CHAPITRE 1 (1-10)
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CHAPITRE 1 [1-10] :
[11-13]
Les théories politiques du pouvoir de la parole et du comportement
et les infractions au devoir de probité (une critique des dérives
totalitaires bouddhistes)
Totalitarisme et "national-communautarisme" de la voie de l'essence-doctrine
de la vacuité, propriété, possession sans droit et interdits
religieux,
l'enjeu politique, économique, social et religieux, du choix libre et
éclairé des liens. Nous rappelons aux lecteurs que l'auteur n'est
plus bouddhiste depuis quelques années déjà...
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"Vous voulez laisser un monde vivable derrière vous
? Alors, entrez en résistance, passez vos nuits à essayer de
comprendre et vos journées à organiser la lutte dans des réseaux
planétaires où se construira la loi internationale du futur
(...) A tout moment de son histoire, l'être humain bride l'angoisse
de son mieux. Tournant ses regards en arrière, il se persuade que le
pire est derrière lui et l'avenir éclairé par les leçons
tirées des expériences les plus négatives du passé.
L'abolition de l'esclavage, cette forme abjecte d'exploitation d'un homme
par d'autres, est là pour convaincre ceux dont l'optimisme vacillerait.
Le XIXème siècle a été jalonné, il est
vrai, par les abolitions et celles-ci sont confirmées aujourd'hui par
une condamnation générale exprimée avec la force des
conventions internationales et relayée par les droits internes. Mais
pour ancrer son optimisme sur ces données, il faut se satisfaire du
formalisme juridique. Ce n'est pas le point de vue adopté ici car cela
reviendrait à être indifférent à la substance du
droit, au respect des règles au-delà de leur édiction
et aux aspects autres que juridiques des relations entre les humains. Non
qu'il faille sous-estimer le triomphe de la liberté remporté
à travers chaque abolition. Mais il serait imprudent de savourer cette
victoire sans avoir traquer, dans tous les replis du droit et dans les relations
sociales qu'il induit et légitime, les ruses par lesquelles se construisent
autrement des formes équivalentes de privation de liberté et
de rupture d'égalité (...)" (Monique Chemillier-Gendreau,
Biblio. 38)
Le "bouddhisme laïc" japonais des "sans nom" hors norme
- incluant aujourd'hui par extension le shintoisme et les voies "dô"
- ne relevant pas des corbeilles (hinayana, mahayana, vajrayana,... le nombre
des voies ne relève pas d'un consensus institutionnel global mais est
essentiellement affaire de personnes, de régions et diffère, bien
entendu, selon les pays : Japon, Inde, Chine, Corée, etc...) devrait
se distinguer des voies académiques classiques altérées
et corrompues. En fait il n'en est rien. Il se caractérise plutôt
par une forme de dépendance au politique et à l'économique
dont les deux moyens sont paradoxalement le "renoncement à la vie"
- prolongement dominioniste dur (intégral) des institutions,
des lois, des droits - et les activités privées, résolument
affairistes, scientifiques, commerciales et familiales.
Cette forme civilisée, politisée, socialisée du bouddhisme
amalgamée au shintoisme impérialiste et aux voies guerrières
pour la recherche de la vérité "dô" et aujourd'hui
à la co-existence scientifique, au développement durable, à
l'éco-philosophie, tire son origine des voies de sagesse anciennes dégagées
par des individualités fortes, indépendantes des grands courants
communautaires ou politiques qui auront eut affaire, malgré tout, au
bouddhisme institutionnel et dont les noms, post mortem, seront mélés
aux intérêts des Etats, des grandes familles et des sciences.
L'histoire politique et scientifique "dô-shinto-bouddhique"
est rendue loin devant ses "saints" pauvres et illettrés des
XVII et XVIIIème siècles, de la réalité populaire
"incompétante" rurale et urbaine... Que sont devenus, en effet,
au XXIème siècle, siècle noir, siècle de destruction
des populations pauvres, Kihee le vendeur de bêtes, Kuhee le paysan, Jiroemon
le bûcheron, Seikuro l'idiot-mendiant d'Hokotate, Rokubei d'Ueno, Kotoura
la prostituée de Nagasaki... ("Gosei's Myokomin Stories", Hisao
Inagaki).
La sagesse dô shinto-bouddhique des "sans nom" consubstantielle
au principe philosophique universel de "coexistence harmonieuse" ("harmonious
coexistence (Kyosei)") est bien devenue avec l'expansion du capitalisme
industriel et financier - tout comme le principe de "coexistence harmonieuse"
-, tournant le dos aux marges, un mode alternatif de domination dans les affaires,
d'exploitation des institutions, un support régional de discrimination
des plus faibles, des aliénés et des démunis...
(Extrait
de "Propos
décroissants sur les obligations de comportement servile au Japon, l'hypocrisie
de la "coexistence scientifique", de "l'éthique environnementale"
et de "l'eco-philosophie", C. Pose, 24/11/08)
1
Les inégalités politico-socioreligieuses bouddhistes
(nous les évoquerons tout le long de cet essai) sont en général
en appui sur de nombreuses doctrines.
L'une des plus célèbres, la "pensée unique" (doctrine
du vide), se révèlera, après de multiples réécritures
(traductions / interprétations), le support modèle des hiérarchies
religieuses totalitaires en Asie (aujourd'hui en Occident) et à ce titre,
un moyen sociopolitique particulièrement injuste et violent pour les
personnes pauvres (croyantes et non croyantes).
La "pensée unique" (doctrine du vide, c'est également
valable pour le monthéisme), selon la traditionnelle lecture des familles
monastiques-Etat, ne s'oppose pas en tant que révélation de la
nature de l'esprit (ou même du vivant), et l'on comprendra aisément
pourquoi, au hiérarchisme matriciel et à ses correspondances sociologiques.
"La nature de l'esprit ou du vivant étant vide et invariable",
le fond social de ce monde (passé, présent, futur) sera ce que
les mérites à la naissance seront. L'organisation sociale est
auto-constituée par le seul fait des naissances (y compris au Vatican).
"La tradition conservatrice bouddhiste stipule que l'on ne s'oppose pas
à ce qui est naturel".
Dépendantes des hiérarchies matricielles (naturelles et cosmogoniques,
divines par les dieux et les rois) les inégalités graduées
bouddhistes sont toujours considérées par les pratiquants traditionnalistes
comme autant de modèles imperfectibles d'organisation sociale et ce dans
la plus part des pays du maha-vajrayana.
Les hiérarchies matricielles, en tant que supports objétisés
de la voie de l'essence, ont remodelé les normes religieuses et juridiques
hindouistes codifiées selon une nouvelle loi causale. Cette très
ancienne forme d'apartheid consiste, en fait, en toutes les formes de discrimination
éthnique, familiale, sexuelle, patrimoniale.
La dette karmique hindouiste et bouddhiste (dette religieuse économique,
alimentaire et sanitaire) est renouvelée à chaque naissance et
entretient l'insolvabilité des sujets les plus pauvres.
Cette précarité se traduit par une absence totale de droits religieux
authentiques ou de droits humains fondamentaux pour les plus démunis.
L'absence de droits et de libertés (droit religieux, droit religieux
au travail, droit religieux alimentaire et sanitaire, liberté religieuse
de circulation, d'association, de pensée et d'expression) scelle la mise
en dépendance physique et psychique des sujets d'avec les maîtres
et les ordres, ou leur exclusion des groupes humains pour insolvabilité
.
2
L'ancien modèle hindouiste relève d'une doctrine
du vide mais il s'oppose à celle de Sakyamuni ou Gautama, par la loi
causale.
L'histoire religieuse comparée des communautés
bouddhistes ayant adopté la doctrine du vide, de la vacuité
ou de la Pensée/Conscience Unique (communautés d'Inde, du Tibet,
de Chine, de Corée, du Japon, de Mandchourie, de Mongolie, de Malaisie
/ Singapour, du Viêt-nam, de Taïwan, communautés Européennes
et Américaines, etc...), montre que sans un engagement social parmi
les plus démunis garantissant des droits bouddhistes/religieux durables
et authentiques :
1- droit bouddhiste des personnes pauvres,
2- droit bouddhiste à la vie,
3- droit bouddhiste à la radicalité religieuse,
4- droit bouddhiste à la protection des minorités, des sans
papier, des sans famille, des errants,
5- droit bouddhiste à la gratuité des enseignements,
6- droit bouddhiste de changer de communauté et de doctrine, ou de
cessation, seront préservées les inégalités religieuses
graduées.
Insensiblement, le synchronisme alchimique liant les guerres, la propitiation,
les hiérarchies religieuses, les doctrines métaphysiques et l'économie
politique des pays, restaurera un modèle panthéiste pourtant combattu
par les bouddhistes éloignés du système religieux/juridique
dominant.
Ce travail critique aura été, un temps, élaboré
par quelques pédagogues bouddhistes du zen, du jodo, du hokkeshû
ou du shinshû (de bien d'autres) en Chine et au Japon (où le religieux
est rarement séparé pour les adeptes les plus sensés du
militantisme social et judiciaire à la base). Dans ce courant "hérétique
alternatif" liant réforme et transparence judiciaire (du fait de
la haute criminalité bouddhique), s'afficheront sans pudeur dans le courant
des XIXème, XXème, XXIme siècles les bodhisattva communistes,
marxistes-léninistes, syndicalistes révoltés ou socialistes
ou même muliconfessionnalistes - le vide menant à tout.
Cela dit, ils demeureront extrêment peu nombreux, moins nombreux, en tout
cas, que les militants socialo-communistes, les syndicalistes, les ouvriers,
les travailleurs sociaux, les activistes, les altermondialistes, les chercheurs
et les artistes réellement engagés dans la lutte contre le capitalisme!
