Un
mouvement d'opposition civile spontané non violent pour la dissolution
du conseil muncipal de la ville d'Hitachi Omiya, Ibaraki, Japon.
Interview, de Mr.Sakaï par Christian Pose,
Interprète Mami Yoshikawa,
Hitachi Omiya City, Ibaraki, 6/4/2006

Mr Sakaï, est retraité et coordinateur bénévole
d'un mouvement civil d'opposition et de dissolution du conseil municipal
de la ville. Il nous reçoit, mon épouse traductrice et moi-même,
journaliste pour l'occasion, dans son pavillon de banlieue aux pieds d'un
échangeur routier.
Nous entrons dans une petite maison de couleur ocre au toit noir. Deux
pièces, des grands formats de la famille sur les meubles, la TV,
un poêle standard à pétrole, aux murs des huiles abstraites
des années 1990, autant d'ouvertures bleu de prusse sur ce qui
semble un rêve inachevé... la ville.
Les fenêtres donnent sur un minuscule jardin japonais. Dans l'angle
où je suis je vois la porte du garage. Mon épouse, japonaise,
est à ma droite. Elle traduira très aimablement toutes les
questions. Parfois je suis hésitant. Mr Sakaï et mon épouse
sourient. Mr Sakaï est mince, de taille moyenne, grisonnant. Nous
nous asseyons au sol, traditionnellement. La pièce est exiguë,
comme souvent. Mr Sakaï trouve une place entre la table basse et
le buffet, mon épouse et moi-même nous serront en face, contre
le divan.
Cette maison est humble mais très accueillante comme la plupart
des maisons des classes moyennes au Japon. Au sol des jouets d'enfants,
un chat nous assistera durant l'entretien...
Mr Sakai a tenu à ce que l'interview se déroule en dehors
des locaux de la permanence dans un café sur le parking d'une grande
surface, en sortie de ville, bruyant, enfumé par les lycéens,
bondé. Pris de court Mr. Sakaï nous conduira chez lui en s'excusant
du désordre.
" - Nous ne sommes pas tous d'accord pour vous parler, dira en route
Mr Sakaï.
- Pourquoi ?
- Vous n'êtes pas d'ici, personne ne vous connaît...
Moi, je peux vous parler, je ne suis pas comme eux."

Bureau d'urgence pour organiser la petition
Site : http://gikai-kaisan.org/

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Notes :
(1) - A été mis en place un : "Plan de soutien à
la fusion des communes" dans lequel sont prévues les mesures
de soutien apportées par les agences de l'Etat et les ministères
concernés pour faciliter la fusion et les investissements locaux;
notamment pour l'aménagement des routes, la distrbution de l'eau
et la mise en réseau informatique des communes. Aux bons amis du
PLD bien évidemment... mise en jachère pour le reste.
(2) - La mission d'Etude sur les Systèmes d'Administration Locale,
organe consultatif auprès du 1er ministre, a attiré l'attention
sur la necessité de maintenir les mesures pour promouvoir la fusion
des communes après le 31 mars 2005 (date à partir de laquelle
la loi sur les mesures particulières de fusion est arrivée
à expiration).
(3) - Les statistiques prévoient enfin qu'en 2030 la population
japonaise aura diminué de 6% par rapport à 1995 tandis que
la proportion des personnes agées de 65 ans passera de 15% à
30% que le travail à mi-temps (FREETERS) concernant les jeunes
de moins de 35 ans touchera 10 millions de jeunes en 2014, que le nombre
des NEET agés de 15 à 34 ans (Not in Employment, Education
or Training) atteindra les 2, 5 millions, que le nombre des chômeurs
approchera le niveau des 4 millions...
(4) - Le ministre de l'intérieur a proposé en 2004 un projet
de loi qui doit remplacer cette loi sur les mesures particulières
de fusion; à l'étude. Son but, encourager plus de fusions
dans les 5 années (2005/2010) dans une période d'endettement
publique, de dérégluation économique clairement affichée
dans toutes les préfectures à fort potentiel industriel
et d'escroqueries aux Postes et à l'épargne privée
(galette de 3000 milliards d'euros, projet de privatisation prévu
par les hauts-fonctionnaires du Ministère des Postes - également
Ministère de la Gestion Publique et des Affaires Interieures chargé
de la Grande Fusion - et les hauts-fonctionnaires américains depuis
plusieurs années sous l'impulsion de Robert
B. Zoellick aujourd'hui président de la Banque Mondiale, ex-Secrétaire
d'Etat-adjoint de G.W. Bush, ex-conseiller international de Goldman Sachs,
banque de commerce et d'investissement privée en relation d'affaire
avec Japan Post, Merrill Lynch, Fidelity Investments, State Street (1),
depuis 2005; l'on recensera pas moins de 17 voyages aux Etats-Unis pour
le casse du siècle!). Si ce projet n'inclut aucune mesure financière
contrairement au précédent il conduit par contre à
la création d'un très suspect "Emprunt exceptionnel
de fusion"... La dette cumulée des collectivités locales,
rappelons le pour les sceptiques qui douteraient de la gravité
de la situation est estimée à 40% du PIB, à méditer.
