LIBERTES et ACTIONS CIVILES ET POLITIQUES NON VIOLENTES
Japon, Afrique du Sud, Océan Indien
*
"No More Dam"

[ 6 ]  « Ce que chacun peut réellement faire ou être », ou évaluer la justice dans un contexte de décroissance, suivi de « Yamba, le plus lourd fardeau des contribuables de l'histoire des barrages du Japon » par Christian Pose

Cette page est dédiée au mouvement d'opposition à la construction du barrage de Yamba, aux comités de défense des droits de l'homme, de la nature et de la faune de Tonegawa, de la région du Kanto et à la campagne nationale antibarrage No More Dam (Suigenren)

Tadakazu Fukase, juriste bien connu au Japon et en Europe,
s'inspirant d'un cours de M. Nakamura intitulé "La privatisation des services publics au Japon" écrira dans
"Les juges et les grands choix politiques et administratifs de l'Etat, droit constitutionnel japonais" :
"Un intéressant thème de discussion franco-japonaise :
"Quel "grand choix poliltique" économique est-il salutaire pour les juges (japonais), soit l'orientation vers la planification et la nationalisation à la française, soit vers la libre concurrence et la dénationalisation à la japonaise" (1)...






map Tonegawa
La région du kantô et la rivière Toné (Tonégawa)

















Notes :
Yamba, H1N1, Tamiflu, 311:
NO MORE SMART PLANET -7-
Propos décroissants sur les vaccinations, l'erreur humaine et le crime organisé,
évaluation décroissante de la justice, du droit et des lois, dans un contexte de maîtrise capitaliste criminelle immanente

Le gouvernement japonais considère l'Oseltamivir-Tamiflu comme totalement inopportun et sa présence comme un facteur de pandémie
Département irradié le 11 mars 2011 lors de l'explosion de la centrale nucléaire Fukushima Dai-ichi, centrale de Fukushima (département voisin), victime également du tsunami et du grand séisme, Ibaraki connait cependant un évènement humanitaire d'importance. Le Dai-ichi Hospital de la ville de Hishioka grâce au Dr Hitomi Nagayama - directeur de la Division de la Médecine Interne - et à son équipe vient d'abandonner l'usage de l'ant-iviral Tamiflu - Oseltamivir - responsable de la mort de 2 enfants et probablement du décès de plus de 150 adultes entre 2007 (LPD) et la "pandémie" du/des virus A/H1N1 de 2009 (DPJ). (lire Des soupçons justifiés, en bas de page)
Le bref entretien qui suit est interessant d'une part parcequ'il brise le conscensus japonais et mondial sur la question des antiviraux occidentaux (Gilead, Roche, GlaxoSmithKline, Novartis, etc...) protégés une fois vendus par une sacrosainte immunité administrative, politique et pénale, et d'autre part parceque ces groupes internationaux poursuivis en justice pour crimes n'impressionnent plus la nouvelle génération de médecins hospitaliers et cliniciens japonais, hommes et femmes, ultime bouclier éthique devant la globalisation,
Concernant ce dernier point, si la notion de nation ou d'Etat est fortement ébranlée par le néolibéralisme américain l'originalité de "l'identité génétique" des communautés de natifs d'Asie libérées de tout patriotisme, de tout nationalisme et de tout impérialisme, refait subtilement surface au point qu'il n'est plus possible de décortiquer l'équation biochimique occidentale du Tamiflu sans découvrir sous l'oeil inflexible du généticien Manyuan Long, de l'Université de Chicago, de la bioinformaticienne Liping Wei et du biochimiste Xiaofeng Zheng de l'Université de Pékin et plus encore sous celui du Dr. Hitomi Nagayama de l'Institut de Science Médicale de l'Université de Tokyo qui tentera en 1999 de sauver avec son équipe urgentiste les ouvriers irradiés de la centrale de Tokaimura, d'invraisemblables incohérences. Ces dernières, reflets sans nulle doute de la voracité marchande et de la globalisation, dénaturent en fait très criminellement la diversité génétique comme le droit à la différence sanitaire, culturelle et politique indigène.
Atteint d'une polycondrithe atrophiante, affaiblissement du système immunitaire, je suis "patient actif" du Dr Nagayama. A ce titre, je ne partage pas tous ses points de vue... notamment sur les guerres vecteurs de progrès et les pertes utiles (q6), les capitaux en tant que facteurs de sécurité pour la recherche biologique et le bioterrorisme. (C. Pose, 11/6/2012)

NO NUKE BRIDGE
Earthlife, groundWork, and Greenpeace have suspended their participation in Eskom’s NGO forum following reports that Eskom contracted Swartberg Intelligence Support Services to spy on the organizations...
"...We are aware that the Earthlife and Greenpeace phones are probably tapped here. There are definite signsof a move towards a repressive state as the ANC and COSATU's bases are under threat. There is a growing risk that NGOs will be targeted for their opposition to breaches of the constitution..."(Judith Taylor/Earthlife to C. Pose, 28/10/12)

"Eskom has no right to spy upon citizens of this
country, and such activities belong in our past with the dread of the Bureau of State Security and the National Intelligence Service..." (Tristen Taylor, Project Coordinator of Earthlife Africa Jhb, 13/2/13)

"Spying on civil society cuts against the essence of South Africa’s democratic principles, is a violation of basic human rights and a move to silence civil society. Greenpeace demands an urgent independent investigation into the matter. We clearly cannot trust Eskom to police itself!...” (Michael O’Brien Onyeka, Greenpeace Africa’s Executive Director)

“Eskom’s shocking move highlights the deep rot within the organisation that takes us back to the dark days of apartheid.
(groundWork’s Director Bobby Peek)

"Swartberg ISS was initially started to assist the State Energy Provider, ESKOM, with crime prevention projects... and was originally registered in the Republic of South Africa with the Department of Trade and Industry as MBI kontroleurs CC with company registration number 2009/083519/2..."(SISS)
"Swartberg ISS is involved in projectsthroughout Southern Africa and has an intelligence capability in Mozambique, Zimbabwe, Zambia, Tanzania, Kenya and Somalia." (Linkedin)

fukushima-diary.com
Ibaraki prefecture manipulated the radiation survey,
Statistical radioevents in Ibaraki (comments)
:
PU 238, PU 239, U 238, SRy 90, Amr 241,Cs 137 detected with a LB 124 of Berthold Japan : New Kosa ?
"Par contamination on entend la présence, sur une surface, de substances radioactives en quantités dépassant 0,4 Bq/cm2 pour les émetteurs b, g et a de faible toxicité ou 0,04 Bq/cm2 pour les autres émetteurs a." (AIEA)
1- I confirmed today 19/2/12 the news of 20.1.2012 printed about PU 238 on the ground soil of the sea near Ibaraki, Fukushima, Miyagi by MEXT and news of your homepage under the title “PU 238 mesured from the ground soil of sea”, date of MEXT news:september 2011.
2- I detected 6th,7th,9th, 10th september 2011 in Nakado village (Ibaraki) 160 m above sea level in forest, in field 20 m above sea level and on ground level in Ishioka shi,
3- These events are statistical events not the “identity” of radionucleides, as you knwow, I realised 1000 measurments during one month,
4-JMA, meteo map of 6 th and 14 th september 2011, some reflexions about New Kosa, american depleted uranium and french “uranium appauvri” in central asia (C.Pose)

-5- A private weather forecasting company, weather news announced the amount of pollen in Tokyo, Kanagawa, Chiba, Saitama, Ibaraki, Tochigi and Shizuoka have gotten into the peak.

-6- Japan Food campaign is operated by Dentsu.inc
Japanese government is trying to make Japanese people consume food produced in Fukushima.

HSBC is evacuating Japan
The Hongkong and Shanghai Banking Corporation is going to withdraw from Japan
4 major Japanese corporations are evacuating to Osaka
Mitsubishi Corporation
Mitsui&CO.,LTD
The Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ, Ltd
Sumitomo Mitsui banking corporation

LIBERTES et ACTIONS CIVILES ET POLITIQUES NON VIOLENTES

Japon, Afrique du Sud, Océan Indien
Evaluation décroissante du crime nucléaire
Pour une contre culture politique, philosophique et théologique de l'urgence
"No Nuke Bridge
- Bulletin de liaison 15
- Bulletin de liaison 14
- Bulletin de liaison 13
- Bulletin de liaison 12
- Bulletin de iaison 11
- Bulletin de liaison 10
- Bulletin de liaison 9
- Bulletin de liaison 8

- Bulletin de liaison 7

- Bulletin de liaison 6
- Bulletin de liaison 5

- Bulletin de liaison 4
- Bulletin de liaison 3
17 janvier 2012
Evaluation décroissante du crime entrepreneurial et méthodologie des luttes
- Bulletins de liaison 1 et 2
Août 2011 et 26 septembre 2011

Lien solidaire
"RESISTANCE DU RIZ"
"No more rice index, no more rice standardization, no more rice value chain corridor, no more ASEAN investment plan, no more commodities exchange..."
"Le modèle américain dissimule une stratégie de développement et d'enrichissement algorithmique dans une dynamique d'endettement, d'effondrement, de reconstruction (des pays émergents, des classes moyennes et de l'émergence américaine - avec le soutien des banques privées, du FMI et de la Banque Mondiale) offrant toujours le leadership et l'avantage aux américains riches. Les règles de ce jeu à somme nulle pour les pays émergents, les émergents et les pauvres nationaux nord-américains, ont été dévoilées dès 2003. Elles confirment le leadership des américains fortunés et la stratégie de l'appauvrissement des classes moyennes, des émergents et des nouvellement pauvres..."(Par. 8, Bulletin 10)
Cette page est dédiée aux compagnons décroissants de la Résistance du riz du Japon et d'Asie-Pacifique, aux mouvements paysans du monde, à ceux qui s'opposent à l'idéologie raciale américaine de l'endettement bancaire, financier et alimentaire et qui disent "non à l'industrialisation du riz, non aux marchés financiers du riz!" (C.Pose)
"Riz de montagne", Mont Nandai, Ibaraki, saison 2012-2013

Earthlife Africa Jhb-Johannesburg

Résistance sur le Mont Nendai

Installation d'un prototype de phyto-épuration en Ibaraki
Défendre la ruralité, l'eau, la terre, la nature, la faune en Ibaraki, Japon, c'est encore possible... Il faut sortir du nucléaire, de l'économie de masse, de la ghettoisation urbaine, de la représentation politique traditionnelle, autrement dit du tout à l'égout !...
"J'ai adapté à la condition montagneuse et forestière d'Ibaraki le prototype de phyto-épuration d'eau vivante 31 (phragmite, roseaux, plantes hydro pérennes en faible luminosité) conçu sur une base granulaire (galets de rivière, gravier et pouzzolane). Ce nouveau prototype, modifié pour les besoins et sans doute unique au Japon, a été homologué après examen du dossier par la préfecture d'Ibaraki. Si l'administration n'est pas spontanément du coté des hydro-écolos anti barrage et anti nucléaire elle a cependant accepté le projet gagnée par le traitement sec de l'urine et des fèces; idéal pour le compostage. Le dispositif "phyto" proprement dit filtre l'écoulement des eaux grises (lessive, bain, vaisselle) de deux personnes et peut supporter les charges de quatre personnes. Pas de produits chimiques industriels: vaisselle, shampoing et lessive. Nous produisons le tout avec nos cendres d'hiver filtrées et de l'eau, celle de notre puit." (C.Pose, 7/5/2011)

LA METAPHYSIQUE DU CRIME
du business de la crise et de la privation américain aux secteurs de dépense des ménages japonais ...
" Ce sera bien, du reste, le sombre dessein des fusions néo-militaristes, des participiations néo-eugénistes et de l'impardonnable partenariat anti social de Kanto Tsukuba Bank, de Aozora Bank, de Cerberus NCB Acquisition, de J.P. Morgan Clearing, de Toho Bank, de Shinsei Bank, pour ne retenir que ces six là, que de détruire les derniers obstacles qui entravent et fragilisent le libre-échange global : les ménages, les PME-PMI, les commerces de proximité, accompagnant jusqu'à l'éradication des fauteurs et des fuyards l'effondrement des promesses sociales émancipatrices.
Cette stratégie ne concerne pas au premier chef le profit mais bien les normes de compatibité pour la pleine adhésion/application des sujets au développement technique des marchés..." (C.Pose)


Sortir de l'enfer autosimilaire, Génèse d'une église décroissante marxochrétienne au Japon
"(....) Cette église politique est éthymologiquement un "lieu d'appel" (l'homme indigène, les communautés de natifs, les natifs du lieu) et de "justice" (humaine et apostolique) et, faisant référence au droit rural japonais, défend la notion pertinente d'"outil de vie" (le lieu, la terre) qui a sa place dans la restauration du droit coutumier (iriaïken) à partir du moment où la négation du caractère de marchandise de la propriété foncière est parfaitement lisible. Notez ici que le travail et son organisation, la communication, la communion, autrement dit la consécration de la vie et de la mort, son écriture génétique et son herméneutique, la théologie et son approche historiographique anti-néolibérale, sont autant d'aspects de la connaissance et de la liturgie décroissante "souffle, eau et sang" des dissidences jusqu'à la remise en question de la pertinence des réparations judiciaires et du pouvoir judiciaire néolibéral..." (C.Pose, fondateur)