Les pratiquants bouddhistes hérétiques, hier, de la Terre Pure,
jodo (ceux du jugement, du choix éclairé, du libre examen ou de
l'adhésion critique liée à la transparence judiciaire)
tant en Chine, en Inde qu'au Japon, et ce depuis des siècles, agissaient
à l'imitation d'un maître de "réforme"; citons un support exemplaire Hôzo
bosatsu, le moine mendiant (Amida bouddha).
Cette réforme, là où le maître exige la soumission,
l'hérétique exige la transparence judiciaire des maîtres
et des organisations pour être son propre maître, sera chantée
selon nous très clairement par des pédagogues non illettrés
institutionnaliss (influence des généalogies) omme Nagarjuna
(juge, poète, médecin) au IIème siècle en Inde,
Chan Tao ou Zendo au VII ème siècle en Chine, ou au Japon au XIIIème
siècle par Shinran dans le Shôshin Nembutsu-gé, ou "Eloge
de la vraie foi" (texte traduit par de nombreux interprètres non
conventionnels tant chinois, japonais, coréens qu'indiens). Bien entendu
les champions toute catégorie, les sans nom, les sans attache et les
sans richesse, ne sont plus ce qu'ils devraient être. Il en existe cependant,
une longue expédition dans les campagnes et les villes japonaises, indiennes
ou chinoises le démontrera, avec les réserves d'usage cependant,
beaucoup ont préservé une grande possessivité et un goût
"naturel" pour les cultes locaux, la magie, les pouvoirs, liés
à la nostalgie d'un passé institutionnalisé politiquement
souverain, donc limité; cette remarque est indispensable.
Un anthentique sans nom n'hésitera pas à chanter sous les balcons
des monastères, des universités bouddhiques, de la fédération
patronale, du conseil d'Etat, du chef de l'Etat, les articles 18, 19, 20 de
la constitution de 1946 du Japon :
- art.18 : Nul ne peut être soumis à une sujétion quelconque.
- art.19 : La liberté d'opinion et de conscience ne peut être enfreinte.
- art.20 : La liberté de religion est garantie à tous. Aucune
organisation religieuse ne peut recevoir de privilège quelconque de l'Etat,
pas plus qu'elle ne peut exercer une autorité politique. Nul ne peut
être contraint de prendre part à un acte, service, rite ou cérémonial
religieux. L'Etat et ses organes s'abstiendront de l'enseignement religieux
ou toutes autres activité religieuses. Ces propos ne sont pas si incohérents...
Nichizô (1269-1342) disciple de Nichirô (1242-1320) hurlera sous
les fenêtres du palais impérial :"nembutsu, acte infernal!
zen, oeuvre du démon! shingon, mort de la nation! ritsu, trahison nationale!"
(1294). Cela confirmera notre propos sur la désinstitutionnalisation
des moyens.
Le nembustu des hérétiques niera également les hiérarchies
politiques et religieuses liées à la propriété privée
religieuse et au servage pour dettes. Il n'y a pas, il faut encore le dire,
une "lecture officielle" de la doctrine bouddhiste mais des lectures et
bien des interprétations / oppositions. Il n'y a pas "une"
voie de l'essence mais une somme de doctrines dans un contexte religieux, hier et parfois aujourd'hui, de
corvées obligatoires, de servage et de propriété. Il y
va de la liberté et de la liberté religieuse de chacun,
il y va, aujourd'hui, dans un contexte communautariste éminemment sectaire,
de nouveau hiérarchisé et privatisé, politique (le lien
aux Etats est évident), financier (le lien au capitalisme, aux activités
commerciales, boursières et bancaires, est également évident),
délinquant (la délinquance religieuse et le crime religieux éxistent),
des droits fondamentaux de chacun.
Lire, pour se rafraichir la mémoire, les essais critiques du zen en guerre
de Brian Victoria, les réformes d'Hakamaya Noriaki, de Matsumoto Shiro
et d'Ichikawa Hakugen (Japon), notre ch.II, dans le champ marxiste chrétien
les oeuvres des théologiens de la libération Enrique Dussel (Argentine,
Mexique), Gustavo Gutierrez (Pérou), Clodovis Boff (Brésil), Ronaldo
Munoz (Chili), Pablo Richard (Chili, Costa Rica), Juan Luis Segundo (Uruguay)
et les définitions juridiques du génocide, du crime d'agression,
du crime contre l'humanité retenues par l'ethno-juriste Charles de Lespinay,
le code pénal français, la charte des droits fondamentaux de l'Union
Européenne, et pourquoi pas, les attributions de la CPI, etc.... Intro.I
et II, net.
3
La doctrine fut mise en application dans les monarchies et
les empires inégalitaires au Tibet, en Inde, en Chine, en Corée,
au Japon et est aujourd'hui une doctrine dominante éminemment capitaliste.
Elle est le coeur du maha-vajrayana institutionnel, et, au risque de déranger
le consensus, au coeur des inégalités graduées religieuses.
En fait, le régime spécial des inégalités politiques
et socioreligieuses bouddhiques, après étude des affaires religieuses
(archives et annales ouvertes à l'éthnographie juridique) révèle
un étonnant effort d'amnésie consensuelle.
Cet effort collectif de falsification/classification des faits religieux criminels
concerne en fait une somme très importante de "génocides
éthniques et religieux" officiellement dissimulés sous l'appellation
"histoire générale des conflits religieux (des écoles
monastiques - très rarement des doctrines - et des maîtres) ou
histoire religieuse des pays". Cet aspect de l'histoire religieuse voudra,
par exemple, que le bouddhisme désincarné, logique du vide oblige,
soit victime du fait criminel mais jamais acteur/auteur du fait criminel ( voir
"An exuberant adventure : the academic study and teaching of religion"
de Martin E. Marty, 1996).
Ce consensus aura pour effet d'effacer la responsabilité religieuse,
politique et pénale, de certains monastères, de certains maîtres
et de minimiser le rôle des taductions falsifiées, des réécritures
et de leur application, dans un contexte inapproprié de propriété
foncière religieuse et de hiérarchies (Ch.I note 3 al.4 "les
falsifications des manuels scolaires en Inde et au Japon et la religion d'Etat";
C. Alban Sabouret "Mémoire et oubli", INALCO; Romila Thapar
"History of India" , Penguin).
Les chronologies bouddhistes construites de toute pièce autour de grands
noms (naissance et mort des maîtres, hauts faits) "sans histoire"
(y compris celles du nembustu institutionnel des deux églises du jodoshinshu,
Est Honganji et Ouest Honganji de Kyoto, mettant en avant des personnalités
lettrées institutionnalises telles que Nagarjuna, Vasubandhu, T'an luan, Tao tch'o, Chan
tao, Genshin, Hônen) n'échappent pas au processus de la falsification
/ dissimulation du fait sociohistorique criminel : les guerres religieuses secrètes
de succession politique, l'usurpation des domaines religieux, les crimes religieux
crapuleux, les vengeances, les purges ethniques et religieuses, les détournements
de fonds religieux, les crimes religieux de blanchiment, les escroqueries...
(bibliographie judiciaire sommaire, Ch.II)
L'exhibition du faste et de la pompe des rituels codifiés, des chefs
idéalisés et des lignées combattantes, supports guerriers
voulus sans tache, "saints et immaculés", la superstition populaire,
la misère sociale, la répression policière en cas de protestation
entretiendront le mythe de la pureté et du parcours sans faute : "sur
terre comme au ciel".
Nous avons survolé dans notre propos introductif II la question des droits
de l'homme (hautement conditionnels au Tibet puisqu'ils sont un privilège
de la noblesse héréditaire) jusqu'en 1950, et la question de la
longévité politique falsifiée, au regard de l'histoire
des lignées, des Dalaï Lama entre le XVIIème siècle
et le XXème siècle. Il serait utile sur un même plan critique
d'appréhender la question de la transparence bouddhiste par les moyens
de l'enquête criminelle sociohistorique comparée ou par ceux de
l'ethnographie juridique comparée au Japon entre le Xème et XVIème
siècle.
Tourisme et histoire religieuse officielle nous conduiront par exemple à
Kyoto sur la piste des écoles anciennes, notamment sur celle de la célèbre
école des lois Tendaï, du Mont Hiei, associée aux aventures
rocambolesques de nombreux maîtres à travers des siècles
de conflits...
Genshin (942-1017), Hônen (1133-1212), Shinran (1173-1263)
promoteurs de la Terre Pure au Japon et Dôgen (1200-1253) promoteur
du zen enseigneront les lois avec un esprit de réforme (bien qu'institutionnalisés
et de conditions sociales favorisées) et feront tâche dans les
enseignements monastiques traditionnels, "corrompus", précisément,
par une tradition dévorée par les hiérarchies, le pouvoir,
le commerce, ses usages mondains et monétaires.
Le nembutsu ou le shin compte plusieurs courants principaux, une nuée
d'écoles, de maîtres et de sous branches, des dizaines de milliers
de temples, le zen entre le XIIème et XIVème siècle,
ne compte pas moins de 24 courants doctrinaux issus de 46 transmissions chinoises,
toutes soucieuses de préservées leur indépendance.
Nichiren l'Intolérant (1222-1282), fondateur de l'école du sutra
du lotus, sera condamné à mort par les autorités judiciaires
de Kamakura pour ses dénonciations ininterrompues des écoles
jôdo, shingon, tendaï, risshû puis sera finalement déporté
dans l'île de Sado (Ikéda Daisaku, président de la Sôka
Gakkaï, s'inspirera, du reste, de Nichiren et de sa conception de l'Etat).
Rennyo (1415-1499), engagé dans l'aventure politique du jôdo-shinshû
ne manquera pas d'être attaqué par les moines-soldats rivaux
du monastère tendaï en 1465. Le jodoshinshu, très politique
et très capitaliste, se scindera en deux églises missionnaires,
rivales depuis le XVIIème, et se subdivisera en une nuée de
sous branches. Les maisons mères demeureront adeptes de la voie politique
et guerrière impériale tout en régnant sur un véritable
empire. Autant d'écoles célèbres du Xème au XVIème
siècle...
