Tadakazu Fukase,
juriste bien connu au Japon et en Europe,
s'inspirant d'un cours de M. Nakamura intitulé "La privatisation
des services publics au Japon" écrira dans
"Les juges et les grands choix politiques et administratifs de l'Etat,
droit constitutionnel japonais" :
"Un intéressant thème de discussion franco-japonaise
:
"Quel "grand choix poliltique" économique est-il
salutaire pour les juges (japonais), soit l'orientation vers la planification
et la nationalisation à la française, soit vers la libre
concurrence et la dénationalisation à la japonaise"
(1)...
La région du
kantô et la rivière Toné (Tonégawa)
Notes :
Yamba, H1N1, Tamiflu, 311:
NO MORE SMART PLANET -7-
Propos décroissants sur les vaccinations, l'erreur humaine et le crime organisé,
évaluation décroissante de la justice, du droit et des lois, dans un contexte de maîtrise capitaliste criminelle immanente
Le gouvernement japonais considère l'Oseltamivir-Tamiflu comme totalement inopportun et sa présence comme un facteur de pandémie
Département irradié le 11 mars 2011 lors de l'explosion de la centrale nucléaire Fukushima Dai-ichi, centrale de Fukushima (département voisin), victime également du tsunami et du grand séisme, Ibaraki connait cependant un évènement humanitaire d'importance. Le Dai-ichi Hospital de la ville de Hishioka grâce au Dr Hitomi Nagayama - directeur de la Division de la Médecine Interne - et à son équipe vient d'abandonner l'usage de l'ant-iviral Tamiflu - Oseltamivir - responsable de la mort de 2 enfants et probablement du décès de plus de 150 adultes entre 2007 (LPD) et la "pandémie" du/des virus A/H1N1 de 2009 (DPJ). (lire Des soupçons justifiés, en bas de page)
Le bref entretien qui suit est interessant d'une part parcequ'il brise le conscensus japonais et mondial sur la question des antiviraux occidentaux (Gilead, Roche, GlaxoSmithKline, Novartis, etc...) protégés une fois vendus par une sacrosainte immunité administrative, politique et pénale, et d'autre part parceque ces groupes internationaux poursuivis en justice pour crimes n'impressionnent plus la nouvelle génération de médecins hospitaliers et cliniciens japonais, hommes et femmes, ultime bouclier éthique devant la globalisation,
Concernant ce dernier point, si la notion de nation ou d'Etat est fortement ébranlée par le néolibéralisme américain l'originalité de "l'identité génétique" des communautés de natifs d'Asie libérées de tout patriotisme, de tout nationalisme et de tout impérialisme, refait subtilement surface au point qu'il n'est plus possible de décortiquer l'équation biochimique occidentale du Tamiflu sans découvrir sous l'oeil inflexible du généticien Manyuan Long, de l'Université de Chicago, de la bioinformaticienne Liping Wei et du biochimiste Xiaofeng Zheng de l'Université de Pékin et plus encore sous celui du Dr. Hitomi Nagayama de l'Institut de Science Médicale de l'Université de Tokyo qui tentera en 1999 de sauver avec son équipe urgentiste les ouvriers irradiés de la centrale de Tokaimura, d'invraisemblables incohérences. Ces dernières, reflets sans nulle doute de la voracité marchande et de la globalisation, dénaturent en fait très criminellement la diversité génétique comme le droit à la différence sanitaire, culturelle et politique indigène.
Atteint d'une polycondrithe atrophiante, affaiblissement du système immunitaire, je suis "patient actif" du Dr Nagayama. A ce titre, je ne partage pas tous ses points de vue... notamment sur les guerres vecteurs de progrès et les pertes utiles (q6), les capitaux en tant que facteurs de sécurité pour la recherche biologique et le bioterrorisme. (C. Pose, 11/6/2012)
NO NUKE BRIDGE
Earthlife, groundWork, and Greenpeace have suspended their participation in Eskom’s NGO forum following reports that Eskom contracted Swartberg Intelligence Support Services to spy on the organizations...
"...We are aware that the Earthlife and Greenpeace phones are probably tapped here. There are definite signsof a move towards a repressive state as the ANC and COSATU's bases are under threat. There is a growing risk that NGOs will be targeted for their opposition to breaches of the constitution..."(Judith Taylor/Earthlife to C. Pose, 28/10/12)
"Eskom has no right to spy upon citizens of this
country, and such activities belong in our past with the dread of the Bureau of State Security and the National Intelligence Service..." (Tristen Taylor, Project Coordinator of Earthlife Africa Jhb, 13/2/13)
"Spying on civil society cuts against the essence of South Africa’s democratic principles, is a violation of basic human rights and a move to silence civil society. Greenpeace demands an urgent independent investigation into the matter. We clearly cannot trust Eskom to police itself!...” (Michael O’Brien Onyeka, Greenpeace Africa’s Executive Director)
“Eskom’s shocking move highlights the deep rot within the organisation that takes us back to the dark days of apartheid.
(groundWork’s Director Bobby Peek)
"Swartberg ISS was initially started to assist the State Energy Provider, ESKOM, with crime prevention projects... and was originally registered in the Republic of South Africa with the Department of Trade and Industry as MBI kontroleurs CC with company registration number 2009/083519/2..."(SISS)
"Swartberg ISS is involved in projectsthroughout Southern Africa and has an intelligence capability in Mozambique, Zimbabwe, Zambia, Tanzania, Kenya and Somalia." (Linkedin)
fukushima-diary.com
Ibaraki prefecture manipulated the radiation survey,
Statistical radioevents in Ibaraki (comments):
PU 238, PU 239, U 238, SRy 90, Amr 241,Cs 137 detected with a LB 124 of Berthold Japan : New Kosa ?
"Par contamination on entend la présence, sur une surface, de substances radioactives en quantités dépassant 0,4 Bq/cm2 pour les émetteurs b, g et a de faible toxicité ou 0,04 Bq/cm2 pour les autres émetteurs a." (AIEA)
1- I confirmed today 19/2/12 the news of 20.1.2012 printed about PU 238 on the ground soil of the sea near Ibaraki, Fukushima, Miyagi by MEXT and news of your homepage under the title “PU 238 mesured from the ground soil of sea”, date of MEXT news:september 2011.
2- I detected 6th,7th,9th, 10th september 2011 in Nakado village (Ibaraki) 160 m above sea level in forest, in field 20 m above sea level and on ground level in Ishioka shi,
3- These events are statistical events not the “identity” of radionucleides, as you knwow, I realised 1000 measurments during one month,
4-JMA, meteo map of 6 th and 14 th september 2011, some reflexions about New Kosa, american depleted uranium and french “uranium appauvri” in central asia (C.Pose)
-5- A private weather forecasting company, weather news announced the amount of pollen in Tokyo, Kanagawa, Chiba, Saitama, Ibaraki, Tochigi and Shizuoka have gotten into the peak.
-6- Japan Food campaign is operated by Dentsu.inc
Japanese government is trying to make Japanese people consume food produced in Fukushima.
HSBC is evacuating Japan
The Hongkong and Shanghai Banking Corporation is going to withdraw from Japan
4 major Japanese corporations are evacuating to Osaka
Mitsubishi Corporation
Mitsui&CO.,LTD
The Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ, Ltd
Sumitomo Mitsui banking corporation
LIBERTES et ACTIONS CIVILES ET POLITIQUES NON VIOLENTES
Japon, Afrique du Sud, Océan Indien
Evaluation décroissante du crime nucléaire
Pour une contre culture politique, philosophique et théologique de l'urgence
"No Nuke Bridge
- Bulletin de liaison 15
- Bulletin de liaison 14
- Bulletin de liaison 13
- Bulletin de liaison 12
- Bulletin de iaison 11
- Bulletin de liaison 10
- Bulletin de liaison 9
- Bulletin de liaison 8
- Bulletin de liaison 7
- Bulletin de liaison 6
- Bulletin de liaison 5
- Bulletin de liaison 4
- Bulletin de liaison 3
17 janvier 2012
Evaluation décroissante du crime entrepreneurial et méthodologie des luttes
- Bulletins de liaison 1 et 2
Août 2011 et 26 septembre 2011
Lien solidaire
"RESISTANCE DU RIZ"
"No more rice index, no more rice standardization, no more rice value chain corridor, no more ASEAN investment plan, no more commodities exchange..."
"Le modèle américain dissimule une stratégie de développement et d'enrichissement algorithmique dans une dynamique d'endettement, d'effondrement, de reconstruction (des pays émergents, des classes moyennes et de l'émergence américaine - avec le soutien des banques privées, du FMI et de la Banque Mondiale) offrant toujours le leadership et l'avantage aux américains riches. Les règles de ce jeu à somme nulle pour les pays émergents, les émergents et les pauvres nationaux nord-américains, ont été dévoilées dès 2003. Elles confirment le leadership des américains fortunés et la stratégie de l'appauvrissement des classes moyennes, des émergents et des nouvellement pauvres..."(Par. 8, Bulletin 10)
Cette page est dédiée aux compagnons décroissants de la Résistance du riz du Japon et d'Asie-Pacifique, aux mouvements paysans du monde, à ceux qui s'opposent à l'idéologie raciale américaine de l'endettement bancaire, financier et alimentaire et qui disent "non à l'industrialisation du riz, non aux marchés financiers du riz!" (C.Pose)
"Riz de montagne", Mont Nandai, Ibaraki, saison 2012-2013
Earthlife Africa Jhb-Johannesburg
Résistance sur le Mont Nendai
Installation d'un prototype de phyto-épuration en Ibaraki
Défendre la ruralité, l'eau, la terre, la nature, la faune en Ibaraki, Japon, c'est encore possible... Il faut sortir du nucléaire, de l'économie de masse, de la ghettoisation urbaine, de la représentation politique traditionnelle, autrement dit du tout à l'égout !...
"J'ai adapté à la condition montagneuse et forestière d'Ibaraki le prototype de phyto-épuration d'eau vivante 31 (phragmite, roseaux, plantes hydro pérennes en faible luminosité) conçu sur une base granulaire (galets de rivière, gravier et pouzzolane). Ce nouveau prototype, modifié pour les besoins et sans doute unique au Japon, a été homologué après examen du dossier par la préfecture d'Ibaraki. Si l'administration n'est pas spontanément du coté des hydro-écolos anti barrage et anti nucléaire elle a cependant accepté le projet gagnée par le traitement sec de l'urine et des fèces; idéal pour le compostage. Le dispositif "phyto" proprement dit filtre l'écoulement des eaux grises (lessive, bain, vaisselle) de deux personnes et peut supporter les charges de quatre personnes. Pas de produits chimiques industriels: vaisselle, shampoing et lessive. Nous produisons le tout avec nos cendres d'hiver filtrées et de l'eau, celle de notre puit." (C.Pose, 7/5/2011)
LA METAPHYSIQUE DU CRIME
du business de la crise et de la privation américain aux secteurs de dépense des ménages japonais ...
" Ce sera bien, du reste, le sombre dessein des fusions néo-militaristes, des participiations néo-eugénistes et de l'impardonnable partenariat anti social de Kanto Tsukuba Bank, de Aozora Bank, de Cerberus NCB Acquisition, de J.P. Morgan Clearing, de Toho Bank, de Shinsei Bank, pour ne retenir que ces six là, que de détruire les derniers obstacles qui entravent et fragilisent le libre-échange global : les ménages, les PME-PMI, les commerces de proximité, accompagnant jusqu'à l'éradication des fauteurs et des fuyards l'effondrement des promesses sociales émancipatrices.
Cette stratégie ne concerne pas au premier chef le profit mais bien les normes de compatibité pour la pleine adhésion/application des sujets au développement technique des marchés..." (C.Pose)
Sortir de l'enfer autosimilaire, Génèse d'une église décroissante marxochrétienne au Japon
"(....) Cette église politique est éthymologiquement un "lieu d'appel" (l'homme indigène, les communautés de natifs, les natifs du lieu) et de "justice" (humaine et apostolique) et, faisant référence au droit rural japonais, défend la notion pertinente d'"outil de vie" (le lieu, la terre) qui a sa place dans la restauration du droit coutumier (iriaïken) à partir du moment où la négation du caractère de marchandise de la propriété foncière est parfaitement lisible. Notez ici que le travail et son organisation, la communication, la communion, autrement dit la consécration de la vie et de la mort, son écriture génétique et son herméneutique, la théologie et son approche historiographique anti-néolibérale, sont autant d'aspects de la connaissance et de la liturgie décroissante "souffle, eau et sang" des dissidences jusqu'à la remise en question de la pertinence des réparations judiciaires et du pouvoir judiciaire néolibéral..." (C.Pose, fondateur)
(1) Cette réflexion du juriste Tadakazu Fukase est consignée
dans Etudes de droit japonais du Centre Français de Droit Comparé,
Société de Législation Comparée, 1989. Ma
critique de Tadakazu Fukase est très librement inspirée
par la critique de Theory of Justice (John Rawls, 1971) formulée
par Amartya Sen dans On Ethics and Economics, 1991, par ses inépuisables
propositions sur les "capabilitiés de base", les "capabilities
to function" (functioning) : "ce que chacun peut réellement
faire ou être" (1982); Commodities and capabilities, 1999.