(1) Cette réflexion du juriste Tadakazu Fukase est consignée dans Etudes de droit japonais du Centre Français de Droit Comparé, Société de Législation Comparée, 1989. Ma critique de Tadakazu Fukase est très librement inspirée par la critique de Theory of Justice (John Rawls, 1971) formulée par Amartya Sen dans On Ethics and Economics, 1991, par ses inépuisables propositions sur les "capabilitiés de base", les "capabilities to function" (functioning) : "ce que chacun peut réellement faire ou être" (1982); Commodities and capabilities, 1999. Je me suis également librement inspiré des travaux de l'ethnopsychiatre Françoise Sironi, notamment de "Comment devient-on un boureau, les mécanismes de destruction de l'autre", de ses développements sur l'effraction psychique et le traumatisme psychologique dans un contexte clos de torture, 2001.
J'ai en effet trouvé de graves correspondances entre ces développements et les effractions liées à l'imposition des projets de constructions de barrages aux populations expropriées quasiment sans droits, entre ces développements et les traumatismes liés à l'absence d'affiliation sociale après expropriation et déportation.
J'ouvre du reste l'entretien avec l'historien du barrage d'Ogawa Shigeru Kobayashi sur cette base (2006/2007).
J'ai trouvé également de graves similitudes entre le portrait psychologique du bourreau tel que dessiné par Françoise Sironi et celui de l'Etat capitaliste et du constructeur. Ce rapprochement, encore une fois très libre, nous conduit à appréhender l'économie de marché, la dérégulation économique et le néolibéralisme sous l'angle d'un implacable mécanisme de destruction de l'autre, le petit, le pauvre, le discriminé, le déporté, "enfermé" contre son gré dans un dispositif rationnel implacable, dans un espace symbolique et physique contre nature. Un processus durant lequel le discriminé sera soumis à des pressions psychologiques insupportables qui peuvent être apparentées à des actes de barbarie répétés sous une autre forme (non répertoriés comme tels par les standards), Des actes et des agressions (ceux de l'Etat et des constructeurs) contenus également dans un langage qui n'est pas celui du discriminé, un comportement qui n'est pas le sien, une culture qui n'est pas la sienne, un environnement qui n'est pas le sien, une mémoire qui n'est plus la sienne.


(2) Dans cette pensée il est très naturellement induit que nous pouvons nous passer graduellement de l'économie de masse, de l'Etat, du salariat, de la représentation politique, des villes et éventuellement, pour qui veut, de la propriété privée. Une location à faible prix ("ichimayen" = 10,000 yens par mois ou par an, ou un don (terre cultivable et habitation rurale à réhabiliter en échange), c'est là un matériel d'information et de réflexion, encourage les capacités individuelles, les capabilités et fortifie la conscience de ses besoins réels, un interessant outil de travail donc, d'information, de communication, d'enseignement, d'apprentissage, d'art, de micro-production, de micro-distribution, de création alternative de droits, de justice, de pouvoir, d'autonomie, de non-violence et bien entendu de décroissance au service des hommes, de la nature, de la faune.


(3) Un coup d'oeil au rapport "Country gender assessment" (pdf) de la BAD 2004 centré sur les capabilités de base ou basic functional capabilities des femmes philippines montrera bien l'exploitation stratégique de cet outil par la banque de développement. L'on prétendra, bien entendu à tort selon nous, que dans un contexte de croissance ou d'économie globale les capabilités conduisent à la non discrimination, à la justice et à l'égalité économiques....
- Thinking Globally : Acting Regionally: Asian Economic Integration", Haruhiko Kuroda, président d'ADB, Annual meeting seminar, 4 may 2006, Hyderabad, India.
- Meeting with NGOs & Civil Society, Haruhiko Kuroda, président d'ADB, At the 39th Annual Meeting, Hyderabad, India, 3 May 2006.


(4) L'instabilité d'un système est directement liée à son entropie, son degré de désordre. Les systèmes organisés, abandonnés à eux-mêmes, deviendraient, avec le temps, de moins en moins stables et organisés...


(5) Les collines forestières japonaises sont des systèmes d'écoulement d'eau et de drainage naturels, de protection contre les glissements de terrain et des réserves d'eau naturelles inépuisables. Les sous-sols des 25 millions ha de la forêt japonaise contiennent 9 fois la quantité d'eau des 2600 barrages actuellement en activité

 

« Ce que chacun peut réellement faire ou être", ou évaluer la justice dans un contexte de décroissance

T
adakazu Fukase (ci-contre), en 1988, ne nous laisse pas beaucoup de choix. Dans les deux cas nous évoluons dans le système politique de l'économie concurrentielle globale et locale avec ses options historiques libérales ou néolibérales. En 2007 la situation économique et financière japonaise n'a guère évolué. Sinon que l'endettement de l'Etat et des collectivités locales s'est accru d'une prodigieuse façon. Le contexte économique des demandeurs d'indemnisations ou de compensations, des opposants civils aux constructions de barrage, des demandeurs d'annulation des ces projets en justice ou encore des défenseurs des droits de l'homme, de la nature et de la faune devant une quelconque Cour de district, s'il est bien spécifique, s'est aggravé. Ajoutons à cela qu'en un demi-siècle la justice n'est toujours pas en mesure de s'affranchir des orientations politiques et économiques de l'Etat; des orientations également imposées aux gouvernements préfectoraux et aux collectivités locales (l'interrogation de Tadakazu Fukase, ici, fait foi) ; des orientations favorables, au plan de l'économie, au surdéveloppement industriel et bancaire régional, à la dérégulation économique, au surprofit, à d'anormales concentrations de richesses, à une non redistribution de ces richesses, à l'investissement étranger ou au commerce transnational. Une fragilisation que les durées des procès aux conclusions incertaines et souvent instatisfaisantes ne contrarieront pas.

Nous remarquerons, maintenant, que si l'aspiration populaire antibarrage à la justice est parfaitement légitime et indispensable elle conduit parfois à oublier que régler les questions des droits, des indemnités et des compensations après expropriation-déportation, après que les sites de construction de barrage aient été définitivement arrétés par les pouvoirs publics, ne règle pas celles qui concernent la justice elle-même... Nous évoluons toujours dans l'espace néoliébéral du "laissez-faire", un espace, au delà de la justice fragilisée rendue, qui se refermera sur le plaignant après son procès. Un espace d'hyper-richesse (d'hyper-circulation de capitaux) mais également d'hyper-endettement et en perpétuelle expansion. Un espace qui proscrit au regard des analyses toute éthique dans la gestion des affaires, publiques et privées, dans les perspectives, les prévisions, et tout audit véritable des comptes aussi....

A la question de Tadakazu Fukase nous préférons donc la question : "la justice ne serait-elle pas plus équitablement rendue, plus efficace socialement ou plus juste, dans un contexte de non-endettement public et privé (Etat, collectivités locales, entreprises, ménages) et d'économie de décroissance ?". Il y a, d'emblée, tout lieu de croire qu'elle serait préférable à la dynamique de l'économie du bien-être matériel; cette dernière conduisant les particuliers, les entrepreneurs comme l'Etat libéral ou néolibéral, à réduire les droits à la plus grosse somme des utilités (publiques ou économiques) et les pertes à une "simple perte de bien-être", détruisant ainsi jusqu'à leur caractère de nécessité.

Abandonnons un temps l'interrogation du juriste Tadakazu Fukase en ne perdant pas de vue les résultats peu encourageant de la justice rendue dans notre contexte d'hyper-investissement et paradoxalement de dématérialisation du capital (ère de l'écriture électronique transnationale et de l'hyper-fuite des capitaux), d'hyper-endettement (entreprises privées, Etats, collectivités locales) mais aussi d'endettement constant des ménages. Un hyper-endettement public et privé associé, du reste, par les néocons, les démocrates libéraux et néolibéraux japonais et américains au "prix de la démocratie".
Ne perdons pas de vue encore - puisque nous parlons d'égalité et de justice - l'altération du caractère de nécessité des pertes des particuliers réduites et assimilées, comme nous venons de le dire, à "ce qui est utile ou non" (aux entreprises, au marché et à l'organisation des institutions).
Nous observerons, a contrario, qu'en décroissance (dont nous aborderons les grandes lignes tout au long de l'article) il apparaît clairement que "ce qui est utile" se traduit en premier lieu par la préservation effective du caractère de nécessité des droits et des pertes des personnes. Prenons pour exemple les "biens sociaux premiers - ou les choses que tout homme rationnel est supposé désirer : droits, possibilités offertes à l'individu, revenus, richesse, pouvoir, bases sociales du respect de soi-même -" (1), la décroissance abordera de façon significative leurs effets sur les êtres humains tout en facilitant - et c'est l'une des grandes différences d'avec une économie justifiée non seulement par l'hyper-profit mais aussi par son hyper-endettement - la prise en compte des capabilités, des besoins réels et de l'histoire privée de chacun; l'information "les biens sociaux premiers", en tant que telle, en tant qu'objet ou fétiche de l'économie capitaliste ne pouvant garantir à elle seule les effets qu'elle propose, l'égalité, la justice, la capacité de chacun à faire ou à être.

L'économie de décroissance basée originellement sur les capabilités nourrit au contraire la défétichisation salutaire de l'information : "ces biens sociaux" ou "objets". Elle les libère de leur conditionnement culturel, des reflexes conditionnés liés à l'hyper-économie sociale, urbaine et salariale. Une telle "utilité" dans un contexte de décroissance n'est pas bâtie sur les "réactions mentales des personnes" stimulées par l'hyper-production d'informations nécessaires au développement, à la spéculation ou à la globalisation (que nous associons à l'hyper-expansion de l'endettement). Elle est plutôt l'expression des capabilités réelles des personnes. Capabilités à se nourrir, à trouver un toit, à se soigner, à protéger les handicapés, à se déplacer, à participer à la vie sociale des communautés, à micro-commercer, à maîtriser les subtiles réseaux de distribution, à communiquer, à échanger avec les personnes âgées, à éduquer les enfants, à s'informer sur des bases nouvelles et donc à créer, à multi-agir indépendamment du salariat, de la représentation politique et des organisations publiques, à se libérer du conditionnement-cloisonnement territorial, finalement, à auto-organiser du droit, de la justice, à créer du pouvoir autonome et donc à recevoir davantage de droits, de justice et de libertés (2) ...
Une justice bâtie dans un tel contexte ne peut être celle, utopique, qui défend l'option du bien-être matériel garanti par l'individu narcissique ayant pris à son compte les contraintes du pouvoir et désormais principe de son propre assujettissement mais celle de l'individu sans ce conditionnement : libéré des contraintes d'une justice incertaine, elle-même prisonnière des reflets ambigus de l'Etat politique ou de la conquête du pouvoir d'Etat, des orientations politiques libre-échangistes, de la croissance, de l'économie du bien-être, du mythe de Sysiphe du plein emploi ou du chômage (l'inquiétude de Tadakazu Fukase nous y conduit), libéré des illusions parfaites de la structure panoptique de la consommation et du marché, libéré des informations fétiches du système.

Il n'est donc pas faux de penser que dans un contexte socioéconomique de décroissance et d'évaluation réaliste, matérialiste, des capabilités de base de chacun, la justice évoluerait dans un contexte éthique "relais", salutaire. Salutaire à son affranchissement d'une interprétaion du droit par trop instrumentaliste, utilitariste, déontologique. Dans ce dernier cas nous remarquons que "le droit pour le droit" indépendamment des conséquences sociales - plus encore quand le droit favorise l'entreprise -, est extrêmement préjudiciable aux individus. Salutaire donc à son affranchissement de toute économicisation de ses fonctions. Il est à remarquer encore que dans ce contexte l'économie - en tant que "somme des plus grosses utilités" - prime naturellement sur les droits fondamentaux de l'homme - "de petite utilité" -, une tendance qui s'accentue également en Europe, en Chine, en Inde, en Corée-du-Sud, en Russie et aux Etats-Unis depuis plus de vingt ans.
S'il apparaît au regard de la théorie du "non-mouvement" ou du "mouvement immobile" que la justice japonaise "unknown quantity" (surnom également de Shinzo Abé) est un yoga, elle est avant tout un yoga appaisant pour les juges, l'administration, le gouvernement, les partis mais aussi, par le fait, appaisante pour le monde entrepreneurial, bâtiment et construction. En effet, plus les affaires criminelles sont nombreuses - corruption et fraudes - plus puissants sont les consortiums BTP (sub-structures des partis politiques historiques). Retenons que le seul marché japonais de la construction implique quelques 500 000 à 550 000 constructeurs et est estimé à 500 milliards de dollars. Justice-relais ? La justice est bien perméable aux subtiles orientations politiques de l'Etat néollibéral tout comme le sont les instances régionales : gouvernements préfectoraux et collectivités locales; perméable donc à la culture des droits régionaux aux nouveaux marchés, aux hyper-profits et à l'hyper-endettement. Une irréversible culture-relais qui nourrit l'épuisement des hommes, des ressources naturelles, de la nature, de la faune.