La plupart des écoles seront cependant liées à l'histoire
criminelle religieuse du Japon, à l'espionnage ou au pénal aujourd'hui
indissociable des hauts fonds du tourisme religieux, du folklore et de l'histoire
falsifiée. Le premier fait criminel religieux falsifié (les guerres
religieuses, le crime religieux) naîtra de la tentation du moine historien
de l'instance religieuse : utiliser, manipuler, hors de son contexte sociohistorique,
le fait miraculeux concernant les ennemis héréditaires ou naturels
de "l'ordre" à savoir les saints sociaux, hérétiques,
parfois politiques.
Ces hérétiques (hommes de choix) seront mahassidha en Inde, yogi
en Chine, yamabushi ascètes des montagnes, ajari marcheurs libres révoltés,
hijiri mendiants magiciens au Japon, assassins convertis un peu partout et arhat
pauvres (des saints égoistes selon les capitalistes tibétains)...
Aucun n'échappera à l'institutionnalisation monastique et politique.
Héritage tronqué donc...
Quatre des compagnons spirituels de Hônen seront exécutés
pour "trouble de l'ordre public" précisément à
la suite d'une dénonciation des moines institutionnels de Tendaï.
Hônen sera exilé en 1206 sur l'île de Shikoku (la plus petite
des quatre îles principales du Japon). Cette trahison spirituelle des
frères visait en fait la réforme du bouddhisme au XIIème
siècle qui prônait simplification et pauvreté, popularisation.
L'on retirera même à Hônen sa qualité de religieux
bouddhiste.
Ces faits historiques relèveront aujourd'hui (pourrait-on se passer à
Tendaï de l'enjeu économique et religieux "Hônen"
- le "saint Hônen" ?) du marketing spirituel et de la publicité
mensongère "nous agissons selon les règles de Honen".
La manipulation de l'héritage des réformateurs pérsécutés
au Japon (à l'instar de l'histoire socioreligieuse des populations tibétaines
manipulée par les religieux et les politiciens institutionnalisés;
institutionnalisation noyant la responsabilité religieuse, politique
et pénale de la collaboration au nazisme et à l'impérialisme
japonais des chefs tibétains) est un bon moyen de falsification du fait
criminel religieux et une cause nécessaire, selon nous, pour la rédaction
d'une histoire judiciaire (pays par pays) du bouddhisme.
Les ordres religieux Japonais de la voie impériale, Tendaï, les
écoles du jodo et du jodo-shinshu, prétendent au XXIème
siècle (devant les médias, les écoles, les universités)
un mythe du parcours monastique sans faute et cachent que depuis la mort de
Saîcho, fondateur de Tendaï (IXème siècle), ils sont
totalement opposés aux réformes conduisant au dharma populaire,
à la connaissance intégrale gratuite, aux retraites gratuites, à la libre maîtrise,
à sa libre application.
Les réformateurs évoquèrent dès 1052 (au Tibet,
en Inde, en Chine) : "la période finale de la bonne loi ou la cessation
du dharma bouddhiste", en un mot mappô ou... pour casser le consensus
sur mappô, l'étouffement définitif des dissidences sources
de trop de subjectivités pour reprendre l'expression de Toni Négri,
de trop "de fuites vers la marge, de déconstruction vers la marge,
de réduction de l'amplitute des pouvoirs".
Une mise en perspective diachronique nous conduira aux rivalités
politiques entre deux monastères de l'école tendaï, Enryakuji
et Onjo-ji.
Enryaku-ji (initialement Hiesan-ji et Ichijô-ji), temple de Kyoto, est
célèbre et très visité, il aura pour mission de
protéger le palais impérial des mauvaises influences venant
du Nord-Est. Fondé en 788 par le pédagogue Saïchô,
né d'une famille d'immigrants chinois (767-822), il sera détenteur
des seuls liens /préceptes Hô chinois du mahayana au Japon pour
la paix et la cessation de la misère sociale. Saïchô sera,
à ce titre, le protégé du cinquantième empereur
Kammu (737-806) désireux de s'affranchir de "l'arrogante tutelle
politique de l'école de la Pensée Unique" (crée
au Vème siècle par le médecin errant indien Vasubandhu,
école hossôshû de Nara, Japon), en tant que l'une des "six
sectes (politiques)- nanto-rokushû- à éviter"(kusha-shû,
jojitsu-shû, hossô-shû, ritsu-shû, sanron-shû,
kegon-shû)
"Ces deux rivaux, les monastères Enryaku-ji et Onjo-ji, partageant
les mêmes préceptes de non violence, écrira le bouddhologue
Jérôme Ducor, ici enquêteur et historien du fait criminel,
ne cessèrent de se harceler, rasant, incendiant les temples, les prieurés,
les ermitages adverses durant six cents ans (Xème au XVIème siècle)
quand ils n'incendiaient pas eux-mêmes leurs propres bâtiments en
signe de protestation" (J.Ducor "La vie de Zonkaku" (1290-1370
) ch.V sec.IV "les raisons de la disgrâce de Zonkaku, espionnage
et politique", G.Renondeau "histoire des moines guerriers du Japon"
et L.Frédéric"Le Japon", dictionnaire et civilisation).
Il est interessant de remarquer, selon d'autres sources, que le jôdo shinshû
institutionnel dépendant du grand temple de la voie impériale
Hongan-ji de Kyoto sera à la fois objet et co-responsable religieux,
politique, militaire des génocides religieux de 1563, 1571, 1574-1580.
Les adeptes religieux et politiques du jôdo-shinshû regroupés
en une très puissante "ligue de l'idée unique", ikkô-ikki,
sous l'impulsion de Rennyo (1415-1499), "8ème hossu" ou selon
la traduction de L. Frédéric "8ème Pape", se
soulèveront contre des seigneurs locaux pour asseoir plus d'autorité
politique et économique dans le centre du Japon.
Après le "règne" de Rennyo, la ligue (bien que relevant
du mahayana, véhicule du bodhisattva, pacifique et non combattant) s'engagera
dans un effort de guerre au dessus de ses compétences et contre nature.
Le successeur de Shonyo (1517-1554), Kennyo (1543-1598), 11ème hossu,
qui portera comme tout hossu le titre de shonin ou "saint homme",
n'hésitera pas à jouer la vie de "ses" moines ordonnés
et celle, non moins sacrée pour un bouddhiste, de "sa" communauté
de fidèles laïcs, en opposant "ses" moines-guerriers et
paysans samouraï, ji-samouraï, à un authentique seigneur de
la guerre : Tokugawa Ieyasu (défaite de la ligue en 1563).
La ligue n'hésitera pas à provoquer l'unificateur du Japon Oda
Nobunaga (campagnes et défaites de la ligue en 1570, 1574, 1580). Oda
Nobunaga après avoir passé par le sabre 3000 moines-guerriers
du monastère Enryaku-ji de tendaï et mi le feu aux batiments, Kyoto
(1571), brûlera vif 20 000 religieux du ikkô ikki, trois ans plus
tard, 1574 ( Note 3 al.1 "les limites de la morale nationale en tant que
système éthique de la nation et voie des Dieux" et note 4
"le crime religieux d'Etat").
La vérité du fait criminel religieux (d'ou l'intérêt
d'une histoire judiciaire du bouddhisme) disparaît très tôt
au profit de l'intérêt supérieur du "religieux"
(l'engagement immaculé à ne pas mentir, à ne pas voler,
à ne pas tuer). Il est courant d'entendre les religieux réjeter
la faute (les causes des faits criminels liés aux applications doctrinales
d'hier) sur la modernité. Ce qui revient à annuler la quasi totalité
de la responsabilité religieuse, politique et criminelle des acteurs,
des lignées, des héritiers du passé mais aussi à
discréditer, comme c'est presque toujours le cas chez les traditionnalistes,
l'organisation sociale laque à partir d'une même base de lecture de la
dogmatique justifiant ainsi l'usage du meurtre : "le présent est souillure...les
populations sont polluées, dégénérées, impures ou
barbares...".
Jérôme Ducor écrira : "le hossôshû du Japon
(école de la "pensée unique" dominante en Inde, en Chine,
au Japon, au Tibet) s'est développé en un ordre bouddhique extrêmement
puissant, non pas tant en raison de sa doctrine que de la position de temple
mère... le Kobukuji à Nara (contexe de pouvoir et d'ultra-propriété)".
Jérôme Ducor est bouddhiste, de fait, la doctrine codifiée
qui deviendra par les usages mondains une théologie politique au service
d'une hiérarchie politique, échappera à l'histoire criminelle
comme à la critique juridique de la doctrine. Nous avons affaire, en
effet, à l'usage d'une doctrine du mahayana-vajrayana dans un contexte
d'application politique inapproprié. Le lien de cause à effet
disparaît dans la somme des effets présentés comme séparés.
L'empereur Kammu (737-806) se plaindra pourtant de l'arrogante tutelle politique
de l'école de la pensée unique (doctrine donc) du hossoshu... Il mettra ses espoirs
en Saïcho (767-822), en vain.
Le fait criminel religieux (les guerres du jodoshinshu durant le XVIème
siècle ou celles perpétrées au nom des empereurs Meiji,
Taisho, Showa entre 1868 et 1945) est présenté comme n'ayant aucune
origine doctrinale, la doctrine étant pourtant le coeur caché
de "l'instance" ou de "l'institution". Aucune école
bouddhiste ne se fondera sans sa base théorique et théologique
et surtout sans "sa" lecture du fait théorique. Or nous savons
que la Pensée Unique (doctrine majeure du bouddhisme de la voie royale
au Tibet, en Inde et en Chine) conçue initialement pour le non attachement
aux choses et aux êtres - sans Etat et sans richesse - transmise dans
un contexte politique normatif guerrier ou d'Etat, de propriété
foncière religieuse, de généalogies ou de servage est prévenue
: poison véritable.