(5) - Références confirmées : "Dissolved
municipalities of Japan"
"Merger and dissolution
of municipalities of Japan"
Sites officiels
Minister of Internal
Affairs and Communications
Abe Cabinet
E-mail Magazine", le Web officiel de l'actuel 1er ministre.
(6) - Mode désignation des gouverneurs et des maires (47 gouverneurs
et 3224 maires); scrutin uninominal majoritaire à un tour, suffrage
direct, durée du mandat : 4 ans; Mode de désignation des
membres des conseils, scrutin uninominal majoritaire à un tour,
suffrage direct, durée du mandat : 4 ans
"Energie Vision" programme d'économie d'énergie
domestique d'Hitachi Omiya."Le maire de la dette publique" exhorte
la population des villages à l'allègement de la facture
énergétique. Au total, quatrième document, c'est
51 200 yens (357 euros) économisés chaque année si
l'on débranche ses bouilloires durant la nuit, si l'on éteint
la lumière d'une pièce où l'on est pas, si l'on ferme
bien les robinets, etc... Le Maire n'explique pas dans son exercice comment
l'on ferme le robinet de la dette publique puisque "sans défaut
de gestion de sa part" il parvient à endetter ses administrés
à concurrence de 640 000 yens (4500 euros) par habitant pour la
seule année 2006. La mairie mène grande train, parc automobile
renouvelé, édifices somptueux, salle de concert internationale,
réseau informatique et fibre optique dans toute la région,
voiries, constructions, encore et encore...(seconde photo).




Un coup d'oeil utile sur l'envers du décors de l'économie
libérale dérégulée japonaise, son fracassant
système d'imposition; nous observons que les petits revenus dans
un tel système seront très largement pénalisés...
Local Tax
System (Minister of Internal Affairs and Communications)
|
Rappel historique
Ce mouvement d'opposition s'inscrit
dans le processus de la Grande Fusion administrative des communes dite
de Heisei. Cette Fusion, présentée comme historique par
le gouvernement du 1er ministre Koizumi s'averre une source d'oppositions
civiles spontanées non violentes dans toutes les préfectures
japonaises.
Autoritaire, exclusive, arbitraire et partisanne la Grande Fusion a été
présentée comme "une voie de secours" aux villages
et aux communes, comme "une étape indispensable dans
le processus de la décentralisation du pouvoir administratif central
et de l'autonomisation des communes" dixit les bulletins de la Direction
de l'Autonomie Locale du Ministère de la Gestion Publique, des
Affaires intérieures, des Postes et des Télécommunications
(1).
"A la clef, une dotation monétaire alléchante pour
les communes endettées, diront les opposants au projet. Beaucoup
d'argent pour ceux qui acceptent sans discuter. Beaucoup d'argent pour
les constructions d'édifices pubics et les voiries, beaucoup d'endettements
supplémentaires".
Cette réforme repose sur un décret sans fondement remis
en question par ses opposants, un évident calcul électoral
du Parti Libéral Démocrate (PLD) au pouvoir (2), économique
aussi puisqu'il s'agit d'alléger l'endettement du gouvernement
(3). Il faudra donc se presser selon les dates de l'administration, se
décider, vite, "ou perdre les avantages", dira le Premier
ministre Koizumi.
La première partie de la Grande Fusion s'est achevée le
31 mars 2005. Pour les retardataires ou les réfractaires (communes
et villages) une sanction... pas d'argent. "Il fallait agir... avant",
dira le Premier ministre Koizumi (4).
La Grande Fusion des communes symbole historique de l'expansion capitaliste
industrielle et de la rationalisation de la gestion administrative amputera
le Japon de ses 71 314 communes durant la seconde moitié du XIXème
siècle (début de l'Ere Meiji).
La Grande Fusion de 1889, ère de Meiji (1868/1912), réduira
ce nombre à 15 859 communes.
La Grande Fusion de 1953, ère de Showa (1926/1989), réduira
ce nombre à 9 868 communes et en 1961 à 3 472 communes.
La Grande Fusion de 2005, ère de Heisei (1989, mort d'Hirohito,
?... ) réduira ce nombre à la fin de 2006 à 1 822
communes... (5)
Interview de Mr.Sakaï
Q. Quelle est l'origine du mouvement d'opposition
d'Hitachi Omiya ?
R. Notre mouvement, civil, est issu d'une
proposition de dissolution du conseil municipal... Avant je n'étais
pas interessé à ce qui se passait. J'ai intégré
le mouvement après sa constitution, comme tout le monde. L'affaire
de la fusion intercommunale a débuté il y a deux ans. Cinq
villages : Omiya, Yamagata, Miwa, Ogawa, Gozenyama se sont réunis
pour devenir Hitachi Omiya.
Q. Les villages de la région avaient
ils des problèmes avant la fusion, administratifs, sociaux, éducatifs,
économiques, poitiques ?