La décroissance, au contraire, (qui n'ignore rien de l'entropie, de l'instabilité et du désordre, qui n'ignore rien des illusions évolutionnistes ou constructivistes) s'oppose, quant à elle, à cet épuisement, au rejet de l'enfance et de l'enfantement, au rejet des personnes âgées, malades ou handicapées. A l'opposé, la conquête perpétuelle des nouveaux marchés conçoit plus qu'un non-droit à la justice, à la protection civile, au bien être public, à la santé publique, à l'abondance : un non-droit à la vie.

Force, donc, est de constater que les libertés garanties par la justice dans un contexte économique libéral ou néolibéral ne peuvent fondamentalement se refleter dans les capabilités de chacun à faire ou à être. Evaluer la justice, les droits, les libertés, en économie de décroissance, invite au contraire à une réflexion constante sur le caractère de nécessité de la capacité de chacun à accomplir les actes fondamentaux. Une telle évaluation remet durablement en question les critères de la richesse et de la pauvreté conçus dans une optique de développement, de croissance économique (PIB et taux de croissance à l'appui) et d'assujettissement. Elle contribue à balayer les notions de "justice, de droit et d'économie pour les pauvres" (les plaignants en justice sont rangés au nombre des pauvres) et à déjouer les dérives stratégiques économiques alternatives (libérales ou néolibérales ) calées, précisément, sur les "capabilités de base".

Une telle dérive stratégique est, par exemple, parfaitement lisible dans les projets de développement de la Banque Asiatique de Développement (BAD) présidée par le gouvernement japonais (actionnaire majoritaire devant les Etats-Unis) et l'un des nombreux pourvoyeurs de barrages en Asie-Pacifique. La BAD hisse, en effet, au rang des besoins du marché global "la masse des pauvres" sans "conscience civile" mais "dotée de besoins et de potentialités économiques réels". Le "pauvre" véritable "chaînon manquant" dans le processus capitaliste s'éveillerait ainsi à ses aptitudes civiles fondamentales par une contribution significative au développement régional, au libre-échange, à la globalisation, au droit. Une contribution assimilée par les pormoteurs néolibéraux à un acte moral ayant quasiment la valeur d'une décision équitable en justice.

Par le détail "l'homme civil" de la BAD serait celui qui désormais serait "apte à lire, à écrire, à étudier, à téléphoner, à s'abonner au net, à consommer de l'information, du droit - et à défendre ses droits, ses libertés -, à s'endetter, à projeter, à procréer, à générer des conditions favorables aux crédits de la microfinance et aux investissements régionaux, à commercer pour ses besoins", à céer de la justice, celle du marché global en fait. "Le pauvre" est aujourd'hui catégorisé "civil partner" sur la base des innombrables projets de collaboration bancaire de la BAD mais aussi du FMI et de la Banque Mondiale. Il sera demain "business partner" à part égale avec les constructeurs de barrages, les constructeurs d'égalité, les constructeurs de modes de vie et de justice, sur la base encore de la croissance économique, du développement, de la dérégulation, de la globalisation des services mais aussi de l'hyper-endettement des Etats, des collectivités locales, des entrepreneurs et des ménages. La BAD (organisation étatique bancaire mondiale) a recensé pour ce magistral devoir d'ingérence démocratique 1,6 milliards de "civil partners" ne parvenant pas à "gagner" plus de 2 dollars par jour et 620 millions plus de 1 dollar (3) ...

L'économie globale, libérale ou néolibérale, du "non-choix" pour les juges (et les plaignants) du professeur Tadakazu Fukase (université d'Hokkaïdo) conduit de toute évidence à une "justice et à des droits renouvelés pour les riches"... En quoi cette remarque est-elle fondée ? Bien souvent les plaignants au Japon (et partout où la défense de droits garantis est payante) doivent financer leur défense au delà de leurs moyens pour des indemnités généralement ridicules. Ce fut particulièrement sensible dans le cas de la défense des lépreux japonais déportés et internés de force, des infimes indemnisations qui leur seront allouées par l'Etat après un jugement rendu par le tribunal de Kumamoto en 2001 (pdf), et c'est encore très sensible dans les affaires d'expropriation de petits propriétaires pour la construction d'un barrage et dans celles encore des demandes d'indemnités-compensations qu'ils perçevront ou non.

L'injustice est, toutefois, plus grande si l'on considère le temps nécessaire à la réalisation de ces projets de construction. Le temps, ici, est celui de l'agonie des moyens économiques de défense des plaignants. Il joue toujours, au regard des faits (la jurisprudence, les plaidoiries et la littérature des luttes antibarrage abondent en ce sens), en faveur de l'Etat-yogi (absence de mouvements en faveur des exclus et des plaignants) et des constructeurs-soldats (business partners) moteurs de l'économie de marché (grosse utilité) et du développement. C'est encore particulièrement sensible dans le cas de la construction du barrage de Yamba de la préfecture de Gumma (voir notre dossier "Yamba" ci-dessous). Un projet public dont la conception remonte à 1952 !... Ici, les plaignants des comités civils de défense ont appris en plus d'un demi-siècle de croissance accélérée que le mot justice ne signifiait pas justice, ou encore gratuité, assistance, ou encore démocratie, sécurité, protection ou même égalité... Beaucoup accepteront de lutter pour des droits légitimes à perte ou s'endetteront très lourdement sans garantie de réussite.

Il est clair, encore, au regard de l'histoire des luttes antibarrage, des expropriations et des indemnisations (ou des non indemnisations), de la jurisprudence, que les droits (lisibles dans les politiques publiques de réinsertion des expropriés) garantis par la justice aux déportés après des années de procès et de défense payante se traduisent toujours en terme d'objets ou de fétiches de l'économie capitaliste, de biens sociaux sans aucune valeur : indemnités sous évaluées, estimation des compensations indépendamment des besoins réels, constructions d'édifices sociaux, médicaux et éducatifs "high tech" inadaptés, constructions d'espaces habitables imposés et encore une fois inadaptés, traçages de routes inadaptés, dégagements d'aires inutiles dans les montagnes et les forêts, perçages de tunnels et constructions de ponts inadaptés... Auxquels s'ajoutent les parements traditionnels de l'économie du bien-être : surconstruction de centres de tourisme ou de plaisir, de bassins nautiques, d'aqualands géants et d'altiports de plaisance, suréquipement en salles de spectacle, suréquipements sportifs déserts tout au long de l'année pour l'entrainement et la haute compétition (baseball, golf, etc...), inflation de jardins et de parcs de détente artificiels, épidémie de centres commerciaux et de parkings géants, de salles de jeux et de lunaparcs, suréquipement en eau, électricité, éclairage public, téléphonie, radiotélédiffusion, sécurité, service auto, signalisation routière, etc...

Il n'y a généralement aucune relation intime entre les biens sociaux idéologiquement conçus pour les masses et proposés par les pouvoirs et les personnes dépossédées. Les différences qui existent entre les fins ou les objectifs de chacun ne sont jamais prises en considération. Autrement dit, la justice réservée ou non aux expropriés-déportés (en situation de désaffiliation sociale et de détresse soit 40 à 80 millions de personnes dans le monde selon la Commission Mondiale des Barrages) dans le contexte d'hyper-endettement des Etats, des collectivités locales, des entreprises et de pauvreté-précarité des ménages ne peut se traduire en terme de capabilités de base pour les personnes lésées. Cette justice "sociale" est quasiment sans valeur au sens où nous l'entendons. Un très bon indice : les biens sociaux proposés par la justice et l'Etat, les indemnisations, les compensations - les ressources nouvelles - ne parviennent pas à se convertir en libertés effectives, en modes de vie adaptés ou en accomplissements individuels. La vie, après des années de lutte, de défense des droits et des libertés prétendus légitimes, après même que justice soit rendue, est simplement un enfer.

Au "non-choix" de l'économie capitaliste (avec ou sans entreprises nationalisées) du juriste Tadakazu Fukase nous proposons une économie de décroissance. Il y a tout lieu de croire que cette dernière permette aux personnes a-priori sans moyens de parvenir à ce qu'elles peuvent réellement faire ou être. Cette économie ne relève pas d'un système technique, ou d'un procédé collectiviste égalitaire imposé et présumé moral, ou encore d'un néoruralisme réglé sur l'élitisme social et culturel, la propriété privée et le profit. Cette économie a définitivement rompu avec les standards comportementaux autoritaires, alimentaires, sanitaires, socioéducatifs, culturels, nécessaires à l'hyper-économie imposée par les partis et les élus aux classes moyennes comme les bases d'un mode de vie idéal; transformant, en fait, les régions et les cités en "réservoirs" de main-d'oeuvre. L'économie de décroissance n'est pas dissociable des capabilitiés et propose une réflexion sur les pertes réelles et, par conséquence, sur les besoins relatifs, ici décroissants, en services, marchandises, travail, monnaie, des personnes. Cette économie n'est pas originelle mais bien tangeante à l'économie de masse. Elle est culturellement libérée, par contre, de son conditionnement de masse (ceci n'est pas contradictoire avec la proposition précédente). Non capitaliste elle se définit dans un champ qui s'oppose également au micro-crédit bancaire, à la micro-finance institutionnalisée ou entrepreneuriale, nouvelles sources d'endettement et sutout de dépendance.
Ceci ne s'oppose pas à l'organisation microéconomique, au transport individuel ou à la distribution, bien au contraire; l'effondrement du microcrédit bancaire rural japonais, la privatisation des postes et des chemins de fer, ont conduit à la fermeture des bureaux et des stations éloignés mais aussi à la stérilisation du monde rural, de sa culture autonomiste, à la dépendance d'avec le Crédit coopératif agricole - politique et conservateur (hyper-structure capitaliste "JA" (Zenchu) - lobbyiste multimilliardaire auprès du Congrès américain, écodépensier et gros investisseur en biens sociaux inadaptés, voir notre entretien avec l'historien Shigeru Kobayashi et notre étude ultérieure) -, à la polarisation administrative, à la concentration des richesses et des populations en zone urbaine.
Nous pensons que l'expansion du micro-crédit bancaire en Inde ou en Asie derrière notamment les programmes de la "pro-poor sustainable economic growth" de la BAD, du "Millenium Development Goals", des substructures du FMI, des Nations-Unies ou de la Banque Mondiale, conduira à terme à plus de pertes, à plus de souffrance et donc à moins de justice. Les objectifs de ces programmes néohumanitaires (ONGs en avant) qui se veulent justes, éthiques et adaptés, se révèleront un jour prochain comme n'étant pas les indicateurs de fiabilité morale tant espérés par les marchés, le néolibéralisme et ses acteurs.

La décroissance consiste donc en un positionnement éthique rigoureux basé non seulement sur les pertes et leur nature mais sur les souffrances et leurs causes. Elle est, à ce titre, "salutaire" à la défense des droits, des libertés et à l'accueil solidaire de toutes les catégories de plaignants, de dépossédés, de pauvres ou d'exclus. Elle est par le fait une démarche alternative.

Par le fait qu'elle appréhende l'entropie (4) comme une donnée de fait irrémédiable - contre laquelle aucun mur de barrage ne peut rien, ni aucun microcrédit bancaire - elle est extrêmement salutaire aux jugements, aux juges dans leur majorité et aux institutions.
La philosophie sociale de la décroissance reconnaît, par ailleurs, outre le rôle stabilisant des "green dams" (5), celui de 'l'instabilité naturelle' et du 'désorde', ce que le conditionnement comportemental lié à l'ordre et à la croissance économique craint et redoute. C'est aussi une base de travail pour appréhender autrement et correctement le rôle de la micro-économie, de la micro-agriculture naturelle et du coopérativisme, l'enjeu social de l'écoulement de la micro-production et de la micro-distribution, des réseaux horizontaux autogérés libérés des contraintes de la gestion managériale, des escroqueries au microcrédit bancaire, de l'endettement.
Elle est le témoin relais du bénévolat, du don, du partage, de la non-violence, de la patience, de la confiance, de la transmission alternative des savoirs et de l'expérience, de la répétition inlassable et indispensable.

Cette économie repose donc sur une philosophie sociale de la communication, de l'information, de la participation, dont la trame historique est ou se veut le reflet des capabilités de base de chacun. Une philosophie sociale, nous le voyons bien dans l'histoire réaliste des procès, sans laquelle l'homme, la nature et la faune, ne peuvent disposer que de droits "sans utilité" ou de "petite utilité", restreints ou illusoires. Elle est également salutaire aux plaignants et aux juges du fait de son extrême décloisonnement social, culturel, économique et territorial tout comme le sont, du reste, par nature, les crimes et les délits assimilés à des "degrés de désordre" que la société "stabilisée" ne cherche pas à comprendre, ou encore condamne sans miséricorde : "la prison ou la corde!".
La justice a été conçue dans un contexte politique, économique et social de bien-être et de masse où le droit est appréhendé de façon utilitariste et instrumentaliste. Le droit y est utilisé pour des buts indépendants des droits et parait au final sans valeur en lui-même. Nous naissons dans ce contexte illusoire. Du fait de cette naissance les deux mondes (décroissance et croissance) ne peuvent, en droit comme en fait, que coexister, l'un tangent à l'autre.

