics, et sa capacité à tisser des liens transnationaux. Le processus même de globalisation du crime s'est accéléré au cours des années 1970 avec les profits retirés du trafic de drogue et l'évolution des groupes strictement mafieux. Ces derniers ont en effet tendu à délaisser leurs fonctions de médiation sociale au profit des logiques de marché, c'est-à-dire d'accumulation du capital, dans un mouvement de gangstérisation qui se traduit par des guerres internes au milieu et l'affirmation sans retenue de leurs logiques prédatrices.

Cette évolution marque également une interpénétration croissante entre l'économie légale et l'économie illégale, par le biais du blanchiment notamment, et une accentuation des phénomènes de corruption du personnel politico-administratif. Depuis la fin du monde bipolaire, une seconde étape de développement de la criminalité organisée s'est ouverte avec une gangrène plus nette des sphères économico-financière et politique. Bien des spécialistes ont fait de l'entreprise mafieuse l'archétype de l'entreprise capitaliste. La globalisation économique actuelle, sur fond de déréglementation et de fragilisation de l'instance étatique, offre très certainement des opportunités inédites de croissance aux activités criminelles, comme le cas russe permet de l'observer.




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Mafia, entreprise et système relationnel
Umberto Santino

Journées d'étude sur la mafia, Université Paris I
Paris, Maison des Sciences Economiques, 5 et 6 juillet 2001

"L'entreprise est l'un des terrains les plus significatifs sur lequel s'exerce et s'affirme l'emprise territoriale des groupes criminels de type mafieux, sur lequel se reproduit et se développe leur système de relations et se réalise la pénétration dans le tissu de l'économie légale.
On peut parvenir à ces conclusions à travers l'étude de quelques cas emblématiques se situant dans une période de temps qui va des années cinquante à nos jours.
Les cas examinés nous permettent d'affirmer que l'entreprise mafieuse marque une continuité substantielle en ce qui concerne certains aspects essentiels pour comprendre le phénomène mafieux : sa capacité d'adaptation, l'articulation du système relationnel sans lequel la constitution de l'entreprise et son activité seraient impossibles.
Depuis les années soixante-dix, l'augmentation de l'accumulation illégale assure une dotation financière notable et les activités entrepreneuriales assument souvent la fonction de recyclage du capital illégal. Il ressort de la recherche publiée dans l'ouvrage L'impresa mafiosa que beaucoup d'entreprises n'existent que sur le papier et ne sont qu'un paravent de l'accumulation illégale.
Le rôle des banques s'avère toujours fondamental au niveau de l'octroi de crédit et, à partir d'un certain moment, surtout pour les opérations de recyclages, ainsi que les adjudications de travaux publics.
Le système relationnel est formé par des liaisons, presque toujours durables dans le temps et souvent formalisées à travers l'implication dans l'activité d'entreprise ou sous la forme de conseil, avec des entrepreneurs, des intermédiaires (en particulier géomètres, ingénieurs, architectes, conseillers commerciaux) et des administrateurs publics et politiques.
Cet ensemble d'individus en rapport de collaboration avec des chefs mafieux se situe comme fraction de la classe dominante qui peut être classée comme " bourgeoisie mafieuse " sur la base de deux ordres de raison : le premier est la communauté d'intérêts, le deuxième le partage de codes culturels.
L'évolution de la mafia et des rapports avec les individus formant le système relationnel entremêle continuité et transformation, sur la base d'une culture fondée sur l'élasticité, en apparente contradiction avec des rigidités formelles rituellement exhibées. L'étude de l'entreprise est aussi intéressante du point de vue de la structuration. Souvent, on trouve dans les sociétés des noms de femmes, parentes de mafieux ou d'entrepreneurs. Il reste à voir si celles-ci n'ont eu qu'un rôle de prête-nom ou bien une fonction active. Ceci renvoie de manière plus générale au rôle des femmes dans l'association mafieuse, formellement mono-sexuelle, mais en réalité dotée d'un degré notable d'élasticité également sous ce profil, comme on peut le déduire d'un matériel judiciaire et journalistique toujours plus abondant...

Entreprise mafieuse et marché
Dans la recherche publiée dans l'ouvrage L'impresa mafiosa, lors de l'analyse des rapports entre mafia et marché, j'invitais à amorcer une réflexion sur des phénomènes jusqu'alors inédits, ou marginaux, pour l'économie officielle, comme ceux étiquetés sous le nom d'" économie souterraine " ou " économie criminelle ". Par la suite, les économistes ont accordé une certaine attention à ces phénomènes mais, aujourd'hui encore, les évaluations courantes se limitent à répéter des jugements stéréotypés, du type : la mafia altère les lois du marché par le recours à la violence et à la violation des règles de la concurrence. Evidemment, on ne peut pas ne pas être d'accord avec l'individuation de la spécificité de l'action mafieuse dans l'usage de la violence privée et dans la non reconnaissance du monopole étatique de la force (la mafia utilise l'homicide comme une peine de mort pour qui n'observe pas ses codes comportementaux ou fait obstacle à ses activités)..."