Je me suis également librement inspiré des travaux
de l'ethnopsychiatre Françoise Sironi, notamment de "Comment
devient-on un boureau, les mécanismes de destruction de l'autre",
de ses développements sur l'effraction psychique et le traumatisme
psychologique dans un contexte clos de torture, 2001.
J'ai en effet trouvé de graves correspondances entre ces développements
et les effractions liées à l'imposition des projets de constructions
de barrages aux populations expropriées quasiment sans droits,
entre ces développements et les traumatismes liés à
l'absence d'affiliation sociale après expropriation et déportation.
J'ouvre du reste l'entretien
avec l'historien du barrage d'Ogawa Shigeru Kobayashi sur cette base
(2006/2007).
J'ai trouvé également de graves similitudes entre le portrait
psychologique du bourreau tel que dessiné par Françoise
Sironi et celui de l'Etat capitaliste et du constructeur. Ce rapprochement,
encore une fois très libre, nous conduit à appréhender
l'économie de marché, la dérégulation économique
et le néolibéralisme sous l'angle d'un implacable mécanisme
de destruction de l'autre, le petit, le pauvre, le discriminé,
le déporté, "enfermé" contre son gré
dans un dispositif rationnel implacable, dans un espace symbolique et
physique contre nature. Un processus durant lequel le discriminé
sera soumis à des pressions psychologiques insupportables qui peuvent
être apparentées à des actes de barbarie répétés
sous une autre forme (non répertoriés comme tels par les
standards), Des actes et des agressions (ceux de l'Etat et des constructeurs)
contenus également dans un langage qui n'est pas celui du discriminé,
un comportement qui n'est pas le sien, une culture qui n'est pas la sienne,
un environnement qui n'est pas le sien, une mémoire qui n'est plus
la sienne.
(2) Dans cette pensée il est très naturellement induit que
nous pouvons nous passer graduellement de l'économie de masse,
de l'Etat, du salariat, de la représentation politique, des villes
et éventuellement, pour qui veut, de la propriété
privée. Une location à faible prix ("ichimayen"
= 10,000 yens par mois ou par an, ou un don (terre cultivable et habitation
rurale à réhabiliter en échange), c'est là
un matériel d'information et de réflexion, encourage les
capacités individuelles, les capabilités et fortifie la
conscience de ses besoins réels, un interessant outil de travail
donc, d'information, de communication, d'enseignement, d'apprentissage, d'art, de micro-production, de micro-distribution, de création
alternative de droits, de justice, de pouvoir, d'autonomie, de non-violence
et bien entendu de décroissance au service des hommes, de la nature,
de la faune.
(3) Un coup d'oeil au rapport "Country
gender assessment" (pdf) de la BAD 2004 centré sur les
capabilités de base ou basic functional capabilities des femmes
philippines montrera bien l'exploitation stratégique de cet outil
par la banque de développement. L'on prétendra, bien entendu
à tort selon nous, que dans un contexte de croissance ou d'économie
globale les capabilités conduisent à la non discrimination,
à la justice et à l'égalité économiques....
- Thinking
Globally : Acting Regionally: Asian Economic Integration", Haruhiko
Kuroda, président d'ADB, Annual meeting seminar, 4 may 2006, Hyderabad,
India.
- Meeting with NGOs
& Civil Society, Haruhiko Kuroda, président d'ADB, At the
39th Annual Meeting, Hyderabad, India, 3 May 2006.
(4) L'instabilité d'un système est directement liée
à son entropie, son degré de désordre. Les systèmes
organisés, abandonnés à eux-mêmes, deviendraient,
avec le temps, de moins en moins stables et organisés...
(5) Les collines forestières japonaises sont des systèmes
d'écoulement d'eau et de drainage naturels, de protection contre
les glissements de terrain et des réserves d'eau naturelles inépuisables.
Les sous-sols
des 25 millions ha de la forêt japonaise contiennent 9 fois la quantité
d'eau des 2600 barrages actuellement en activité
|
« Ce que chacun
peut réellement faire ou être", ou évaluer la justice
dans un contexte de décroissance
T adakazu Fukase (ci-contre), en 1988, ne nous laisse
pas beaucoup de choix. Dans les deux cas nous évoluons dans le
système politique de l'économie concurrentielle globale
et locale avec ses options historiques libérales ou néolibérales.
En 2007 la situation économique et financière japonaise
n'a guère évolué. Sinon que l'endettement de l'Etat
et des collectivités locales s'est accru d'une prodigieuse façon.
Le contexte économique des demandeurs d'indemnisations ou de compensations,
des opposants civils aux constructions de barrage, des demandeurs d'annulation
des ces projets en justice ou encore des défenseurs des droits
de l'homme, de la nature et de la faune devant une quelconque Cour de
district, s'il est bien spécifique, s'est aggravé. Ajoutons
à cela qu'en un demi-siècle la justice n'est toujours pas
en mesure de s'affranchir des orientations politiques et économiques
de l'Etat; des orientations également imposées aux gouvernements
préfectoraux et aux collectivités locales (l'interrogation
de Tadakazu Fukase, ici, fait foi) ; des orientations favorables, au plan
de l'économie, au surdéveloppement industriel et bancaire
régional, à la dérégulation économique,
au surprofit, à d'anormales concentrations de richesses, à
une non redistribution de ces richesses, à l'investissement étranger
ou au commerce transnational. Une fragilisation que les durées
des procès aux conclusions incertaines et souvent instatisfaisantes
ne contrarieront pas.
Nous remarquerons, maintenant, que si l'aspiration populaire antibarrage
à la justice est parfaitement légitime et indispensable
elle conduit parfois à oublier que régler les questions
des droits, des indemnités et des compensations après expropriation-déportation,
après que les sites de construction de barrage aient été
définitivement arrétés par les pouvoirs publics,
ne règle pas celles qui concernent la justice elle-même...
Nous évoluons toujours dans l'espace néoliébéral
du "laissez-faire", un espace, au delà de la justice
fragilisée rendue, qui se refermera sur le plaignant après
son procès. Un espace d'hyper-richesse (d'hyper-circulation de
capitaux) mais également d'hyper-endettement et en perpétuelle
expansion. Un espace qui proscrit au regard des analyses toute éthique
dans la gestion des affaires, publiques et privées, dans les perspectives,
les prévisions, et tout audit véritable des comptes aussi....
A la question de Tadakazu Fukase nous préférons donc la
question : "la justice ne serait-elle pas plus équitablement
rendue, plus efficace socialement ou plus juste, dans un contexte de non-endettement
public et privé (Etat, collectivités locales, entreprises,
ménages) et d'économie de décroissance ?". Il
y a, d'emblée, tout lieu de croire qu'elle serait préférable
à la dynamique de l'économie du bien-être matériel;
cette dernière conduisant les particuliers, les entrepreneurs comme
l'Etat libéral ou néolibéral, à réduire
les droits à la plus grosse somme des utilités (publiques
ou économiques) et les pertes à une "simple perte de
bien-être", détruisant ainsi jusqu'à leur caractère
de nécessité.
Abandonnons un temps l'interrogation du juriste Tadakazu Fukase en ne
perdant pas de vue les résultats peu encourageant de la justice
rendue dans notre contexte d'hyper-investissement et paradoxalement de
dématérialisation du capital (ère de l'écriture
électronique transnationale et de l'hyper-fuite des capitaux),
d'hyper-endettement (entreprises privées, Etats, collectivités
locales) mais aussi d'endettement constant des ménages. Un hyper-endettement
public et privé associé, du reste, par les néocons,
les démocrates libéraux et néolibéraux japonais
et américains au "prix de la démocratie".
Ne perdons pas de vue encore - puisque nous parlons d'égalité
et de justice - l'altération du caractère de nécessité
des pertes des particuliers réduites et assimilées, comme
nous venons de le dire, à "ce qui est utile ou non" (aux
entreprises, au marché et à l'organisation des institutions).
Nous observerons, a contrario, qu'en décroissance (dont nous aborderons
les grandes lignes tout au long de l'article) il apparaît clairement
que "ce qui est utile" se traduit en premier lieu par la préservation
effective du caractère de nécessité des droits et
des pertes des personnes. Prenons pour exemple les "biens sociaux
premiers - ou les choses que tout homme rationnel est supposé désirer
: droits, possibilités offertes à l'individu, revenus, richesse,
pouvoir, bases sociales du respect de soi-même -" (1), la décroissance
abordera de façon significative leurs effets sur les êtres
humains tout en facilitant - et c'est l'une des grandes différences
d'avec une économie justifiée non seulement par l'hyper-profit
mais aussi par son hyper-endettement - la prise en compte des capabilités,
des besoins réels et de l'histoire privée de chacun; l'information
"les biens sociaux premiers", en tant que telle, en tant qu'objet
ou fétiche de l'économie capitaliste ne pouvant garantir
à elle seule les effets qu'elle propose, l'égalité,
la justice, la capacité de chacun à faire ou à être.
L'économie de décroissance basée originellement sur
les capabilités nourrit au contraire la défétichisation
salutaire de l'information : "ces biens sociaux" ou "objets".
Elle les libère de leur conditionnement culturel, des reflexes
conditionnés liés à l'hyper-économie sociale,
urbaine et salariale. Une telle "utilité" dans un contexte
de décroissance n'est pas bâtie sur les "réactions
mentales des personnes" stimulées par l'hyper-production d'informations
nécessaires au développement, à la spéculation
ou à la globalisation (que nous associons à l'hyper-expansion
de l'endettement). Elle est plutôt l'expression des capabilités
réelles des personnes. Capabilités à se nourrir,
à trouver un toit, à se soigner, à protéger
les handicapés, à se déplacer, à participer
à la vie sociale des communautés, à micro-commercer,
à maîtriser les subtiles réseaux de distribution,
à communiquer, à échanger avec les personnes âgées,
à éduquer les enfants, à s'informer sur des bases
nouvelles et donc à créer, à multi-agir indépendamment
du salariat, de la représentation politique et des organisations
publiques, à se libérer du conditionnement-cloisonnement
territorial, finalement, à auto-organiser du droit, de la justice,
à créer du pouvoir autonome et donc à recevoir davantage
de droits, de justice et de libertés (2) ...
Une justice bâtie dans un tel contexte ne peut être celle,
utopique, qui défend l'option du bien-être matériel
garanti par l'individu narcissique ayant pris à son compte les
contraintes du pouvoir et désormais principe de son propre assujettissement
mais celle de l'individu sans ce conditionnement : libéré
des contraintes d'une justice incertaine, elle-même prisonnière
des reflets ambigus de l'Etat politique ou de la conquête du pouvoir
d'Etat, des orientations politiques libre-échangistes, de la croissance,
de l'économie du bien-être, du mythe de Sysiphe du plein
emploi ou du chômage (l'inquiétude de Tadakazu Fukase nous
y conduit), libéré des illusions parfaites de la structure
panoptique de la consommation et du marché, libéré
des informations fétiches du système.
Il n'est donc pas faux de penser que dans un contexte socioéconomique
de décroissance et d'évaluation réaliste, matérialiste,
des capabilités de base de chacun, la justice évoluerait
dans un contexte éthique "relais", salutaire. Salutaire
à son affranchissement d'une interprétaion du droit par
trop instrumentaliste, utilitariste, déontologique. Dans ce dernier
cas nous remarquons que "le droit pour le droit" indépendamment
des conséquences sociales - plus encore quand le droit favorise
l'entreprise -, est extrêmement préjudiciable aux individus.
Salutaire donc à son affranchissement de toute économicisation
de ses fonctions. Il est à remarquer encore que dans ce contexte
l'économie - en tant que "somme des plus grosses utilités"
- prime naturellement sur les droits fondamentaux de l'homme - "de
petite utilité" -, une tendance qui s'accentue également
en Europe, en Chine, en Inde, en Corée-du-Sud, en Russie et aux
Etats-Unis depuis plus de vingt ans.
