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AGCS AGCS : la fin des libertés?
La remise en cause de notre souveraineté, car cet accord casse les principes de démocratie à tous les niveaux: local, régional et national...

Linked222 est soutenu éditorialement par la maison d'édition japonaise Naka-Shobou de Mr. Nakamura, Naka City -Ibaraki (Japon).
Mr Nakamura nous fait l'honneur de témoigner sur son site du sérieux et de l'intérêt de notre entretien avec l'historien S.Kobayashi. Mr Nakamura, très soucieux de comprendre les causes de l'influence conservatrice en Ibaraki, publie des études régionales faisant référence sur ce thème. La maison Naka Shobou propose donc dans cette optique de nombreuses enquêtes de fond historiques, économiques, judiciaires et politiques mais également des ouvrages culturels et socioéducatifs pour enfants et personnes du 3ème âge. Naka Shobou vient de publier les oeuvres de Migawa Tsuneo dont "Le village n'a pas été immergé" (2001) sur les oppositions au barrage d'Ogawa (enquêtes de dix ans d'un écrivain-reporter dans la région d'Ogawa et de Miwa), "Au-delà de la peur invisible" (2002), une interview de Mr. Murakami, Maire de Tôkaimura lors de la catastrophe nucléaire de 1999 (663 radioactivés, 2 morts). Ce livre emblématique insistera sur la remise en question de l'autorité administrative, économique et politique sacro-sainte du Prefet; 40 minutes après l'accident le Maire fera évacuer la population sur un rayon de 20km sans autorisation préfectorale, "En toute innocence" (2004), une interview de Mr. Suzuki, éminence grise de Mr. Iwakami, Préfet chrétien corrompu. Mr. Nakamura a également pubié les très importantes "Annales de la corruption de l'après-guerre en Ibaraki" (2000).
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Emma Dante,
Nous soutenons l'oeuvre d'Emma Dante, Compagnia Sud Costa (Sicile) et "Madre Mafia" sa dernière création. Emma Dante propose dans "Madre Mafia" une plongée imaginaire dans le fait mafieux codifié, ritualisé, par des générations de croyants catholiques criminels (les familles mafieuses) et une vision métaphorique de l'arrière plan social et politique de Palerme et de la Sicile à laquelle nous ont bien praparé ses oeuvres précédentes. Ces oeuvres témoignent selon nous de ces fruits mûrs que portent désormais en elle la nouvelle génération des artistes siciliens. Elles témoignent aussi, sous un autre angle, de la souffrance enfin transcendée par le courage de la lutte civile antimafia en Sicile, en Italie et autour du bassin méditerranéen. Emma Dante nourrit enfin à travers sa vie d'artiste une recomposition du rôle de la femme dans la société sicilienne. Elle propose depuis des années une critique inflexible du quotidien des familles déshéritées, de la fierté de la soumission aux règles et aux pouvoirs, une vision autant qu' une condamnation, toujours sur le mode poétique, de l'enfermement communautaire, de l'humiliation, de la menace et de la peur... (nous devons l'information concernant Madre Mafia ainsi que cette belle photo d'Emma à un entretien que l'auteur accordera à Narcomafie en février 2007)

M DibMohammed Dib
A celui qui enchanta nos coeurs, nos esprits, nos lettres, à celui qui nous mit sur la piste de nos moyens, le désert, à celui qui inspira notre confiance, à celui qui nous laissa une place dans son vaste monde, bien à toi Mohammed, à notre rencontre, longue rencontre, cette soirée du livre arabe, il y a longtemps, inoubliable ami, si proche ami... Ta présence inspirera tout au long des années : désintérêt, humilité, dépouillement, audace, patience, refus des opportunismes religieux ou politiques. Tu nous inspireras la fermeté dans nos engagements, la loyauté, un certain secret, le désert encore, le silence...Tu nous parleras Mohammed, et tu nous parleras toujours, bien au delà de cette vie que tu contenais, que tu comprenais, que tu transmettais si bien, bien à toi Mohammed... (C.P.)
Autre regard sur Mohammed