R. C'est l'Etat qui a souhaité répondre
à la question en réunissant tous les villages.... (sourire,
un temps) Il s'agit d'une démarche politique de l'Etat... En fait,
c'est plus compliqué. Il y a eu une impulsion du système,
de tout le système qui a conduit à une orientation de l'Etat.
Q. Koizumi ?
R. (Rires) Oui, Koizumi. C'est politique. Il
y a eu une commission liminaire locale. Des discussions pour savoir ce
qu'il fallait faire. Puis nous nous sommes engagés sans êtres
prêts il y a deux ans dans le processus de fusion intercommunale.
Q. Avez-vous subi des pressions de la Région,
du gouvernement pour cette fusion ? Des conseillers techniques ou politiques
sont-ils venus de la Préfecture, de Tokyo ? Des entrepreneurs peut-être
? (je pense aux pactes d'amitiés et aux plans d'industrialisation
édifiés dans l'arrière-pays et sur les côtes
durant les campagnes de prospections intercommunales transationales par
les fonctionnaires municipaux et les businessmen japonais, américains,
européens, chinois)...
R. Je ne sais pas trop... mais j'imagine que
oui. Je préfère m'exprimer sur la période postérieure
à la fusion, pas sur celle qui la précède. Enquêtez
vous-même sur la question... (un temps)
Disons qu'après la fusion nous nous sommes retrouvés avec
76 conseillers municipaux (l'arrêt municipal en prévoyait
18 pour Omiya, 16 pour Yamagata, 14 pour Miwa, 14 pour Ogawa, 14 pour
Gozenyama)... C'était beaucoup trop. Nous sommes rendus à
75 conseillers après le désistement d'une personne. L'idée
nationale, sur la base d'un décret, "gappei" (fusion),
proposait une fusion dans le but d'allèger les contraintes administratives,
financières et les charges de l'Etat et des collectivités.
Avant la fusion il y avait déjà débat entre administrés
et fonctionnaires sur le nombre des conseillers... Pour les 49 000 habitants
que compte Hitachi Omiya il nous faut 22 conseillers... Pour l'instant
les cinq villages subissent les charges de ce surpoids; la plupart
des conseillers, si nous n'obtenons pas la dissolution immédiate
du conseil, seront à la charge des collectivités jusuq'en
aout/septembre 2007. C'est beaucoup d'argent, environ 800 millions de
Yens (5,6 millions d'euros), soit 17 000 yens (120 euros) par habitant.
Q. Est-il possible que quelqu'un ait pris la
décision de ne pas tenir compte de la loi sur le nombre des conseillers
?
R. J'imagine que s'ils (conseillers et maires)
avaient discuté de cette affaire cela aurait retardé la
fusion...
Q. Le décret indique clairement la limite
des conseillers (Mito City la préfecture d'Ibaraki compte 260 000
habitants et 33 conseillers, le Conseil général d'Ibaraki
compte 65 conseillers) ?
R. Les conseillers s'aimaient comme çà
(rires). Ils voulaient poursuivre sans histoire; c'était très
bien comme çà . Il ne fallait pas changer la procédure
ni se déranger.
Q. Quel est le budget d'Hitachi Omiya ?
R. 27 milliards de yens... (Un temps)
Q. Sakaï San, quel est votre métier
?
R. Je suis retraité. Je négociais
des pièces de voitures pour une usine. Je faisais des voyages jusqu'en
Thaïlande en tant que négociateur.
Q. Appartenez-vous à un parti politique
?
R. Non. je suis simple citoyen.
Circulation des tracts, un jaune concernant la demande de dissolution
rapide du conseil municipal, un bleu concernant la dénonciation
du nombre excessif de conseillers "75 c'est trop !", un blanc
et noir demandant la dissolution volontaire du conseil, début de
la campagne des signatures le 3 mars 2006 clôture le 2 avril 2006.
Q. La dette de la ville est-elle de 44 milliards
100 millions de yens ou de 27 milliards 400 millions de yens? Le tract
semble indiquer 44 milliards 100 millions de yens ?
R. Non, 27 milliards 400 millions de
yens (191 millions d'euros en hausse de 4 milliards de yens, 28 millons
d'euros, par rapport à l'année 2005), 44 milliards 100 millions
(308 millions d'euros) concerne des activités qui ne doivent pas
être prises en compte dans la dette proprement dite...
Q. Confirmez-vous que le budget de la ville
est de 27 milliards de yens ?
R. Oui...
Q. Soit selon vos calculs 640 000 yens (4500
euros) d'endettement par habitant... Ce sont bien vos chiffres de campagne
?
R. Oui, 640 000 yens...
Q. Comment avez-vous appris le montant de la
dette de la ville ?
R. Le conseil municipal l'a publié en
interne sans nous tenir directement au courant...
Q. A-t-on parlé d'erreur de gestion
?
R. Je pense que s'il y a trop de conseillers
il y a trop de fonctionaires, donc... On n'a cependant pas cherché
a en savoir plus... "On" nous les administrés, la population.