S'il apparaît au regard de la théorie du "non-mouvement"
ou du "mouvement immobile" que la justice japonaise "unknown
quantity" (surnom également de Shinzo Abé) est un yoga,
elle est avant tout un yoga appaisant pour les juges, l'administration,
le gouvernement, les partis mais aussi, par le fait, appaisante pour le
monde entrepreneurial, bâtiment et construction. En effet, plus
les affaires criminelles sont nombreuses - corruption et fraudes - plus
puissants sont les consortiums BTP (sub-structures des partis politiques
historiques). Retenons que le seul marché japonais de la construction
implique quelques 500 000 à 550 000 constructeurs et est estimé
à 500 milliards de dollars. Justice-relais ? La justice est bien
perméable aux subtiles orientations politiques de l'Etat néollibéral
tout comme le sont les instances régionales : gouvernements préfectoraux
et collectivités locales; perméable donc à la culture
des droits régionaux aux nouveaux marchés, aux hyper-profits
et à l'hyper-endettement. Une irréversible culture-relais
qui nourrit l'épuisement des hommes, des ressources naturelles,
de la nature, de la faune.
La décroissance, au contraire, (qui n'ignore rien de l'entropie,
de l'instabilité et du désordre, qui n'ignore rien des illusions
évolutionnistes ou constructivistes) s'oppose, quant à elle,
à cet épuisement, au rejet de l'enfance et de l'enfantement,
au rejet des personnes âgées, malades ou handicapées.
A l'opposé, la conquête perpétuelle des nouveaux marchés
conçoit plus qu'un non-droit à la justice, à la protection
civile, au bien être public, à la santé publique,
à l'abondance : un non-droit à la vie.
Force, donc, est de constater que les libertés garanties par la
justice dans un contexte économique libéral ou néolibéral
ne peuvent fondamentalement se refleter dans les capabilités de
chacun à faire ou à être. Evaluer la justice, les
droits, les libertés, en économie de décroissance,
invite au contraire à une réflexion constante sur le caractère
de nécessité de la capacité de chacun à accomplir
les actes fondamentaux. Une telle évaluation remet durablement
en question les critères de la richesse et de la pauvreté
conçus dans une optique de développement, de croissance
économique (PIB et taux de croissance à l'appui) et d'assujettissement.
Elle contribue à balayer les notions de "justice, de droit
et d'économie pour les pauvres" (les plaignants en justice
sont rangés au nombre des pauvres) et à déjouer les
dérives stratégiques économiques alternatives (libérales
ou néolibérales ) calées, précisément,
sur les "capabilités de base".
Une telle dérive stratégique est, par exemple, parfaitement
lisible dans les projets de développement de la Banque Asiatique
de Développement (BAD) présidée par le gouvernement
japonais (actionnaire majoritaire devant les Etats-Unis) et l'un des nombreux
pourvoyeurs de barrages en Asie-Pacifique. La BAD hisse, en effet, au
rang des besoins du marché global "la masse des pauvres"
sans "conscience civile" mais "dotée de besoins
et de potentialités économiques réels". Le "pauvre"
véritable "chaînon manquant" dans le processus
capitaliste s'éveillerait ainsi à ses aptitudes civiles
fondamentales par une contribution significative au développement
régional, au libre-échange, à la globalisation, au
droit. Une contribution assimilée par les pormoteurs néolibéraux
à un acte moral ayant quasiment la valeur d'une décision
équitable en justice.
Par le détail "l'homme civil" de la BAD serait celui
qui désormais serait "apte à lire, à écrire,
à étudier, à téléphoner, à s'abonner
au net, à consommer de l'information, du droit - et à défendre
ses droits, ses libertés -, à s'endetter, à projeter,
à procréer, à générer des conditions
favorables aux crédits de la microfinance et aux investissements
régionaux, à commercer pour ses besoins", à
céer de la justice, celle du marché global en fait. "Le
pauvre" est aujourd'hui catégorisé "civil partner"
sur la base des innombrables projets de collaboration bancaire de la BAD
mais aussi du FMI et de la Banque Mondiale. Il sera demain "business
partner" à part égale avec les constructeurs de barrages,
les constructeurs d'égalité, les constructeurs de modes
de vie et de justice, sur la base encore de la croissance économique,
du développement, de la dérégulation, de la globalisation
des services mais aussi de l'hyper-endettement des Etats, des collectivités
locales, des entrepreneurs et des ménages. La BAD (organisation
étatique bancaire mondiale) a recensé pour ce magistral
devoir d'ingérence démocratique 1,6 milliards de "civil
partners" ne parvenant pas à "gagner" plus de 2
dollars par jour et 620 millions plus de 1 dollar (3)
...
L'économie globale, libérale ou néolibérale,
du "non-choix" pour les juges (et les plaignants) du professeur
Tadakazu Fukase (université d'Hokkaïdo) conduit de toute évidence
à une "justice et à des droits renouvelés pour
les riches"... En quoi cette remarque est-elle fondée ? Bien
souvent les plaignants au Japon (et partout où la défense
de droits garantis est payante) doivent financer leur défense au
delà de leurs moyens pour des indemnités généralement
ridicules. Ce fut particulièrement sensible dans le cas de la défense
des lépreux japonais déportés et internés
de force, des infimes indemnisations qui leur seront allouées par
l'Etat après un
jugement rendu par le tribunal de Kumamoto en 2001 (pdf), et c'est
encore très sensible dans les affaires d'expropriation de petits
propriétaires pour la construction d'un barrage et dans celles
encore des demandes d'indemnités-compensations qu'ils perçevront
ou non.
L'injustice est, toutefois, plus grande si l'on considère le temps
nécessaire à la réalisation de ces projets de construction.
Le temps, ici, est celui de l'agonie des moyens économiques de
défense des plaignants. Il joue toujours, au regard des faits (la
jurisprudence, les plaidoiries et la littérature des luttes antibarrage
abondent en ce sens), en faveur de l'Etat-yogi (absence de mouvements
en faveur des exclus et des plaignants) et des constructeurs-soldats (business
partners) moteurs de l'économie de marché (grosse utilité)
et du développement. C'est encore particulièrement sensible
dans le cas de la construction du barrage de Yamba de la préfecture
de Gumma (voir notre dossier "Yamba" ci-dessous). Un projet
public dont la conception remonte à 1952 !... Ici, les plaignants
des comités civils de défense ont appris en plus d'un demi-siècle
de croissance accélérée que le mot justice ne signifiait
pas justice, ou encore gratuité, assistance, ou encore démocratie,
sécurité, protection ou même égalité...
Beaucoup accepteront de lutter pour des droits légitimes à
perte ou s'endetteront très lourdement sans garantie de réussite.
Il est clair, encore, au regard de l'histoire des luttes antibarrage,
des expropriations et des indemnisations (ou des non indemnisations),
de la jurisprudence, que les droits (lisibles dans les politiques publiques
de réinsertion des expropriés) garantis par la justice aux
déportés après des années de procès
et de défense payante se traduisent toujours en terme d'objets
ou de fétiches de l'économie capitaliste, de biens sociaux
sans aucune valeur : indemnités sous évaluées, estimation
des compensations indépendamment des besoins réels, constructions
d'édifices sociaux, médicaux et éducatifs "high
tech" inadaptés, constructions d'espaces habitables imposés
et encore une fois inadaptés, traçages de routes inadaptés,
dégagements d'aires inutiles dans les montagnes et les forêts,
perçages de tunnels et constructions de ponts inadaptés...
Auxquels s'ajoutent les parements traditionnels de l'économie du
bien-être : surconstruction de centres de tourisme ou de plaisir,
de bassins nautiques, d'aqualands géants et d'altiports de plaisance,
suréquipement en salles de spectacle, suréquipements sportifs
déserts tout au long de l'année pour l'entrainement et la
haute compétition (baseball, golf, etc...), inflation de jardins
et de parcs de détente artificiels, épidémie de centres
commerciaux et de parkings géants, de salles de jeux et de lunaparcs,
suréquipement en eau, électricité, éclairage
public, téléphonie, radiotélédiffusion, sécurité,
service auto, signalisation routière, etc...
Il n'y a généralement aucune relation intime entre les biens
sociaux idéologiquement conçus pour les masses et proposés
par les pouvoirs et les personnes dépossédées. Les
différences qui existent entre les fins ou les objectifs de chacun
ne sont jamais prises en considération. Autrement dit, la justice
réservée ou non aux expropriés-déportés
(en situation de désaffiliation sociale et de détresse soit
40 à 80
millions de personnes dans le monde selon la Commission Mondiale des Barrages)
dans le contexte d'hyper-endettement des Etats, des collectivités
locales, des entreprises et de pauvreté-précarité
des ménages ne peut se traduire en terme de capabilités
de base pour les personnes lésées. Cette justice "sociale"
est quasiment sans valeur au sens où nous l'entendons. Un très
bon indice : les biens sociaux proposés par la justice et l'Etat,
les indemnisations, les compensations - les ressources nouvelles - ne
parviennent pas à se convertir en libertés effectives, en
modes de vie adaptés ou en accomplissements individuels. La vie,
après des années de lutte, de défense des droits
et des libertés prétendus légitimes, après
même que justice soit rendue, est simplement un enfer.
Au "non-choix" de l'économie capitaliste (avec ou sans
entreprises nationalisées) du juriste Tadakazu Fukase nous proposons
une économie de décroissance. Il y a tout lieu de croire
que cette dernière permette aux personnes a-priori sans moyens
de parvenir à ce qu'elles peuvent réellement faire ou être.
Cette économie ne relève pas d'un système technique,
ou d'un procédé collectiviste égalitaire imposé
et présumé moral, ou encore d'un néoruralisme réglé
sur l'élitisme social et culturel, la propriété privée
et le profit. Cette économie a définitivement rompu avec
les standards comportementaux autoritaires, alimentaires, sanitaires,
socioéducatifs, culturels, nécessaires à l'hyper-économie
imposée par les partis et les élus aux classes moyennes
comme les bases d'un mode de vie idéal; transformant, en fait,
les régions et les cités en "réservoirs"
de main-d'oeuvre. L'économie de décroissance n'est pas dissociable
des capabilitiés et propose une réflexion sur les pertes
réelles et, par conséquence, sur les besoins relatifs, ici
décroissants, en services, marchandises, travail, monnaie, des
personnes. Cette économie n'est pas originelle mais bien tangeante
à l'économie de masse. Elle est culturellement libérée,
par contre, de son conditionnement de masse (ceci n'est pas contradictoire
avec la proposition précédente). Non capitaliste elle se
définit dans un champ qui s'oppose également au micro-crédit
bancaire, à la micro-finance institutionnalisée ou entrepreneuriale,
nouvelles sources d'endettement et sutout de dépendance.
Ceci ne s'oppose pas à l'organisation microéconomique, au
transport individuel ou à la distribution, bien au contraire; l'effondrement
du microcrédit bancaire rural japonais, la privatisation des postes
et des chemins de fer, ont conduit à la fermeture des bureaux et
des stations éloignés mais aussi à la stérilisation
du monde rural, de sa culture autonomiste, à la dépendance
d'avec le Crédit coopératif agricole - politique et conservateur
(hyper-structure capitaliste "JA" (Zenchu) - lobbyiste multimilliardaire
auprès du Congrès américain, écodépensier
et gros investisseur en biens sociaux inadaptés, voir notre entretien
avec l'historien Shigeru Kobayashi et notre étude ultérieure)
-, à la polarisation administrative, à la concentration
des richesses et des populations en zone urbaine.
Nous pensons que l'expansion du micro-crédit bancaire en Inde ou
en Asie derrière notamment les programmes de la "pro-poor
sustainable economic growth" de la BAD, du "Millenium
Development Goals", des substructures du FMI, des Nations-Unies
ou de la Banque Mondiale, conduira à terme à plus de pertes,
à plus de souffrance et donc à moins de justice. Les objectifs
de ces programmes néohumanitaires (ONGs en avant) qui se veulent
justes, éthiques et adaptés, se révèleront
un jour prochain comme n'étant pas les indicateurs de fiabilité
morale tant espérés par les marchés, le néolibéralisme
et ses acteurs.
La décroissance consiste donc en un positionnement éthique
rigoureux basé non seulement sur les pertes et leur nature mais
sur les souffrances et leurs causes. Elle est, à ce titre, "salutaire"
à la défense des droits, des libertés et à
l'accueil solidaire de toutes les catégories de plaignants, de
dépossédés, de pauvres ou d'exclus. Elle est par
le fait une démarche alternative.
Par le fait qu'elle appréhende l'entropie (4)
comme une donnée de fait irrémédiable - contre laquelle
aucun mur de barrage ne peut rien, ni aucun microcrédit bancaire
- elle est extrêmement salutaire aux jugements, aux juges dans leur
majorité et aux institutions.