Cristina CastelloCristina Castello, nouveaux poèmes
« Jasmins et bourreaux / Jazmines y verdugos », « Le chant des sirènes / El canto de las sirenas », « Nous rapatrier / Repatriarnos », « Semences »...
"Prisonnières. On va nous emprisonner. Elles et moi.
Elles. Des milliers de milliers d’âmes sveltes
qui avec moi sont contrebandières
De valeurs. D’utopies possibles. D’art.
Art. Négation de la finitude humaine.
Vivre sans masque est désir de beauté.
"C’est mon rêve de toujours vigilante pour les rêves.
C’est une soif de mains ouvertes.
Cette soif si grande qu’elle m’étouffe.
Je veux que chaque fenêtre éclaire un violon, un piano, une harpe.
Qu’en toutes avenues du monde
des sculptures de Giacometti regardent avec ravissement La Pietà.
Je veux que dans les sièges des gouvernements dans tous
un Christ de Velázquez avorte l’horreur.
"Cette soif. Soif bénie qui avrile et reverdit l’âme.
Vie prodigieuse qui étend le désir de la saisir. Toute.
Et la trêve qui vient à pas retardés.
Je veux que Fra Angelico s’échappe du Prado
et que l’Annonciation parcoure le monde dans sa Lumière.
Je veux que Redon et Mantegna, Uccello, Léonard et Monet
soient trace. Phare. Et qu’ils proscrivent des bourreaux pour que Jamais Plus. " (« Semences » )

Comment la CIA a utilisé la culture comme arme contre la gauche au sortir de la seconde guerre mondiale by Oulala, reprise d'article de Jacqueline Kay du 29 mai 2006 (Ptb)
"Afin d’assurer l’autocratie des Etats-Unis, il convenait de soutenir idéologiquement l’aide économique à une Europe exsangue, affamée et en ruines. C’est ce qui allait décider la CIA à tenter l’aventure avec les socialistes. Trois textes-clés témoignent de cette stratégie : The Vital Centre, d’Arthur Schlesinger, The God That Failed, d’Arthur Koestler et Nineteen Eighty-Four (1984) de George Orwell. Hormis ce trio, le philosophe Isaiah Berlin, l’homme politique Averell Harriman, le compositeur Nicholas Nabokov et l’écrivain et critique Melvin Lasky étaient les forces vives de tout ce projet...."(Ptb)

Yukio Mishima : notre homofasciste préféré de James Keith Vincent (Multitudes, 21 juin 2003)
"L’article commence avec la constatation que le romancier Yukio Mishima est plus connu à l’extérieur du Japon comme écrivain « gay » alors qu’à l’intérieur du Japon il est connu pour ses tendances droitières. La coahabitation inconfortable de l’ « homosexualité » et du « fascisme » dans la figure de Mishima est ensuite discutée comme le symptome d’une tendance plus générale du Japon d’après guerre : appréhender l’« homosexualité » et le « facisme » comme des exemples d’un investissement excessif dans les signes et dans la représentation en tant que tels. Le résultat est que les défenses psychiques contre le facisme empruntent souvent leur énergie à l’homophobie..."

Visiter le passé pour mieux construire le présent par Leila (Oulala.net 29/5/06)
« Toutes les cultures sont liées les unes aux autres ; nulle n’est unique et pure, toutes sont hybrides, hétérogènes, extraordinairement différenciées et non monolithiques. » Edward Saïd, Culture et impérialisme.
"O Dieu, qu’est-ce que l’homme ?...
(Tokhehah)
Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Rien que chair et sang.
Ses jours - l’ombre passant,
L’errance, qu’il ignore...
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort.
"Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme ?
Glaise sale et foulée,
Infestée d’immondice,
De tromperie, de vice,
Bouton de fleur fané,
Flétri sous le soleil !
Si tu lui rappelais
Ses fautes enfouies,
Ta colère et Ton ire
Les pourrait-il souffrir ?
Aussi grâce et pitié, car il n’est pas si fort...
Soudain son heure vient : il se couche et s’endort..." Poème dédié à l’amour de Dieu de Moïse Ibn Ezra (1055-1135)