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Mafia, crime transnational et mondialisation
Umberto Santino

Colloque international : Défaire le développement, Refaire le monde
Atelier 2. L'économie criminelle : avenir ou vérité du développement ?
Paris, 28 février - 3 mars 2002

Le modèle mafieux et le paradigme de la complexité
"Selon la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, signée à Palerme en décembre 2000, un groupe criminel organisé désigne "un groupe structuré de trois personnes ou plus existant depuis un certain temps et agissant de concert dans le but de commettre un ou plusieurs crimes graves (…) pour tirer, directement ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage matériel".
      Cette définition ressemble à bien des égards à celle de la loi anti-mafia italienne, approuvée en 1982, définissant pour la première fois l'association criminelle de type mafieux :

      L'association est de type mafieux lorsque ceux qui en font partie se servent de la force d'intimidation du lien associatif ainsi que des conditions d'assujetissement et de la loi du silence (omertà) qui en dérive, pour commettre des crimes, pour acquérir, de façon directe ou indirecte, la gestion ou le contrôle d'activités économiques, concessions, autorisations, adjudications et services publics, ou pour réaliser des profits ou des avantages injustes en soi ou pour les autres.

      L'idée de mafia en tant qu'association criminelle ou entrepreurial, si elle saisit certains aspects essentiels du phénomène mafieux, n'est cependant pas, à mon avis, exhaustive. J'ai proposé, afin d'en obtenir une représentation adéquate, l'adoption d'un "paradigme de la complexité", basé sur la relation fonctionnelle existant entre les divers aspects : crime, accumulation, pouvoir, code culturel, consensus social.
      Selon cette hypothèse, la mafia n'est pas seulement une association criminelle pas plus qu'elle n'agit comme une entreprise, mais c'est aussi un sujet politique qui exerce un pouvoir qui lui est propre (la domination territoriale) et qui interagit avec les systèmes institutionnels étatiques et politiques....
Le mouvement anti-mondialisation et le mouvement anti-mafia: de la contestation au projet

      Ces derniers mois, le mouvement contre la mondialisation néo-libérale a fait des pas en avant en passant des manifestations de protestation à l'élaboration d'un projet. Les forums de Gênes et de Porto Alegre ont entamé l'élaboration d'un programme sur des questions fondamentales telles que la paix, la légalité internationale, la mondialisation des droits, la protection de l'environnement, la création de structures de liaison internationale (la dénommée "mondialisation par le bas").
 En Sicile, le mouvement anti-mafia est aussi vieux que la mafia. Au début, à l'époque du mouvement paysan, la lutte contre la mafia était un aspect spécifique de la lutte des classes. Ces dernières années, après les massacres des années'90, on a constaté l'implication, sous formes variées, d'associations de la société civile, implication étendue à tout le territoire national, même si de manière discontinue et inégale.

      Si nous analysons le mouvement anti-mafia contemporain à la lumière des réflexions sur les mouvements sociaux, nous pouvons dire que c'est un mouvement particulier caractérisé par un comportement dualiste vis-à-vis du système. Ce n'est pas une contestation globale, anti-systémique. Il vise à défaire la complicité que les institutions et le contexte social entretiennent avec les groupes criminels. C'est là que réside intégration et conflit. Alors que le mouvement paysan s'inscrivait dans une perspective globale, à l'époque représentée par le socialisme, le mouvement anti-mafia contemporain s'inscrit dans un contexte dominé par la crise des perspectives globales et partage avec les autres mouvements sociaux, les limites de la partialité et de la précarité.

Aujourd'hui, face à la planétarisation du crime, le problème est de trois ordres : la mondialisation de la mobilisation de la société civile sur des terrains spécifiques (analyse, éducation, engagement éthico-social) est-elle possible ? Peut-on inscrire dans un engagement d'ensemble la lutte anti-mafia ? Enfin, cette dernière doit-elle assumer les caractères d'un mouvement anti-systémique ?...
Mon engagement personnel et celui du Centre sicilien de documentation, que j'ai fondé il y a 25 ans, ont pour objectif de créer un lien entre le mouvement anti-mafia et le mouvement anti-global. ..."


L'empire philanthropique Sasakawa ou le nouveau visage du crime organisé japonais à l'heure de la globalisation

Au Japon personne ne contestera que Ryôichi Sasakawa ait pu être le parrain des parrains du crime organisé. A Tokyo comme dans les préfectures du nord, du sud, de l'est comme de l'ouest, le nom est associé à l'irresistible ascension d'un "self made man", aventurier fasciste au sein de la société civile et politique, sans scrupule, patriote populiste violent, "meurtrier en série" au nom de "l'intérêt privé hors-les-lois", au nom de "l'empire", ou encore au nom de la lutte anti-communiste et de la collaboration avec l'ennemi américain.

Sasakawa comme bon nombre de criminels de guerre japonais évoluera dans le temps stratégique de l'économie liberticide et homicide des conflits militaires déclenchés en Asie par le Japon au nom de la grande prospérité asiatique, une quête du profit démesurée, par bien des côtés, élitiste.

L'ascension de Sasakawa (1899/1995) est indissociable également de l'histoire du crime organisé au Japon, de l'histoire des pouvoirs régionaux et maritimes mais aussi, à un autre plan, de l'évolution des sciences appliquées à la guerre, des technologies militaires et bien entendu des techniques de commerce liées à l'industrie militaire, armement terrestre, maritime, aérien japonais, américain ou européen.