La philosophie sociale de la décroissance reconnaît, par
ailleurs, outre le rôle stabilisant des "green
dams" (5), celui de 'l'instabilité naturelle' et du 'désorde',
ce que le conditionnement comportemental lié à l'ordre et
à la croissance économique craint et redoute. C'est aussi
une base de travail pour appréhender autrement et correctement
le rôle de la micro-économie, de la micro-agriculture naturelle
et du coopérativisme, l'enjeu social de l'écoulement de
la micro-production et de la micro-distribution, des réseaux horizontaux
autogérés libérés des contraintes de la gestion
managériale, des escroqueries au microcrédit bancaire, de
l'endettement.
Elle est le témoin relais du bénévolat, du don, du
partage, de la non-violence, de la patience, de la confiance, de la transmission
alternative des savoirs et de l'expérience, de la répétition
inlassable et indispensable.
Cette économie repose donc sur une philosophie sociale de la communication,
de l'information, de la participation, dont la trame historique est ou
se veut le reflet des capabilités de base de chacun. Une philosophie
sociale, nous le voyons bien dans l'histoire réaliste des procès,
sans laquelle l'homme, la nature et la faune, ne peuvent disposer que
de droits "sans utilité" ou de "petite utilité",
restreints ou illusoires. Elle est également salutaire aux plaignants
et aux juges du fait de son extrême décloisonnement social,
culturel, économique et territorial tout comme le sont, du reste,
par nature, les crimes et les délits assimilés à
des "degrés de désordre" que la société
"stabilisée" ne cherche pas à comprendre, ou encore
condamne sans miséricorde : "la prison ou la corde!".
La justice a été conçue dans un contexte politique,
économique et social de bien-être et de masse où le
droit est appréhendé de façon utilitariste et instrumentaliste.
Le droit y est utilisé pour des buts indépendants des droits
et parait au final sans valeur en lui-même. Nous naissons dans ce
contexte illusoire. Du fait de cette naissance les deux mondes (décroissance
et croissance) ne peuvent, en droit comme en fait, que coexister, l'un
tangent à l'autre.
Concluons sur deux exemples d'autogestion associative en réseau;
les communautés de plaignants antibarrage et de défenseurs
de droits de la nature. Ces dernières apparaîssent parfaitement
autonomes et décloisonnées économiquement, juridiquement,
socialement, psychologiquement et territorialement. Elles sont à
la fois dispersées, non homogènes et très proches
à la fois, semblables à une diaspora. Proches, par la crise
socioécononomique et culturelle identitaire irrémédiable
dont elles sont issues, toutes sont animées d'une même critique
(non partisanne dans l'ensemble) de l'économie de marché,
du développement, du productivisme industriel ou du profit bancaire.
Ces communautés, groupes, collectifs, associations, comités
sont naturellement acquis à cette philosophie sociale opérative
et à son mode économique alternatif également opérateur
: "acteurs éveillés (entendons libres de tout conditionnement)
plutôt que victimes".
Ces groupes évoluent dans l'espace où les "deux mondes"
coexistent tout en étant parfaitement conscients que le capitalisme
et le néolibéralisme, l'Etat politique, les "églises
politiques" (catholiques ou chrétiennes, bouddhistes, néobouddhistes,
confucéennes, taoistes ou encore musulmanes), leurs droits et leur
justice sans efficace social, sont présentés dès
l'enfance avec un caractère de nécessité scientifique
propre aux lois naturelles comme la gravitation ou la thermodynamique.
La décroissance, au contraire, sans forcer le schéma des
lois universelles puisqu'elle vit en étroite symbiose avec l'homme,
ses souffrances et ses pertes, ses capabilités de base et ses besoins
décroissants, la nature, la faune, les ressources et les saisons,
se présente plutôt comme un choix politique économique*
adulte, discriminant, attentif, sensible, intime et non comme un "grand
choix planifié par l'Etat". Elle n'est pas, non plus, un nouveau
"mode de vie originel".
La décroissance au Japon est bien, à ce titre, une critique
éthique de l'économie du bien-être des communautés
urbaines (grandes ou petites) et de l'hyper-centralisation de tous les
moyens, de tous les potentiels, de tous les dispositifs sécuritaires
(stratégie globale de
l'OTAN en Asie et dans le monde, développement du renseignement
civil et civilisation progressive des forces militaires d'occupation)
au coeur desquels évoluent magistrats, justice, élus, fonctionnaires.
Ces derniers sont bien les supports-relais des orientations subtiles de
l'Etat néolibéral, de l'organisation consubstantielle, intellectuelle
et juridique, du commerce régional, national et mondial, de la
dérégulation économique, de l'hyper-spéculation
actionnariale ou encore de l'hyper-endettement. En ce sens l'économie
de la décroissance, celle du choix - de l'hérésie
(hairesis) -, ce que chacun peut réellement faire ou être,
est salutaire aux juges (japonais) et à la justice. (C.P)
*Par "choix politique économique"
nous entendons ce qui est relatif à l'organisation dynamique de
la vie collective locale et à la création-exercice d'un
pouvoir autonome centré non plus sur la représentation politique
traditionnelle (mode électoral partisan et centralisme institutionnel)
mais sur le choix économique individuel - anticapitaliste - de
la décroissance décloisonnée territorialement, les
capabilités et une philosophie sociale des pertes - homme, ressource,
nature, faune (voir note 2).
**"En droit japonais, la conception de la propriété commerciale n'existe pas... La propriété individuelle japonaise n'a pas été consacrée pour assurer la vie et la liberté des hommes (mais) pour poursuivre la politique de l'Etat... Cette cicatrice congénitale semble difficile à effacer même aujourd'hui..."(Katsumi Yoshida, "Une propriété foncière comme outil de vie ou la négation du caractère de marchandise de la propriété foncière", p.111, Etudes (libérales) de droit Japonais, Société de Législation Comparée/faculté de droit de Hokkaido, 1999)
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Photos : Yamba
ashita no kai (Comité "Pour Demain" de Yamba)
Photo 1, "La tribune", les délégués de six préfectures
de la région du Kanto, réunion historique de Shibuya de
décembre 2004.
Photo 2,Une action civile polyvalente, unie, interpréfectorale,
humainement ouverte, très structurée juridiquement et scientifiquement
Photo 3, Assis et au micro, Mr.Shimazu, ex-ingénieur des eaux de
la ville de Tokyo, écrivain scientifique de l'eau et directeur
scientifique du mouvement anti-construction de Yamba. Il nous introduira,
avec Mr. Kambara, délégué des opposants au barrage
de Yamba de la préfecture d'Ibaraki, au coeur du processus des
accusations civiles en Ibaraki et à Tokyo, à la Cour de
District de Mito ainsi qu'à la première réunion de
travail post-audience de fin janvier 2007.
Trame
sociohistorique de l'opposition civile anti-Yamba et antibarrage nationale
Mr. Shimazu est également l'un des principaux coordinateurs scientifiques
de la campagne nationale No More Dam.
Chaque délégué est polyvalent. Un important travail
de traitement de dossiers et de coordination est réalisé
de préfecture en préfecture par chacun d'entre eux. De nombreux
symposiums, séminaires, meetings traiteront tour à tour
de l'eau, des rivières, des sources, des étangs, des lacs,
du littoral, de la lutte antibarrage, des aménagements de rives,
de la pollution, de la sauvegarde de la faune et des écosystèmes,
des évolutions du système politique japonais : analyses
politiques et sociohistoriques des partis, des commissions et sous-commissions,
de l'administration centrale, du personnel politique, de la législation,
de l'évolution des institutions, de l'économie ou encore
des conséquences du passage de
l'ère administrative Jun'ichiro Koizumi à celle de Shinzo
Abé sur les oppositions civiles et les actions pour
la réforme des lois sur l'eau et les constructions...
Qu'est-ce qu'un "ombudsman" ?
Nous retiendrons la définition
de Larry B. Hill, professeur de science politique de l'Université
d'Oklahoma.
Nous aborderons la question ultérieurement avec une approche pratique
et théorique d'actualité propre à l'opposition civile
à la construction du barrage de Yamba, section Ibaraki du mouvement
national.
Defining Real Ombudsmen :
"The institution’s mission is to generate complaints against
government administration, to use its extensive powers of investigation
in performing a post-decision administrative audit, to form judgments
which criticize or vindicate administrators, and to report publicly its
findings and recommendations but not to change administrative decisions.
Real Ombudsmen possess the following eleven structural, organizational
characteristics:
1. Ombudsmen are separate entities that are functionally autonomous.
2. Ombudsmen are operationally independent of both the legislature and
the executive.
3. Ombudsmen are legally established governmental officials.
4. Ombudsmen are monitoring specialists.
5. Ombudsmen are administrative experts and professionals.
6. Ombudsmen are non-partisan.
7. Ombudsmen are normatively universalistic.
8. Ombudsmen are client-centered, but not anti-administration.
9. Ombudsmen are both popularly accessible and visible.
10. Ombudsmen are high status institutions
11. Ombudsmen have resources extensive enough to perform their mission."
Notes :
Les mines d'Ashio, broyeuses de vies et pourvoyeuses de drames sociaux
"In August and September 1896 floodwaters overwhelmed the Watarase
and Tone watershed’s levee system, leaving a layer of poisoned topsoil
on the valleys’ rice paddies, mulberry groves, and dry fields. A
host of pollutants including arsenic, mercury, chlorine, sulfur, aluminum
oxide, magnesia, iron, copper sulphate (blue vitriol), and nitric and
phosphoric acids turned the waters eerily blue and left sores on the feet
and ankles of anyone exposed to river water for any length of time...."
Remake Politics, Note Nature : Tanaka Shozo's Philosophies of "poison"
and "flow"
and Japan's Environment by Robert Stolz.
Réseau
Hydrographique, Greater Tokyo
Bassin de Tonegawa, Arakawa (Bassin Map 22.2) et Watarase river (Watarasegawa,
Map.22.3) documents de l'Unesco (MLIT), commentaires et descriptions publiques
des réseaux, avec les réserves d'usage.
The
Ashio Copper mine pollution case: The origins of environmental destruction
I. Technological modernization and the Ashio Copper Mine
II. Protests against mining poisons and governmental measures
III. Mine operations in the Post Sino-Japanese War era and the stance
of the government
IV. Tanaka's attempt to appeal directly to the emperor and the poisoned
water-collection pond plan
V. Shozo Tanaka takes up residence in Yanaka village
VI. The historical implications of the Ashio Copper-mine poisoning incidents
VII. Copper-poisoning issues and their aftermath
VIII. Conclusions: Lessons for today from the Ashio Copper-mine poisonings
Environmental
Action Plan by The Federation of Electric Power Companies of Japan
:
Promotion of Environmental Management -FEPC
Members of the electric utility industry have been among the first to
create environmentaldepartments and set up in-house environmental management
systems. They have reported on their environmental protection efforts
through environmental action reports. According to each member’s
policy, the industry has voluntarily and actively worked to improve in-house
environmental management systems in line with the international standards
of the ISO14000 series, and to earn ISO14001 certification at their representative
sites. The industry has also paid close attention to other societal trends,
such as environmental accounting and environmental auditing. These efforts
will continue in the future to ensure that we place even less burden on
the environment.
JAPAN's
electric power industry in the world, Energy and environment
Volatile
organic compounds of the tap water in the Watarase, Tone and Edo River
system
Department of Hygiene and Public Health, Graduate School of Human Sciences,
Waseda University, Saitama.
OBJECTIVES: The chlorination of river water in purification plants is
known to produce carcinogens such as trihalomethanes (THMs). We studied
the river system of the Watarase, Tone, and Edo Rivers in regard to the
formation of THMs. This river system starts from the base of the Ashio
copper mine and ends at Tokyo Bay. Along the rivers, there are 14 local
municipalities in Gunma, Saitama, Ibaragi and Chiba Prefectures, as well
as Tokyo. This area is the center of the Kanto plain and includes the
main sources of water pollution from human activities. We also analyzed
various chemicals in river water and tap water to clarify the status of
the water environment, and we outline the problems of the water environment
in the research area (Fig. 1).
METHODS: Water samples were taken from 18 river sites and 42 water faucets
at public facilities in 14 local municipalities. We analyzed samples for
volatile organic compounds such as THMs, by gas chromatography mass spectrometry
(GC-MS), and evaluations of chemical oxygen demand (COD) were made with
reference to Japanese drinking water quality standards.
RESULTS: Concentrations of THMs in the downstream tap water samples were
higher than those in the samples from the upperstream. This tendency was
similar to the COD of the river water samples, but no correlation between
the concentration of THMs in tap water and the COD in tap water sources
was found. In tap water of local government C, trichloroethylene was detected.