PasoliniMon tête-à-tête avec Pasolini
Mieux vaut être un ennemi du peuple qu’un ennemi de la réalité », une profonde évocation du poète insurgé, du romancier, du cinéaste, de l'amoureux, une réflexion sur la richesse et la puissance du désert... par Leila (Oulala.net 7/5/06)
"Le plus grand affaire de ma vie a été ma mère
[...]
En 42, dans une ville qui résume si bien mon pays
qu'on dirait presque un pays de songe, avec la grande poésie de
[l'impoétique,
le fourmillement des paysans et des petites industries,
une indéniable aisance,
bon vin, bonne table,
personnes bien et mal élévées, un peu vulgaires mais sensibles,
dans cette ville j'ai publié ma première plaquette en vers,
sous le titre, alors conformiste, de "Poèmes à Casarsa",
dédiée, par conformisme, à mon père,
qui l'a reçu au Kenya,
– il était prisonnier là-bas, victime ignare et passive
de la guerre fasciste.
Recevoir mon livre lui a fait, je le sais, un plaisir immense:
nous étions grands ennemis,
mais notre inimitié fasait partie du destin, se situait hors de nous.
Et comme signe de notre haine, signe inéluctable,
preuve pour une enquête scientifique qui ne se trompe pas,
– qui ne peut se tromper, –
ce livre à lui dédié
était écrit en dialecte du Frioul !
Le dialecte de ma mère!" [Il Poeta delle Ceneri, édité par Enzo Siciliano, "Nuovi Argomenti" n. 67/68 (nouvelle série), Milano juillet/décembre 1980] extrait de Pier Paolo Pasolini - La vie et l'oeuvre - 1/4.

De LucaErri De Luca
L'engagement politique par la vie ouvrière, les lettres et les langues de l'écrivain napolitain dans son intégralité ; une exceptionnelle lecture de Nathalie Bouyssès
Paroles d'Erri De Luca, CRDP, Académie de Nice, Centre Franco-Italien, 2005.
"Valeur
J'attache de la valeur à toute forme de vie, à la neige, la fraise, la mouche.
J'attache de la valeur au règne animal et à la république des étoiles.
J'attache de la valeur au vin tant que dure le repas, au sourire involontaire, à la fatigue de celui qui ne s'est pas épargné, à deux vieux qui s'aiment.
J'attache de la valeur à ce qui demain ne vaudra plus rien
et à ce qui aujourd'hui vaut encore peu de chose.
J'attache de la valeur à toutes les blessures.
J'attache de la valeur è économiser l'eau, à réparer une paire de souliers, à se taire à temps, à accourir à un cri,
à demander la permission avant de s'asseoir, à éprouver de la gratitude sans se souvenir de quoi.
J'attache de la valeur à savoir où se trouve le nord dans une pièce,
quel est le nom du vent en train de sécher la lessive..
J'attache de la valeur au voyage du vagabond, à la clôture de la moniale,
à la patience du condamné quelle que soit sa faute.
J'attache de la valeur à l'usage du verbe aimer et à l'hypothèse
qu'il existe un créateur.
Bien de ces valeurs, je ne les ai pas connues."
Erri De Luca (traduction : Danièle Valin)
Œuvre sur l'eau , Seghers 2004, extrait du site de Nathalie Bouyssès & Traduction littéraire de l'italien vers le français Nathalie Bouyssès

Zena photoEcrits de prison by Leyla Zana
"Ils ont appelé les hommes qui étaient avec nous, et nous avons entendu qu’ils les battaient de l’autre côté du mur; alors nous nous sommes révoltées, on a lancé des pierres. J’ai réussi à sortir, en bousculant un militaire. Il a dit que j’avais essayé de prendre son fusil. Finalement, j’ai été arrêtée, avec 83 autres personnes. J’ai été accusée d’avoir “incité le peuple à la révolte”.
Les 7 jours de garde-à-vue ont été terribles. Ils ont employé tous les modes de torture. J’étais conduite les yeux bandés dans la salle d’interrogatoire; et là, les policiers, c’était des hommes, me déshabillaient: j’étais toute nue, et ils me frappaient. Ils m’ont frappée sur le nez, je suis tombée, j’ai perdu connaissance: alors ils m’ont arrosée avec un tuyau d’arrosage, avec de l’eau froide. Ils m’ont donné mes habits, et m’ont conduite dans ma cellule. Ils m’ont aussi torturée avec l’électricité. Où cela? sur le sexe. (Leyla Zana, qui jusqu’à maintenant avait raconté ses démêlés avec la police en souriant, est soudain livide, sur le point d’éclater en sanglots. Elle ne le raconte pas, mais ses geôliers l’ont aussi amenée, entièrement nue, devant des hommes qui étaient en prison avec elle. Pour la petite paysanne de Silvan, c’en était trop: ce jour-là, un sentiment nouveau est apparu en elle: une haine sans borne pour ceux qui lui infligeaient un tel traitement). Leyla Zana essuie quelques larmes, et dit: Aujourd’hui encore, j’en fais des cauchemars.
En prison, je partageais la cellule des droits communs, j’étais avec des voleuses, des prostituées, des droguées. J’ai essayé de devenir leur amie. On faisait la cuisine ensemble, on mangeait ensemble, on dormait ensemble, la promiscuité était incroyable..." (extrait de TURQUIE: Leyla Zana, la seule femme député kurde... CHRIS KUTSCHERA 30 ANS DE REPORTAGE (Textes et Photos)