Nous ne sommes pas des spécialistes encore moins des hommes politiques.
Q. Est-ce qu'une expertise officielle des comptes
de la ville ne serait pas utile au mouvement d'opposition civile ?
R. Les contrôles de gestion relèvent
exclusivement de la compétence des conseillers. C'est aux conseillers
de faire appel à des experts pour analyser les finances locales...
Pas à nous civils, administrés. C'est comme çà...
Nous ne sommes pas spécialistes.
Q. Redescendre à 18 ou 20 conseillers
ne réduira pas pour autant le montant global de la dette de la
ville ?
R. Oui, bon, quand on veut on peut ... (un
temps) Toute cette histoire, vous savez...on est réellement épuisé.
22 000 signatures !...
Mr. Sakaï se tait. Une contrariété... Il sourit, contient
son effort. J'ai entendu un peu partout : "un retraité ne
fait pas campagne contre sa ville. Un retraité se contente de la
paix, de la vie civile, de sa pension et de l'autonomie alimentaire pour
lesquelles les hommes politiques ont juré que personne ne se battrait
plus. L'autonomie alimentaire..."
La vie de Mr. Sakaï dit également :"un retraité,
ici, à Hitachi Omiya, c'est aussi un homme avec une véritable
histoire, un homme qui a aligné les heures de boulot sans faillir
malgré les hauts malgré les bas."
Mr. Sakaï a une famille, toutes ces photos.
"Nous avons agi. Nous agirons encore s'il faut, dira-t-il après
l'entretien, nous irons jusqu'au bout...".
"Jusqu'à ce que la vie cesse..." écrira pathétiquement
dans "Ma vie" un vieux poète japonais de mes amis; brochure
à compte d'auteur.
R. C'était une très lourde affaire
ces 22 000 signatures. 22 000 personnes, parler, persuader une ville...
Il glisse nerveusement un document de la permanence sur la table, colonne
de gauche, des chiffres, colonne de droite des centaines, des millliers
de noms maladroitement orthographiés puis corrigés à
la main. Le comité municipal de validation des pétitions
n'autorise pas une seule erreur à la relecture, sinon annulation.
Chaque nom est soigneusement réorthographié, travail de
forçat. Caractère après caractère, a-t-on
idée... Les pages tournent, tournent et tournent encore. Toute
la vie d'un pays.
R. C'est vraiment beaucoup de travail même
pour un ancien négociateur comme moi, dit-il en souriant. Nous
ne sommes pas des professionnels .
Q. Ne souhaitez-vous pas consolider la structure
de votre opposition pour affronter l'opportunisme des partis locaux et
nationaux (j'ai déjà dans la poche un tract du Parti Communiste
qui soulève la population contre la Grande Fusion depuis le Sénat,
une militante de la section locale a frappé à ma porte)
?
R. J'ai 62 ans, dit Mr. Sakaï avec
soulagement... Je suis à la retraite. J'ai travaillé toute
ma vie. On va discuter sans doute, mais je ne sais pas trop... Au départ
il y avait dix personnes, je crois... c'était spontanné,
sans organisation associative ou politique. On boit le saké, on
ne voit pas plus loin dans ces moments, vous savez !?... C'est çà
au départ notre mouvement, une discussion entre collègues,
amis, parents, enfants, voisins.
Q. Maintenant que la liste est bouclée
avez-vous recensé dans vos rangs un seul avocat, magistrat, professeur
de droit, spécialiste de la gestion des communes et de la décentralisation,
du recours même, un quelconque conseiller technique bénévole
qui pourrait prendre le relais ?
R. Non... Non... Vous savez, on est comme on
est !...
Coup d'oeil hypnotique vers le jardin coincé entre la rue poussiéreuse,
les voitures et la baie vitrée. Des buissons d'azalées taillés
au centimètre sont plantés dans un sol de galets blanc et
noirs aux pieds de montagnes rases couvertes de mousses.
R. On a récolté 22000 signatures
pour exiger la dissolution du conseil municipal, dit-il d'une voix reposée,
et c'est suffisant je crois, quoique... A part un conseiller d'Omiya nous
sommes tous des amateurs."
Q. Un professionnel ?
R. Oui, c'était un professionnel. Dans
ce mouvement on a jamais parlé de politique, c'était civil,
mais... (incertain il ne finit pas la phrase).
Q. Comment avez-vous financé cette campagne?
R. Par des dons, nous avons reçu 2 millions
de yens (14 000 euros)... Nous avons un salarié à plein
temps et des locaux loués au bord de la voie rapide.
Q. Etes-vous une association déclarée
?
R. Nous ne sommes pas une association légale
mais un groupe d'opposition spontané comme c'est souvent le cas
au Japon. En fait, je ne sais pas exactement combien on est...
Q. ...
R. ...
Q. Avez-vous subi des pressions de Mito City
(préfecture) ?
R. (Rires) pas vraiment mais bon, oui, autrement...
Quand on a ramassé les voix, chez les gens, pour la pétition.