CONCLUSIONS: The current findings suggest that the present water filtration
plant procedures are not sufficient to remove some hazardous chemicals
from the source water. Moreover, it was confirmed that the water filtration
produced THMs. Also, trichloroethylene was detected from the water environment
in the research area, suggesting that pollution of the water environment
continues.
|
I - "Après
des années de luttes et d'abnégation, la mémoire
s'inscrit en chacun des actifs, une langue commune se développe..."
Une action "anti-infractions"
(il est trop tôt pour parler d'infractions de corruption) est menée
depuis des années par de nombreux avocats "ombudsmen"
mandatés par les comités civils antibarrage de Yamba afin
de dégager les différentes possibilités d'accusation
de l'administration préfectorale du Kanto. La première phase
des accusations concerne le montant astronomique des contributions versé
par chacune des six préfectures impliquées dans la réalisation
du barrage de Yamba, prefecture de Gumma. Les préfectures concernées
par le projet de raccordement et d'approvisionnement en eau de Yamba auraient
en effet délibérément contourné un certain
nombre de règles, de dispositions et d'obligations contenues dans
l'Acte des Finances Locales. Cette surcharge des dépenses préfectorales
a donc, selon le dossier de l'accusation constitué en 2004, un
caractère illégal et encouragera les populations de six
préfectures du Kanto : Tokyo, Ibaraki, Chiba, Tochigi, Gumma, Saitama,
à entreprendre une action en justice. Cette action collective,
en terme de jurisprudence, s'appuit sur une décision de la Cour
Suprême du 30 mars 1978.
Nous assisterons fin janvier 2007 à une audience préliminaire
à la Cour de District de Mito, préfecture d'Ibaraki. Madame
Nôguchi du Comité civil des plaignants d'ibaraki fera une
émouvante présentation de l'argumentaire de l'opposition.
D'un côté l'accusation civile et ses avocats défenseurs;
nous en rencontrerons deux, Maître Yahagi Yoichi, ombudsman,
avocat bien connu du cabinet Mitohabataki Godo (Mito), Maître Marutyama
Koji également du cabinet Mitohabataki Godo, non ombudsman, qui
démontrera à la Cour la dangerosité des versants
montagneux du futur lac de Yamba ainsi que l'évidence des risques de glissements de terrain,
d'éboulements et d'avalanches (les documents ci-dessous sont une
sélection de ceux qui ont été visionnés en
diaporama et présentés à la Cour par Maître
Marutyama Koji), et de l'autre les fonctionnaires préfectoraux
et leurs avocats.
Durant cette très courte audience de présentation des parties,
accusation et accusés (nous reviendrons sur le fond technique complexe
des plaidoiries ultérieurement, les parties qui suivent ont une
valeur d'introduction), les fonctionnaires délégués
par le gouvernement préfectoral souhaiteront verser quelques documents
nouveaux au dossier. Ces derniers - après examen du juge et des
avocats des plaignants - seront déclarés irrecevables. Ces
documents préfectoraux - essentiellement des ouvrages techniques
- ne portant pas, à la surprise de tous, le sceau d'un éditeur
certifié ou n'étant pas disponibles dans une quelconque
bibliothèque publique impliquera que les accusés devront
fournir en avril prochain de nouveaux documents cette fois-ci certifiés
ou bien les abandonner...
*
Les réunions civiles extérieures d'expositions des arguments,
d'analyses et de débats, sont très complètes. Elles
structurent énergiquement les actions - scientifiquement rigoureuses,
chaleureuses et ouvertes. Elles se déroulent chacune selon un calendrier
pré-établi chaque mois parfois chaque semaine - disponible
sur le net - dans les six préfectures et au delà dans le
pays. Chaque délégué des deux sexes est instruit
d'un dossier en fonction des besoins de son comité afin d'animer
une tribune scientifique d'argumentation et d'opposition devant les spécialistes
de l'Etat, des préfectures, des mairies ou devant les populations,
durant un temps imparti.
Une importante documentation scientifique, textes, diapos, photos, web-pages,
circule. Les comptes rendus de séance sont envoyés aux participants
actifs. L'histoire et la matière de l'histoire sont là.
Après des années de luttes et d'abnégation, la mémoire
s'inscrit en chacun des actifs, une langue commune se développe.
La répétition prend alors toute sa saveur : études,
examens des connaissances par les exposés publics, patience, confiance,
détermination, non violence, conduisent à une authentique
maîtrise sociale dans un contexte pourtant de crise et d'agression
sociopolitique, de détresse, d'isolement, de désaffiliation
sociale et de décroissance économique. Cette dernière
joue un rôle pivôt dans l'organisation sociale alternative
de l'opposition antibarrage. Elle est le medium de son autonomie, de son
indépendance mais aussi le support-clef de la cohérence
de son discours sur les droits de l'homme, de l'eau et des rivières.
Une culture alternative se développe liant les uns aux autres à
la défense des droits et des lois dans chaque région, chaque
préfecture, et dans tous les villages impliqués.
Les fonctionnaires spécialistes de l'Etat ou des préfectures
sont parfois les médiateurs assermentés de certains exposés
publics qui ne sont pas ici des débats ou même des amorces
de dialogue. L'on y recensera chaque fois - et c'est ainsi tout au long
de l'année - une bonne centaine de participants voire davantage.
Les exposés impliquant opposants civils et fonctionnaires préfectoraux
ou délégués de collectivités locales sont
généralement filmés et enregistrés en interne.
Quoi qu'il advienne les exposants, auditeurs-actifs, plaignants, écologistes,
journalistes, écrivains scientifiques, enseignants-chercheurs,
retraités, élus, commerçants, malades, artistes,
hommes et femmes au foyer, familles, handicapés, étudiants,
ouvriers, paysans, fonctionnaires, évoluent sans relâche
en appui sur une très solide connaissance des sujets traités.
Les exposants, toutefois, se suivent et ne se ressemblent pas. Parfois,
les activistes néolibéraux anti-oppositions et probarrages
prennent la parole et défendent avec énergie les mérites
de l'alignement sur la politique de développement du gouvernement
préfectoral, de la globalisation des services, de la délocalisation
de la production industrielle étrangère et des exportations
("jumelage" industriel et administratif ou pactes d'amitié
liant entre elles les préfectures/départements probarrage
et pronucléaire en un réseau d'affaires dérégulé
quasiment infini et pour ainsi dire incontrôlable; exemple de la
préfecture d'Ibaraki - avec
la fiabilité que l'on sait - et des communes
du Japon "pactées" avec les USA, la Grande Bretagne,
la France (Essonne),
l'Allemagne, la Chine, la Corée du Sud ou encore les Pays-Bas).
Défilent alors les standards d'une propagande gouvernemmentale
bien connus, inévitables à ce stade des confrontations politiques.
Il est, en effet, souhaité d'accueillir avec reconnaissance les
investissements étrangers, de soutenir la croissance industrielle,
le développement touristique, les nouvelles technologies, la déforestation
scientifique, l'assèchement stratégique des rives des grands
lacs, les programmes énergétiques nucléaires "propres"
ou "non-polluants"...
Le tout est généralement mâtiné d'éco-tourisme
"progressiste", en fait de projections sociales néo-rurales
sur des bases nostalgiques ou passéistes. Le fait est, qu'un peu
partout dans les milieux politiques conservateurs régionaux (de
droite comme de gauche) réapparaissent les religions institutionnalisées
- bouddhisme, shintoisme, confucianisme - en appui sur les réseaux
locaux familiaux, professionnels et associatifs traditionnalistes. Les
confréries cherchent une "voie nouvelle" (en faisant
front contre la concurrence territoriale et administrative néolibérale
qui cherche délibérément à se débarasser
d'elles) avec le souci historique, cependant, de demeurer au service des
pouvoirs; une "voie nouvelle" par les rites tantriques et un
discours incitatif sur le caractère impératif de l'éthique
nationale et de la probité.
De son côté, le tissu laïc et associatif "vert",
via les festivités populistes et populaires de printemps de type
"Green
Day" (Golden
Week) ou les campagnes nationales pour la santé, la vitalité,
le sport de la jeunesse de la Sasakawa
Sports Foundation, est chirurgicalement irrigué tant par le
souci récurrent de préserver la mémoire nationale
sur la base "dynamique" de l'identité impériale
associée au culte vitaliste shintobouddhiste de la nature que par,
aussi déplaisant que cela soit, le maniement des masses jusqu'à
la "victoire".
Une "victoire" qui conduit nécessairement au leadership
asiatique et mondial :
- par le commerce civil,
- par la maîtrise emblématique de l'eau, des rivières
(calmer l'eau pour calmer le pays dit le proverbe), du bâtiment
(digues, ponts, routes, barrages)
- par la maîtrise des énergies, du nucléaire et du
stockage
du plutonium, une maîtrise caparaçonnée de développement
durable et de management
environnemental ISO 14000 et ISO 14001 (note-ci-contre Environmental
Action Plan, FEPC,
source CNIC),
- par la "militarisation" de ce même commerce global notamment
avec les pays "civilement instables", impliquant une "présence
humanitaire" technique, militaire, policière et secrète
accrue.
Cette trame sociohistorique est sous-jaçente aux exposés
des néolibéraux probarrages qui affirment l'indigence de
la ruralité tout en exploitant malgré tout son potentiel
électoral résiduel pour le compte des partis conservateurs
au pouvoir. Ce potentiel qui est également le fond social transgénérationnel
de la lutte antibarrage, de la décroissance économique et
de la défense des droits de l'eau et des rivières pour les
nouvelles générations, s'appuit sur l'affaissement effectif
de la population active et le vieillissement inéluctable (analyses
du comité scientifique antibarrage de Yamba ci-dessous, partie
6).
Ce "marché politique électoral" est garanti. Il
concerne pas moins de 20 millions de personnes instrumentalisées
par la "logique du marché" : course à l'épargne,
aux hyperprofits spéculatifs, à l'hyperendettement, à
la bétonnisation, au progrès sanitaire privé et hospitalier,
au gingatisme des réseaux routiers, à l'esthétique
guerrière de la production automobile et à la culture des
"périls réalistes" venant de l'extérieur
(terrorisme international, guerre irakienne, afghane, périls nord
coréen et chinois, écoulements illégaux d'armes nucléaires,
biologiques ou chimiques).
Ce potentiel consiste également en un "marché religieux
des morts" porteur des valeurs ultraconservatrices et fascisantes
des partis clientélistes au pouvoir (Jimintô/PLD et Komeito/Soka
Gakkaï). Un marché estimé à plusieurs centaines
de milliards de dollars; le coût moyen d'une cérémonie
funéraire étant de plus ou moins 16 000 $.
Cette trame, dramatique, qui transparaît à tous les niveaux
des confrontations pour la défense des droits des expropriés-déportés,
entretient la culture identitaire des villes associée à
tort à l'économie industriellle de l'eau, des canaux géants
et des aqueducs. Elle repose également sur les messages récurrents
sur le "bien-être retrouvé" (après une guerre
salariale intensive menée contre la chute des indices boursiers)
et les "promenades en famille autour du lac" qui sont autant
d'arguments commerciaux pour la vente des "bons produits" de
"l'éco-tourisme de marché" (fléau des confrontations
à travers le pays) ou encore ceux du "Free Market Environmentalism"
(PERC).
Cet aspect du marché urbain et néorural "des vieux
et des moins vieux" repose sur une philosophie politique, écologique
et socioculturelle redoutable puisqu'elle a pour mission d'atténuer
la dangerosité du développement industriel régional,
de l'hyper-profit, de l'hyper-spéculation et de l'hyper-endettement
des collectivités locales, de déculpabiliser, déresponsabiliser
les actifs-spéculateurs-électeurs vieillissants. Une stratégie
qui conduit invariablement aux grands projets de construction de barrage,
à la militarisation, à la lutte anti-terroriste...
Bien entendu, à ce stade des confrontations, l'incidence de l'hyper-endettement
des collectivités locales (nous parlons d'endettement au niveau
des ménages) et de la corruption régionale sur le règlement
des problèmes liés à la pollution, à la bétonnisation
des rivières, des lacs, des montagnes, à l'exode des populations
ou encore à l'accroissement du nombre des filiales de multinationales
en rase campagne, n'est pas prise en considération; les multiples
aspects d'un même problème sont résolument séparés
puis occultés du champ des analyses et des propositions publiques
ou privées.
"Il faudra par exemple, dira-t-on encore aux défenseurs des
droits des déportés, être plus positif, ne pas dramatiser,
sourire, ne pas cracher dans la soupe, prendre ce que l'on (les élus,
les collectivités locales, régionales ou l'Etat) donne".