L'ascension de Sasakawa est également indissociable du passage accéléré de la société civile-bourgeoise japonaise au politique moderne - comme accès de tous en tant qu'individus au pouvoir législatif. Ici, notons l'importance que prendront et joueront les partis politiques au Japon comme médian entre l'individu singulier des classes sociales défavorisées et le pouvoir législatif. Sasakawa évolue dans un temps de la condition ouvrière, dans le temps de la culture ouvrière ou les conflits entre ouvriers, syndicats ouvriers et patrons japonais sont d'une grande violence. Un temps où les inégalités sociales sont grandes et injustifiées, inacceptables alors que d'immenses richesses sont accumulées. Les ouvriers et leurs familles vivant dans des conditions misérables sont révoltés, souvent, et persécutés par les nouveaux pouvoirs politiques et les différentes polices municipales ou secrètes. Ces dernières évolueront en lisière du crime organisé comme toutes les polices modernes recrutant indics et agents dans le "milieu" contre promesses de collaboration ou opérations clandestines. "Dénoncer le rouge" ou le "coco", "casser du rouge", le persécuter jusqu'au meurtre deviendront des activités patriotiques gratifiantes au nom de l'unité nationale, de l'Etat impérial, affaire privée de quelques uns. Le pauvre politisé, à nouveau objet et non plus personne, bête nuisible, est au regard des luttes sociales : ennemi de la nation... C'était vrai en Chine dans les années 1920 c'est aussi vrai au Japon à la même époque et plus encore sous l'occupation américaine après 1946 jusqu'en 1952.

Les conditions de la vie ouvrière au Japon ont toujours été (et sont toujours) excécrables et ont conduit les malheureux criminalisés à s'organiser solidairement et politiquement contre la violence patronale ou policière. La littérature prolétarienne japonaise foisonne de génie créatif, de témoignages sociaux réalistes bouleversants.
Certains défenseurs de la "légende Sasakawa" - il est souvent hissé au rang des 14 déités de classe A du temple militariste et patriotique shinto Yasukuni - diront à propos de Sasakawa que le choix du crime organisé en tant que moyen de survie est parfois justifié dans les conditions sociopolitiques extrêmes de la guerre. Ces défenseurs intéressés regarderont l'organisation yakusa comme une organisation bienfaitrice fournissant au final du travail local aux "petites gens sans qualification", en ville ou en zone rurale. Chacun regardant le "prince Sasakawa" comme une déité bénéfique omnipotente distribuant, par exemple, via la Nippon Foundation (Sasakawa) des automobiles gratuites à des centres de protection des personnes agées ou infirmes ou encore des emplois de vendeurs, de femmes de ménage, de coursiers, de gardiens à des sans ressources dans les hotels de luxe, les golf-clubs, les restaurants, les agences de tourisme, les parcs floraux, les parcs d'attraction ou les parcs automobiles, les salles de jeu ou de sports de combat, les salles de paris, les associations sportives nautiques, les associations traditionnalistes estivales, la petite presse commerciale, etc...

Nous vivons bien de l'essoufflement du capitalisme. Capitalisme qui se veut pourtant vitaliste et philanthropique, généreux et sain, bienveillant, paternaliste et prévoyant, à condition que la dérégulation libérale manne du siècle soit préservée. Un temps économique de la dette publique municipale et nationale, de l'usure, du travail forcé impayé, de la prostitution adulte et infantile, du racket, de la drogue, de la contrebande d'alcool, de cigarettes, de l'armement clandestin, du jeu, du kidnapping, du vol et du meurtre, temps des sociétés criminelles "écrans" parfaitement intégrées à la production légale et aux besoins de la consomation de masse, favorable à toutes les activités concurrentielles défiscalisées ou non... Les nouveaux capitalistes/notables de province font venir leur sel de Mongolie, leurs crevettes de Thaïlande et tirent leur engrais naturel du crotin des poneys des steppes chinoises pour que leurs courges ou concombres soient plus tendres. Tout est possible en Asie globalisée.
Sasakawa, criminel de guerre bourgeois ou bourgeois mafieux fasciste, est le symbole même de l'intérêt privé, du passage du capitalisme industriel au capitalisme financier actionnarial global, prédateur boursier, spéculateur foncier en quête de légitimité politique et militaire sur le terrain mondial du libre-échange, de la dérégulation et du droit. Reprenant le propos de Marx sur la philosophie hégélienne du droit (1) nous pouvons dire de Sasakawa qu'il a eu le génie pervers de faire du crime, à l'instar de l'intérêt privé, un moyen privilégié de donner à une forme déterminée de propriété privée une fixité et même une pérennité qu'elle n'aurait jamais eue sans lui...