L'enseignement général dit : "appliquez la doctrine sans
propriété, sans richesse, sans dette, sans corvée ni servage...
Le religieux peut se passer de hiérarchie et d'argent. L'objet religieux
ne concerne pas le fait politique... Le religieux peut donc se passer d'un Etat
"à lui".... Le religieux va précisément là
où l'Etat, le roi, le ministre et la loi (ou le droit) ne peuvent aller
: dans le coeur des hommes. Il n'est pas question de faire le lien entre l'Etat
et les sujets. Le religieux est hors Etat...." Les hossu ou Papes du jodoshinshu
chercheront pourtant des privilèges nobiliaires identiques à ceux
attribués par l'empereur aux familles aristocratiques ou à séduire
les peuples confiants et les empereurs pour des questions purement stratégiques,
commerciales ou politiques.
Cette problématique sera traitée en partie dans le Tannisho ou
"livre concernant les hétérodoxies déplorables"
attribué à Yuien, disciple de Shinran, 1250 et popularisé
au XIXème siècle par Kyozawa Manshi. La doctrine et son usage
par les religieux institutionnalisés dans un contexte politique inapproprié
seront deux sources judiciaires, pour reprendre une expression pénaliste
contemporaine (Renée Martinage : "Les sources judiciaires de l'histoire
du crime", l'historien face aux sources juridiques).
En fait la séparation de l'église et de l'Etat (hier comme aujourd'hui)
n'a pas rendu le délit religieux plus faible, loin sans faut. Les cultes,
les rituels codifiés et la magie (pas moins), en appui sur une dogmatique
(voie royale ou impériale des dieux, de l'essence ou du vide constitutif
de toute chose), dans un contexte déviant, sectaire, politique ou monétariste,
ont réellement modélisé la délinquance bouddhiste,
son monde et son prosélytisme.
Pour quelle raison doit-on être religieux (moine, bonze ou laïc croyant)
si la croyance n'opère pas une modification sensible de nos données
laïques initiales, individuelles et collectives ? La délinquance
religieuse, ritualisée, à partir de l'interprétation d'une
doctrine, voire l'exploitation rationnelle de l'ignorance par la magie, seraient-elle
une force imaginaire ? A en croire de nombreuses églises bouddhiques,
non.
"L'esquisse d'une théorie générale de la magie"
de Marcel Mauss (1872-1950), hors croyance, nous renseignera sur ce dernier
point de la magie (Voir également "L'intérêt d'une
histoire judiciaire du bouddhisme à l'heure de la décriminalisation
de la magie et de la sorcellerie" (en cours); également les textes
de Jean Marie Tremblay, sociologue au CEGEP de Chicoutimi, Canada, site web
:
http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques
des sciences sociales/index.html et
http://wwwens.uqac.ca/jmt-sociologue/).
4
La cessation de la misère individuelle et sociale par
la voie du bouddhisme primitif s'oppose doctrinalement et juridiquement au bouddhisme
de la voie royale ou impériale.
Une histoire criminelle comparée des religions, aussi brêve soit
elle, nous montrera que l'intérêt supérieur : "la victoire
sur la misère sociale par la radicalité religieuse" qui est
l'objet même du religieux avant l'époque des Lumières et
l'ère industrielle (l'en-commun sera selon la juriste Chemillier-Gendreau l'objet
du droit international des personnes pauvres, du droit à la vie en Europe
au XXIème siècle) est occulté au profit des intérêts
privés des communautés religieuses, acteurs politiques et économiques.
La sociologue des religions Danièle Hervieu Léger
évoquera dans "le pélerin et le converti" : "l'échec
de la chrétienté à garder ses ouailles (ou ses pauvres)
dans son giron" ainsi que la manifestation "des renouveaux les plus
hétéroclites, une prolifération (des communautés
religieuses new-wave) qui contribue à la formation d'identités
sociales inédites, voire l'émergence d'une société
post-chrétienne. Les croyants, en demande de sens, circulent en quête
d'une filiation religieuse qui ne leur inculque plus, dès le berceau,
une vérité immuable et intransigeante, et qui ne les menace
plus des feux de l'Enfer".
Nous observerons les mêmes effets au sein du bouddhisme institutionnel
s'accrochant à ses privilèges de noblesse (comme aux portes des
enfers bouddhistes) ou aux vieux modèles des monarchies divines totalitaires.
La tradition bouddhiste hérétique du nembustu relèvera
du droit shakyamunien ou amidien de l'homme, de la réforme socioreligieuse.
Elle n'est ni primitive ni post moderne ou post-bouddhiste. En fait, l'idéal
bouddhiste conduit au "sans Etat" et au "sans richesse",
à la marge, au monde du sans Etat et du sans richesse, à l'homme
historique "sans droit", à la nécessité du partage
et de l'en-commun dont parle Chemillier-Gendreau.
Cet idéal combattu par les courants théologiens du bouddhisme
séculier (l'idéal populaire de l'homme étant l'ennemi de
la certitude par les divinités) aura pour conséquence de désincarner
l'avenir du bouddha "sans Etat" et "sans richesse". Le bouddhisme
a bien été absorbé par un élan séculier maîtrisé
par les instances héréditaires du maha-vajrayana. Le sans Etat
et le sans richesse, selon le prosélytisme déviant des "rois",
a bien signifié que l'homme du peuple était "une créature
négative ou impure" née sans droit. Le crime religieux y
puisera selon nous une justification doctrinale (théologique) supplémentaire.
L'école de la réforme japonaise, à ce titre, derrière
les professeurs bouddhistes Ichikawa Hakugen, Hakamaya Noriaki, Matsumoto Shiro
ou Brian Victoria, dénoncera un fait similaire dans le mahayana-zen du
Japon : "l'entitétisme physique" ou "l'homme-entité",
autre aspect de l'homme désincarné et par extension sans droit,
justifiant à terme son meurtre, son sacrifice ou la guerre sainte au
nom de l'empereur.
Le nembustu réformé relèvera un temps d'une doctrine de
l'essence (comme la Pensée Unique) mais sera rattrapé par la vocation
des institutions religieuses, la richesse et la propriété foncière.
Le nembutsu et le zen réformés, reconnaîtront un temps,
au regard de l'essence et du salut, que "l'enfer n'existe pas" et
que les inégalités graduées admises sur une base héréditaire
discriminante (codifiée au Tibet dès le IXème siècle)
ne sont pas nécessaires pour organiser une société et avancer
dans la vie religieuse individuelle.
5
Chaque communauté bouddhiste défend toujours
avec rage "une version officielle" de l'histoire et des enseignements
de Gautama, tout en refusant d'admettre que le dharma puisse être, comme
le pénal des pays, un reflet de la souffrance populaire.
"Croire", sans servir aveuglément une communauté de
fidèles "autour de son guru", était hier un délit
et est toujours, nous le voyons bien aujourd'hui en France, aux USA, au Japon
ou en Inde, un délit qui s'accompagne d'une mise à l'index
du fautif (du pauvre généralement) ou de son exclusion de tous
groupes religieux mais aussi (par identification à l'altérité)
des groupes sociaux laïcs.
Il n'y a que peu d'exemples contraires en Asie, ou en Occident. Celui qui est
sans richesse et qui ne sert pas, ou ne peut servir le lama ou le bonze, ou
qui ne se soumet pas à l'ordre communautaire, "ne peut connaître
le vrai dharma et engendre le chaos". Au regard des règles, des
usages et des textes, il commet une faute grave et relève d'une accusation
de crime de schisme, première des cinq fautes bouddhistes conduisant
à l'enfer Avici. Le schismatique sera traité à l'égal
d'un criminel. L'exclusion conduira à altération, à l'errance,
au délit puis, invariablement, à la sanction et pour certains
à la prison ou à l'hopital psychiatrique.
Reflet de l'académisme maniéré propre aux élites
politiques le bouddhisme institutionalisé (qui semble un support d'expéditions
punitives contre les sujets ignorants, tel que nous l'avons vécu à
la base chez les tibétains en Inde, au Japon et en Europe) est devenu
une discipline intellectuelle inégalitaire réservée aux
seuls virtuoses fortunés.
Les douze spécificités du bouddhisme conduisant à l'autoritarisme,
au militarisme et au fascisme, tels qu'observés et analysés en
1975 par le moine Ichikawa Hakugen au Japon, supporteront notre critique qui
paraîtra, de fait, tout à fait à place (Ch.II : "les
causes et les effets").
Le bouddhisme séculier, en effet, ne soutient plus l'engagement à
la base, la marge ou la radicalité. Il n'affronte plus, capitalisme institutionnalis
oblige, la sévérité du pénal, la sévérité
de la rue, la sévérité des conditions sociales extrêmes
: prostituées, détenus, parias, aliénés, errants,
voleurs, assassins. Le bouddhisme sera toujours absent quand les pauvres seront
rendus fous de détresse dans les bas-fonds d'Europe, d'Afrique, d'Amérique
du sud, d'Asie ou d'Amérique du nord. C'est dramatique mais c'est comme
ça... Les élites bouddhistes laïques auront probablement,
un jour, des comptes à rendre...
L'histoire bouddhiste est d'autant plus criminogène que les droits shakyamuniens
de l'homme (droits complets accordés aux homless) sont inexistants pour
les pauvres.