Quelques personnes n'ont pas bien réagi, essentiellement les fonctionnaires
des différentes communes et les banquiers de la région*.
Tous ont invoqué un devoir de réserve et on insisté
pour ne pas s'engager dans la pétition de dissolution du conseil...
Ils ont refusé de se montrer.
Q. La ville est-elle mal gérée
?
R. Je ne crois pas qu'il y ait corruption ou
fraude, mais bien gérée... (Il ne finit pas sa phrase. Changement
de ton Mr Sakaï joue avec son chat).
Q. Trop de constructions ? (Je pense à
l'expansion pharaonique du réseau routier en rase campagne, aux
équipements municipaux, aux édifices publics high tech...).
R....
Un temps, pas de réponse. Mr Sakaï refuse de répondre
à cette question. Je la poserai trois fois. La question est basée
sur un constat d'évidence.Il y a épidémie de constructions
pas seulement en Ibaraki mais dans tout le pays. Ici des barrages, des
ponts, là des kilomètres de voies goudronnées ou
bétonnées menant nulle part après que les constructeurs
aient lavé les sous-sols, brulé les sous-bois, défoncé
les collines, arraché les arbres pour finalement abandonner tout
projet : parcs et aires de repos, terrains de golf ou de base-ball, salles
de jeu, Pachinko, bowlings...
Q. Depuis la fusion des communes quelque chose
vous a-t-il choqué dans votre ville?
R. Je ne pense pas, pas directement... Mais
quand on enquête chez les gens tout le monde est d'accord. Quelque
chose ne va pas. 75 conseillers c'est trop... Quand il y a trop de dépenses
il faut en tenir compte... comme dans une entreprise en fait. (Le chat
saute sur la table, Mr Sakaï nous sert très aimablement du
thé) Nous n'avons jamais été directement impliqué
dans le système des dettes publiques... Aujourd'hui on se dit qu'il
y a quelque chose de grave mais on est à l'extérieur du
système. Nous sommes maintenus à l'écard. Nous sommes
civils. Nous ne sommes pas considérés à un quelconque
niveau comme des politiques.
Q. Le maire peut-il s'opposer à la dissolution
du conseil pour la réforme ?
R. Non, impossible... La dissolution volontaire
implique plus d'argent dans les caisses de la ville, moins de dépenses.
Nous éviterons les dépenses lourdes d'un Référendum.
Q. Que pensez-vous des autres mouvements de
dissolution dans la préfecture ?
R. Le decret de la Grande Fusion est incompatbile
avec le bien commun ; son contenu est inadapté.
Q. Faut-il l'abroger ?
R. Oui. Ecrire un nouveau texte, au moins...
On conseille aux autres villes de tenir compte de notre expérience
mais l'on ne s'oppose pas formellement à l'annulation du décret.
Cela doit venir de Tokyo... (Un temps, Mr Sakaï joue de nouveau avec
son chat) Vous savez, c'est un grand changement dans ma vie ce mouvement,
c'est même un bouleversement... Vraiment, je suis épuisé...
Un temps. Je pense à la raison du refus d'un Réferendum
municipal, "éviter des dépenses lourdes...", pourquoi
pas. 22 000 signatures c'est aussi le recensement pour le NON hors parti
de plus de la moitié des électeurs de la ville.
Q. Qui sera le prochain maire ?...
R. (Sourire entendu de Mr Sakaï et du
chat) Pas moi, c'est trop d'ennuis..." (6)
* Aux fonctionnaires des communes
s'ajoutent ceux et celles qui de près ou de loin ont des intérêts
avec les communes (comme les parents de fonctionnaires, les religieux,
les artistes officiels, les enseignants de collège dont les salaires
dépendent des communes, certains journalistes locaux et journaux,
certains médecins et services hospitaliers), aux banquiers s'ajoutent
toutes les classes d'affairistes locaux du paysan planteur de riz à
l'homme d'affaire (impliquant généralement une relative
collaboration des employés).
Le
2 juillet 2006, malgré l'avis favorable de "DISSOLUTION" issu de
la pétition des habitants d'Hitachi Omiya, le comité des
conseillers opposé à la dissolution décidera un référendum
"POUR" ou "CONTRE" la dissolution. "Un vote qui coûtera encore
de l'argent à la ville", dira Mr. Sakaï.
Finalement, le référendum a eu lieu le 2 août 2006.
La population d'Hitachi Omiya s'est exprimée en faveur de la dissolution
: 21674 voix "pour", 1299 voix "contre" pour 39433 électeurs.
Malgré une forte abstention c'est une seconde victoire pour les
libertés civiles et politiques locales, pour Mr. Sakaï et
ses amis bénévoles du groupe pétitionnaire. Dépêche
du Ibaraki
Shinbun.