Concluons sur deux exemples d'autogestion associative en réseau; les communautés de plaignants antibarrage et de défenseurs de droits de la nature. Ces dernières apparaîssent parfaitement autonomes et décloisonnées économiquement, juridiquement, socialement, psychologiquement et territorialement. Elles sont à la fois dispersées, non homogènes et très proches à la fois, semblables à une diaspora. Proches, par la crise socioécononomique et culturelle identitaire irrémédiable dont elles sont issues, toutes sont animées d'une même critique (non partisanne dans l'ensemble) de l'économie de marché, du développement, du productivisme industriel ou du profit bancaire.
Ces communautés, groupes, collectifs, associations, comités sont naturellement acquis à cette philosophie sociale opérative et à son mode économique alternatif également opérateur : "acteurs éveillés (entendons libres de tout conditionnement) plutôt que victimes".
Ces groupes évoluent dans l'espace où les "deux mondes" coexistent tout en étant parfaitement conscients que le capitalisme et le néolibéralisme, l'Etat politique, les "églises politiques" (catholiques ou chrétiennes, bouddhistes, néobouddhistes, confucéennes, taoistes ou encore musulmanes), leurs droits et leur justice sans efficace social, sont présentés dès l'enfance avec un caractère de nécessité scientifique propre aux lois naturelles comme la gravitation ou la thermodynamique.
La décroissance, au contraire, sans forcer le schéma des lois universelles puisqu'elle vit en étroite symbiose avec l'homme, ses souffrances et ses pertes, ses capabilités de base et ses besoins décroissants, la nature, la faune, les ressources et les saisons, se présente plutôt comme un choix politique économique* adulte, discriminant, attentif, sensible, intime et non comme un "grand choix planifié par l'Etat". Elle n'est pas, non plus, un nouveau "mode de vie originel".

La décroissance au Japon est bien, à ce titre, une critique éthique de l'économie du bien-être des communautés urbaines (grandes ou petites) et de l'hyper-centralisation de tous les moyens, de tous les potentiels, de tous les dispositifs sécuritaires (stratégie globale de l'OTAN en Asie et dans le monde, développement du renseignement civil et civilisation progressive des forces militaires d'occupation) au coeur desquels évoluent magistrats, justice, élus, fonctionnaires. Ces derniers sont bien les supports-relais des orientations subtiles de l'Etat néolibéral, de l'organisation consubstantielle, intellectuelle et juridique, du commerce régional, national et mondial, de la dérégulation économique, de l'hyper-spéculation actionnariale ou encore de l'hyper-endettement. En ce sens l'économie de la décroissance, celle du choix - de l'hérésie (hairesis) -, ce que chacun peut réellement faire ou être, est salutaire aux juges (japonais) et à la justice. (C.P)

*Par "choix politique économique" nous entendons ce qui est relatif à l'organisation dynamique de la vie collective locale et à la création-exercice d'un pouvoir autonome centré non plus sur la représentation politique traditionnelle (mode électoral partisan et centralisme institutionnel) mais sur le choix économique individuel - anticapitaliste - de la décroissance décloisonnée territorialement, les capabilités et une philosophie sociale des pertes - homme, ressource, nature, faune (voir note 2).
**"En droit japonais, la conception de la propriété commerciale n'existe pas... La propriété individuelle japonaise n'a pas été consacrée pour assurer la vie et la liberté des hommes (mais) pour poursuivre la politique de l'Etat... Cette cicatrice congénitale semble difficile à effacer même aujourd'hui..."(Katsumi Yoshida, "Une propriété foncière comme outil de vie ou la négation du caractère de marchandise de la propriété foncière", p.111, Etudes (libérales) de droit Japonais, Société de Législation Comparée/faculté de droit de Hokkaido, 1999)

I - « Yamba, le plus lourd fardeau des contribuables de l'histoire des barrages du Japon »

Durant l'été 2004 les opposants civils à la construction du barrage de Yamba se réuniront pour l'annulation du projet de construction. Une action en justice sera prévue dans les capitales de cinq préfectures. En décembre de la même année, à Shibuya, il sera décidé que six Cours régionales seraient saisies : Tokyo, Ibaraki, Chiba, Tochigi, Gumma, Saitama...




Photos : Yamba ashita no kai (Comité "Pour Demain" de Yamba)


Photo 1, "La tribune", les délégués de six préfectures de la région du Kanto, réunion historique de Shibuya de décembre 2004.

Photo 2,Une action civile polyvalente, unie, interpréfectorale, humainement ouverte, très structurée juridiquement et scientifiquement

Photo 3, Assis et au micro, Mr.Shimazu, ex-ingénieur des eaux de la ville de Tokyo, écrivain scientifique de l'eau et directeur scientifique du mouvement anti-construction de Yamba. Il nous introduira, avec Mr. Kambara, délégué des opposants au barrage de Yamba de la préfecture d'Ibaraki, au coeur du processus des accusations civiles en Ibaraki et à Tokyo, à la Cour de District de Mito ainsi qu'à la première réunion de travail post-audience de fin janvier 2007.


Trame sociohistorique de l'opposition civile anti-Yamba et antibarrage nationale
Mr. Shimazu est également l'un des principaux coordinateurs scientifiques de la campagne nationale No More Dam.
Chaque délégué est polyvalent. Un important travail de traitement de dossiers et de coordination est réalisé de préfecture en préfecture par chacun d'entre eux. De nombreux symposiums, séminaires, meetings traiteront tour à tour de l'eau, des rivières, des sources, des étangs, des lacs, du littoral, de la lutte antibarrage, des aménagements de rives, de la pollution, de la sauvegarde de la faune et des écosystèmes, des évolutions du système politique japonais : analyses politiques et sociohistoriques des partis, des commissions et sous-commissions, de l'administration centrale, du personnel politique, de la législation, de l'évolution des institutions, de l'économie ou encore des conséquences du passage de l'ère administrative Jun'ichiro Koizumi à celle de Shinzo Abé sur les oppositions civiles et les actions pour la réforme des lois sur l'eau et les constructions...


Qu'est-ce qu'un "ombudsman" ?
Nous retiendrons la définition de Larry B. Hill, professeur de science politique de l'Université d'Oklahoma.
Nous aborderons la question ultérieurement avec une approche pratique et théorique d'actualité propre à l'opposition civile à la construction du barrage de Yamba, section Ibaraki du mouvement national.
Defining Real Ombudsmen :
"The institution’s mission is to generate complaints against government administration, to use its extensive powers of investigation in performing a post-decision administrative audit, to form judgments which criticize or vindicate administrators, and to report publicly its findings and recommendations but not to change administrative decisions.
Real Ombudsmen possess the following eleven structural, organizational characteristics:
1. Ombudsmen are separate entities that are functionally autonomous.
2. Ombudsmen are operationally independent of both the legislature and the executive.
3. Ombudsmen are legally established governmental officials.
4. Ombudsmen are monitoring specialists.
5. Ombudsmen are administrative experts and professionals.
6. Ombudsmen are non-partisan.
7. Ombudsmen are normatively universalistic.
8. Ombudsmen are client-centered, but not anti-administration.
9. Ombudsmen are both popularly accessible and visible.
10. Ombudsmen are high status institutions
11. Ombudsmen have resources extensive enough to perform their mission."



Notes :
Les mines d'Ashio, broyeuses de vies et pourvoyeuses de drames sociaux
"In August and September 1896 floodwaters overwhelmed the Watarase and Tone watershed’s levee system, leaving a layer of poisoned topsoil on the valleys’ rice paddies, mulberry groves, and dry fields. A host of pollutants including arsenic, mercury, chlorine, sulfur, aluminum oxide, magnesia, iron, copper sulphate (blue vitriol), and nitric and phosphoric acids turned the waters eerily blue and left sores on the feet and ankles of anyone exposed to river water for any length of time...."
Remake Politics, Note Nature : Tanaka Shozo's Philosophies of "poison" and "flow" and Japan's Environment by Robert Stolz.

Réseau Hydrographique, Greater Tokyo
Bassin de Tonegawa, Arakawa (Bassin Map 22.2) et Watarase river (Watarasegawa, Map.22.3) documents de l'Unesco (MLIT), commentaires et descriptions publiques des réseaux, avec les réserves d'usage.

The Ashio Copper mine pollution case: The origins of environmental destruction
I. Technological modernization and the Ashio Copper Mine
II. Protests against mining poisons and governmental measures
III. Mine operations in the Post Sino-Japanese War era and the stance of the government
IV. Tanaka's attempt to appeal directly to the emperor and the poisoned water-collection pond plan
V. Shozo Tanaka takes up residence in Yanaka village
VI. The historical implications of the Ashio Copper-mine poisoning incidents
VII. Copper-poisoning issues and their aftermath
VIII. Conclusions: Lessons for today from the Ashio Copper-mine poisonings

Environmental Action Plan by The Federation of Electric Power Companies of Japan :
Promotion of Environmental Management -FEPC
Members of the electric utility industry have been among the first to create environmentaldepartments and set up in-house environmental management systems. They have reported on their environmental protection efforts through environmental action reports. According to each member’s policy, the industry has voluntarily and actively worked to improve in-house environmental management systems in line with the international standards of the ISO14000 series, and to earn ISO14001 certification at their representative sites. The industry has also paid close attention to other societal trends, such as environmental accounting and environmental auditing. These efforts will continue in the future to ensure that we place even less burden on the environment.

JAPAN's electric power industry in the world, Energy and environment

Volatile organic compounds of the tap water in the Watarase, Tone and Edo River system
Department of Hygiene and Public Health, Graduate School of Human Sciences, Waseda University, Saitama.
OBJECTIVES: The chlorination of river water in purification plants is known to produce carcinogens such as trihalomethanes (THMs). We studied the river system of the Watarase, Tone, and Edo Rivers in regard to the formation of THMs. This river system starts from the base of the Ashio copper mine and ends at Tokyo Bay. Along the rivers, there are 14 local municipalities in Gunma, Saitama, Ibaragi and Chiba Prefectures, as well as Tokyo. This area is the center of the Kanto plain and includes the main sources of water pollution from human activities. We also analyzed various chemicals in river water and tap water to clarify the status of the water environment, and we outline the problems of the water environment in the research area (Fig. 1).
METHODS: Water samples were taken from 18 river sites and 42 water faucets at public facilities in 14 local municipalities. We analyzed samples for volatile organic compounds such as THMs, by gas chromatography mass spectrometry (GC-MS), and evaluations of chemical oxygen demand (COD) were made with reference to Japanese drinking water quality standards.
RESULTS: Concentrations of THMs in the downstream tap water samples were higher than those in the samples from the upperstream. This tendency was similar to the COD of the river water samples, but no correlation between the concentration of THMs in tap water and the COD in tap water sources was found. In tap water of local government C, trichloroethylene was detected.
CONCLUSIONS: The current findings suggest that the present water filtration plant procedures are not sufficient to remove some hazardous chemicals from the source water. Moreover, it was confirmed that the water filtration produced THMs. Also, trichloroethylene was detected from the water environment in the research area, suggesting that pollution of the water environment continues.

I - "Après des années de luttes et d'abnégation, la mémoire s'inscrit en chacun des actifs, une langue commune se développe..."

Une action "anti-infractions" (il est trop tôt pour parler d'infractions de corruption) est menée depuis des années par de nombreux avocats "ombudsmen" mandatés par les comités civils antibarrage de Yamba afin de dégager les différentes possibilités d'accusation de l'administration préfectorale du Kanto. La première phase des accusations concerne le montant astronomique des contributions versé par chacune des six préfectures impliquées dans la réalisation du barrage de Yamba, prefecture de Gumma. Les préfectures concernées par le projet de raccordement et d'approvisionnement en eau de Yamba auraient en effet délibérément contourné un certain nombre de règles, de dispositions et d'obligations contenues dans l'Acte des Finances Locales. Cette surcharge des dépenses préfectorales a donc, selon le dossier de l'accusation constitué en 2004, un caractère illégal et encouragera les populations de six préfectures du Kanto : Tokyo, Ibaraki, Chiba, Tochigi, Gumma, Saitama, à entreprendre une action en justice. Cette action collective, en terme de jurisprudence, s'appuit sur une décision de la Cour Suprême du 30 mars 1978.