1- Rappelons ceci : nous pouvons traiter la question des droits de l'homme au
Tibet avant 1950 dans la perspective des droits shakyamuniens de l'homme (inexistants
au Tibet) et des droits de l'homme également inexistants au Tibet (sujet
tabou dissimulé sous le poids du martyr et des données religieuses,
historiques, juridiques et judiciaires falsifiées, déformées,
détruites) et traiter la même question selon les critères
de la lutte contre le communisme et des droits internationaux de l'homme de
la CIA en 1952. Il est plus aisé de traiter la question selon les derniers
critères.
La situation des droits sera du reste traitée avec la même hypocrisie
par les deux parties après 1959, après les crises de 1966/1968
(début de l'ère anti-droit en Chine et révolution culturelle),
après celles de 1977/1978, mort de Mao et restauration de l'Etat de droit.
Elle est toujours traitée avec hypocrisie à l'époque de
l'économie socialiste (libérale) de marché inaugurée
par Deng Xiao Ping. Chine "sans droit de l'homme", dirons-nous, qui
semble tant plaire, cependant, comme aux temps de l'empire mandchou et du commerce
de l'opium, entre 1830 et 1911, aux capitalistes politiques tibétains
(qui espèrent, du reste, en le renversement du gouvernement chinois par
les moyens stratégiques du PNAC) et aux capitalistes japonais ou occidentaux
sans scrupule.
2- Même propos concernant les droits shakyamuniens de l'homme et les droits
de l'homme au Japon avant l'ère de l'empereur Meiji, durant l'Ere Meiji
(1868 /1912), après l'Ere Meiji : Ere Taisho (1912-1926), Ere Showa (1926-1989),
Ere Heisei (1989,...).
Notons toutefois que la question sera traitée après 1946 par le
rennoncement constitutionnel à la souveraineté impériale
("l'empereur doit ses fonctions à la volonté du peuple en
qui réside le pouvoir souverain", article 1er Ch.I de la constitution)
et par la reconnaissance de l'interdiction de soumettre un être humain à
une quelconque sujétion, à une quelconque obligation de prendre
part à un acte, service, rite ou cérémonial religieux (article
18 et article 20, Ch.III de la constitution).
3- Même propos concernant les droits shakyamuniens, les droits hindouistes
de l'homme et les droits de l'homme en Inde avant 1948.
La question des droits sera traitée après l'écriture de
la constitution socialiste laïque par l'abolition de l'intouchabilité
en 1950. Toutefois ces droits demeurent relatifs : il y a les droits religieux
de l'homme selon le bon vouloir capitalokarmique de l'abbé-bouddhiste
et selon l'autoritarisme politique du brahmane-pandit et ceux (laïcs et
religieux) garantis par les juges constitutionnalistes de l'école du
paria Ambedkar.
Une chose est sûre la connaissance bouddhiste du grand véhicule
(mahayana) ne va plus côté rue, là où se trouve pourtant
l'esprit des lois. Les enseignements sur la mendicité et l'errance (et
nous le verrons tout le long de cette approche) ne sont plus reconnus. Il faut
aller très loin au Japon ou en Inde pour entendre l'Ittivuttaka ou le
droit traditionnel à l'errance religieuse ou professionnelle.
Bouddha est familier des criminels et des paria :
"Aucun être ne m'aime, dit Angulimala l'assassin à Gautama,
pourquoi devrais-je aimer les autres ? Les hommes sont cruels et fourbes.
Je n'aurai de cesse de les avoir tous tués pour satisfaire ma haine.
- Il y a aussi des êtres capables de compréhension et de compassion,
dit Bouddha, avez vous déjà rencontré un bhikkhu ? les
moines font le voeu de protéger toute vie et s'engagent à erradiquer
le désir, la haine et l'ignorance...ma voie peut transformer la cruauté
en bonté. La haine est le chemin sur lequel vous vous trouvez maintenant.
Vous devez arréter. Optez pour le chemin du pardon, de la compréhension
et de l'amour" (Angulimala Sutta Majjhima-nikaya 86. Taisho Shinshu Daizokyo
20)
"Je suis un intouchable, dit Sunita le paria transporteur d'excréments,
je ne veux pas vous souiller.
Gautama répondit : "Notre voie n'établit aucune distinction
entre les castes. Vous êtes humains comme nous tous. Seules l'envie,
l'illusion et la haine, peuvent nous souiller. Une personne comme vous ne
peut nous apporter que du bonheur. Quel est votre nom ?" (Lalitavistara
Sutra)
"Ceux de mes disciples, dit encore Gautama, qui sont moines errants doivent
observer les quatre règles et baser toute leur vie sur celles-ci :
1- Ils portent de vieux habits abandonnés.
2- Ils reçoivent leur nourriture en mendiant des offrandes.
3- Leur foyer est l'endroit où la nuit les surprend sous un un arbre
ou sur un rocher.
4- Ils se soignent uniquement avec un remède spécial fait à
partir de l'urine de la communauté." (Dhammadayada-sutta, Itivuttaka
100 & Majjhima-Nikaya 1/3, Bukkyo Dendo Kyokaï ).
Les monastères du vajra-mahayana et les centres de dharma, résolument
capitalistes (en Europe, aux USA, au Japon) sont tous adeptes ou héritiers
de l'une des nombreuses formes du bouddhisme de la voie royale ou impériale
du Tibet, de Chine ou du Japon. Mais le droit bouddhiste des personnes pauvres
ou le droit bouddhiste à la vie Itivuttaka conçu par Gautama au
Vème siècle avant J.C. pour les moines errants est contesté
ou n'est plus reconnu. Pour les bouddhistes institutionnalisés il n'y
a plus de miséreux, ni de mendicité, il faut appliquer les commandements
du grand capital, ses lois et accepter le salariat...
La principale conséquence de la non reconnaissance de ce droit fondamental
consiste en une plus grande altérité de l'identité des
marginaux et des vagabonds sur la voie bouddhiste.
Dharma, ne signifie pas seulement : "ce qui maintient sur les rails de
la connaissance", il signifie ouverture au monde, désintérêt,
pluralisme, investigation dans les causes de la souffrance, il signifie aussi
en pâli, dhammadhana : "enseignements gratuits".
Le dharma fondamental tire en fait son originalité des solutions radicales
originales apportées à la pauvreté, à la maladie,
à la douleur du peuple et n'a jamais été une discipline
académique ou intellectuelle... Il est cependant une cerise posée
sur un gateau de privilèges, un quatrième cycle post universitaire
dispensé par des rois avides et fiers à des traducteurs virtuoses
couchés sur un lit de crème. Salo ou les 120 journées de
sodome... avis aux amateurs!
Les ordres religieux bouddhistes de la voie royale (laïque et monastique),
faut-il vraiment le dire, vassaux néofascistes souverains au Tibet, en
Inde ou au Japon, cherchent un trône en Europe, quelque part, sur la terre
d'un salariat hypocrite rendu obligatoire par les chefs religieux, ou aux USA,
à l'heure ou les rêves de "l'Empire" prennent de nouveau
le pas sur les esprits et les libertés.
Quand on parle d'empire, de quoi s'agit-il exactement ?
Arhundhati Roy propose une réponse intéressante dans "Assiéger
l'Empire" (Le Monde Diplomatique, mars 2003):
" ...il s'agit du gouvernement des Etats Unis et de ses satellites européens,
de la Banque Mondiale, du Fond Monétaire International (FMI), de l'Organisation
Mondiale du Commerce (OMC) et des firmes transnationales. L'Empire n'est-il
que celà ? N'a t-il pas dans de nombreux pays, engendré des
excroissances subsidiaires, des sous-produits dangereux tels que le nationalisme,
le fanatisme religieux, le fascisme et, bien sûr, le terrorisme, qui
marchent la main dans la main avec le projet de mondialisation libérale
?
"Pour illustrer mon propos, je vais prendre le cas de la plus grande
démocratie du monde : l'Inde, à la pointe de l'offensive néo-libérale.
Son marché d'un milliard d'habitants a été ouvert au
forceps par l'OMC. Le gouvernement et les élites du pays font leurs
délices des privatisations et de la dictature des marchés et
des entreprises géantes. Il n'est nullement fortuit que le premier
ministre, le ministre de l'intérieur et le ministre du désinvestissement
(c.a.d. des privatisations) - ceux là mêmes qui avaient signé
un accord avec Enron, qui bradent les infrastructures de l'Inde aux transnationales,
qui veulent privatiser l'eau, l'électricité, le pétrole,
le charbon, l'acier, la santé, l'éducation et les télécommunications
- soient tous des membres ou partisans du Corps National des Volontaires RSS,
organisation hindoue de droite ultra-nationaliste qui, dans le passé,
n'a pas caché son admiration pour Hitler et ses méthodes
(voir Ch.I note 3 ali.2 "approche Indienne réformée de
l'hindouisme pour une mosaïque ethnique et un pluralisme confessionnel
préservé des tentations aryennes" et Ch.II "La loi
des causes et des effets" notes 9 et 10, les liens institutionnels contradictoires
et les oppositions sur la question d'une même loi ou l'agression stratégique
des codifications")
6
En fait chaque enseignement ou dharma, peut être pris
différemment selon qu'il est vécu dans le Yunnan en Chine, dans
le Kérala en Inde ou dans la région de Kii au Japon, selon que
l'on soit riche ou pauvre, malade ou en bonne santé.
Un dharma n'est pas opposable à un autre dharma. Nous voulons bien le
croire. Le dharma serait une vertu égalitaire par l'expérience/compréhension
de la vacuité mais il ne peut l'être, selon nous, que dans un contexte
militant ou socio-économique de décroissance ou de pauvreté.
Le pauvre vit dans un contexte d'épuration judiciaire.
Le dharma s'opposerait à cette épuration... Il serait en ce
sens une biophilosophie critique holistique - nous nous y opposons car le
contexte institutionnel, hiérarchique, héréditaire et
monétaire des écoles bouddhistes, monde particulier, s'y oppose.