Le
bulletin du référendum. A Ogawa l'on vota ce 2 août
à la "maison de quartier" transformée en salle
de vote pour l'occasion. Les hommes et les femmes se réunissent
en ce lieu pour annoncer les temps forts des activités bénévoles
volontaires. Désherbage des routes, des sentiers, entretien, sports,
aides aux pompiers, réélection des conseillers démissionnaires,
etc... "J'ai démissionné, je souhaite être réélu.
Je compte sur vous pour m'amener des électeurs..." dira laconiquement
Mr. Kakéfuda, entrepreneur sans parti politique et conseiller démissionnaire.
Le 6 août 2006 les éléctions municipales auront lieu
à Hitachiomiya pour désigner un nouveau conseil. Ni les
conseillers conservateurs, centristes sans partis, ni les conseillers
communistes ne parleront d'audit pour découvrir l'origine du déficit
chronique de la municipalité: 191 millions d'euros (27 milliards
400 milions de yens) en hausse de 28 millions d'euros par rapport à
2005 !.... La seule question qui importe est évitée. Les
hommes politiques locaux s'attachent à rabattre des électeurs
potentiels sans conscience politique. L'intérêt général
est réduit à une démarche utilitariste sans éthique
au profit de l'intérêt privé de chaque intervenant/électeur
ou du futur élu et de ses partenaires/amis d'affaires, propriétaires
terriens, paysans, entrepreneurs, banquiers... Les arguments de vote en
faveur du démissionnaire Kakefuda : "il faut des lampes dans
nos campagnes et des protections contre les pierres qui tombent des montagnes
sur les routes...Venez nombreux, votez!!" Les délégués,
"chefs de quartier" mandatés, préparent les contribuables/électeurs
au réflexe du portefeuille. Les mandatés locaux (autorité
par groupe de maisons, élu, désigné au sort ou à
tour de rôle souvent ex-fonctionnaires de mairies, paysans connus,
entrepreneurs) ont une responsabilité politique directe auprès
de la population. L'absence d'enquête financière sur l'origine
des déficits publics conduit les mairies à les saisir d'une
mission d'information sur le nouveau mode de financement de l'entretien
des maisons de quartier, des services de pompier; mode de financement
garanti hier par les mairies fusionnées et les impositions.
Le 6 aout
2006,
Dépêche du Ibaraki
Shinbun.
« Le conseil municipal de la ville Hitachi-Omiya dissout par référendum
a été renouvelé lors des élections du 6 août
dernier... Le conseil municipal est désormais composé de
26 conseillers au lieu de 74 (après l'opération de Grande
Fusion intercommunale). Nombre des électeurs qualifiés,
39,689 personnes, pourcentage des votants 75.14% soit 29,822, 15,463 femmes,
14,359 hommes. »
Remarquons que seulement deux partis politiques seront
représentés lors de ces élections, le parti Kômeito
de la Soka Gakkai, qui arrivera en tête, et le parti Kyôsantô,
Parti communiste du Japon qui arrivera en avant-dernière position.
Chacun récoltera deux conseillers. En terme de gestion communale
le Parti communiste japonais est le plus professionnel. Les conseillers
muncipaux de la majorité, droite et centriste, sans parti, poseront
1,8 questions en conseil contre 60 pour les conseillers du Parti communiste
(année 2005/2006). Leurs campagnes sont également les plus
professionnelles puisque généralement axées sur des
questions de fond concernant la gestion locale, les dossiers, les infractions
au devoir de probité des conseillers et l'avenir politique ou économique
du pays.
Au Japon les partis et les candidats circulent en camionnettes munies
de haut-parleurs. La campagne politique fait rage durant une semaine,
ruelle après ruelle, maison après maison, rizière
après rizière. Chacun annonce son parti, ou chante son nom
du matin au soir au coeur de l'activité paysanne. Les familles
rurales sont sollicitées. Les enfants chantent les partisans sans
les connaître en courant aux camionnettes, le long des routes et
des champs. La vie, ici, en plein été, est bruyante et intense.
Les rizières sont hautes sous la chaleur toride. Les blés
ont été moissonnés et les haricots cueillis. Les
aubergines poussent le long de leurs tuteurs de bambous secs. Les potirons,
les piments, les poivrons, les concombres, les pommes de terre pullulent
sur la terre brune et noire. Les forêts de taros aux larges feuilles
vertes et les forêts de konnyakus sont hautes et abondantes. Les
typhons remontent le long de l'archipel. Les noms des candidats résonnent
dans les collines avoisinantes et les bois, jusqu'à la tombée
de la nuit.
Deux femmes sont présentes dans cette assemblée mesdames
Kimura et Kikkawa. Madame Kikkawa, est la représentante de la Soka
Gakkai, parti Kômeito
(parti du gouvernement propre), puissante organisation bouddhiste, riche,
matérialiste, intrigante, précédée de beaucoup
de dossiers noirs et de nombreuses affaires criminelles. Soka Gakkai est
un empire religieux politicoéconomique, une extension de la majorité
du PLD. Un parti ultraconservateur controversé et très contrôlé
par ses hiérarchies multiples. Madame Kikkawa recueillera les meilleurs
scores dans cette élection.