Sasakawa, comme les propriétaires fonciers et leurs députés nobles propulsés à la diète allemande d'hier, pensera toujours être de par ses biens (ou de par sa fortune) protégé "contre son propre arbitraire" et par conséquent "particulièrement constitué pour occuper une position politique".
Le crime organisé japonais en tant qu'une forme de l'intérêt privé exerce une puissante influence sur les institutions locales, régionales, nationales, au point de dénaturer le droit, trompant sur le terrain même des responsabilités politiques ou de la représentation, du commerce, les règles des échanges légaux, la nature juridique du commerce ou même de l'acte douanier.
Sasakawa et ses héritiers se poseront (et se posent toujours) comme les portes-paroles universels et authentiques de la nature juridique des choses, réduisant même les activités, et en particulier certaines oppositions civiles et citoyennes de gauche, à un support potentiel du terrorisme international.

Les héritiers de Ryôchi Sasakawa prendront bien le message philanthropique associatif du "maitre" au pieds de la lettre puisqu'ils financeront aussi bien la recherche sur la lutte contre le terrorisme international que celle sur le nationalisme frein à la globalisation, la complexité des relations sino-américaines, sino-japonaises ou nippo-coréennes, celle sur l'agriculture vietnamienne et le déminage des campagnes, le nucléaire militaire et les énergies civiles nouvelles, en présence des leaders politiques, économiques et militaires néoconservateurs ou néolibéraux occidentaux, soutenant directement ou indirectement des organisations privées transnationales comme l'Asian Forum Japan, le Council on Foreign Relations, le CSIS (Center for Strategic and International Studies), New America Foundation ou encore comme Carnegie Endowment for International Peace.

Ils soutiendront une pluie de travaux/conférences de spécialistes internationaux ou de professeurs/chercheurs connus du monde conférencier comme Fujiwara Kiichi, Kojo Yoshiko, Takahara Akio de l'université de Tokyo, Kurt Campbell, Michael Green du CSIS, Kent Calder (Edwin O. Reischauer Center for East Asian Studies, SAIS), Taniguchi Tomohiko, Funabashi Yoichi, Yang Bojiang de Brookings Institution ou John Ikenberry de Princeton, Charles Kupchan de Georgetown University/Council on Foreign Relations ou encore comme Eric Heginbotham de RAND Corporation...

Le crime organisé japonais et ses structures d'influence sont invisibles sous les propos analytiques institutionnalisés traitant de fraçon "pragmatique" et "utilitaire" les freins théoriques au bien-être global (associé aujourd'hui au rayonnement et au renouveau vitalistes du Japon) mettant en avant think tanks néoconservateurs transnationaux, centres de recherche bipartisans et universités privées prestigieuses au dessus de tout soupçon, prisonniers cependant du régime capitaliste de l'accumulation et de la spéculation; des entités historiques selon nous déviantes et délinquantes persuadées d'être protégées par leurs acquis institutionnalisés de leur propore arbitraire, conséquence du rapport constant à l'intérêt privé.
Se targuant de vitalité nouvelle ces "organismes de recherche pour le progrès global" retranchent pourtant de l'arbre vert de la vie éthique la réflexion fondamementale sur les pauvres transnationalisés en situation de détresse et les inégalités en terme de capabilités de base à se nourrir, à se vêtir, à trouver un toit, un travail, à se soigner.
Les Etats et les activités "législatrices" des Nations-Unies, de l'OMS, de la Banque Mondiale, du FMI, de l'OMC, jumeaux omnipotents et omniprésents, laissent substituer cette exclusion en laissant la pauvreté transmuée en crime tandis que le crime organisé est en mesure de se faire passer pour l'idée de droit...Il en a désormais les moyens.
Les organisations internationales et les institutions publiques en voulant se prémunir historiquement contre l'intérêt privé auront finalement garanti sa longévité et offert à la propriété (et à la propriété criminelle) toute sa vitalité inégalitaire, assujétissant ainsi son infinité au maintien inconditionné d'une réalité finie.

Le Japon et les Etats capitalistes au sens large ne peuvent être que criminogènes, homicides et liberticides, favorables donc à l'émergence et à l'entretien du crime organisé et à sa pénétration institutionnelle et bourgeoise mais également à son épanouissement collatéral dans les fractures sociales sans lesquelles il ne peut se manifester.
"Le juridique en soi et pour soi, écrira la philosophe Mercier-Josa, a pénétré les institutions (hier) féodales (entretenues à un certain niveau de l'organisation associative dans les régions et les zones urbaines traditionnalistes ou non du Japon, nda), sans abolir les privilèges de la propriété... Les catégories du droit privé n'auront donc servi qu'à conférer aux privilèges un caractère de nécessité en leur donnant "un caractère civil" sans corrélativement accorder de droits aux individus "sans etat" (aujourd'hui, les minorités, les sans terre, les sans toit, les sdf, les sans papiers, tous les exclus, politisés ou non, les chômeurs, les invalides et les personnes âgées sans pension, nda), sans reconnaître qu'il existait également un droit privé du "non-propriétaire""... La globalisation favorisera donc l'idée que le droit privé ne concerne pas le pauvre parce que non-propriétaire.