Il conduirait malgré tout à la connaissance de l'absolue et
de la recherche fondamentale. De laquelle ? Cette connaissance évoluerait
en tant qu'une dicipline de l'esprit résolument critique et méthodique.
Il est dit : "si le tout est mon esprit, mon esprit est le tout".
Vertu de la pensée holistique ? En dehors d'un contexte de critique
sociopolitique le dharma tel qu'il est enseigné et vécu ne peut
prendre que la forme du gouvernement et de l'ordre socioéconomique
dominant qu'il prétend englober dans sa vue unitive ou globale.
Il est dit : "Chaque enseignement est comme une branche de corail dans
un lagon. Chaque branche est vivante et se transforme". Le dharma ne serait
donc pas l'histoire d'une ou des communautés de la "religion nationale"
comme nous l'avons vécu. L'histoire des lignées ne serait pas
une loi ni un modèle d'organisation sociale. La réputation d'une
école ne serait pas une loi ou un mode de vie. Une école ne serait
pas le dharma. Nous voulons bien le croire.
Le dharma serait le reflet de la vie et de la souffrance. Il n'est pas enseigné
comme tel. Il ne reflète pas la condition de la douleur et de la souffrance
mais la persistance de l'inégalité sociale. Il est plutôt
l'expression d'une autorité politique conservatrice et réactionnaire.
Il serait est un moyen subversif moderne, subjectif et ne serait pas objétisable,
ce n'est pas ce que nous avons vécu.
Le dharma tel que nous l'avons vécu tendait vers une aventure individuelle
pour une promotion sociale ou un succès dans une activité, ici
religieuse et professionnelle. Ce dharma communautariste était bel et
bien normatif, utilitariste, ou un pouvoir sur les hommes et les choses, ou
quelque chose "qui devait marcher". Ce dharma était une fonction,
une police du comportement individuel, collectif, de la pensée, de la
parole, de l'activité sexuelle, et selon une magie. Ce dharma était
une oeuvre moraliste élitiste, une sanction disciplinaire. Ce dharma
n'était pas le fruit du renoncement à l'hypocrisie politique et
au capitalisme.
7
Le concept d'impermanence (conduisant au vide par altération
de la linéarité du mouvement et, par là, langue naturelle
de l'altérité de l'identité) fut à l'origine la
racine de la révolte individuelle des réformateurs historiques
: Gautama, cinq siècles avant-Jésus Christ, Asanga, Vasubandhu
ou Hiuan Tsang, indiens et chinois aux IV et VII ème siècles alors
qu'ils luttaient contre l'appauvrissement du message de bouddha au sein des
communautés monastiques.
Les interprétations de la "pensée unique" (voir plus
loin les conséquences dynamiques et sociales de la théorie du
butterfly effect) transformèrent l'enseignement initial en un message
politique pour les institutions et de nombreuses cités. Au point que
la "bonne nouvelle" devint le support du totalitarisme des communautés
peu soucieuses de dépouillement et de la propriété privée
voulue illimitée.
Les érudits des communautés bouddhistes (à l'imitation
des rédacteurs assermentés des codes juridiques indiens aux VIème/VIIème
siècles, codes de Manou, de Narada, de Yajnavalkya, liant théoriquement
le droit, le commerce, la politique, l'information secrète ou l'espionnage
pour les rois, aux techniques de maîtrise de l'esprit par le yoga du maître)
mirent très tôt leurs talents d'unificateurs des pouvoirs et des
devoirs au service du pouvoir religieux politique" ("Les codes anciens",
David Annoussamy, Société de Législation Comparée,
2001).
Les érudits offrirent l'illusion d'un mythe du régnant aux princes,
aux rois bouddhistes et aux autorités monastiques, qui confondirent libération
individuelle shakyamunienne et religion nationale (victoire d'une famille-Etat,
d'un prince héritier, d'un empereur ou d'un monastère) notes
3
et
4.
"L'universel de psychologie critique" qu'est doctrinalement un bouddha
sera réduit par le moine du maha-vajrayana propriétaire et sédentaire,
à la dimension d'un pouvoir politique local indiscutable, indissociable
des devoirs (codifiés ou non) de reconnaissance et d'obéissance
des sujets. Le bouddhiste, par la seule force du karma ? deviendra sujet d'un
souverain (à la fois corps de doctrine, propriété, maître
de la dette et des activités, divinité) puis d'un royaume. La
doctrine du vide, la voie de l'essence, désormais "informations
spéciales codées" exposées aux rois rivaux dans un
contexte de souveraineté absolue, territoriale, politique et commerciale,
en seront les outils.
Le vide sera constitutif des choses, du pouvoir et de l'organisation sociale.
L'ordre souverain du "roi" et non de bouddha, qui ne règne
pas, ce n'est pas dans ses attributions, procèdera du non-mouvement associé
à la vertu. Le monde prendra en effet la forme des "inégalités
dynamiques" à la naisssance. Ce qui signifie "toute chose en
soi est inavriante", ce qui est pur est et ne bouge pas.
La voie impériale shinto au Japon (voie des dieux, voie de l'essence)
est le corps subtil de la morale nationale et l'essence nationale du Japon.
Les inégalités à la naissance seront les degrés
de l'édifice social, corps sacré de l'empereur, ultime degré
de la voie, inachevable (il en ira de même en Chine, en Corée,
au Tibet, au Viêt-nam). L'empereur Meiji intègrera malgré
tout au XIXème siècle (époque de la civilisation au sens
juridique de l'orient) les fondements théoriques, poilitiques et juridiques de la
démocratie bourgeoise pour le dévloppement du capitalisme industriel.
Ce corps sacré de Meiji sera également l'armée divine,
sainte, de l'empereur, divinité tutélaire de la nation japonaise,
pour les guerres saintes entre 1868 et 1912, 1912 et 1926, 1926 et 1946.
Le shintoïsme d'Etat au Japon sera, par ailleurs, le rival
impérial du bouddhisme jodoshinshu au XIXème siècle,
lequel sera interdit durant l'ère Meiji 1868-1912. Le jôdoshinshû
de l'école de l'Est-Honganji de Kyoto (vaincu par le shinto et collabo)
se répandra toutefois sur le continent chinois en tant que soutient
et précurseur secret des forces armées de l'empereur Meiji .
Le jôdoshinshû missionnaire et politique s'opposera à ce
titre au chef de file du bouddhisme réformé chinois de la Terre
Pure, Yang Wenhui, 1837-1911. Cette expansion du Honganji politique et militaire
précédera d'une quinzaine d'années les guerres sino-japonaises
(1894), russo-japonaises (1904), le protectorat Japonais sur la Corée
(1905), et son annexion en 1910. Le Japon déclarera la guerre à
l'Allemagne en 1914 et imposera à la Chine le 18 janvier 1915 une liste
de revendications (les 21 demandes) visant à transformer cette dernière
en une colonie nippone...
Le maha-vajrayana institutionnel est un phénoménal support de
déviance politique, sociale, économique et militaire (voir "Les
conflits entre Yang Wenhui réformateur laïc de Nankin et Ogurusu
Kôchô bonze missionnaire et espion du jodoshinshu institutionnel
de Kyoto", Ch.II). Son hiérarchisme quasi héréditaire
est indissociable de la propriété privée. Cet ensemble
est toujours lié au Tibet, au Japon, en Chine et en Inde à une
codification des inégalités graduées à la naissance
ou au développement d'un système (parfois national) de parenté
liant le souverain pontife à tous les sujets, à leurs familles,
à leurs maisons, à leurs biens (il se modifie à chaque
passassion de pouvoir ou à chaque renversement) .
Le phénomène de synchronisation de la codification de la parenté
impériale à la parenté populaire familiale (et à
un moindre titre synchrone à la transformation des doctrines métaphysiques
et des cultes) est observable au Japon du VIIème au Xème siècle.
Le maître de maison, "office ou charge" dans les campagnes est
l'ultime relais du développement administratif impérial, système
de parenté patrilinaire (lire "Une histoire de la famille"
et "le Japon une société de la maison" P. Bellevaire,
Strauss, Duby, A. Colin).
En Chine ancienne le même système de parenté patrilinéaire
peut remonter jusqu'à trente cinq générations pour un seul
groupe ou famille (il s'agit d'une transmission de la parenté par le
sexe masculin uniquement). Le culte des ancêtres, qui en est l'expression
sous-jacente, démontrera la force des liens qui unissent ses membres
jusque dans l'au delà et parfois justifiera la cessation, pendant plusieurs
siècles, de la puissance de l'Etat central dans certaines régions.
Notons que seuls les hommes peuvent être des ancêtres.
Au Japon, le culte de l'ancêtre exprime un principe de sédentarité
et un principe de gouvernement indirecte (le mort ne devient ancêtre,
selon les régions, qu'après trente à cinquante années
de pratiques cérémoniales traditionnelles) et une obligation morale
qui se transformera en une force protectrice locale (un esprit ou un dieu) ou
non.
La filiation se transmettra également de père en fils en Grèce
antique et à Rome ... où le rite et le culte de l'ancêtre
s'établissent sur l'évidence d'une inégalité entre
le mari/père de famille et l'épouse qui aura perdu ses droits
au culte de l'ancêtre paternel.
Le mari/père de famille (comme au Japon ou en Chine) est le pater familias
ou le prêtre seul capable de transmettre la/sa religion à son fils.
La religion ne se transmettra que par les mâles. L'inégalité
par la supériorité du mari sur la femme dérivera dans le
contexte romain ou grec ancien, des rites, des cultes, des croyances religieuses
domestiques.
La société ritualiste grècque, romaine, chinoise, tibétaine,
indienne, pakistanaise, japonaise, africaine ou moyen orientale (dans sa variété
cultuelle musulmane et arabophone) admet très bien l'homme sans droit
ou l'esclave ainsi qu'un régime pénal appliquant le talion, la
torture et la peine de mort.