Nous assisterons fin janvier 2007 à une audience préliminaire à la Cour de District de Mito, préfecture d'Ibaraki. Madame Nôguchi du Comité civil des plaignants d'ibaraki fera une émouvante présentation de l'argumentaire de l'opposition.
D'un côté l'accusation civile et ses avocats défenseurs; nous en rencontrerons deux, Maître Yahagi Yoichi, ombudsman, avocat bien connu du cabinet Mitohabataki Godo (Mito), Maître Marutyama Koji également du cabinet Mitohabataki Godo, non ombudsman, qui démontrera à la Cour la dangerosité des versants montagneux du futur lac de Yamba ainsi que l'évidence des risques de glissements de terrain, d'éboulements et d'avalanches (les documents ci-dessous sont une sélection de ceux qui ont été visionnés en diaporama et présentés à la Cour par Maître Marutyama Koji), et de l'autre les fonctionnaires préfectoraux et leurs avocats.
Durant cette très courte audience de présentation des parties, accusation et accusés (nous reviendrons sur le fond technique complexe des plaidoiries ultérieurement, les parties qui suivent ont une valeur d'introduction), les fonctionnaires délégués par le gouvernement préfectoral souhaiteront verser quelques documents nouveaux au dossier. Ces derniers - après examen du juge et des avocats des plaignants - seront déclarés irrecevables. Ces documents préfectoraux - essentiellement des ouvrages techniques - ne portant pas, à la surprise de tous, le sceau d'un éditeur certifié ou n'étant pas disponibles dans une quelconque bibliothèque publique impliquera que les accusés devront fournir en avril prochain de nouveaux documents cette fois-ci certifiés ou bien les abandonner...
*
Les réunions civiles extérieures d'expositions des arguments, d'analyses et de débats, sont très complètes. Elles structurent énergiquement les actions - scientifiquement rigoureuses, chaleureuses et ouvertes. Elles se déroulent chacune selon un calendrier pré-établi chaque mois parfois chaque semaine - disponible sur le net - dans les six préfectures et au delà dans le pays. Chaque délégué des deux sexes est instruit d'un dossier en fonction des besoins de son comité afin d'animer une tribune scientifique d'argumentation et d'opposition devant les spécialistes de l'Etat, des préfectures, des mairies ou devant les populations, durant un temps imparti.
Une importante documentation scientifique, textes, diapos, photos, web-pages, circule. Les comptes rendus de séance sont envoyés aux participants actifs. L'histoire et la matière de l'histoire sont là. Après des années de luttes et d'abnégation, la mémoire s'inscrit en chacun des actifs, une langue commune se développe. La répétition prend alors toute sa saveur : études, examens des connaissances par les exposés publics, patience, confiance, détermination, non violence, conduisent à une authentique maîtrise sociale dans un contexte pourtant de crise et d'agression sociopolitique, de détresse, d'isolement, de désaffiliation sociale et de décroissance économique. Cette dernière joue un rôle pivôt dans l'organisation sociale alternative de l'opposition antibarrage. Elle est le medium de son autonomie, de son indépendance mais aussi le support-clef de la cohérence de son discours sur les droits de l'homme, de l'eau et des rivières. Une culture alternative se développe liant les uns aux autres à la défense des droits et des lois dans chaque région, chaque préfecture, et dans tous les villages impliqués.
Les fonctionnaires spécialistes de l'Etat ou des préfectures sont parfois les médiateurs assermentés de certains exposés publics qui ne sont pas ici des débats ou même des amorces de dialogue. L'on y recensera chaque fois - et c'est ainsi tout au long de l'année - une bonne centaine de participants voire davantage. Les exposés impliquant opposants civils et fonctionnaires préfectoraux ou délégués de collectivités locales sont généralement filmés et enregistrés en interne.
Quoi qu'il advienne les exposants, auditeurs-actifs, plaignants, écologistes, journalistes, écrivains scientifiques, enseignants-chercheurs, retraités, élus, commerçants, malades, artistes, hommes et femmes au foyer, familles, handicapés, étudiants, ouvriers, paysans, fonctionnaires, évoluent sans relâche en appui sur une très solide connaissance des sujets traités.

Les exposants, toutefois, se suivent et ne se ressemblent pas. Parfois, les activistes néolibéraux anti-oppositions et probarrages prennent la parole et défendent avec énergie les mérites de l'alignement sur la politique de développement du gouvernement préfectoral, de la globalisation des services, de la délocalisation de la production industrielle étrangère et des exportations ("jumelage" industriel et administratif ou pactes d'amitié liant entre elles les préfectures/départements probarrage et pronucléaire en un réseau d'affaires dérégulé quasiment infini et pour ainsi dire incontrôlable; exemple de la préfecture d'Ibaraki - avec la fiabilité que l'on sait - et des communes du Japon "pactées" avec les USA, la Grande Bretagne, la France (Essonne), l'Allemagne, la Chine, la Corée du Sud ou encore les Pays-Bas).
Défilent alors les standards d'une propagande gouvernemmentale bien connus, inévitables à ce stade des confrontations politiques. Il est, en effet, souhaité d'accueillir avec reconnaissance les investissements étrangers, de soutenir la croissance industrielle, le développement touristique, les nouvelles technologies, la déforestation scientifique, l'assèchement stratégique des rives des grands lacs, les programmes énergétiques nucléaires "propres" ou "non-polluants"...
Le tout est généralement mâtiné d'éco-tourisme "progressiste", en fait de projections sociales néo-rurales sur des bases nostalgiques ou passéistes. Le fait est, qu'un peu partout dans les milieux politiques conservateurs régionaux (de droite comme de gauche) réapparaissent les religions institutionnalisées - bouddhisme, shintoisme, confucianisme - en appui sur les réseaux locaux familiaux, professionnels et associatifs traditionnalistes. Les confréries cherchent une "voie nouvelle" (en faisant front contre la concurrence territoriale et administrative néolibérale qui cherche délibérément à se débarasser d'elles) avec le souci historique, cependant, de demeurer au service des pouvoirs; une "voie nouvelle" par les rites tantriques et un discours incitatif sur le caractère impératif de l'éthique nationale et de la probité.
De son côté, le tissu laïc et associatif "vert", via les festivités populistes et populaires de printemps de type "Green Day" (Golden Week) ou les campagnes nationales pour la santé, la vitalité, le sport de la jeunesse de la Sasakawa Sports Foundation, est chirurgicalement irrigué tant par le souci récurrent de préserver la mémoire nationale sur la base "dynamique" de l'identité impériale associée au culte vitaliste shintobouddhiste de la nature que par, aussi déplaisant que cela soit, le maniement des masses jusqu'à la "victoire".
Une "victoire" qui conduit nécessairement au leadership asiatique et mondial :
- par le commerce civil,
- par la maîtrise emblématique de l'eau, des rivières (calmer l'eau pour calmer le pays dit le proverbe), du bâtiment (digues, ponts, routes, barrages)
- par la maîtrise des énergies, du nucléaire et du stockage du plutonium, une maîtrise caparaçonnée de développement durable et de management environnemental ISO 14000 et ISO 14001 (note-ci-contre Environmental Action Plan, FEPC, source CNIC),
- par la "militarisation" de ce même commerce global notamment avec les pays "civilement instables", impliquant une "présence humanitaire" technique, militaire, policière et secrète accrue.

Cette trame sociohistorique est sous-jaçente aux exposés des néolibéraux probarrages qui affirment l'indigence de la ruralité tout en exploitant malgré tout son potentiel électoral résiduel pour le compte des partis conservateurs au pouvoir. Ce potentiel qui est également le fond social transgénérationnel de la lutte antibarrage, de la décroissance économique et de la défense des droits de l'eau et des rivières pour les nouvelles générations, s'appuit sur l'affaissement effectif de la population active et le vieillissement inéluctable (analyses du comité scientifique antibarrage de Yamba ci-dessous, partie 6).
Ce "marché politique électoral" est garanti. Il concerne pas moins de 20 millions de personnes instrumentalisées par la "logique du marché" : course à l'épargne, aux hyperprofits spéculatifs, à l'hyperendettement, à la bétonnisation, au progrès sanitaire privé et hospitalier, au gingatisme des réseaux routiers, à l'esthétique guerrière de la production automobile et à la culture des "périls réalistes" venant de l'extérieur (terrorisme international, guerre irakienne, afghane, périls nord coréen et chinois, écoulements illégaux d'armes nucléaires, biologiques ou chimiques).
Ce potentiel consiste également en un "marché religieux des morts" porteur des valeurs ultraconservatrices et fascisantes des partis clientélistes au pouvoir (Jimintô/PLD et Komeito/Soka Gakkaï). Un marché estimé à plusieurs centaines de milliards de dollars; le coût moyen d'une cérémonie funéraire étant de plus ou moins 16 000 $.

Cette trame, dramatique, qui transparaît à tous les niveaux des confrontations pour la défense des droits des expropriés-déportés, entretient la culture identitaire des villes associée à tort à l'économie industriellle de l'eau, des canaux géants et des aqueducs. Elle repose également sur les messages récurrents sur le "bien-être retrouvé" (après une guerre salariale intensive menée contre la chute des indices boursiers) et les "promenades en famille autour du lac" qui sont autant d'arguments commerciaux pour la vente des "bons produits" de "l'éco-tourisme de marché" (fléau des confrontations à travers le pays) ou encore ceux du "Free Market Environmentalism" (PERC).
Cet aspect du marché urbain et néorural "des vieux et des moins vieux" repose sur une philosophie politique, écologique et socioculturelle redoutable puisqu'elle a pour mission d'atténuer la dangerosité du développement industriel régional, de l'hyper-profit, de l'hyper-spéculation et de l'hyper-endettement des collectivités locales, de déculpabiliser, déresponsabiliser les actifs-spéculateurs-électeurs vieillissants. Une stratégie qui conduit invariablement aux grands projets de construction de barrage, à la militarisation, à la lutte anti-terroriste...

Bien entendu, à ce stade des confrontations, l'incidence de l'hyper-endettement des collectivités locales (nous parlons d'endettement au niveau des ménages) et de la corruption régionale sur le règlement des problèmes liés à la pollution, à la bétonnisation des rivières, des lacs, des montagnes, à l'exode des populations ou encore à l'accroissement du nombre des filiales de multinationales en rase campagne, n'est pas prise en considération; les multiples aspects d'un même problème sont résolument séparés puis occultés du champ des analyses et des propositions publiques ou privées.

"Il faudra par exemple, dira-t-on encore aux défenseurs des droits des déportés, être plus positif, ne pas dramatiser, sourire, ne pas cracher dans la soupe, prendre ce que l'on (les élus, les collectivités locales, régionales ou l'Etat) donne".
Les fonctionnaires médiateurs, placides, se contentent d'enregistrer les plaintes et les propositions sans intervenir ou défendent une politique publique de gestion des crises obsolète en appui sur les grands travaux que les opposants régionaux condamnent. Nous faisons allusion, ici, à la gestion insatisfaisante du réseau hydrologique de Tone River au sud d'Ibaraki, (présentée comme un exemple international par les pouvoirs afin d'atténuer les critiques radicales antibarrage et antipollution) et à la mutilation historique de Watarase River.
Cette dernière, emblématique dans l'histoire des rivières, illustre bien notre propos puisqu'elle remonte au productivisme des mines de bronze d'Ashio (proprietés des Tokugawa au XVIIème siècle), au militarisme capitaliste de l'ère Meiji (1868-1912, dite "ère du Gouvernement Eclairé") conçu d'après un scénario de la violence marchande désormais classique au Japon : hyperproduction industrielle, exportations - hyperprofits dégagés par la production du bronze en particulier -, technologie et modernisation sous l'inflexible autorité d'un chef, ici, Ichibei Furukawa (1877).
Nous reviendrons ultérieurement sur les mines d'Ashio, broyeuses de vies et pourvoyeuses de drames sociaux (note ci-dessus), ainsi que sur la destruction du lac Kasumigaura conséquence par excellence d'une très mauvaise politique industrielle régionale et d'une plus mauvaise politique environnementale encore.



Photos : Yamba ashita no kai (Comité "Pour Demain" de Yamba, Préfecture de Gumma)

La rivière Agatsuma, puissante, tumultueuse, vivante, aux abords du futur site de barrage de Yamba (voir tracé géographique et particularités géologiques en partie V)




Ci-contre :
Représentation type d'un barrage poids, barrage poids-béton ou encore "gravity dam". Autres exemples de "gravity dams" : Takizawa dam, Nakatsu River, préfecture de Saitama (Kanto-centre), Hayachine dam, préfecture d'Iwate au nord, oeuvres du prédateur transnational Kajima Corp., pape de la construction, du lobbying et de la corruption au Japon et dans le monde... "Attaining harmony, between dams and nature" (Kajima) .
Citons encore parmi les constructeurs corrupteurs impliqués dans de retentissantes affaires de pots-de-vin (préfectures, polices, partis politiques, gouvernements, parlementaires) : Shimizu Corp., Tobishima Corp., Hazama Corp..

II - Fiche technique

Yamba est un barrage prévu pour 2010 sur la rivière Agatsuma (ci-contre +-300km L.), Tone River System du Kanto Centre et Est, préfecture de Gumma : 131m (haut), 331m (long), capacité maximale du réservoir 107,500,000 m3 , capacité effective 90,000,000 m3, 316 ha immergés, surface globale affectée au barrage 707,9 km2.
Yamba, barrage à usage multiple, sera un "barrage poids-béton" ou "gravity dam". La masse de ce type de barrage suffit théoriquement pour résister à la pression exercée par l'eau. Mais une conception de ce type implique une rigoureuse correspondance géologique, à savoir un socle rocheux solide, stable et des supports collatéraux de roches du même type.
Or, ici, nous avons affaire à un site piqué (versants des deux rives) et à un socle en faille. Notons encore que le site est traversé par les secousses de l'Asama au nord, volcan régional en activité (Volcano Research Center) et que l'Agatsuma charrie de fortes acidités provenant des 10,000 sources chaudes de Kusatsu, ville d'eaux thérapeutiques voisine située sur les hauts flancs du lac-volcanique (actif) le plus acide au monde Kusatsu-Shirane. L'acidité des sources souterraines est, ici, un facteur de dangerosité supplémentaire puisqu'elle constitue un très puissant agent de corrosion du béton (coupe en tranche du site partie 6).