Par contre, force est de constater que le crime organisé s'il n'est idéalement combattu par les Etats (toujours affaire privée de quelques uns) est associé de fait à un privilège, un régime d'exception, une forme d'irresponsabilité ou d'impunité, concourrant au Japon et dans le monde, à un authentique droit privé du criminel alors qu'il devrait être exclu de ce droit; un droit privé que le monde des sciences, de la politique ou des religions (jésuites, catholiques, shintoistes, bouddhistes, kamistes, adeptes de l'empereur ou du tennô) ne parviendra pas à lui contester.
Au temps de la noblesse allemande de la première moitié du XIXème siècle les catégories du droit privé étaient au service des princes. Elles sont désormais au service des princes bipartisans de la globalisation et pour certains d'un gouvernement mondial, et confèrent au crime organisé sous couvert de philanthropie managériale, d'écologie planétaire ou de messages de paix un caractère de nécessité en lui donnant un "caractère civil"...

Cette observation finale ne pourra guère être réfutée si l'on se livre à l'examen des différents programmes/fonds de subvention de la Sasakawa Peace Foundation, près de 4,6 milliards de yens sur les sept dernières années, sept échelonnements de 560 millions de yens à 760 millions de yens (2000/2006). Plus d'une cinquantaine d'organisations, ONG, think tanks, universités, centres de recherche du monde entier figureront comme les témoins privilégiés de cette paradoxale expansion de la globalisation sécurisée, militarisée, normalisée voulue isonomique (égale devant la loi), du management environemental et du développement durable sous l'autorité emblématique du "boddhisatva Sasakawa" et de ses disciples héritiers volant au secours de la "société civile mondiale" ne pouvant cheminer seule sur la voie obscure du libre-échange, des nationalismes, des guerres, de l'entropie (des ressources) et du terrorisme international.

Parmi les organisations les plus connues reçevant les fonds de recherche spécifiques de la Sasakawa Peace Foundation, citons:
John Hopkins-Center for Civil Studies (USA), The Hauser Center for Nonprofit Organizations, Harvard University (USA), University of Guam, De La Salle University (Philippines), Philippine Business for Social Progress (PBSP) ( Philippines), Malaysian Institute of Economic Research (Malaysia), Cambodian Institute for Cooperation and Peace (Cambodge), Royal Academy of Cambodia (Cambodge), Myanmar Institute of Strategic and International Studies (Myanmar), Myanmar Times (Myanmar), National Economic Research Institute (Laos), Faculty of Agriculture, National University of Laos (Laos), Hanoï Agricultural University (Vietnam), Chulalongkorn University (Thailande), Institute of Defence and Strategic Studies Nanyang Technological University (IDSS/Singapore), University of Hawaï, University of Micronesia, South pacific University (Fiji), Georgian Foundation for Strategic and International Studies (GFSIS) (Georgie), Khazar University (Azerbaidjan), Central Asian Institute for Development (Kazakhstan), National CEDAW Watch Network (Mongolie), Institute of Egyptology, Waseda University (Japon), Keio University Shonan Fujisawa Campus (Japon), Tokai university (Japon), Seijakuin University (Japon), University of Ryukyu (Japon/Okinawa), Obirin Unversity (Japan), Tokyo Denki University (Japon), Sophia University (Japan, université jésuite), NPO (Japon), Eubios Ethics Institute (Japan), The Asia Forurm Japan, Kyung-hee University (Corée), Tsinghua University (China), China Association for International Friendly Contact (China), The Chancellor, Masters and Scholars of the University of Cambridge (UK), Queen Mary Intellectual Property Research Institute, University of London (UK), Research and Information System for the Non-aligned and Other Developing Countries (RIS) (India), Confederation of Indian Industries (India), CSIS (USA / Japan / Europe / Indonesia), Council on Foreign Relations (USA), Royal Scientific Society (Jordanie), Forum 2000 Foundation of Vaclav Havel (Czech), Charles University (Czech), St.Stephen University (Hungria), American Association for the Advancement of Science (USA), East West Institute (USA) qui consacrera Tony Blair "State man of the decade" en présence de Bill Clinton, Jose Manuel Durao Barroso, Herman de Croo, Kofi Annan, G.W.Bush....

Notons enfin que Dentsu Institute for Human Studies, fer de lance de la recherche stratégique de la Compagnie Dentsu, leader japonais mondial de la communication, partagera 29 millions de yens de la Sasakawa Peace Foundation (Regular Projects Fostering Human Security and Private Nonprofit Activities) pour débattre en 2000 avec Concept Workshop (Japon), Manpower Demonstration Research Corporation (USA), NGO Future (Suisse) de " l'évaluation et de la promotion de l'action des organisations non-gouvernementales"...
Dentsu Inc. (qui fournira à Yasukuni Jinja son grand prêtre shinto, Toshiaki Nambu, 45ème chef du clan aristocratique Nambu) annoncera très fièrement le 5 juin 2006 : "que Denstu et ses 49 compagnies sont désormais conformes aux normes du management environnemental ISO14001". Des normes qui, avec celles du développement durable, seront le fer de lance de la formation universitaire des jeunes cadres environementaux de la société civile futuriste voulue par Sasakawa; des objectifs scientifiques, dynamistes, prioritaires, "verts", stratégiques et militaires.
(C.P.)