Citons au registre des peines les décapitations, le supplice de la croix,
l'enfermement dans l'ergastule, les travaux forcés, les mutilations,
les piscines aux murènes pour les fautes légères (à
Rome), la fosse aux scorpions (à Lhassa au Tibet), le supplice des mille
morceaux (l'homme découpé en bandelettes sur la place publique
en Chine) ou toutes sortes de supplices (à Rome) pour rendre les pièces
de théatre plus vivantes...
Pas une seule société ritualiste citée ne sera étrangère
à une quelconque voie du vide, de l'essence, de/des dieux, de l'immobile
mouvement ou du vide constitutif de toute chose...
Sur le lois religieuses du moyen-âge et le droit civil en Inde au début
XXème siècle lire l'exposé de l'avocat Pandurang Vamane
Kane "History of Dharma Sastra, Ancient and Medieval Religious and Civil
Law".
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Les conservateurs européens et américains voudraient,
bien que le culte de l'ancêtre soit rare en occident ou quasi inexistant,
qu'un développement semblable à une croyance institutionnelle,
la famille dotée d'une vertu supérieure faisant d'elle une vérité
institutionnelle, réduise l'écart famille/Etat.
Cette réduction serait finalement garantie par la transmission d'une
"parenté institutionnelle-représentation du politique".
Il est aisé de dire que dans ce vieux projet de cimentage des inégalités
graduées à la naissance, le pourcentage de fils/filles
de familles ouvrières dans les grandes écoles ou à l'université
ne dépassera pas 10% au XXIème siècle.
En dessous d'un certain seuil de richesse par habitant le droit est sans efficace
pour l'organisation sociale.... Le maha-vajrayana bouddhiste ou hindouiste n'est
efficace, socialement parlant, qu'en tant qu'un droit religieux des riches.
En dessous d'un certain seuil de richesse, il est socialement inefficace et
cimente les inégalités et l'injustice sociale.
Ce rapport entre le droit et la misère est réel
au sud et au nord. Le phénomène est plus sensible en théocratie
fermée. Le consensus médiatique protibétain ou anti-chinois
sur la longévitité imaginaire de la lignée des dalaï
lama (après avoir mutilé par le servage pour dettes la famille
populaire et paysanne) répondra à un même souci de falsification
des données.
Shakyamuni a donné des enseignements sur le favoritisme, le clientélisme,
la corruption des familles religieuses et des héritiers, sur les miséreux
et les parias, coeur du bouddhisme populaire : "tous les êtres
sont égaux devant la nouvelle loi (des causes et des effets)"
(voir fo pen hing tsi king (T.190), fang kouang ta tchouang yen king (T.187),
Lalitavistara).
La république en affirmant que tous les êtres naissent libres
et égaux en droit a voulu quelque chose de similaire. Cependant si
10% des tudiants proviennent de foyers ouvriers, le reste de la population
(60 à 70%) est loin d'être sur qualifié ou sur diplômé.
Notons, dans un même ordre d'idée, que moins de 8% des indiens
sont bouddhistes.... que 85 % naissent et renaissent sous le régime
spécial des castes, pourtant prohibé par la constitution fédérale.
La peur, dans le milieu juridique conservateur d'une "explosion de la famille"
(très suivie par les civilistes japonais), famille voulue "toujours
institutionnelle" selon A.Benabent, avocat au conseil d'Etat et à
la cour de cassation, augmente, au point que nous pourrions recourir à
la fiction parentale japonaise : "maison / famille / Etat" (+ Dieu,
selon) chaînon ultime de la permamence administrative impériale
Meiji (de Villiers, de Villepin, Sarkozy, etc...)
Ce retour à ce qui ne fut jamais en France que dans les familles aristocratiques
ou dans les familles paysannes écrasées par le servage avant le
XIVème siècle semble aller à l'opposé du développement
dynamique de l'individu-famille issu de l'idéologie économique
progressiste des "soft laws" - production de services (net society)
- en Europe 15% à 20% de l'emploi selon les régions, au Japon
30% de la population active - sans / ou avec moins (d') Etat-culture, courant
socioéconomique alternatif.
Le choix du bénévolat, du tiers de temps et de la qualité
de la vie l'emporte sur le profit. D'un coté nous notons un retour aux
"sur valeurs" de la famille/Etat + Dieu ou "hard laws",
(hô en japonais), de l'autre, au développement du "sans Etat
et du sans richesse", choix politique, philosophico-économique alternatif
(et non cessation du profit) de l'individu-famille et de l'artisan (premier
employeur européen).
La quête identitaire de la famille nationale (hard way, hard laws), "d'essence
supérieure" (dotée d'une sorte de sens national ethique et
moral supérieur), est précisément manifeste dans un système
qui cherche à éradiquer la solidarité prolétarienne
et qui est dévoré par le développement de la société
civile bourgeoise, les échanges marchands, le mode de production capitaliste,
la mondialisation.
Nous voyons que là où l'éthique et la morale de la "famille/Etat",
famille nationale, sont rendues possibles, plus encore dans le système
familial bouddhiste, juif, musulman ou catholique, la famille-Etat (et son cortège
de réflexes conservateurs) apparait comme une réaction à
la négation des rapports familiaux antérieurs, à la société
capitaliste industrielle et la mondialisation.
La famille japonaise contemporaine ou plutôt "la cellule japonaise"
affranchie juridiquement de toute parenté institutionnelle "famille/Etat/maison",
s'affirme comme une vérité sociale, non institutionnelle, et libre
depuis 1946 (Itsuyo Takizawa, "Quelques aspects du droit Japonais de la
famille", université Seïjo, SLG, 1990).
Le rapport à l'ancêtre et à son culte est préservé
dans le contexte rural traditionnel japonais et urbain. S'il ne joue aucun rôle
déterminant dans la dimension proprement civile ou constitutionnelle
de la famille il en joue un par la croyance irrationelle en un passé
collectif et individuel mystique et impérialiste.
Les pauvres liés aux doctrines du vide et de la vacuité glisseront
du statut de sujet au rang d'objet. Les communautés au Tibet, en Inde,
en Chine, au Japon sont de fait de parfaits exemples de déloyauté
religieuse envers les démunis. Démunis que l'on considère
toujours comme potentiellement de mauvais êtres ou de futurs mauvais pratiquants,
dans tous les cas comme des "bêtes parlantes", nangzen en tibétain
ou des entités maléfiques qu'il faut châtier.
Les voeux, les serments ou les liens bouddhistes, ne sont donc plus l'expression
du pauvre religieux libéré, de la liberté religieuse de
conscience, de circulation, d'association, garantie hier par Shakyamuni selon
une nouvelle base causale.
Les "candalas" en sanskrit, les "outcasts" (les parias) des
textes bouddhistes du mahayana chinois et indien au Vème siècle
sont au XXIème siècle les symboles de l'exclusion religieuse et
du fascisme des communautés.
Les candalas ou outcasts apparaissent comme des catégories juridiques
d'exclus dans les codes royaux Tsang au XVI siècle et le code de Ganden
Prodang (code de 1650 ou code des dalaï lama) au Tibet.
La discrimination administrative frappait "les hermaphrodites, les célibataires
-ne contribuant pas à la reproduction de la force de travail, les mendiants,
les forgerons, les bourreaux, les bouchers, les landless..." (TS :300-333,
code Tsang).
La discrimination, selon le code des dalaï lama inspiré par les
codes Tsang antérieurs, frappait : "les landless, les forgerons-maréchaux
ferrants, les bourreaux, les bouchers..." (G.P. : 607-654).
Il est interessant de noter que les "nangzen" ou "bêtes
parlantes" (paria des parias) en situation de dépendance absolue
d'avec un maître n'apparaissent dans aucun code. Cette discrimination
codifiée et non codifiée était toujours valable au Tibet
en 1949. Selon les ethnologues chinois et américain Yuan Sha et Rebecca
Redwood French elle ne cessera qu'en 1959. Jusqu'à cette date les deux
codes étaient deux références constitutionnelles sacrées
de la théocratie, chaque code étant par ailleurs considéré
comme l'égal d'un sutra ou d'un tantra du bouddha.
Les candalas bouddhistes apparaissent sous ce nom en Corée, en Chine,
au Népal, au Sri Lanka, au Japon, en Inde, bien que cette catégorie ait
été abolie par Ambedkar en 1950.
L'on retrouvera cette terminologie dans de nombreux sutra du maha-vajrayana.
Citons l'upasakasila sutra ou "traité des précepts de la
morale du mahayana" de Darmaraksa composé en Chine au Vème
siècle et traduit aujourd'hui par le Numata Center de Yehan Numata :
"...he is like an outcast (candala) who is unclear and impure and who destroy
the bouddha dharma, such a person will not be looked upon favorably by the bouddha
of ten direction" (la parenthèse -candala- est de bikshuni Shih-heng-shing,
traductrice, ch.XIII "On Drawing on", Taisho, 1488 Vol.24, 1994).
Les candalas existent au Japon sous la forme des burakumin (gens des hameaux
spéciaux), les eta (impurs), les hinin (non humains) et concernent aujourd'hui,
bien que le gouvernement de Meiji (1868-1912) ait aboli cette distinction, 3,500
000 personnes.
La tentative d'intégration de ces communautés d'exclus baptisées
"sinheimin" ou "nouveaux peuples du commun" par Meiji fut
un échec. Le fascisme des bons citoyens (expression de Kitamura) y sera
pour beaucoup. Citons ceux qui des historiens et enthnologues militeront et
chercheront pour la cessation de cette odieuse discrimination : Wakita Osamu,
Kida Sadakichi, Takahashi Teiki, Miyoshi Iheiji, Kitayama Shigeo...