III - Estimations des "coûts de construction" du barrage de Yamba par préfectures concernées (cliquez sur le tableau)


tradution d'après le tableau en japonais dans www.yamba-net.org

IV - "Un dispositif psychologique, politique et économique, autoritaire, très élaboré, pensé, sécurisé au niveau national..."

Le projet de Yamba dont la conception lointaine remonte à 1952 (showa 27) relève d'un plan de protection civile conçu pour lutter contre les innondations qui dévasteront le système de drainage du bassin de Tonegawa dans la région de Gumma (repère-Est : Gumma Canal Facilities Emergency Construction) après le passage du typhon Catherine en 1947 (showa 22). Le typhon emportera 1930 personnes.
La première estimation des coûts de construction du barrage proprement dit de Yamba en... 2003 (heisei 15) avoisinera les 210,000,000,000 yens (+-1,5 milliards d'euros).
Elle doublera en 2004 (heisei 16) pour se stabiliser à 460,000,000,000 yens (+-3,3 milliards d'euros).
Cette même année 2004 le gouvernement Koizumi prépare la grande fusion intercommunale de Heisei (2005), une vaste opération d'absorption administrative des villages. Une opération qui stimulera le dépeuplement d'un côté, la concentration des richesses et le surpeuplement en zone urbaine de l'autre. Le Japon qui comptera 71,314 communes dans les années 1850 n'en compte plus que 1822 à la fin 2006 (classement par préfecture du Pr. TAKAHARU KOHARA et en fin de page, fusion administrative en Ibaraki).
La fusion intercommunale, processus historique, agira comme une constante psychologique en faveur de la centralisation économique, administrative et politique. Elle sera donc, quoi qu'on en dise, un outil de l'expansion capitaliste industrielle au service de la dogmatique impériale militaire Meiji, Taisho, Showa, du développement, de la diplomatie et du droit, de la rationalisation de la gestion administrative des grandes cités et des institutions. Elle intègrera aussi dans l'histoire politique des droits et des libertés un vigoureux principe de mutilation socioculturelle dont les opposants civils antibarrage de Yamba et les défenseurs des droits des expropriés-déportés mesurent aujourd'hui les terribles effets.
La Grande Fusion de 1889, ère de Meiji (1868/1912), réduira le nombre des communes de 71,314 à 15 859.
La Grande Fusion de 1953, ère de Showa (1926/1989), réduira ce nombre à 9868 communes et en 1961 à 3472.

La Grande Fusion intercommunale renforcera donc dans le temps les pouvoirs conservateurs, déjà très étendus, de l'Etat, des gouvernements préfectoraux et de la justice entrepreneuriale mais également ceux, aux XXème et XXIème siècles, des principales formations politiques clientélistes parlementaires relais de l'injustice sociale, derrière essentiellement le parti Jimintô (PLD). Elle confèrera également un très discutable caractère de nécessité civile à des politiques de grands travaux publics totalement inadaptées aux besoins socioéconomiques ruraux.

En 2004 la lutte antibarrage autour du projet de construction du barrage de Yamba, préfecture de Gumma (avant la grande fusion administrative de 2005 le nombre des villes/communes de Gumma était de 70, après la fusion il sera de 39, une diminution de 55,7%) a toutefois réussi à dévérouiller une opposition sociale et civile unie interpréfectorale (Gumma, Saitama, Tokyo, Chiba, Ibaraki, Tochigi) et une démarche pacifique en justice dans les capitales de chaque préfecture.
Dans ce contexte de profondes mutations sociales, administratives, économiques et politiques les plus récentes informations sur le montant déjà alarmant du "business global lié à Yamba" se "stabiliseront" à 876,900,000,000 yens soit +-7,3 milliards d'euros (voir le tableau ci-dessus). Yamba, de fait, devient en terme de coûts de construction le barrage le plus cher de l'histoire du Japon et en terme de contributions préfectorales le plus lourd fardeau jamais supporté par les contribuables des six préfectures impliquées...
Il convient d'ajouter à cette contribution forcée le fardeau de l'hyper-endettement de l'Etat (supérieur à 170% du PIB, OCDE, 2006), des régions et des collectivités locales (supérieur à 40% du PIB) qui est aussi l'un des moyens de pression favoris des spécialistes de la course à l'amélioration du niveau de vie par l'augmentation de la productivité et de son corollaire national et régional : les politiques de grands travaux pour le "désenclavement du monde rural" (après que l'Etat et les entrepreneurs aient inventé son enclavement par l'accroissement précisément des différences de niveau de vie entre le monde rurale et urbain).
Ce contexte économique d'hyper-endettement favorisera également une propagande commerciale et électorale typique des grands partis clientélistes. Elle sera mise au point par des acteurs professionnels et s'intègre déjà au "Média Big Bang" du Dentsu Communication Institute (DCI) du consortium prédateur Dentsu Inc.. Ce "média big bang" consiste en un espace informatif au service de l'idéologie de la "régénération sociale intensive" et est conçu pour des hommes pragmatiques et experts tant dans l'art de stimuler l'appétit de développement que dans l'art de favoriser, encore et toujours, "l'homme nouveau" des classes dominantes". Le concept de "masse" disparaît au profit de celui plus asceptisé de "démographie"... et ouvre en ce début de XXIème siècle néolibéral et global sur celui d'"individu", l'homme nouveau (Yutaka Narita, président du DCI). (Colonne: note 6/Yamba and 311-2012)
Cette stimulation de l'appétit pour l'homme nouveau repose sur un dispositif psychologique, politique et économique, autoritaire, très élaboré, pensé, sécurisé au niveau national. Ce dernier exploite rationnellement tous les avantages du "développement économique durable" et du "management environnemental" au niveau mondial et règle non moins rationnellement le processus d'absorption du monde rural et régional planétaire en moins de 20 ans. G.W. Bush établira dans un discours mémorable de juin 2004 les grandes lignes de ce programme dont l'une des premières étapes (processus culturel global oblige) consistera en l'unification du monde arabe par les zones de libre-échange en 2013 (Middle East Free Trade Aera/MEFTA). Ces standards sont déjà parfaitement intégrés aux principes élémentaires de l'ingérence démocratique dans les régions d'Asie-Pacifique (Inde, Philippines, Indonésie, Chine, Asie centrale, Mongolie, îles de la zone Pacifique) par le gouvernement, l'administration et les entrepreneurs japonais. Ce dispostif est similaire en tout point à celui que nous décrivions dans "Dispositifs de guerre et suppliciés" et qui mettait en valeur le développement autoritaire de l'économie américaine.
"Un dispositif, écrivions-nous, qui repose sur une philosophie politique pratique de désaffiliation des classes dominantes d'avec les intérêts vitaux, les droits et les souffrances des populations". Une constante dans les témoignages des opposants civils antibarrage et des défenseurs des droits de la nature.
Nous parlions, en effet, "d'effractions psychiques, de tortures (dispostifs de répression durant les opérations d'ingérence démocratique, sociale, économique, politique, après implantation des troupes d'occupation de la coalition militaire en Irak, etc...) et encore une fois de dispositifs de guerre..."

Le projet "Yamba", véritable machine de guerre économique et en ce sens : empreinte traumatique et prélude à une phase de déculturation, sera âprement défendu par les élites nationales adeptes de la course à la productivité pendant plus d'un demi siècle au même titre qu'un mouvement stratégique dans un dispositif militaire global.
Trois objectifs prioritaires :
- la protection civile des communautés rurales, la maîtrise des innondations, du drainage, des pluies, des sources et des rivières (un comble, les conditions et les bases étant celles de 1947),
- l'approvisionnment en eau (sa fiabilité scientifique, nous le verrons dans la section suivante, ne sera jamais démontrée),
- le désenclavement économique rural (ce ne sera jamais le moteur réel des opérations).

Nous ne partageons pas, ici, les nombreuses critiques qui soutiennent que ce type de développement est anarchique et qu'il repose sur aucune autre stratégie que celle du profit. Nous avons bel et bien affaire à un acte délibéré, pensé par les élites historiques, administratives et politiques, "rentable" tant pour la planification que pour les constructeurs. Il ne sera toutefois jamais question pour l'Etat, l'administration, la majorité des élus, d'affilier socialement les populations expropriées et déportées. Le bourreau productiviste et constructiviste agit seul sur sa victime et n'attend aucune réponse aux questions qu'il pose ou soulève pour la bonne raison que les réponses sont déjà écrites par les commanditaires de l'acte.
Sous prétexte de protection civile, de désenclavemement rural, d'approvisonnement en eau, un processus économique autoritaire accéléré et sa "militarisation" s'est très subtilement profilé dans les régions en absorbant dans un premier temps l'espace administratif vital du monde rural par la fusion intercommunale, le vidant de sa géographie humaine, économique et politique traditionnelle; concentrant spartiatement et selon de nouvelles normes sécuritaires populations et richesses sur des zones alluviales instables et restreintes (des zones à risques tant au plan des pollutions industrielles que des accidents climatologiques et géologiques).
Dans un même temps le gouvernement ne feindra jamais d'emprunter les ojectifs sécuritaires adaptés à la violence stratégique de l'économie de masse et à sa démographie dans le monde et en Asie : sécurité nationale, lutte antiterroriste, défense nationale.

Tout récemment encore les préfectures et les communes reçevront le "Kokuminhogohou" (Loi concernant les Mesures à prendre pour la Protection des Personnes en cas d'Attaques Militaires ou Civil Protection Law). L'urgence gouvernementale commandera, en effet, un effort de collaboration sécuritaire aux préfectures, aux cités et aux populations. Cette opération et ce document illustreront bien les voies qu'empruntent régulièrement la propagande militariste gouvernementale, incitative, bouleversante, stimulant le stress individuel et la mémoire collective (le pays sera traversé en retour par une onde de choc d'indignation et de critiques), poussant "les troupes" tantôt sur l'échiquier de l'obéissance en lui conférant encore une fois un caractère de nécessité civile, tantôt sur l'échiquier de l'économie de marché avec une dynamique militaire "jusqu'à la victoire". Dans les deux cas les accords secrets passés entre partis politiques, groupes affairistes internationaux, gros spéculateurs, banques transnationales et gouvernements étrangers seront délibérément masqués.
Guerre avec la Corée du Nord ou avec la Chine Populaire ? Conquête de nouveaux marchés, stress de l'invasion sur le territoire national ou stress de l'occupant à l'étranger ?...
Les bulletins d'information (exercices militaires de type “Pacific Shield 07” ou “Team Samurai 04”, les allusions, les déclarations du premier ministre à travers le pays préparent bien l'opinion à accepter la modification de l'art.9 de la Constitution nourrissant jusque là "l'aspiration sincère du peuple à renoncer à jamais à la guerre ou à l'usage de la force" et interdisant la possession d'armes traditionnelles, ou autres, comme les armes nucléaires.
Une telle stratégie, pensons-nous, ne peut jaillir que d'un dirigisme extrême (position symbolique du bourreau détenteur du pouvoir initiant ayant rompu tout lien d'empathie) et d'une pensée globale (le monde à part auquel est affilié le boureau coopté et auquel les victimes n'auront jamais accès).

Avec l'économie industrielle des barrages nous avons affaire à un authentique dispositif de guerre (militaire, économique, psychologique), pensé et rigoureux, au même titre que les mécanismes répressifs imposés a-priori arbitrairement en Irak, à Cuba-Guantanamo, en Israel, au Liban, en Afghanistan, en Haïti, au Mexique, en Amérique latine, en Asie ou en Afrique.
"L'économie de guerre des barrages" (de 2600 à 3000 unités selon les sources en 2007) est en effet conçue pour laisser des traces, pour faire effraction en l'homme comme en sa région, pour agir sur les contenants de la pensée comme sur les contenants de l'existence libre, la culture et les groupes d'appartenance, la nature, les montagnes et les rivières...