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Notes :
(1) "Entre Hegel et Marx", points cruciaux de la philosophie hégélienne du droit, Solange Mercier-Josa, L'harmattan, 1999. Paris.
ISO : L'organisation internationale de normalisation (ISO) est une fédération mondiale d'organismes nationaux de normalisation de quelque 140 pays, à raison d'un organisme par pays. L'ISO est une organisation non gouvernementale, créée en 1947. Elle a pour mission de favoriser le développement de la normalisation et des activités connexes dans le monde, en vue de faciliter entre les nations les échanges de biens et de services et de développer la coopération dans les domaines intellectuel, scientifique, technique et économique.
Les travaux de l'ISO aboutissent à des accords internationaux qui sont publiés sous la forme de Normes internationales.
ISO" est un mot dérivé du grec isos, signifiant "égal", qui est utilisé comme racine du préfixe "iso-" dans une multitude d'expressions telles que "isométrique" (dont les dimensions sont égales - Dictionnaire Petit Robert) ou "isonomie" (égalité devant la loi - ibid.).
Du sens "égal" à la notion de "norme" le cheminement conceptuel menant au choix d' "ISO" comme nom de l'organisation est facile à saisir.
The Sasakawa Peace Foundation Les programmes/fonds sont répartis dans le monde par le Regular Projects Toward the Coexistence of Pluralistic Values, Regular Projects Fostering Human Security and Private Nonprofit Activities, Regular Projects Japan and Asia in the World, The Sasakawa Pacific Island Nations Fund, The Sasakawa Japan-China Friendship Fund, The Sasakawa Central Europe Fund, The Sasakawa Southeast Asia Cooperation Fund,The Sasakawa Pan Asia Fund.
Yasukuni Shrine... Ad Man-Turned-Priest Tackles His Hardest Sales Job by NORIMITSU ONISHI  February 12, 2005
Yasukuni Jinja (site officiel) 


Egalement de nos amis belges/Bruxelles de la Revue Banc-Public.be

Le seigneur est mon berger (Série sur le crime organisé japonais en trois volets)
1-Les Yakuzas: histoire de la mafia Japonaise de Frank Furet, Banc Public n°136 Janvier 2005
2-Récupérations de Frank Furet, Banc Public n°139, Avril 2005
3-Rédemptions de Frank Furet, Banc Public n°141, Juin 2005

CRIMES IN JAPAN IN 2004  Edited by National Police Academy (NPA/JAPAN)
VI. Countermeasures against Boryokudan Gangs  
1. Membership of Boryokudan Gangs 
• Boryokudan gang membership showed a slight increase in trend since 1996. 
• The number of the three major groups (Yamaguchi-gumi, Inagawa-kai and Sumiyosi-kai) amounted to 61,300 members, which accounted for 70.5% of all gangsters nationwide. It indicated growing oligopolistic dominance by these three groups. 
• Twenty-four boryokudan groups officially designated by the Anti-Boryokudan Law claimed 92.6% of the regular membership in all boryokudan gangs. 
2. Clearances of Crimes involving Boryokudan 
(1) Overall trends 
A total of 29,325 boryokudan gangsters were arrested for Penal Code or special law offenses, down 1,225 or 4.0% from the previous year. Among them, 9,180 were regular members, down 930 or 9.2%. The number of cleared cases stood at 
approximately 51,305, down 1,571 or 3.0% from the previous year. 
(2) Trends by crime category 
• Arrests for bodily injury, extortion, assault, intimidation or any other offense in which boryokudan gangsters flaunted their power were either steady or in decline. Contrary to that, those for larceny, fraud, robbery or any other offense not involving threats or violence were on the rise. 
* Growing difficulty for their fund-raising activities  
• Boryokudan gangsters arrested for their traditional fund-raising activities (drug 
trafficking, extortion, gambling and illegal bookmaking) accounted for 32.0% of their total arrests, showing a decreasing trend. 
* Further diversification in boryokudan fund-raising activities 
(3) Clearances of crimes involving three main groups 
Up to 81.2% of all gangsters arrested were the members of the above-mentioned three major groups (Yamaguchi-gumi, Inagawa-kai and Sumiyosi-kai). 
 (4) Application of the Organized Crime Punishment Law 
Special provisions of the law were applied to 18 cases for aggravated punishment, and 
to 29 and 11 cases for the concealment and receipt of crime proceeds, respectively. 
The overall number rose. 
 (5) Conflict among Boryokudan Groups 
There were 6 incidents of conflict among boryokudan groups, one less than the 
previous year, and 31 conflict-related crimes were committed, down 13 from the previous year. 
(6) Fundraising Activities 
• Boryokudan fund-raising activities diversified and became more difficult to trace. 
• Although boryokudan reliance on crimes as traditional fund-raising activities 
declined, they were still deeply involved in drug trafficking and other illegal activities. 
Up to 44.5% of all arrests under the Stimulants Control Law were boryokudan 
gangsters. 
• 55 financial or bad loan-related offenses were cleared, down 21 from the previous year. Of them, 78.2% involved obstruction of public bidding or other activities relating to the debt collection process. 
• Other fund-raising activities included crimes committed under the guise of legitimate business activities, such as financing, industrial waste disposal and construction; as well as violence against businesses or government bodies, fraudulent receipt of government grants or benefits, loan fraud against financial institutions, 
“send-me-money scams” (defrauding money through impersonation or other false representation) and organized theft. 
3. Enforcement of the Anti-Boryokudan Law 
• In total, 2,717 discontinuance orders were issued, up 108 from the previous year, while 161 recurrence prevention orders were issued, up 47 from the previous year. 
• Cases in which such orders were breached stood at 18, up 4 from the previous year. 
This was a record high, together with the above-mentioned orders issued. 
4. Boryokudan Elimination Movement 
(1) Measures undertaken to prevent violence against government bodies 
A rising number of local governments have been introducing anti-boryokudan 
measures, such as compliance guidelines designed to eradicate unreasonable demands. 
As of the end of December 2004, up to 72.6% of all local governments have already introduced these guidelines. 
(2) Exclusion of boryokudan gangs from industries and public works projects 
In collaboration with national and local governments, activities were promoted to 
exclude boryokudan gangs from business (e.g. money lending, industrial waste 
disposal and construction) and public works projects in order to cut off the flow of funds to boryokudan gangs. 