Les fonctionnaires médiateurs, placides, se contentent d'enregistrer
les plaintes et les propositions sans intervenir ou défendent une
politique publique de gestion des crises obsolète en appui sur
les grands travaux que les opposants régionaux condamnent. Nous
faisons allusion, ici, à la gestion insatisfaisante du réseau
hydrologique de Tone River au sud d'Ibaraki, (présentée
comme un exemple international par les pouvoirs afin d'atténuer
les critiques radicales antibarrage et
antipollution) et à la mutilation historique de Watarase River.
Cette dernière, emblématique dans l'histoire des rivières,
illustre bien notre propos puisqu'elle remonte au productivisme des mines
de bronze d'Ashio (proprietés des Tokugawa au XVIIème siècle),
au militarisme capitaliste de l'ère Meiji (1868-1912, dite "ère
du Gouvernement Eclairé") conçu d'après un scénario
de la violence marchande désormais classique au Japon : hyperproduction
industrielle, exportations - hyperprofits dégagés par la
production du bronze en particulier -, technologie et modernisation
sous l'inflexible autorité d'un chef, ici, Ichibei Furukawa (1877).
Nous reviendrons ultérieurement sur les mines d'Ashio, broyeuses
de vies et pourvoyeuses de drames sociaux (note ci-dessus), ainsi que
sur la destruction du lac Kasumigaura conséquence par excellence
d'une très mauvaise politique industrielle régionale et
d'une plus mauvaise politique environnementale encore.
|
|
Le
projet de Yamba dont la conception lointaine remonte à 1952 (showa
27) relève d'un plan de protection civile conçu pour lutter
contre les innondations qui dévasteront le système de drainage
du bassin de Tonegawa dans la région de Gumma (repère-Est
: Gumma
Canal Facilities Emergency Construction) après le passage du
typhon Catherine en 1947 (showa 22). Le typhon emportera 1930 personnes.
La première estimation des coûts de construction du barrage
proprement dit de Yamba en... 2003 (heisei 15) avoisinera les 210,000,000,000
yens (+-1,5 milliards d'euros).
Elle doublera en 2004 (heisei 16) pour se stabiliser à 460,000,000,000
yens (+-3,3 milliards d'euros).
Cette même année 2004 le gouvernement Koizumi prépare
la grande fusion intercommunale de Heisei (2005), une vaste opération
d'absorption administrative des villages. Une opération qui stimulera
le dépeuplement d'un côté, la concentration des richesses
et le surpeuplement en zone urbaine de l'autre. Le Japon qui comptera
71,314 communes dans les années 1850 n'en compte plus que 1822
à la fin 2006 (classement
par préfecture du Pr. TAKAHARU KOHARA et en fin de page, fusion
administrative en Ibaraki).
La fusion intercommunale, processus historique, agira comme une constante
psychologique en faveur de la centralisation économique, administrative
et politique. Elle sera donc, quoi qu'on en dise, un outil de l'expansion
capitaliste industrielle au service de la dogmatique impériale
militaire Meiji, Taisho, Showa, du développement, de la diplomatie
et du droit, de la rationalisation de la gestion administrative des grandes
cités et des institutions. Elle intègrera aussi dans l'histoire
politique des droits et des libertés un vigoureux principe de mutilation
socioculturelle dont les opposants civils antibarrage de Yamba et les
défenseurs des droits des expropriés-déportés
mesurent aujourd'hui les terribles effets.
La Grande Fusion de 1889, ère de Meiji (1868/1912), réduira
le nombre des communes de 71,314 à 15 859.
La Grande Fusion de 1953, ère de Showa (1926/1989), réduira
ce nombre à 9868 communes et en 1961 à 3472.
La Grande Fusion intercommunale renforcera donc dans le temps les pouvoirs
conservateurs, déjà très étendus, de l'Etat,
des gouvernements préfectoraux et de la justice entrepreneuriale
mais également ceux, aux XXème et XXIème siècles,
des principales formations politiques clientélistes parlementaires
relais de l'injustice sociale, derrière essentiellement le parti
Jimintô (PLD). Elle confèrera également un très
discutable caractère de nécessité civile à
des politiques de grands travaux publics totalement inadaptées
aux besoins socioéconomiques ruraux.
En 2004 la lutte antibarrage autour du projet de construction du barrage
de Yamba, préfecture de Gumma (avant la grande fusion administrative
de 2005 le nombre des villes/communes de Gumma était de 70, après
la fusion il sera de 39, une diminution de 55,7%) a toutefois réussi
à dévérouiller une opposition sociale et civile unie
interpréfectorale (Gumma, Saitama, Tokyo, Chiba, Ibaraki, Tochigi)
et une démarche pacifique en justice dans les capitales de chaque
préfecture.
Dans ce contexte de profondes mutations sociales, administratives, économiques
et politiques les plus récentes informations sur le montant déjà
alarmant du "business global lié à Yamba" se "stabiliseront"
à 876,900,000,000 yens soit +-7,3 milliards d'euros (voir le tableau
ci-dessus). Yamba, de fait, devient en terme de coûts de construction
le barrage le plus cher de l'histoire du Japon et en terme de contributions
préfectorales le plus lourd fardeau jamais supporté par
les contribuables des six préfectures impliquées...
Il convient d'ajouter à cette contribution forcée le fardeau
de l'hyper-endettement de l'Etat (supérieur à 170% du PIB,
OCDE, 2006), des régions et des collectivités locales (supérieur
à 40% du PIB) qui est aussi l'un des moyens de pression favoris
des spécialistes de la course à l'amélioration du
niveau de vie par l'augmentation de la productivité et de son corollaire
national et régional : les politiques de grands travaux pour le
"désenclavement du monde rural" (après que l'Etat
et les entrepreneurs aient inventé son enclavement par l'accroissement
précisément des différences de niveau de vie entre
le monde rurale et urbain).
Ce contexte économique d'hyper-endettement favorisera également
une propagande commerciale et électorale typique des grands partis
clientélistes. Elle sera mise au point par des acteurs professionnels
et s'intègre déjà au "Média
Big Bang" du Dentsu Communication Institute (DCI) du consortium
prédateur Dentsu
Inc.. Ce "média big bang" consiste en un espace informatif
au service de l'idéologie de la "régénération
sociale intensive" et est conçu pour des hommes pragmatiques
et experts tant dans l'art de stimuler l'appétit de développement
que dans l'art de favoriser, encore et toujours, "l'homme
nouveau" des classes dominantes". Le concept de "masse"
disparaît au profit de celui plus asceptisé de "démographie"...
et ouvre en ce début de XXIème siècle néolibéral
et global sur celui d'"individu", l'homme nouveau (Yutaka Narita,
président du DCI). (Colonne: note 6/Yamba and 311-2012)
Cette stimulation de l'appétit pour l'homme nouveau repose sur
un dispositif psychologique, politique et économique, autoritaire,
très élaboré, pensé, sécurisé
au niveau national. Ce dernier exploite rationnellement tous les avantages
du "développement économique durable" et du "management
environnemental" au niveau mondial et règle non moins rationnellement
le processus d'absorption du monde rural et régional planétaire
en moins de 20 ans. G.W. Bush établira dans un discours mémorable
de juin 2004 les grandes lignes de ce programme dont l'une des premières
étapes (processus culturel global oblige) consistera en l'unification
du monde arabe par les zones de libre-échange en 2013 (Middle
East Free Trade Aera/MEFTA). Ces standards sont déjà
parfaitement intégrés aux principes élémentaires
de l'ingérence démocratique dans les régions d'Asie-Pacifique
(Inde, Philippines, Indonésie, Chine, Asie centrale, Mongolie,
îles de la zone Pacifique) par le gouvernement, l'administration
et les entrepreneurs japonais. Ce dispostif est similaire en tout point
à celui que nous décrivions dans "Dispositifs de guerre
et suppliciés" et qui mettait en valeur le développement
autoritaire de l'économie américaine.
"Un dispositif, écrivions-nous, qui repose sur une philosophie
politique pratique de désaffiliation des classes dominantes d'avec
les intérêts vitaux, les droits et les souffrances des populations".
Une constante dans les témoignages des opposants civils antibarrage
et des défenseurs des droits de la nature.
Nous parlions, en effet, "d'effractions psychiques, de tortures (dispostifs
de répression durant les opérations d'ingérence démocratique,
sociale, économique, politique, après implantation des troupes
d'occupation de la coalition militaire en Irak, etc...) et encore une
fois de dispositifs de guerre..."
Le projet "Yamba", véritable machine de guerre économique
et en ce sens : empreinte traumatique et prélude à une phase
de déculturation, sera âprement défendu par les élites
nationales adeptes de la course à la productivité pendant
plus d'un demi siècle au même titre qu'un mouvement stratégique
dans un dispositif militaire global.
Trois objectifs prioritaires :
- la protection civile des communautés rurales, la maîtrise
des innondations, du drainage, des pluies, des sources et des rivières
(un comble, les conditions et les bases étant celles de 1947),
- l'approvisionnment en eau (sa fiabilité scientifique, nous le
verrons dans la section suivante, ne sera jamais démontrée),
- le désenclavement économique rural (ce ne sera jamais
le moteur réel des opérations).
Nous ne partageons pas, ici, les nombreuses critiques qui soutiennent
que ce type de développement est anarchique et qu'il repose sur
aucune autre stratégie que celle du profit. Nous avons bel et bien
affaire à un acte délibéré, pensé par
les élites historiques, administratives et politiques, "rentable"
tant pour la planification que pour les constructeurs. Il ne sera toutefois
jamais question pour l'Etat, l'administration, la majorité des
élus, d'affilier socialement les populations expropriées
et déportées. Le bourreau productiviste et constructiviste
agit seul sur sa victime et n'attend aucune réponse aux questions
qu'il pose ou soulève pour la bonne raison que les réponses
sont déjà écrites par les commanditaires de l'acte.
Sous prétexte de protection civile, de désenclavemement
rural, d'approvisonnement en eau, un processus économique autoritaire
accéléré et sa "militarisation" s'est très
subtilement profilé dans les régions en absorbant dans un
premier temps l'espace administratif vital du monde rural par la fusion
intercommunale, le vidant de sa géographie humaine, économique
et politique traditionnelle; concentrant spartiatement et selon de nouvelles
normes sécuritaires populations et richesses sur des zones alluviales
instables et restreintes (des zones à risques tant au plan des
pollutions industrielles que des accidents climatologiques et géologiques).
Dans un même temps le gouvernement ne feindra jamais d'emprunter
les ojectifs sécuritaires adaptés à la violence stratégique
de l'économie de masse et à sa démographie dans le
monde et en Asie : sécurité nationale, lutte antiterroriste,
défense nationale.
Tout récemment encore les préfectures et les communes reçevront
le "Kokuminhogohou"
(Loi concernant les Mesures à prendre pour la Protection des Personnes
en cas d'Attaques Militaires ou Civil Protection Law). L'urgence gouvernementale
commandera, en effet, un effort de collaboration sécuritaire aux
préfectures, aux cités et aux populations. Cette opération
et ce document illustreront bien les voies qu'empruntent régulièrement
la propagande militariste gouvernementale, incitative, bouleversante,
stimulant le stress individuel et la mémoire collective (le pays
sera traversé en retour par une onde de choc d'indignation et de
critiques), poussant "les troupes" tantôt sur l'échiquier
de l'obéissance en lui conférant encore une fois un caractère
de nécessité civile, tantôt sur l'échiquier
de l'économie de marché avec une dynamique militaire "jusqu'à
la victoire". Dans les deux cas les accords secrets passés
entre partis politiques, groupes affairistes internationaux, gros spéculateurs,
banques transnationales et gouvernements étrangers seront délibérément
masqués.
Guerre avec la Corée du Nord ou avec la Chine Populaire ? Conquête
de nouveaux marchés, stress de l'invasion sur le territoire national
ou stress de l'occupant à l'étranger ?...
Les bulletins d'information (exercices militaires de type “Pacific
Shield 07” ou “Team
Samurai 04”, les allusions, les déclarations du premier
ministre à travers le pays préparent bien l'opinion à
accepter la modification de l'art.9 de la Constitution nourrissant jusque
là "l'aspiration sincère du peuple à renoncer
à jamais à la guerre ou à l'usage de la force"
et interdisant la possession d'armes traditionnelles, ou
autres, comme les armes nucléaires.
Une telle stratégie, pensons-nous, ne peut jaillir que d'un dirigisme
extrême (position symbolique du bourreau détenteur du pouvoir
initiant ayant rompu tout lien d'empathie) et d'une pensée globale
(le monde à part auquel est affilié le boureau coopté
et auquel les victimes n'auront jamais accès).