Madame Kimura sans parti, a déjà été élue.
Lors d'un entretien, cette femme politiquement libérale, aisée,
s'est déclarée pour la dissolution du Conseil sans avoir
pour autant de programme politique ni de solution pour le déficit
public. Elle nous affirmera, du reste, son intention de quitter la politique.
Appartenant à la bourgeoisie locale madame Kimura s'est déclarée
pour l'empereur, le tennô et son service, ce qui pourra surprendre...Toutefois,
elle insistera sur le fait qu'en Ibaraki, et dans la région d'Hitachi
Omiya, l'impérialisme traditionnel est omniprésent. Chacun
poursuit une voie politique et spirituelle alliant bouddhisme, shintoisme,
kamisme (protecteurs locaux et nationaux), voie des ancêtres, rites
saisonniers et cérémonies festives, passion pour les armes
de guerre et les arts martiaux, nostalgie de la guerre contre la Chine
et de la seconde guerre mondiale. L'un des maires-adjoints d'Hitachi Omiya,
politicien, Mr. Mitsugi (dont l'épouse est un producteur fortuné
de "nato", soja fermenté), nous déclarera
son regret, devant un ancien, de ne pas avoir participé à
la grande guerre...
(En mars 2008 Mr. Mitsugi se présentera aux élections municipales;
il fera campagne auprès des foyers défavorisés par
personnes interposées en chargeant notamment des personnes âgées
de distribuer des tracts politiques en sa faveur. Les tracts sollicitent
la confiance des citoyens-électeurs en un, résumerons-nous,
"Mitsugi champion de l'économie locale et régionale
du bien-être", du divertissement et du troisième âge
"ceux qui ont connu la guerre", "de la qualité de
la vie" dans la région. Dans chaque tract figure en évidence
une carte de visite de "la
boutique de "nato" de madame Mitsugi", produits de
luxe et donc chers, "Fauchon local" stratégiquement situé
aux abords des parkings des deux plus grandes surfaces de la région
et de l'une des routes nationales les plus fréquentées.
Cette campagne intervient au moment d'une hausse d'au moins 900 yens des
loyers pour défavorisés, d'une campagne d'entretien de la
voierie, des luttes antipollution pour la sauvegarde du grand lac Kasumigaura
et de la qualité de la vie des pêcheurs, d'une nouvelle campagne
anti-barrage interpréfectorale de Yamba, des campagnes locales
et régionales contre la hausse des prix de l'eau au robinet, d'une
"stabilisation" des prix du brut à 104 $ le baril...
Mr Mitsugi n'a visiblement pas pris conscience de ce que signifie pénalement
"un manquement au devoir de probité". Les populations
contribuables, la municipalité d'Hitachi Omiya et la préfecture
d'Ibaraki, ont sans doute à redouter en cette période entachée
d'irrégularités politiques et commerciales, de nouveaux
cas de corruption passive et active de fonctionnaires publics ou de salariés,
de trafic d'influence, de prise illégale d'intérêts
ou même de concussion. Le 13 avril 2008 alors que le baril de brut
passe la barre des 112 $ Mr Mitsugi sera élu maire de Hitachi Omiya
avec 16,155 voix contre Mr. Kaneda, 11,535 voix. Cette année, conformément
aux pressions électorales et publicitaires illégales liées
au commerce privé de "Mr Mitsugi & Co." - ici commerce
du "nato" (soja fermenté) -, les femmes votantes de la
commune seront supérieures aux hommes votants, 14,456 pour 13,544.
Cette vague féminine rejoint sans aucun doute celle soulevée
par les organisations internationales (FMI, Banque Mondiale, Banque Asiatique
de Développement, JICA, JBIC, USAID), les banques privées
internationales comme Goldman Sachs très présente (avec
Merrill Lynch, Fidelity Investments, State Street) depuis 2005 dans le
dipositif de privatisation des Postes japonaises, au sein des pays émergents
et des pays les moins avancés; les femmes étant reconnues,
au regard de l'information bancaire - crédit et micro-crédit
bancaires -, comme des "accélérateurs de productivité"
(Dreaming
With BRICs - Brésil, Russie, Inde, Chine - the path to 2050,
10 000 women, Goldman Sachs)
et comme l'épicentre, par le fait, de tous les nouveaux marchés
bancaires et industriels régionaux...).
Le culte du tennô et les faits de chevalerie sont établis
dans la région de Kyiu-Yamagata machi (Hitachi Omiya) et dans l'histoire
locale. Madame Kimura et son époux (historien local) nous diront
que les vainqueurs des guerres féodales d'hier vivent dans les
plaines riches, où elle réside (Kyiu-Yamagata machi), et
les vaincus, dans les montagnes forestières inaccessibles. Les
victoires et les défaites d'hier parlent encore dans l'histoire
politique et économique régionale et contribuent au lointain
modelage sociohistorique des inégalités sociopolitiques
locales ancrées aujourd'hui dans le développement anarchique
de l'économie libérale et du commerce dérégulé;
un développement aux mains des nouveaux propriétaires,
nouveaux patrons d'entreprises (petites, moyennes et grandes), autre
fierté politique de la préfecture d'Ibaraki.