Guidelines of Police Policy in Japan 
The police will enforce the following measures to break down criminal organizations, which make close but hidden networks
 a) Gathering and sharing information on organized crimes, and strategic coordination of investigation 
- Establish the “Organized Crime Department (tentative name)” in the National Police Agency, integrating the divisions concerned in measures against Japanese criminal organizations, crimes committed by foreigners, firearms, and narcotics.  The Department will guide prefectural police in collecting information.   - The Department will have a “Criminal Organization Information Officer (tentative name),” who will promote gathering, analyzing, and sharing of information.  In addition, the Officer will conduct strategic coordination of investigation based on information compiled by the Department. 
 b) Pursuing gang bosses’ liability 
- Establish a law necessary for pursuing gang bosses’ liability and helping victims of gang activities. 
 c) Examination of new investigation methods 
- Refer to foreign countries’ criminal laws and investigation practice, and study 
advanced investigation techniques and methods, including decoy investigation, 
controlled delivery, and undercover operation. 
- Examine feasible frameworks and operations adapting these techniques and methods. 
 d) Promotion of cooperation with Immigration Bureaus and other authorities 
- In areas where footholds for organized crimes and foreigner-perpetrated crimes exist, such as Kabuki-cho in Shinjuku, the police will cooperate with the Immigration Bureau and local governments in enforcing measures for intensive crackdown, seeking to destroy these footholds. 
 e) Cooperation with Public Security Bureau of China 
- Promote cooperation with China’s Public Security Bureau in crime investigations, including joint operations against international crime groups and investigation of suspects who committed crimes in Japan and were deported to China. 
 e) Introduction of the Advance Passenger Information System (APIS) 
- Start operation of the Advance Passenger Information System (APIS) within fiscal 2004, which system enables the police, the Immigration Bureau, and Customs to share information on passengers and use it for crime investigation, by establishing computer equipment and constructing a network among relevant authorities. 
VII. Priority in Measures against Organized crime 
1. Promotion of anti-Boryokudan measures 
(1) Revealing operating methods 
a. Promotion of revealing operating methods 
Through its anti-Boryokudan measures, the police work to reveal operating methods of activities of the persons and entities listed below (hereinafter referred to as “Boryokudans, Boryokudan-related companies, Boryokudan members, etc.”). The police also aim to reveal how an organization is operated and funds are raised, what personal or financial connections and confronting or friendly relations exist with other Boryokudans or international criminal organizations, and other conditions in general. 
(a) Boryokudan (a group that possibly encourages its members, including the members of its subgroups, to do violent unlawful acts collectively or habitually. Hereinafter the same applies.) 
– 55 – 
(b) Boryokudan member (a member of a Boryokudan group. Hereinafter the same applies.) 
(c) Boryokudan associate (a person who is not a Boryokudan member but has a relation with a Boryokudan and possibly does violent unlawful acts with a Boryokudan’s support, or who provides funds or arms to a Boryokudan or its members, or otherwise cooperates with or is involved in the maintenance or operation of a Boryokudan. Hereinafter referred to as “associate”) 
(d) Boryokudan-related company (a company which a Boryokudan member is 
fundamentally involved in its operations, a company which a Boryokudan associate or former Boryokudan member is operating and providing funds to a Boryokudan or otherwise actively cooperating with or involved in the maintenance or operation of a Boryokudan, or a company which actively uses a Boryokudan in conducting its 
business and cooperates with the maintenance or operations of a Boryokudan. 
Hereinafter the same applies.) 
(e) Sokaiya, etc. (sokaiya, corporate racketeers, and other persons who possibly commit violent unlawful acts towards corporations, seeks unjust profits, and pose a threat to the safety of citizens. Hereinafter the same applies.) 
(f) Social/Political movement racketeer (a person who disguises as an advocate of a social movement or political group, possibly commits violent unlawful acts, seeks unjust profit, and poses a threat to safety of citizens. Hereinafter the same applies.) 
(g) Special intelligence violence group, etc. (a group or an individual, other than those listed in (a) to (f), that has relation with Boryokudan and uses its power, or has financial ties with Boryokudan, and is acting as the core implement of harm. Hereinafter the same applies.) 
b. Secure maintenance of designated materials 
Each Prefectural police force is to securely prepare the necessary materials so that the designation of Boryokudan is properly done based on the Anti-Nuisance Ordinance (1991 Low no.77. Hereinafter referred to as “Anti-Boryokudan Law”.) 
(2) Crackdown on Boryokudan 
a. Crackdowns that deal a blow to fund raising activities 
(Omitted) 
b. Crackdowns that deal a blow to human resources 
(Omitted) 
(3) Crackdowns on Boryokudan-related companies, etc. 
(Omitted) 
– 56 – 
(4) Boryokudan elimination strategies 