Avec l'économie industrielle des barrages nous avons affaire à
un authentique dispositif de guerre (militaire, économique, psychologique),
pensé et rigoureux, au même titre que les mécanismes
répressifs imposés a-priori arbitrairement en Irak, à
Cuba-Guantanamo, en Israel, au Liban, en Afghanistan, en Haïti, au
Mexique, en Amérique latine, en Asie ou en Afrique.
"L'économie de guerre des barrages" (de 2600 à
3000 unités selon les sources en 2007) est en effet conçue
pour laisser des traces, pour faire effraction en l'homme comme en sa
région, pour agir sur les contenants de la pensée comme
sur les contenants de l'existence libre, la culture et les groupes d'appartenance,
la nature, les montagnes et les rivières...
Il est certain, également, que les néolibéraux agissent
sur les régions avec l'intention de "régénérer
le corps social vieillissant". Il est certain encore que la population
rurale traditionnelle, la population active vieillissante et la population
âgée dépendante (rurale et urbaine) sont des obstacles
aux perspectives globales du marché sur la base des besoins
en eau des pays pauvres pour 2015 (BAD) et au développement
du marché des Petites et Moyennes Entreprises en Asie (comme hier
"l'improductivité", le nombre et la sédentarité
des indiens d'Amérique étaient des obstacles à l'expansion
des constructeurs, des pétroliers et des banques de commerce privées).
Il est clair que ce vieillissement-panique apparaît au pays de la
productivité intensive comme une surcharge pour le navire de guerre
économique hydrojet de Shinzo Abe.
Un navire lancé à pleine vitesse dans des brumes incertaines
qui dissimulent parfaitement que :
- le rendement des investissements n'est démographiquement plus
garanti; qu'il faudra donc se raccorder aux réserves de main d'oeuvre
pauvres inépuisables, celles des "civil partners" potentiellement
"business partners" des pays voisins afin de délocaliser
et investir, objectifs des campagnes "pro-poor" de la BAD, du
FMI, de la Banque Mondiale, des Nations-Unies,
- l'exportation en Asie et dans le monde de la maîtrise publique
japonaise de l'eau et des rivières par la planification de projets
de construction de barrages n'est exploitable que dans un contexte d'hyperendettement
des Etats pauvres, des collectivités locales, des entreprises et
des ménanges; avec tout ce que cela comporte de mensonges sur la
protection civile, le désenclavement rural, le progrès scientifique,
les concentrations urbaines de populations et de richesses sur des zones
à risques,
- la privatisation concurrentielle des services dans l'esprit de la globalisation
et par voie de conséquence la perforation irrémédiable
des tissus socioéconomiques nationaux, régionaux et locaux
par le business transnational s'accompagnera d'une pluie de faillites,
de déséquilibres structurels nouveaux et sera une source
supplémentaire d'appauvrissement des ménages et de souffrance
individuelle,
- l'exportation de centrales nucléaires dans les pays hyper-endettés
aura lieu dans des zones géologiques et démographiques à
risques,
- le caractère civil de la militarisation et la militarisation
de l'économie au Japon et en Asie ne peuvent se développer
sans l'inquiétant système de prospection civile et militaire
des nouveaux marchés de l'OTAN, de l'armée américaine,
des agences gouvernementales d'information et des Chambres de Commerce
et d'Industrie américaines; "système" proposé
"clefs en main" aux Etats néolibéraux riches ou
pauvres...
Le Japon, à ce titre, sous la pression commerciale et militaire
américaine et de l'OTAN, est bien entré dans ce que la BAD
appelle la "Global
Economy in Transition" où les marchés financiers
régionaux asiatiques jouent déjà un rôle majeur...
Le tortionnaire (ici les entrepreneurs transnationaux, les banques de
commerce, les constructeurs du bâtiment, les élus conservateurs,
néocons et néolibéraux, l'Etat), écrivions-nous
dans "Dispositifs de guerre et suppliciés" en citant
Françoise Sironi (les parenthèses sont de nous), ne fait
effraction en l'autre (les communautés rurales ou non, les minorités
éthniques, les familles, les personnes âgées, les
handicapés, les malades, les exclus, les expropriés-déportés)
que lorsque l'autre n'est plus en mesure de penser l'intentionalité
qui sous-tend ses actes.
Il est donc, à priori, difficile de savoir de quoi il retourne,
de savoir à quoi pensent l'Etat, les consortiums géants
et le syndicat des constructeurs, les élus des grandes villes japonaises
(elles-mêmes réserves inépuisables de "civil
partners" et de" business partners") évoluant dans
l'ombre des pouvoirs politiques, des fonds de pension et des sociétés
d'investissement, des compagnies de transport aérien et des postes,
des mines et des banques de commerce quasi mafieuses des grandes villes
américaines : Los Angeles, San Fransisco, New-York, Washington,
Houston, etc...
Ces pouvoirs concentrés confèrent aux élites dirigeantes
une intouchabilité quasi absolue dans tous les pays au point que
tous devraient être soumis, afin de protéger les populations,
à de très sérieuses expertises de responsabilité
et de dangerosité. "Des hommes, écriront Noam Chomsky
ou Howard Zinn, qui ont droit de vie et de mort sur les hommes de condition
ordinaire". Gotoda Masaharu, ex-ministre de la justice pro-peine
de mort et doyen omnipotent du parti ultraconservateur Jimintô (PLD)
dira cela autrement peu avant sa mort : " le Japon est un Etat vassal
des Etats-Unis et glisse en enfer. Le peuple ne se rendra compte que lorsqu'il
en aura atteint le fond".
Sans nous éloigner de notre sujet et nous perdre dans une psychanalyse
des motivations ou des personnes rappelons que Gotoda Masaharu, en tant
que ministre de la justice, ordonnera trois exécutions en mars
1993. L'un des trois exécutés Kawanaka Tetsuo souffrait
de maladie mentale. Le médecin du centre de détention déclarera
à son avocat que le prisonnier était «sur le point»
de sombrer dans la schizophrénie et présentait des troubles
hallucinatoires. La loi japonaise interdit pourtant l'exécution
de prisonniers souffrant de maladie mentale. Peu après son investiture
Shinzo Abe, pro-peine de mort également, ordonnera 4 exécutions
capitales le jour de noël 2006. Sur les quatre condamnés trois
étaient agés de 64 ans, de 75 ans et de 77 ans...
Chaque homme d'Etat pense un espace, conçoit, planifie et agit
selon des règles, des intérêts, une énergie
et une patience spécifiques. Chacun se conçoit, inextinguiblement,
désir d'omnipotence magique pour son groupe d'appartenance assimilé
à la communauté nationale, socialement et démographiquement
régénérée; un rêve nazi macabre que
traduisent les exécutions capitales des malades mentaux et des
personnes âgées. Chacun - intouchable et omnipotent - se
veut également principe de gouvernement divinement trransmis (l'angélisme
politique de Shinzo Abe durant les campagnes) et efficacité dans
la guerre (via la militarisation de l'économie, l'OTAN en Asie,
les opérations de reconstruction à l'étranger, l'abrogation
de l'art.9).
Les fonctionnaires n'ont accès, quant à eux, ni au culte
de la paix par la globalisation du marché de l'information ou par
la privatisation graduelle des services ni à l'essence de la chose
publique par le droit et les lois. Ils pensent la maîtrise de l'économie
du bien-être en terme d'organisation des institutions et d'expertises
tandis que les constructeurs de barrage la pensent en terme de contrats.
De cette apparente perfection assimilée stratégiquement
et à tort par les fonctionnaires, les élus et les affairistes,
à une maîtrise de la pathologie sociale et de la misère
jaillissent les engins à chenilles munis de lames, de dents d'acier,
de godets racleurs,... bulldozers géants, pelleteuses cyclopéennes,
grues gratte-ciel et bataillons d'hommes casqués. Les collines,
les forêts, les rivières, les villages, le vieux monde, disent
les maîtres de l'économie du bien-être, sont bien pris
d'assaut, sécurisés et les périmètres de vie
aussitôt rasés.
Les opposants antibarrage disent souvent entre eux : "Que prépare
l'Etat ? Que vont-ils faire ? Comment parler à l'Etat ?"
Cette nuit du 14 février 2007, à Tokyo, après une
journée marathon de symposiums nationaux sur l'eau et les rivières,
de discussions-débats avec les opposants venus de tout le pays
pour rappeler les victoires, faire le point sur l'actualité scientifique
antipollution et hydrologique, après une journée de socialisation
avec les actifs de chaque région : chercheurs-enseignants, conseillers
municipaux, journalistes, écrivains scientifiques, hauts-fonctionnaires
et parlementaires antibarrage, les opposants assis en carré sous
les néons s'observent déconfits, graves, épuisés.
Certains ont passé la journée avec les fonctionnaires probarrage
de l'Etat. Ils (hommes et femmes) parlent lentement, font leur rapport,
les yeux fatigués, le front plombé, les bras croisés.
La résistance de l'Etat est sévère et improductive...
Les opposants endurent toutefois le supplice de la "langue de bois"
et de "l'autisme stratégique" depuis déjà
de longues années. Ils connaissent toutes les phases du désarroi
et du découragement liées à la phénoménale
inertie du "maître du silence", de celui qui, se sachant
en situation de domination et hors d'atteinte, dissimule les intentions
et cache le sens. Les opposants exténués pour un soir ont
affaire à un véritable tyran. Le tyran ou le dictateur selon
Sartre ou encore l'Etat-yogi de la globalisation asiatique.
La salle de réunion de Suidobashi (interdite aux membres de l'administration
préfectorale probarrage et de l'Etat) surplombe "Tokyo desert"
(chanson japonaise), une ville géante recouverte d'immeubles noirs,
de goudron, de béton, de fer, de verre, de poussières, une
ville de stockage, une ville où l'on stocke les hommes dans des
tubes d'acier verticaux, des containers vissés au sol, des fourgons
blindés s'enfonçant sous la terre, lourde, sans âme,
sans eau (?), où la vie semble détruite. Ce soir, les défenseurs
de l'homme et de la nature, les opposants antibarrage de Yamba en sont
convaincus.
Le temps, un demi-siècle, nécessaire à la planification
de la construction du barrage aura été suffisant pour affecter
durablement deux générations de femmes, d'enfants et d'hommes
nés libres. Ces familles et leurs alliés providentiels,
ceux qui pensent l'homme nouveau autrement, ont désormais conscience
de vivre leur ruralité en assiégés. Une ruralité
assimilée par le commerce privé, les partis-relais, la justice
et l'Etat à un monde pauvre, clos.
Toutefois, si l'effraction et le traumatisme infligés aux populations
égalent toujours le contrat et sont, à un certain niveau,
irrémédiables, ces souffrances relèvent d'un processus
historique de formation, pensé, à la fois intellectuel et
juridique. C'est sur cette base réaliste que les opposants civils
antibarrage de Yamba et les défenseurs des rivières et de
l'eau, croyons-nous, ont construit leur stratégie d'opposition,
d'accusation et d'argumentation.
|
Graphique de consommation d'eau des cités
du bassin de Tonegawa.
Une consommation stabilisée depuis les années 1990 dans
les six préfectures concernées, unité de mesure en
dizaine de milliers de mètres cube/jour :
- vert : consommation en eau des villes et des usines, acheminement canal/aqueduc
- orange : eau à usage domestique (villes), acheminement idem
- bleu : eau à usage industriel (usines), acheminement idem
Cette zone est la zone d'habitation artificielle, le lieu de vie en kit
baptisé "Rive droite d'Agatsumagawa" (versant Kawarayu)
conçue par les pouvoirs publics dès 1999 pour les résidents
déportés. Terrain fragile malgré l'esthétique
teutonique et instable dans ses sous-sols. Les habitants, au delà
des apparences, en connaissent depuis longtemps les limites géologiques.
"Quand vous observez correctement les choses depuis Kawarayu, dit-on,
(voir photo de la vallée forestière ci-dessus), vous constatez
que tous les habitants ont construit leurs maisons dans des vallées
étroites. Bien qu'il y ait des terrains vastes et accessibles plus
haut... La raison est simple, les habitants d'ici ont compris depuis très
longtemps que ces terrains étaient fragiles..."
Les travaux publics ont choisi ces terrains fragiles faciles d'accès
pour la construction des nouvelles habitations.
Les 340 familles déportées par le "plan d'expulsion"
sont pourtant les hértiers de nombreuses générations
d'enfants, de femmes et d'hommes libres. Elles seront relogées
en cas de construction du barrage de Yamba sur cette aire stérile,
dangereuse à tout point de vue et sans âme.
L'école primaire des déportés de Naganohara, actuellement
36 élèves. L'établissement "high tech"
est doté d'une piscine chauffée au pays des dix mille sources
chaudes.... aux pieds des monts tronçonnés, coupés
en tranches, bétonnés, enferrés.