Nous ne parlerons pas du développement de l'économie illégale
ou criminelle dirigée par les gangs Yakuza ou apparentés
qui profitent de la dérégulation, des différents
réseaux corruptifs municipaux et para municipaux, des polices.
Le 1er ministre Koizumi qui exploite toutes ces différences et
ces faiblesses déclarera: "pas un parlementaire ne peut ignorer
le parrain de sa circonscription"... Mr. Koizumi n'a pas davantage
la solution pour éponger la dette publique nationale et la "bad
debt", les prêts irrecouvrables accordés aux sociétés
écrans dirigées par les clans mafieux en province et dans
les grandes zones urbaines.
Les élus locaux comme les élus nationaux chargés
de la gestion publique ont un double handicap en commun, le fétichisme
et l'utilitarisme sur la base d'une approche limitée du bien-être.
Les élus s'intéresseront généralement aux
biens premiers sociaux en terme de biens uniquement : droits,
libertés, possibilités, revenus, richesse, bases sociales
du respect de soi-même et non à l'effet de ces objets
(conviennent-ils ou non) sur les individus.
Les documents municipaux sur les économies d'énergie (ci-dessus,
colonne de gauche) distribués aux citoyens tout au long de l'année
n'échappent pas au problème. Ici, le fétichisme et
l'utilitarisme se traduisent par un système de mesure qui se fonde
sur les réactions mentales de la personne et non sur ses capabilités
à se déplacer, à satisfaire ses besoins nutritionnels,
à se procurer un toit ou à participer à la vie sociale
de la communauté, à s'épanouir.
Ce fétichisme conduit à l'illusion que l'accession aux biens
sociaux premiers ou aux services publics est une source d'égalité
en terme de capabilité. Nous ne le pensons pas. L'accès
fétichiste aux biens premiers sociaux et aux services publics (aux
services gratuits, jardins publics, par exemple) n'a jamais garanti l'égalité
des capabilités de base, loin s'en faut. Encore moins une saine
ou juste répartition des richesses. La gestion communale dans un
contexte économique libéral et de dérégulation
agressif même doté d'un spartiate système d'imposition
entretient ce handicap. Comme dans d'autres villes japonaises il semble
même que "l'utilité" des élus soit inversement
proportionnelle à l'accroissement des pôles de richesse (cela
dit, dans quasiment toutes les régions nous évoluons en
situation oligopolitstique; les demandeurs, plus encore en zone rurale,
sont en surnombre et les offreurs très peu nombreux; la représentation
politique relève d'un dramatique fonctionnalisme sans objet que
favorisent années après années le néolibéralisme,
l'endettement municipal, des entreprises, des ménages, les crimes
économiques, la corruption - entreprises, fonction publique, mairies,
préfectures, gouvernement national - et la réforme administrative
de Heisei (1999/2005-2010).
Sans une compréhension réaliste des capabilités
de base l'égalité sociale et l'urgence marginale (alimentaire,
sanitaire, culturelle) ne peuvent être traitées correctement.
Se contenter d'organiser les institutions municipales ou nationales afin
d'obtenir la plus grande somme de satisfactions est très limité,
nous l'avons déjà dit à propos de la ville d'eau
Kusatsu et du Japon. Nous replongeons dans la théorie du bien-être.
L'économiste indien Amartya Sen (contre John Rawls) écrira:
"la théorie du bien être suppose qu'on accepte l'intuition
largement partagée que tout plaisir a une valeur, mais aussi la
proposition beaucoup plus discutable selon laquelle il faut accorder aux
plaisirs un poids relatif seulement en fonction de leur intensité
respective, indépendamment de la source du plaisir et de la nature
de l'activité qui l'accompagne".
Les élus dépendants de la fétichisation des biens
premiers sociaux et de l'utilitarisme en déduisent un principe
de justesse politique ou morale doté d'une position originelle,
à notre avis très irréaliste en contexte de dérégulation
économique.
La théorie du bien-être est facile d'accès puisqu'utilitaire
mais innacceptable pour défendre l'égalité sociale
et l'urgence marginale, les capabilités de base et donc la justice.
Les gestionnaires élus paraissent ne pouvoir dépasser le
stade du décompte de l'utilité et ne pouvoir tenir compte
d'aucune autre information.
Nous pensons qu'une des causes de l'endettement public municipal réside
dans ce double handicap qui permet également de couvrir les causes
réelles de la pauvreté et qui permet à des dirigeants
nationaux de claironner (G.W. Bush, Koizumi, Abe, Fukuda, en tête)
que si les inégalités représentent un avantage
pour chacun, elles sont bonnes. Nous retrouvons cette dangereuse
allégation à tous les niveaux de la vie politique communale
au Japon.
Irving Kristol idéologue des néocons américains déclarera
dans Capitalist
Future :"l'endettement est le prix de la démocratie"...
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