The Silence of Writers
On Nobel Prize Winner Harold Pinter by John Pilger "Dissident Voice"
"In 1988, the English literary critic and novelist D.J. Taylor wrote a seminal piece entitled “When the Pen Sleeps.” He expanded this into a book A Vain Conceit, in which he wondered why the English novel so often denigrated into “drawing room twitter” and why the great issues of the day were shunned by writers, unlike their counterparts in, say, Latin America, who felt a responsibility to take on politics: the great themes of justice and injustice, wealth and poverty, war and peace. The notion of the writer working in splendid isolation was absurd. Where, he asked, were the George Orwells, the Upton Sinclairs, the John Steinbecks of the modern age?
Twelve years on, Taylor was asking the same question: where was the English Gore Vidal and John Gregory Dunne: “intellectual heavyweights briskly at large in the political amphitheatre, while we end up with Lord [Jeffrey] Archer.
In the post-modern, celebrity world of writing, prizes are allotted to those who compete for the emperor's threads; the politically unsafe need not apply. John Keanes, the chairman of the Orwell Prize for Political Writing, once defended the absence of great contemporary political writers among the Orwell prizewinners not by lamenting the fact and asking why, but by attacking those who referred back to “an imaginary golden past.” He wrote that those who “hanker” after this illusory past fail to appreciate writers making sense of “the collapse of the old left-right divide...”

Art, Vérité et Politique
by Harold Pinter, Conférence postée par les amis de Pinter, Pol d'Huyvetter, Mother Earth, Boycott Bush International
"En 1958 j’ai écrit la chose suivante :
« Il n’y a pas de distinctions tranchées entre ce qui est réel et ce qui est irréel, entre ce qui est vrai et ce qui est faux. Une chose n’est pas nécessairement vraie ou fausse ; elle peut être tout à la fois vraie et fausse. »
Je crois que ces affirmations ont toujours un sens et s’appliquent toujours à l’exploration de la réalité à travers l’art. Donc, en tant qu’auteur, j’y souscris encore, mais en tant que citoyen je ne peux pas. En tant que citoyen, je dois demander : Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ?
La vérité au théâtre est à jamais insaisissable. Vous ne la trouvez jamais tout à fait, mais sa quête a quelque chose de compulsif.Cette quête est précisément ce qui commande votre effort. Cette quête est votre tâche. La plupart du temps vous tombez sur la vérité par hasard dans le noir, en entrant en collision avec elle, ou en entrevoyant simplement une image ou une forme qui semble correspondre à la vérité, souvent sans vous rendre compte que vous l’avez fait. Mais la réelle vérité, c’est qu’il n’y a jamais, en art dramatique, une et une seule vérité à découvrir. Il y en a beaucoup. Ces vérités se défient l’une l’autre, se dérobent l’une à l’autre, se reflètent, s’ignorent, se narguent, sont aveugles l’une à l’autre. Vous avez parfois le sentiment d’avoir trouvé dans votre main la vérité d’un moment, puis elle vous glisse entre les doigts et la voilà perdue..."