Autre aspect du projet de construction de Yamba, les dégats collatéraux
ou le "bétonnage en cascade" de la nature (paysage désormais
traditionnel au Japon), hallucinant.
Autres conséquences de la psychologie constructiviste, de la production
de masse "à la carte" (Dentsu), de l'influence dominante
de l'urbanité et de la "petty society" (propreté
et confort domestique dans la nature, l'eau, l'air, la ville, sur les
routes, dans la voiture, course à l'immortalité nanobiotechnologique,...),
de la fusion intercommunale, du centralisme, de la planification et de
la rationnalisation dans un contexte économique néolibéral
d'escroquerie et de corruption préfectorales, ministérielles,
entrepreneuriales... Encore les zenecons et les superzenecons (entendez
super-gene(ral)- con(tractors) - Travaux Publics), encore les mêmes
déveines...
Voir notre entretien
avec l'historien japonais Shigeru Kobayashi.
Tableau & photos
: Yamba
ashita no kai (Comité "Pour Demain" de Yamba)
| L
es prévisions publiques en eau potable et industrielle ont toujours
indiqué une augmentation des besoins en eau, une augmentation de
la consommation d'eau potable et industrielle. Ces prévisions seront
les arguments des défenseurs du plan de construction du barrage
de Yamba.
Pourtant, les analyses du comité scientifique antibarrage de Yamba,
établissent que depuis 1970 la consommation de l'eau industrielle
est stabilisée et même diminue, que la consommation privée
en eau domestique si elle était à la hausse jusqu'en 1990
s'est stabilisée également depuis 1990.
Le graphique ci-contre émane du comité scientifique antibarrage
de Yamba. Il propose une estimation de la consommation d'eau domestique
et industrielle des six préfectures du Kanto concernées
d'une part par le bassin nourricier de Tonegawa et d'autre part par la
construction du barrage de Yamba.
(Tonegawa/Tone River est le plus long fleuve d'Ibaraki, à peu près
300 km - rappel de situation géographique carte ci-dessus 5/6.
Lire également "Les rivières au Japon pour l'année
1998" de
l'Asian Disaster Reduction Center. Ce document de l'ADRC insiste sur
les conséquences de la surconcentration des richesses et des populations
(issues notamment de la mythique économie du barrage source de
développement et de progrès) sur les zones alluviales à
risques. Il confirme bien que l'hypercapitalisme, l'hyperdéveloppement
industriel, la dérégulation économique et l'hypercentralisation
des pouvoirs administratifs, sont rendus à un stade où ils
ne peuvent pas, de toute évidence, prendre en compte le caractère
impératif des droits de la nature et des hommes qu' a-postériori,
une fois que les drames et les catastrophes écologiques et humanitaires
ont eu lieu.)
Ces droits (sans efficace social) sont toujours dans un contexte marchand
"de petite utilité". La raison tient en partie au fait
que les drames humanitaires et les catastrophes écologiques sont
généralement réduits ou assimilés à
de simples pertes de bien-être, à des épreuves momentanées.
Ceci est à rapporter à l'économie du bien-être
global qui se veut perpétuelle, somme de toutes les utilités
et de toutes les satisfactions. Rappelons, encore, que les indemnisations
et les compensations rendues en justice sont, effectivement, la plupart
du temps, bien maigres au regard des souffrances vécues et des
pertes infligées...
Remarque du comité scientifique
La population des villes de Tonegawa augmente encore mais on note une
diminution de la consommation d'eau par personne/jour. C'est essentiellement
dû à la promotion pour les économies d'eau, aux nouvelles
générations de tuyauteries, de filtrages et de robineteries,
à la diminution des fuites. Selon les prévisions de la Recherche
sur les Problèmes de la Population (ici démographiques)
et l'Assurance Sociale Nationale, la population du Japon aurait atteint
son maximum en 2006, mais le pic des populations métropolitaines
ne serait atteint qu'en 2015... Avec de telles prévsions il y n'a
pas à craindre de besoins accrus en eau courante domestique ou
industrielle. L'achèvement du barrage de Yamba, dont la construction
n'a pas réellement commencé, est prévu pour 2010.
(Au regard des données son achèvement hypothétique
devrait correspondre au pic stabilisé des populations métropolitaines,
ce qui en terme de prévision frappe d'inutilité un nouveau
support d'approvisionnement en eau. Nous verrons en dessous que ceci est
fondé. C.P.)
Autosuffisance en eau potable dans les six préfectures
de Tonegawa
1) Consommation domestique de Tokyo-préfecture
La consommation d'eau potable de Tokyo s'est stabilisée en 1980...
et de nombreux travaux d'autonomisation ont été entrepris
depuis. Tokyo est la préfecture du Japon qui a le plus grand excédent
en eau. Cependant les services du développement continuent les
recherches de sources. Ce qui accroit sans cesse l'autonomie de la préfecture...
et ses excédents.
La réserve d'eau préfectorale atteint 7,010,000 m3 par jour.
Ajoutons à cela que depuis 10 ans la consommation diminue de 1,000,000m3
par jour et se stabilise à plus ou moins 5,300,000m3 par jour.
Les excédents atteignent actuellement 1,700 000m3 par jour...
Précisons, par ailleurs, que les habitants de Tama à Tokyo
sont habitués à leur très bonne eau souterraine depuis
longtemps et que l'idée de boire de l'eau de barrage ne les stimule
guère. Boire de l'eau acheminée par un aqueduc déplait
fortement à la population. Un changement dans leurs habitudes est
appréhendé comme une menace, un danger. C'est la raison
pour laquelle ils mettront en place un mouvement civil d'opposition officiellement
enregistré par les services administratifs du gouvernement préfectoral
de Tokyo...
2) Préfecture de Chiba
La consommation des villes de la préfecture de Chiba augmentera
jusque dans les années 1990. Elle est stabilisée depuis
10 ans et dispose aujourd'hui d'un excédent de 500,000 m3 par jour.
Les cités de Sakura, Narashino, Funabashi, Yotsukaido disposent
par ailleurs d'eau souterraine en abondance. Les habitants ont déposé
une demande d'annulation du projet de construction du barrage de Yamba
en 2003... Chiba ne veut pas abandonner son réseau d'eau souterrain
naturel.Cette demande a été retenue par chaque conseil muncipal
de la préfecture.
3) Préfecture de Saitama
Du fait d'une augmentation subtantielle de sa population la préfecture
de Saitama souscrira à la construction du barrage de Yamba mais
depuis les années 1990 la population stagne. Saitama a de plus
découvert d'importantes sources souterraines dont la quantité
conduit à une totale autonomie. La préfecture de Saitama
ne voit plus l'intérêt de souscrire à la construction
du barrage de Yamba.
4) Préfecture de Gumma
Située au nord du Kanto, Gumma dispose de plaines composées
de strates de sable de 200/300m d'épaisseur. La préfecture
dispose de fait d'une bonne eau souterraine. Maebashi-shi, sa capitale,
et les villes principales au sud de la préfecture reçoivent
jusque là une abondante quantité d'eau des nappes phréatiques.
Notons, par ailleurs, que la population de la préfecture a baissé
en 2005. Il est impossible selon le comité scientifique antibarrage
de prouver par les chiffres la nécessité de la construction
du barrage de Yamba.
5) Préfecture de Tochigi et 6) Préfecture d'Ibaraki,
idem, autonomie en eau garantie.
En Ibaraki une estimation préfectorale établit la consommation
des cités à 548,000 m3 par jour et à un maxi à
734,000 m3 par jour. Selon des données plus vraisemblables la consommation
serait plutôt de 670,000 m3 par jour et atteindrait son maxi à
1,030,000 m3 par jour dans les années 1990...
Elle se stabiliserait en 2004 - selon les estimations des pouvoirs publics
- du fait de l'amélioration des sanitaires et des équipements
de bains, à 1,200,000 m3/jour. Selon les calculs du comité
scientifique cette stabilisation à la hausse serait gonflée.
Le comité a fait circuler les documents prévisionniels de
la préfecture pour 2020. Ces estimations concernent la consommation/distribution
totale des ménages, des usines et de l'agriculture. Elles évoluent
de façon quasi exponentielle, continue, vertigineuse et atteignent
1,625,000 m3 par jour en 2020 sur la base de la consommation de 1998.
Les chiffres de la consommation d'eau réelle de 2004 sont cependant
à la baisse.
Pas de necessités, donc, immédiates ou futures, de souscrire
en Ibaraki comme partout ailleurs dans la région du Kanto au projet
de construction du barrage de Yamba, de détouner Agatsumagawa de
sa fonction régulatrice millénaire, de perturber son écoulement
libre et naturel. Ibaraki dispose également d'un fort potentiel
de sources et de rivières*.
* (Ceci nous rappelle que la consommation ne s'inscrit pas nécessairement
dans une "histoire des masses" chronologique, évolutionniste,
linéaire, limitée par les dogmes de la croissance économique,
de la croissance du niveau de vie ou par les standards psychologiques
ou corportementaux sous-jacents. Il apparaîtrait dans ce cas que
la consommation évoluerait davantage selon une trame non linéaire,
incertaine, et dans un espace-temps-matière discontinu, non homogène,
chaotique et irrégulier, fait de points - pour reprendre Bertrand
Russell. L'acte de consommer, dans ce cas, relèverait davantage
d'un calcul, d'une physique et d'une économie sociale de la décroissance,
non évolutionniste, non linéaire, et serait conforme, en
celà, aux actes naturels et aux droits de la nature), (C.P.)
Zone d'innondation du barrage de Yamba
(trait rouge épais à droite du shéma) à l'intérieur
des pointillés bleus en aval du volcan Asama au nord (triangle
rouge). Le tracé rouge "AB" est la coupe en tranche ci
dessous. Le premier tracé en arc de cercle rouge près de
la ligne de coupe "AB" dit "empreinte de pas de géant"
(daidarabotsuchi) indique des zones d'éboulements et de glissements
de terrain fréquents dans l'histoire de la région d'autant
que le très redouté volcan Asama (2 000 phases explosives
ont été enregistrées entre 1900 et 1960, dernière
éruption en 2004) est toujours en activité (les autres
zones à risques sont tracées en rouge et en arc de cercle
sur le shéma). Tout prédispose donc, à terme, à
une catastrophe humanitaire, écologique, économique locale
et régionale :
- les éboulements et les glissements fréquents resserrent
jusqu'à présent le lit de la rivière et menacent
l'intégrité du lac de barrage qui n'est pas prévu
pour ces accidents géologiques,
- la fréquence de ces éboulements-glissements-avalanches
est accrue avec le regain d'activité du volcan Asama au nord,
- une étude de la structure géologique des sous-sols du
lit du lac de barrage et du barrage proprement dit révèle
de nombreuses failles horizontales et verticales. Elles prédisposent
à une véritable instabilité du site de construction,
à des glissements, des fuites et à des infiltrations
Les "chapeaux-maisons jaunes"
indiquent les sites de maisons traditionnelles, loin des zones de danger...
- ce que ne montre pas cette coupe est la topographie réelle du
lieu qui est enchassé dans des collines forestières denses,
- La zone basse des points jaunes est classée "à risque"
par les géologues, les opposants civils antibarrages et les défenseurs
des droits. Il s'agit bien d'une zone dangereuse,
- les quatre ronds jaunes indiquent de gauche à droite (1) une
couche de roches instables, (2) une zone de faille/falaise, (3) une zone
de glissements, (4) une zone de glissements sous la limite des eaux du
barrage...
- Il est clair que la montée des eaux fragilise également
les rives, favorise les infiltrations sur un site piqué et en faille
déjà sur-exposé aux pluies et aux écoulements
souterrains autres causes de glissements, d'avalanches et d'éboulements
en surface et sous-marins,
- "JR", la ligne Agatsuma de la Japan Railway, ex-Société
Nationale des Chemins de Fer du Japon (Kokutetsu, privatisé en
1987) et le réseau routier traditionnel seront déplacés
sur de nouveaux tracés, l'ancien site d'accès sera immergé.
La ligne "JR" relie Naganohara, Nakanajo, Shibukawa et croise
le Joetsu Shinkansen qui conduit à Tokyo.
- limite effective des eaux du barrage : 583 mètres d'alt. pour
une hauteur maximale autorisée située à 586 m. d'alt.
- au fond du lit du barrage, à droite sur la coupe, la rivière
Agatsuma (cliquer
pour un flash-back)
(Les documents photos, plans, tableaux, graphiques et coupes sont extraits
du site officiel d'opposition civile à la construction du barrage
de Yamba - Naganohara machi, Gumma et reproduits avec l'autorisation du
comité "Yamba
ashita no kai").
Fin de ce chapitre,
très solidairement et en toute amitié, Christian Pose
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