(Nous citerons par ailleurs, mais de façon critique, certains juristes
universitaires conservateurs ou libéraux japonais tels que Ichiro Kitamura,
Yosiyuki Noda,Tadakazu Fukase, Takehisa Awaji. Ces juristes libéraux
de double culture sont très appréciés en France, au Japon
ou aux USA).
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L'organisation sociale-religieuse bouddhiste ne relevant pas
d'une critique politique et sociale, c'est-à-dire d'une ouverture au monde sans
discrimination, sans propriété et sans richesse, a donné
naissance à un faisceau de "nationales-communautés",
prolongement directe de l'administration impériale ou royale, ou des
moyens ancestraux de domination.
L'approche sociologique du fait religieux comparé nous montre que les
"nationales-communautés" (se réclamant d'une essence
nationale) ont fourni aux pouvoirs centraux laïcs un modèle idéal
de subordination.
Cette subordination se traduira par l'uniformisation du rapport de la masse
aux hiérarchies héréditaires jusqu'au niveau de la vie
quotidienne, éliminant toutes les résistances et mobilisant jusqu'à
la nation (Japon, Tibet, Chine, Corée, Viêt-nam... mais également,
hier, l'Afghanistan, le Pakistan, l'Ouzbeskistan, le Tadjikistan, une partie
de l'Irak, de l'Iran, de la Turquie, etc....)
Cette modélisation (servitude totale envers le bonze, le lama tulku,
le moine, le révérend, le prêtre, le tennô (empereur)
descendant des dieux ou dieu vivant) permit, d'une génération
à l'autre, la reproduction de l'appareil hiérarchique de l'Etat,
sans que la théocratie ne s'affiche au grand jour (Japon).
Il existe de nombreuses lettres/documents testamentaires de maîtres chinois,
japonais, coréens témoignant des ambitions normatives et immorales
des familles monastiques, d'héritiers ou de chefs de lignées,
chassant le naturel ou gauchissant le fait naturel du dharma pour répondre
aux exigences publiques des Etats ou aux souhaits cachés des familles
historiques.
Ces liens furent d'authentiques instruments religieux, psychologiques et juridiques,
de prédation. Une expression populaire tibétaine (et japonaise
selon une autre forme) dit à propos des lamas, "ambassadeurs des généalogies
divines du maha-vajrayana sur Terre" : "qu'ils tiennent fermement le vide
en laisse et le peuple à la gorge".
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La prédation par les inégalités religieuses
se résume à l'exercice d'un pouvoir religieux héréditaire
qui se doit d'être conforme, par le non changement, le vide étant
synonyme de stabilité ubiquitaire ou la nature/support immuable des choses
(doctrine ésotérique, 2/°°° de la population pratiquante
sera réellement initiée) au Tibet, en Chine, en Inde, en Corée,
à Taiwan et au Japon.
Les héritiers de la prédation religieuse lient, aujourd'hui, les
bouddhistes capitalistes, maîtres des contrats d'affaire internationaux
à Taiwan, Hong Kong, Singapour, Bangkok, Delhi, Shanghaï, Bombay,
New York, Los Angeles, Tokyo, Washington, Paris, Londres... aux communautés
pauvres, esclaves de la dette (karmique ou non), elle aussi immuable.
L'histoire du crime bouddhiste et hindouiste dispose d'une source judiciaire
originale, si l'on veut bien regarder les choses ainsi, en la "dette karmique"
(qui apparait dans le processus de jugement en pénal tibétain,
voir notre intro). La dette (au Tibet, en Inde, au Pakistan, au Japon, en Chine)
lie le sujet/objet, la plupart du temps insolvable, au maître religieux
du "travail purificateur": karmayoga (ou lien : yoga, aux fruits de
vos actions passées, karma, reflet fidèle de vos droits et de
vos devoirs en ce temps). Cette purification sera "sans rachat d'aucun
droit en cette vie" si vous naissez tout au bas de l'échelle sociale.
La prédation religieuse aura bien lieu sur une unité territoriale
bornée (le lieu de naissance) dans le temps universel des maîtres
(que vous retrouverez dans le contexte de la croyance, de vie en vie).
Le marché de la circulation/confiscation des domaines (aujourd'hui la
propriété), du servage laïc et religieux (aujourd'hui le
salariat) pour dette (votre position sociale relève de actes et de vos
dettes envers le passé, souvent, par ailleurs, envers les maîtres
ou le dharma; en fait, plus les conditions de naissance et de vie sont mauvaises,
plus vous aurez malmené les enseignements, les communautés de
moines et les maîtres durant vos vies) et le marché du produit
du servage (aujourd'hui la spéculation sur le travail, les valeurs et
la production) ne sont pas dissociables du calendrier des rites, des cultes
et des divinités protectrices.
Nous retrouverons ce problème traité dans le chapitre "Les
institutions bouddhiques et le rejet de l'engagement social" ("Zen
en guerre") du bonze Brian Victoria. Le service administratif du jodoshinshu
institutionnel au Japon publie un communiqué en janvier 1911 sur sa position
quant aux bonzes dissidents engagés contre l'altérité et
dont certains furent condamnés à la peine de mort pour complot
contre l'empereur :
" l'an dernier, certaines personnes dévouées à la
cause de l'extrêmisme socialiste ont ourdi un extraordinaire complot.
Ce faisant, elles ont non seulement violé le principe fondamental de
notre secte, qui enseigne la coexistence de la vérité relative
et absolue, mais encore rejeté la doctrine bouddhique de la causalité.
Ce n'est pas ainsi que doivent se comporter les bonzes de notre secte (...)
Et pourtant il y a un bonze de notre secte (Takagi Kenmyo, 1864-1914, qui évitera
la potence et mourra en prison) qui fait partie de ces gens là (...)
Les membres de notre secte doivent sans tarder corriger leur pensée pour
la mettre en conformité avec l'enseignement de la secte selon lequel
la Loi du souverain est suprême et les relations entre les hommes doivent
être fondé sur la bienveillance (...) Conformément à
l'enseignement de la secte sur la coexistence de la vérité relative
et absolue, ils doivent appréhender la profondeur de la dette de gratitude
qu'ils ont accumulée envers leur pays comme envers le ciel (...) Les
membres de notre secte qui ont un rôle dirigeant doivent tout spécialement
prêter attention à ce que font les bonzes et les laïcs qu'ils
ont la charge de surveiller (...) Vous devez éliminer les idées
fausses sans jamais relacher votre vigilance"... (extrait, selon l'auteur,
du chugaî nippô, n°3259, 29 janvier 1911. Cette année
verra la reconduction de l'alliance anglo-japonaise et la ratification de traités
commerciaux vitaux nippo-américain).
Ce bouddhisme altéré dans sa mission initiale (la lutte contre
le crime et la misère, la protection des plus faibles, la lutte contre
les causes des guerres, des famines, des conflits politiques, des épidémies)
a conduit la doctrine bien loin de l'idéalisme prêché par
bouddha. La liturgie et le rite officiel forment encore, et ce n'est un secret
pour personne, les représentants du culte aux affaires et au droit, à
la politique et à la recherche scientifique militaire, au commerce temporel.
Certains pratiqueront l'usure illicite et le prêt sur gage.
En fait, et ceci n'est pas nouveau, plus la corruption ou l'altération
du fait spirituel dans le contexte socioreligieux est grande plus le perfectionnisme
déformant est significatif à l'intérieur comme à
l'extérieur des communautés.
Dans ce contexte général de délinquance (religieuse, scientifique,
économique ou politique) l'on observera de façon synchrone le
durcissement de l'application des règles du système légal
ou des peines dans le corps social.
Les juristes et sociologues juridiques japonais Takeshi Yasuda,
Ichiro Kitamura, noteront au chapitre des inconvénients des formes
juridiques préétablies (les modèles religieux ou juridiques
codifiés hérités des familles, des institutions ou des
maîtres) kata, dures, hô (droit précepte dur, hard law
(la cane ou la règle religieuse par excellence dans ce qu'elle a d'excessif
et de répréhensible) : le formalisme, le ritualisme, l'oppression
des initiatives, la fuite devant la liberté...
Allant plus loin dans l'étude de "l'homme juridique au Japon"
au XXIème siècle, ils dénoncent le danger du durcissement
des règles ou des liens prévus pour être souples et non
coercitifs (fondement de la réforme bouddhiste progressiste du mahayana
ouvert aux changements sociaux et support de rupture d'avec le hinayana monastique
(premier véhicule) jugé trop stricte par les règles).
"Le risque court, écrivent Ichiro Kitamura et Kawaï, de voir
les faibles éloignés et même persécutés
par les autres membres de la "maison", au bureau comme à
l'école, ce qui semble constituer une sorte de noviciat de la morale
dirigiste et standardisante." Ichiro Kitamura parlera de "fascisme
des bons citoyens". Ce qui est vrai pour le droit est vrai pour le religieux
ayant la force du droit.
Les communautés élitistes bouddhistes, liées aux pays riches
maîtres des contrats, ont vécu pendant des siècles du triomphe
d'une logique (l'interprétation d'une doctrine nouvelle, "vijnapti
matrata siddhi", par. 11) et d'une légitimité fonctionnant
réellement avec l'accroissement de la pauvreté... Le bouddhisme
communautariste des familles-Etat comme le libéralisme totalitaire se
sont bien répandus mais la misère sociale a progressé d'autant.
Or si la misère sociale progresse en proportion de l'expansion de lois
réputées régulatrices c'est que les lois sont fausses ou
interprétées ou encore non appliquées.
Les lois réputées justes ne garantissent plus désormais
la justice ou l'égalité. Les puissants, hier comme aujourd'hui,
en fait tout détenteur d'un pouvoir, sont en mesure d'asservir légalement
autrui...
Ce texte a été corrigé, remanié depuis le Japon
où je vis le 27 juin 2006, C. Pose
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la fin du chapitre 1 (1-10) ::: ::
chapitre 1 (11-13)