HAROLD PINTER.ORG
The Kurdish Human Rights Project 10th Anniversary Lecture
given by Noam Chomsky at St Paul's Cathedral on 9th December 2002
 
Introduction by Harold Pinter
 "It's a great honour to introduce Noam Chomsky. In February of this year the publisher, Faith Tas was charged, under Article 8 of Turkey's anti terrorism law, with publishing 'propaganda against the indivisible unity of country, nation and the state republic of Turkey'. The book in question was "American Interventionism" by Noam Chomsky. Professor Chomsky flew to Istanbul and petitioned the court to be named as co-defendant and to be tried along side Mr Tas. The prosecutor dropped the charges and Mr Tas was acquitted. This was a remarkable thing for a man to do and only a remarkable man could have done it.
Professor Chomsky has never ceased to call attention to the persecution of the Kurdish people in Turkey, a systematic persecution generally and disgracefully ignored by the western media.
He also reminds us that Turkish repression of the civil rights of the Kurdish people has always been fully supported and subsidised by the United States and that the arms trade between Britain and Turkey flourishes.
Noam Chomsky is the leading critical voice against the criminal regime now running the United States, a regime which is in fact a dangerous monster out of control.
But he will not be bullied. He will not be intimidated. He is a fearless, formidable, totally independent voice. He does something which is really quite simple but highly unusual. He tells the truth."
Harold Pinter

The Samuel Beckett on-line resources and papers on Beckett
The Concept of Time and Space in Beckett's Dramas

Happy Days and Waiting for Godot
Dong-Ho Sohn, Hankuk University of Foreign Studies, Seoul, Korea
"Happy Days opens on a barren outdoor setting in which a woman around fifty, Winnie, is found embedded up to above her waist in a mound of earth. There is another character around sixty, Willie, who is lying asleep on the ground, hidden by Winnie's mound, to her right and rear. Willie is hardly visible to the audience throughout the play except for a few times, although constantly addressed by Winnie in her monologue. The dramatist calls for a "maximum of simplicity and symmetry" in the set, and a "very pompier trompe-l'oeil backcloth to represent unbroken plain and sky receding to meet in far distance" to indicate the absence of any trace of human society in the protagonist's world. For the spectators who are used to the realistic stage, or to the stage on which events occur in the physical world , the stage of Happy Days is something of a shock, for they fail to find in the set any resemblance to the drama they have known.
Above all, Beckett does not put his action in a historical setting. Traditionally, drama creates a world with reference to objective reality. An important part of dramatic performance is to present the spectators with some event they can recognize and identify in connection with the practical aspects of life. Each time they see a performance, they find themselves thrown into a new world which is a mixture of the familiar and the strange and unknown. The familiar is the threshold through which they venture into the strange and unknown. The ratio of the familiar is the highest in the drama of mimetic objective realism, whereas it is low in the drama portraying the phenomena occurring in the unconscious. Beckett depicts life as strange, mysterious, and beyond rational explanation...."

“There is no escape from the hours and the days.” :
The ‘goings-on’ of Samuel Beckett
/An essay by David Parfitt/

"Beckett has been interpreted, misinterpreted and mythologised by critics since Waiting for Godot was first performed in 1953. At the time of this production, opinion of it was divided. Some slated [criticized] it; some applauded it. No one understood it. Since then each new production has attracted attention and Godot has become a classic of the stage over which, in the face of a silent author, literary critics never tire of speculating.
I wonder why that is. Is it simply because Beckett was the ‘last modernist’, or because Waiting for Godot is the benchmark work in Absurdist theatre? Perhaps this interest is due to the esoteric lure of Beckett’s literature and its apparent lack of meaning? No. I propose that it is much more than this. Beckett’s enduring popularity with all sorts of people lies more in its style than in its literary content. An enigmatic style and a wish on the author’s part to defy classification and simplistic interpretation creates something not easily digested by readers intent on reaching some sort of definite conclusion or arriving at an overall, tangible meaning which they can firmly grasp. We are led by many critics to believe that although much of his work remains somewhat of a mystery, there are certain ‘accepted’ Beckettian theories and suppositions to which the uninitiated lay reader must adhere. This can be very off-putting to students and others approaching Beckett for the first time who, not surprisingly, are under the distinct impression that his output is so abstract, erudite and metaphysical that he must be avoided at all costs. Without wishing to appear iconoclastic, I feel that people’s hesitancy in reading Samuel Beckett is the result of officious critics, more concerned with being perceived as scholarly than actually contributing anything of scholastic value:
[During the second New York production of Waiting for Godot]... the theater was turned into a seminar room after the final curtain. A panel of ‘experts’ — a psychoanalyst, an actor, an English professor, and so on — sat on-stage and conducted a dialogue with those in the auditorium... the most effective contribution was made by a member of the audience who asked the panel the rhetorical question, “Isn’t Waiting for Godot a sort of living Rorschach [ink-blot] test?” He was clapped and cheered by most of those present, who clearly felt as I still do that most interpretations of that play — indeed of Samuel Beckett’s work as a whole — reveal more about the psyches of the people who offer them than about the work itself or the psyche of the author..."