Il est certain, également, que les néolibéraux agissent sur les régions avec l'intention de "régénérer le corps social vieillissant". Il est certain encore que la population rurale traditionnelle, la population active vieillissante et la population âgée dépendante (rurale et urbaine) sont des obstacles aux perspectives globales du marché sur la base des besoins en eau des pays pauvres pour 2015 (BAD) et au développement du marché des Petites et Moyennes Entreprises en Asie (comme hier "l'improductivité", le nombre et la sédentarité des indiens d'Amérique étaient des obstacles à l'expansion des constructeurs, des pétroliers et des banques de commerce privées). Il est clair que ce vieillissement-panique apparaît au pays de la productivité intensive comme une surcharge pour le navire de guerre économique hydrojet de Shinzo Abe.
Un navire lancé à pleine vitesse dans des brumes incertaines qui dissimulent parfaitement que :
- le rendement des investissements n'est démographiquement plus garanti; qu'il faudra donc se raccorder aux réserves de main d'oeuvre pauvres inépuisables, celles des "civil partners" potentiellement "business partners" des pays voisins afin de délocaliser et investir, objectifs des campagnes "pro-poor" de la BAD, du FMI, de la Banque Mondiale, des Nations-Unies,
- l'exportation en Asie et dans le monde de la maîtrise publique japonaise de l'eau et des rivières par la planification de projets de construction de barrages n'est exploitable que dans un contexte d'hyperendettement des Etats pauvres, des collectivités locales, des entreprises et des ménanges; avec tout ce que cela comporte de mensonges sur la protection civile, le désenclavement rural, le progrès scientifique, les concentrations urbaines de populations et de richesses sur des zones à risques,
- la privatisation concurrentielle des services dans l'esprit de la globalisation et par voie de conséquence la perforation irrémédiable des tissus socioéconomiques nationaux, régionaux et locaux par le business transnational s'accompagnera d'une pluie de faillites, de déséquilibres structurels nouveaux et sera une source supplémentaire d'appauvrissement des ménages et de souffrance individuelle,
- l'exportation de centrales nucléaires dans les pays hyper-endettés aura lieu dans des zones géologiques et démographiques à risques,
- le caractère civil de la militarisation et la militarisation de l'économie au Japon et en Asie ne peuvent se développer sans l'inquiétant système de prospection civile et militaire des nouveaux marchés de l'OTAN, de l'armée américaine, des agences gouvernementales d'information et des Chambres de Commerce et d'Industrie américaines; "système" proposé "clefs en main" aux Etats néolibéraux riches ou pauvres...
Le Japon, à ce titre, sous la pression commerciale et militaire américaine et de l'OTAN, est bien entré dans ce que la BAD appelle la "Global Economy in Transition" où les marchés financiers régionaux asiatiques jouent déjà un rôle majeur...

Le tortionnaire (ici les entrepreneurs transnationaux, les banques de commerce, les constructeurs du bâtiment, les élus conservateurs, néocons et néolibéraux, l'Etat), écrivions-nous dans "Dispositifs de guerre et suppliciés" en citant Françoise Sironi (les parenthèses sont de nous), ne fait effraction en l'autre (les communautés rurales ou non, les minorités éthniques, les familles, les personnes âgées, les handicapés, les malades, les exclus, les expropriés-déportés) que lorsque l'autre n'est plus en mesure de penser l'intentionalité qui sous-tend ses actes.
Il est donc, à priori, difficile de savoir de quoi il retourne, de savoir à quoi pensent l'Etat, les consortiums géants et le syndicat des constructeurs, les élus des grandes villes japonaises (elles-mêmes réserves inépuisables de "civil partners" et de" business partners") évoluant dans l'ombre des pouvoirs politiques, des fonds de pension et des sociétés d'investissement, des compagnies de transport aérien et des postes, des mines et des banques de commerce quasi mafieuses des grandes villes américaines : Los Angeles, San Fransisco, New-York, Washington, Houston, etc...
Ces pouvoirs concentrés confèrent aux élites dirigeantes une intouchabilité quasi absolue dans tous les pays au point que tous devraient être soumis, afin de protéger les populations, à de très sérieuses expertises de responsabilité et de dangerosité. "Des hommes, écriront Noam Chomsky ou Howard Zinn, qui ont droit de vie et de mort sur les hommes de condition ordinaire". Gotoda Masaharu, ex-ministre de la justice pro-peine de mort et doyen omnipotent du parti ultraconservateur Jimintô (PLD) dira cela autrement peu avant sa mort : " le Japon est un Etat vassal des Etats-Unis et glisse en enfer. Le peuple ne se rendra compte que lorsqu'il en aura atteint le fond".

Sans nous éloigner de notre sujet et nous perdre dans une psychanalyse des motivations ou des personnes rappelons que Gotoda Masaharu, en tant que ministre de la justice, ordonnera trois exécutions en mars 1993. L'un des trois exécutés Kawanaka Tetsuo souffrait de maladie mentale. Le médecin du centre de détention déclarera à son avocat que le prisonnier était «sur le point» de sombrer dans la schizophrénie et présentait des troubles hallucinatoires. La loi japonaise interdit pourtant l'exécution de prisonniers souffrant de maladie mentale. Peu après son investiture Shinzo Abe, pro-peine de mort également, ordonnera 4 exécutions capitales le jour de noël 2006. Sur les quatre condamnés trois étaient agés de 64 ans, de 75 ans et de 77 ans...

Chaque homme d'Etat pense un espace, conçoit, planifie et agit selon des règles, des intérêts, une énergie et une patience spécifiques. Chacun se conçoit, inextinguiblement, désir d'omnipotence magique pour son groupe d'appartenance assimilé à la communauté nationale, socialement et démographiquement régénérée; un rêve nazi macabre que traduisent les exécutions capitales des malades mentaux et des personnes âgées. Chacun - intouchable et omnipotent - se veut également principe de gouvernement divinement trransmis (l'angélisme politique de Shinzo Abe durant les campagnes) et efficacité dans la guerre (via la militarisation de l'économie, l'OTAN en Asie, les opérations de reconstruction à l'étranger, l'abrogation de l'art.9).
Les fonctionnaires n'ont accès, quant à eux, ni au culte de la paix par la globalisation du marché de l'information ou par la privatisation graduelle des services ni à l'essence de la chose publique par le droit et les lois. Ils pensent la maîtrise de l'économie du bien-être en terme d'organisation des institutions et d'expertises tandis que les constructeurs de barrage la pensent en terme de contrats.
De cette apparente perfection assimilée stratégiquement et à tort par les fonctionnaires, les élus et les affairistes, à une maîtrise de la pathologie sociale et de la misère jaillissent les engins à chenilles munis de lames, de dents d'acier, de godets racleurs,... bulldozers géants, pelleteuses cyclopéennes, grues gratte-ciel et bataillons d'hommes casqués. Les collines, les forêts, les rivières, les villages, le vieux monde, disent les maîtres de l'économie du bien-être, sont bien pris d'assaut, sécurisés et les périmètres de vie aussitôt rasés.

Les opposants antibarrage disent souvent entre eux : "Que prépare l'Etat ? Que vont-ils faire ? Comment parler à l'Etat ?"
Cette nuit du 14 février 2007, à Tokyo, après une journée marathon de symposiums nationaux sur l'eau et les rivières, de discussions-débats avec les opposants venus de tout le pays pour rappeler les victoires, faire le point sur l'actualité scientifique antipollution et hydrologique, après une journée de socialisation avec les actifs de chaque région : chercheurs-enseignants, conseillers municipaux, journalistes, écrivains scientifiques, hauts-fonctionnaires et parlementaires antibarrage, les opposants assis en carré sous les néons s'observent déconfits, graves, épuisés. Certains ont passé la journée avec les fonctionnaires probarrage de l'Etat. Ils (hommes et femmes) parlent lentement, font leur rapport, les yeux fatigués, le front plombé, les bras croisés. La résistance de l'Etat est sévère et improductive...
Les opposants endurent toutefois le supplice de la "langue de bois" et de "l'autisme stratégique" depuis déjà de longues années. Ils connaissent toutes les phases du désarroi et du découragement liées à la phénoménale inertie du "maître du silence", de celui qui, se sachant en situation de domination et hors d'atteinte, dissimule les intentions et cache le sens. Les opposants exténués pour un soir ont affaire à un véritable tyran. Le tyran ou le dictateur selon Sartre ou encore l'Etat-yogi de la globalisation asiatique.
La salle de réunion de Suidobashi (interdite aux membres de l'administration préfectorale probarrage et de l'Etat) surplombe "Tokyo desert" (chanson japonaise), une ville géante recouverte d'immeubles noirs, de goudron, de béton, de fer, de verre, de poussières, une ville de stockage, une ville où l'on stocke les hommes dans des tubes d'acier verticaux, des containers vissés au sol, des fourgons blindés s'enfonçant sous la terre, lourde, sans âme, sans eau (?), où la vie semble détruite. Ce soir, les défenseurs de l'homme et de la nature, les opposants antibarrage de Yamba en sont convaincus.

Le temps, un demi-siècle, nécessaire à la planification de la construction du barrage aura été suffisant pour affecter durablement deux générations de femmes, d'enfants et d'hommes nés libres. Ces familles et leurs alliés providentiels, ceux qui pensent l'homme nouveau autrement, ont désormais conscience de vivre leur ruralité en assiégés. Une ruralité assimilée par le commerce privé, les partis-relais, la justice et l'Etat à un monde pauvre, clos.

Toutefois, si l'effraction et le traumatisme infligés aux populations égalent toujours le contrat et sont, à un certain niveau, irrémédiables, ces souffrances relèvent d'un processus historique de formation, pensé, à la fois intellectuel et juridique. C'est sur cette base réaliste que les opposants civils antibarrage de Yamba et les défenseurs des rivières et de l'eau, croyons-nous, ont construit leur stratégie d'opposition, d'accusation et d'argumentation.

V - "Yamba est-il réellement nécessaire ?"


Photo : MLIT (Kanto river scope)

Dans le lit du barrage de Yamba, la rivière Agatsuma (projets de grands travaux publics en zones de montagnes). Agatsuma est également appelée "rivière de la mort" du fait de l'acidité contractée par l'écoulement des 10,000 sources chaudes souterraines de la ville voisine Kusatsu (1200 m d'alt.). Tout est donc lié en économie de montagne..., nos réflexions sur Kusatsu "Des brioches, des eaux et des choux")...
Kawarayu, Yokokabe, Kawarahata, Hayashi sont les actuels villages expropriés du projet Yamba.
Après la construction du barrage la farouche et impétueuse Agatsumagawa, en aval comme amont, subira d'irrémédiables dommages aux conséquences encore inquantifiables (micro-climat, écosystème, agriculture, économie, santé et équilibre des communautés, culture et transmission des savoirs), inchiffrables bien entendu en terme monétaire.
Quelques clichés provenant des amis d'Agatsumagawa et des villages agressés.

L e barrage de Yamba est situé sur la carte dans la zone verte (cliquez) sur la rivière Agatsuma à gauche dans la préfecture de Gumma près de la "frontière préfectorale" de Nagano.
Le document explique bien ce que signifie une politique hypercentralisée de l'eau par les barrages (hydroélectricité, approvisionnement, protection civile, construction TP). Ici, nous avons affaire aux premiers systèmes de régulation planifiée des eaux du Japon : Tone River (1962) et Ara River (1974) qui ne sont qu'un aspect du problème global.
Une question centrale posée par les opposants au barrage (comité de Yamba et No More Dam), les expropriés et les défenseurs de la nature du Kanto :
"le barrage de Yamba conçu pour l'approvisionnement en eau potable de Tokyo et des préfectures de Chiba, Saitama, Ibaraki, Tochigi, Gumma, est-il réellement nécessaire ?".
Les conclusions des opposants civils après enquête auprès des populations des préfectures concernées sont unanimes : non.
Notons, par ailleurs, que chaque préfecture est, à un autre plan de la réalité socioéconomique, un pôle bancaire régional de toute importance (ex., les banques d'Ibaraki soutenues politiquement par le gouvernement préfectoral pour le dévoloppement industriel - Joyo Bank, Kanto Bank, Ibaraki Bank, Mito Shinkin Bank, Ibaraki-Ken Credit Cooperative), un pôle industriel-relais et un important collecteur d'investissements de compagnies étrangères (chimie, électricité, machines-outils, pièces de métal, alimentation, composants électriques et électroniques, transports, etc...).

VI - « Trop d'eau autour de la capitale»


Graphique de consommation d'eau des cités du bassin de Tonegawa.
Une consommation stabilisée depuis les années 1990 dans les six préfectures concernées, unité de mesure en dizaine de milliers de mètres cube/jour :
- vert : consommation en eau des villes et des usines, acheminement canal/aqueduc
- orange : eau à usage domestique (villes), acheminement idem
- bleu : eau à usage industriel (usines), acheminement idem



Cette zone est la zone d'habitation artificielle, le lieu de vie en kit baptisé "Rive droite d'Agatsumagawa" (versant Kawarayu) conçue par les pouvoirs publics dès 1999 pour les résidents déportés. Terrain fragile malgré l'esthétique teutonique et instable dans ses sous-sols. Les habitants, au delà des apparences, en connaissent depuis longtemps les limites géologiques.
"Quand vous observez correctement les choses depuis Kawarayu, dit-on, (voir photo de la vallée forestière ci-dessus), vous constatez que tous les habitants ont construit leurs maisons dans des vallées étroites. Bien qu'il y ait des terrains vastes et accessibles plus haut... La raison est simple, les habitants d'ici ont compris depuis très longtemps que ces terrains étaient fragiles..."
Les travaux publics ont choisi ces terrains fragiles faciles d'accès pour la construction des nouvelles habitations.
Les 340 familles déportées par le "plan d'expulsion" sont pourtant les hértiers de nombreuses générations d'enfants, de femmes et d'hommes libres. Elles seront relogées en cas de construction du barrage de Yamba sur cette aire stérile, dangereuse à tout point de vue et sans âme.