a. Points to be considered in the Boryokudan elimination strategies 
Boryokudan elimination strategies should not only raise general public awareness, but also deal damage to Boryokudan, Boryokudan-related companies, Boryokudan members, and other organizations related to their activities. For that, the movement should be directed toward specific jobs and areas, applied individually and concretely, and linked with the crackdown strategy holistically. 
While promoting Boryokudan elimination strategies, the police need to protect people from illegal or wrongful acts committed by Boryokudan members, etc. (referring to Boryokudan members, associates, sokaiya, etc., social/political racketeers, and special intelligent violence groups, etc. Hereinafter the same applies.) For this, the police forces aim to provide their information on Boryokudan properly and actively within the reasonable limits. 
b. Suppression of fund raising activities in cooperation with related organizations Based on materials collected through all the police activities, the police request relevant administrative organs to exercise their power concerning giving business permission, placing orders for public works, and so on to eliminate Boryokudan-related companies from permission business and public works. 
In addition, in cooperation with related organizations, the police seek to prevent illegal or unjust acts by Boryokudan members, etc. committed against public utilities and public works, and prohibit Boryokudans, Boryokudan-related companies, Boryokudan members, etc. from entering any public facilities, publicly managed racing courses, and open air street vending businesses. 
c. Support for Boryokudan elimination activities in workplaces and communities 
The entertainment and amusement trades, the sex trades, and the construction industry are likely to receive unreasonable demand from Boryokudan members, etc. In their place of business, the police carry out Bo-hai-roller (the police visit each place of business exhaustively to grasp their operating methods) to pick up latent cases of unjust demand by Boryokudan members, etc. The police advice to reject such demand, and give appropriate support to the Boryokudan elimination activities in workplaces and communities. 
In addition, in cooperation with related organizations, the police guide and support Boryokudan elimination activities by local community residents to remove Boryokudan offices and prevent their intrusions and obligation-imposing events. 
d. Elimination of illegal or unjust acts against administrative organs and corporations To eliminate illegal or unjust acts by Boryokudan members, etc. against administrative organs such as local public bodies or corporations (including their personnel) for the purposes of collecting unlawful profit, the police, in cooperation with the The Prefectural Center to Promote Movements for Elimination of Violence (hereinafter referred to as the “The Prefectural Center”) and bar associations, take measures such as the establishment of a liaison system with administrative organs, corporations, industrial associations, corporate defense organizations, etc., implementation of training for personnel in charge, and timely and appropriate support actions. 
e. Suppression of expansion of Boryokudan organizations 
To suppress expansion of Boryokudan organizations, the police takes actions such as issuing orders by the Anti-Boryokudan Law against acts of coercing juveniles to join a  Boryokudan and obstructing the voluntary withdrawal of its members. 
(5) Prevention of damage caused by Boryokudan and support for victims 
a. Consultation on violence on the standpoint of people and appropriate response to consultation The police seek to create an environment where victims of illegal or unjust acts of Boryokudan members, etc. can consult with ease. Depending on the subject of the consultation, the police shall work toward arrests, issue an order under the 
Anti-Boryokudan Laws, or support the victim of extortion. Even if the consultation is about a matter that seems difficult for the police to deal with, the police shall aim to understand the victim’s intentions correctly, and instruct the victim how to deal with the Boryokudan members. At the same time, the police shall refer the case to the The Prefectural Center or bar association so that steps may be taken toward a civil case. This is for prevention of damage, and for the protection and relief of victims. 
b. Support for civil suits For damage recovery of victims of Boryokudan crimes, the police, in cooperation with The Prefectural Center and bar association, support suits for compensation for damage, removal of offices and preliminary injunctions banning on-street campaigns. 
c. Measures for protection 
To prevent harmful acts to victims of Boryokudan crimes, and to persons involved in Boryokudan elimination activities, the police strive to sufficiently grasp the movement of Boryokudans, Boryokudan-related companies, Boryokudan members, etc. and carry out proper protection measures... 
 



    [ 1 ]    Japon : Reforme, Grande Fusion de Heisei, Dissolution " Jusqu'à ce que la vie cesse..."
    [ 2 ]    LIBERTES et ACTIONS CIVILES ET POLITIQUES NON VIOLENTES AU JAPON, Tableau national et Carte régionale d'Ibaraki de la Grande Fusion de Heisei
    [ 3 ]    "DES BRIOCHES, DES EAUX ET DES CHOUX", Kusatsu et Tsumago
    [ 4 ]    "La Grande Fusion de Heisei s'oppose au futur du Japon !",  Hiroshi Itoh, maire de la ville de Kutchan, Hokkaido


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