L'école primaire des déportés de Naganohara, actuellement 36 élèves. L'établissement "high tech" est doté d'une piscine chauffée au pays des dix mille sources chaudes.... aux pieds des monts tronçonnés, coupés en tranches, bétonnés, enferrés.



Autre aspect du projet de construction de Yamba, les dégats collatéraux ou le "bétonnage en cascade" de la nature (paysage désormais traditionnel au Japon), hallucinant.
Autres conséquences de la psychologie constructiviste, de la production de masse "à la carte" (Dentsu), de l'influence dominante de l'urbanité et de la "petty society" (propreté et confort domestique dans la nature, l'eau, l'air, la ville, sur les routes, dans la voiture, course à l'immortalité nanobiotechnologique,...), de la fusion intercommunale, du centralisme, de la planification et de la rationnalisation dans un contexte économique néolibéral d'escroquerie et de corruption préfectorales, ministérielles, entrepreneuriales... Encore les zenecons et les superzenecons (entendez super-gene(ral)- con(tractors) - Travaux Publics), encore les mêmes déveines...
Voir notre entretien avec l'historien japonais Shigeru Kobayashi.

Tableau & photos : Yamba ashita no kai (Comité "Pour Demain" de Yamba)

L es prévisions publiques en eau potable et industrielle ont toujours indiqué une augmentation des besoins en eau, une augmentation de la consommation d'eau potable et industrielle. Ces prévisions seront les arguments des défenseurs du plan de construction du barrage de Yamba.
Pourtant, les analyses du comité scientifique antibarrage de Yamba, établissent que depuis 1970 la consommation de l'eau industrielle est stabilisée et même diminue, que la consommation privée en eau domestique si elle était à la hausse jusqu'en 1990 s'est stabilisée également depuis 1990.
Le graphique ci-contre émane du comité scientifique antibarrage de Yamba. Il propose une estimation de la consommation d'eau domestique et industrielle des six préfectures du Kanto concernées d'une part par le bassin nourricier de Tonegawa et d'autre part par la construction du barrage de Yamba.
(Tonegawa/Tone River est le plus long fleuve d'Ibaraki, à peu près 300 km - rappel de situation géographique carte ci-dessus 5/6. Lire également "Les rivières au Japon pour l'année 1998" de l'Asian Disaster Reduction Center. Ce document de l'ADRC insiste sur les conséquences de la surconcentration des richesses et des populations (issues notamment de la mythique économie du barrage source de développement et de progrès) sur les zones alluviales à risques. Il confirme bien que l'hypercapitalisme, l'hyperdéveloppement industriel, la dérégulation économique et l'hypercentralisation des pouvoirs administratifs, sont rendus à un stade où ils ne peuvent pas, de toute évidence, prendre en compte le caractère impératif des droits de la nature et des hommes qu' a-postériori, une fois que les drames et les catastrophes écologiques et humanitaires ont eu lieu.)

Ces droits (sans efficace social) sont toujours dans un contexte marchand "de petite utilité". La raison tient en partie au fait que les drames humanitaires et les catastrophes écologiques sont généralement réduits ou assimilés à de simples pertes de bien-être, à des épreuves momentanées. Ceci est à rapporter à l'économie du bien-être global qui se veut perpétuelle, somme de toutes les utilités et de toutes les satisfactions. Rappelons, encore, que les indemnisations et les compensations rendues en justice sont, effectivement, la plupart du temps, bien maigres au regard des souffrances vécues et des pertes infligées...

Remarque du comité scientifique

La population des villes de Tonegawa augmente encore mais on note une diminution de la consommation d'eau par personne/jour. C'est essentiellement dû à la promotion pour les économies d'eau, aux nouvelles générations de tuyauteries, de filtrages et de robineteries, à la diminution des fuites. Selon les prévisions de la Recherche sur les Problèmes de la Population (ici démographiques) et l'Assurance Sociale Nationale, la population du Japon aurait atteint son maximum en 2006, mais le pic des populations métropolitaines ne serait atteint qu'en 2015... Avec de telles prévsions il y n'a pas à craindre de besoins accrus en eau courante domestique ou industrielle. L'achèvement du barrage de Yamba, dont la construction n'a pas réellement commencé, est prévu pour 2010. (Au regard des données son achèvement hypothétique devrait correspondre au pic stabilisé des populations métropolitaines, ce qui en terme de prévision frappe d'inutilité un nouveau support d'approvisionnement en eau. Nous verrons en dessous que ceci est fondé. C.P.)

Autosuffisance en eau potable dans les six préfectures de Tonegawa

1) Consommation domestique de Tokyo-préfecture
La consommation d'eau potable de Tokyo s'est stabilisée en 1980... et de nombreux travaux d'autonomisation ont été entrepris depuis. Tokyo est la préfecture du Japon qui a le plus grand excédent en eau. Cependant les services du développement continuent les recherches de sources. Ce qui accroit sans cesse l'autonomie de la préfecture... et ses excédents.
La réserve d'eau préfectorale atteint 7,010,000 m3 par jour. Ajoutons à cela que depuis 10 ans la consommation diminue de 1,000,000m3 par jour et se stabilise à plus ou moins 5,300,000m3 par jour. Les excédents atteignent actuellement 1,700 000m3 par jour...
Précisons, par ailleurs, que les habitants de Tama à Tokyo sont habitués à leur très bonne eau souterraine depuis longtemps et que l'idée de boire de l'eau de barrage ne les stimule guère. Boire de l'eau acheminée par un aqueduc déplait fortement à la population. Un changement dans leurs habitudes est appréhendé comme une menace, un danger. C'est la raison pour laquelle ils mettront en place un mouvement civil d'opposition officiellement enregistré par les services administratifs du gouvernement préfectoral de Tokyo...

2) Préfecture de Chiba
La consommation des villes de la préfecture de Chiba augmentera jusque dans les années 1990. Elle est stabilisée depuis 10 ans et dispose aujourd'hui d'un excédent de 500,000 m3 par jour. Les cités de Sakura, Narashino, Funabashi, Yotsukaido disposent par ailleurs d'eau souterraine en abondance. Les habitants ont déposé une demande d'annulation du projet de construction du barrage de Yamba en 2003... Chiba ne veut pas abandonner son réseau d'eau souterrain naturel.Cette demande a été retenue par chaque conseil muncipal de la préfecture.

3) Préfecture de Saitama
Du fait d'une augmentation subtantielle de sa population la préfecture de Saitama souscrira à la construction du barrage de Yamba mais depuis les années 1990 la population stagne. Saitama a de plus découvert d'importantes sources souterraines dont la quantité conduit à une totale autonomie. La préfecture de Saitama ne voit plus l'intérêt de souscrire à la construction du barrage de Yamba.

4) Préfecture de Gumma
Située au nord du Kanto, Gumma dispose de plaines composées de strates de sable de 200/300m d'épaisseur. La préfecture dispose de fait d'une bonne eau souterraine. Maebashi-shi, sa capitale, et les villes principales au sud de la préfecture reçoivent jusque là une abondante quantité d'eau des nappes phréatiques. Notons, par ailleurs, que la population de la préfecture a baissé en 2005. Il est impossible selon le comité scientifique antibarrage de prouver par les chiffres la nécessité de la construction du barrage de Yamba.

5) Préfecture de Tochigi et 6) Préfecture d'Ibaraki, idem, autonomie en eau garantie.
En Ibaraki une estimation préfectorale établit la consommation des cités à 548,000 m3 par jour et à un maxi à 734,000 m3 par jour. Selon des données plus vraisemblables la consommation serait plutôt de 670,000 m3 par jour et atteindrait son maxi à 1,030,000 m3 par jour dans les années 1990...
Elle se stabiliserait en 2004 - selon les estimations des pouvoirs publics - du fait de l'amélioration des sanitaires et des équipements de bains, à 1,200,000 m3/jour. Selon les calculs du comité scientifique cette stabilisation à la hausse serait gonflée.
Le comité a fait circuler les documents prévisionniels de la préfecture pour 2020. Ces estimations concernent la consommation/distribution totale des ménages, des usines et de l'agriculture. Elles évoluent de façon quasi exponentielle, continue, vertigineuse et atteignent 1,625,000 m3 par jour en 2020 sur la base de la consommation de 1998. Les chiffres de la consommation d'eau réelle de 2004 sont cependant à la baisse.
Pas de necessités, donc, immédiates ou futures, de souscrire en Ibaraki comme partout ailleurs dans la région du Kanto au projet de construction du barrage de Yamba, de détouner Agatsumagawa de sa fonction régulatrice millénaire, de perturber son écoulement libre et naturel. Ibaraki dispose également d'un fort potentiel de sources et de rivières*.

* (Ceci nous rappelle que la consommation ne s'inscrit pas nécessairement dans une "histoire des masses" chronologique, évolutionniste, linéaire, limitée par les dogmes de la croissance économique, de la croissance du niveau de vie ou par les standards psychologiques ou corportementaux sous-jacents. Il apparaîtrait dans ce cas que la consommation évoluerait davantage selon une trame non linéaire, incertaine, et dans un espace-temps-matière discontinu, non homogène, chaotique et irrégulier, fait de points - pour reprendre Bertrand Russell. L'acte de consommer, dans ce cas, relèverait davantage d'un calcul, d'une physique et d'une économie sociale de la décroissance, non évolutionniste, non linéaire, et serait conforme, en celà, aux actes naturels et aux droits de la nature), (C.P.)



Zone d'innondation du barrage de Yamba (trait rouge épais à droite du shéma) à l'intérieur des pointillés bleus en aval du volcan Asama au nord (triangle rouge). Le tracé rouge "AB" est la coupe en tranche ci dessous. Le premier tracé en arc de cercle rouge près de la ligne de coupe "AB" dit "empreinte de pas de géant" (daidarabotsuchi) indique des zones d'éboulements et de glissements de terrain fréquents dans l'histoire de la région d'autant que le très redouté volcan Asama (2 000 phases explosives ont été enregistrées entre 1900 et 1960, dernière éruption en 2004) est toujours en activité (les autres zones à risques sont tracées en rouge et en arc de cercle sur le shéma). Tout prédispose donc, à terme, à une catastrophe humanitaire, écologique, économique locale et régionale :
- les éboulements et les glissements fréquents resserrent jusqu'à présent le lit de la rivière et menacent l'intégrité du lac de barrage qui n'est pas prévu pour ces accidents géologiques,
- la fréquence de ces éboulements-glissements-avalanches est accrue avec le regain d'activité du volcan Asama au nord,
- une étude de la structure géologique des sous-sols du lit du lac de barrage et du barrage proprement dit révèle de nombreuses failles horizontales et verticales. Elles prédisposent à une véritable instabilité du site de construction, à des glissements, des fuites et à des infiltrations




Les "chapeaux-maisons jaunes" indiquent les sites de maisons traditionnelles, loin des zones de danger...
- ce que ne montre pas cette coupe est la topographie réelle du lieu qui est enchassé dans des collines forestières denses,
- La zone basse des points jaunes est classée "à risque" par les géologues, les opposants civils antibarrages et les défenseurs des droits. Il s'agit bien d'une zone dangereuse,
- les quatre ronds jaunes indiquent de gauche à droite (1) une couche de roches instables, (2) une zone de faille/falaise, (3) une zone de glissements, (4) une zone de glissements sous la limite des eaux du barrage...
- Il est clair que la montée des eaux fragilise également les rives, favorise les infiltrations sur un site piqué et en faille déjà sur-exposé aux pluies et aux écoulements souterrains autres causes de glissements, d'avalanches et d'éboulements en surface et sous-marins,
- "JR", la ligne Agatsuma de la Japan Railway, ex-Société Nationale des Chemins de Fer du Japon (Kokutetsu, privatisé en 1987) et le réseau routier traditionnel seront déplacés sur de nouveaux tracés, l'ancien site d'accès sera immergé. La ligne "JR" relie Naganohara, Nakanajo, Shibukawa et croise le Joetsu Shinkansen qui conduit à Tokyo.
- limite effective des eaux du barrage : 583 mètres d'alt. pour une hauteur maximale autorisée située à 586 m. d'alt.
- au fond du lit du barrage, à droite sur la coupe, la rivière Agatsuma (cliquer pour un flash-back)



(Les documents photos, plans, tableaux, graphiques et coupes sont extraits du site officiel d'opposition civile à la construction du barrage de Yamba - Naganohara machi, Gumma et reproduits avec l'autorisation du comité "Yamba ashita no kai").

Fin de ce chapitre,
très solidairement et en toute amitié, Christian Pose



   [ 1 ]    "Jusqu'à ce que la vie cesse..." Interview de Mr.Sakaï par Christian Pose
   [ 2 ]    Tableau national et Carte régionale d'Ibaraki de la Grande Fusion de Heisei
   [ 3 ]    "Des brioches, des eaux et des choux"
   [ 4 ]    "Même les libéraux sont contre ! Hokkaido opposition historique",  Hiroshi Itoh, maire de la ville de Kutchan, Hokkaido
   [ 5 ]    L'Histoire du barrage illusoire


[ 7 ] Propos décroissants sur les vaccinations, l'erreur humaine et le crime organisé,
évaluation décroissante de la justice dans un contexte de maîtrise capitaliste criminelle immanente


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