Beckett and Brecht : Keeping the Endgameat a DistanceJodi Hatzenbeller
"Irish playwright Samuel Beckett is often classified amongst Absurdist Theatre contemporaries Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Jean Genet, and Eugene Ionesco (Brockett 392-395). However, Endgame, Beckett’s second play, relates more closely to the theatrical ideology of German playwright Bertolt Brecht, father of epic theatre and the alienation effect. Through the use of formal stage conventions, theatrical terminology, and allusions to Shakespearean texts within Endgame, Beckett employs Brecht’s alienation concept, distancing the audience empathetically from players of the game and instead focusing attention upon the game itself.
Bertolt Brecht, whose final work, Galileo, was last revised three years before Beckett published Endgame, was personally and professionally influenced by Marxist theory and the political events which plagued the middle of this century. According to drama anthologist Oscar G. Brockett, Brecht asserted that theatre must do more than simply entertain the passive spectator; theatre must recognize and incite change. Brecht suggested a system of "productive participation, in which the spectator actively judges and applies what he sees on stage to conditions outside the theatre" (365-366). Brecht’s alienation effect was a direct means of evoking this participation—the audience is emotionally distanced from characters to allow objective observation. "The audience should never be allowed to confuse what it sees on the stage with reality. Rather the play must always be thought of as a comment upon life— something to be watched and judged critically" (Brockett 366).
Samuel Beckett distances the audience from his comment on life through constant reminders that his staged play is merely a staged play. Through the dialogue of Hamm, Beckett directly implores the audience to be objective onlookers to the absurd tale of Endgame. Hamm ponders: "Imagine if a rational being came back to earth, wouldn’t he be liable to get ideas into his head if he observed us long enough?" The stage directions prescribe he continue in the "voice of rational being." "Ah, good, now I see what it is, yes, now I understand what they’re at" (Beckett 33). The audience is called to step away from the stage, to recognize the emotion-blocking proscenium between themselves and the text’s four characters. The audience must realize that it is from another time and place—reality. The reality proscenium is enforced through theatrical references and techniques throughout the play..."

James Joyce : the brazen head
“A little story of a day”

"Published in 1922, Ulysses is a remarkably ambitious novel, a labyrinthine work of great humor and technical accomplishment; once denounced as obscene, occasionally accused of being unreadable, and frequently acclaimed as the greatest book of the twentieth century. Its plot is deceptively easy to summarize: during the course of a single day, three main characters wake up, have various encounters in Dublin, and drift off to sleep eighteen hours later. The youngest of the three is the anxious writer Stephen Dedalus, the semi-autobiographical intellectual from A Portrait of the Artist as a Young Man. Recently returned to Ireland from his self-imposed exile in Paris, Stephen enters the book shortly after the death of his mother. Next is the indomitable Leopold Bloom; a middle-aged advertising canvasser and non-practicing Jew, the good-natured “Poldy” has never quite fit in with his Catholic countrymen. Finally there’s Bloom’s earthy wife Molly, a voluptuous singer who is planning an afternoon of adultery with her music director. The day in question is Thursday, June 16, 1904 – special to Joyce because it was the day that Nora Barnacle, his future wife, made her fondness clear to him. (At Sandymount Beach. When they were alone. A “fondness” very, ah, handily clarified.)
Although Ulysses takes place on a single day, as Bloom remarks, it is “an unusually fatiguing day, a chapter of accidents,” and includes a funeral, a birth, an episode of adultery, and a drunken spree through the red light district. We begin with Stephen. After awakening by the seaside, Stephen discovers that he doesn’t much like his roommates – a patronizing Englishman named Haines and an irreverent wit named Buck Mulligan – and as the day goes on, it becomes clear that he doesn’t much like himself, either; nor his teaching position, associates, friends, family, country, and religion. Throughout the day he gets in one argument after another, from lofty debates about art and literature to self-loathing disputes with his own conscience..."

Finnegans Wake
"After Ulysses, Joyce spend nearly the remainder of his life working on his final masterpiece, a book he kept veiled in secrecy, referring to it only as “Work In Progress.” As the years wore on, a few installments were published periodically in various literary magazines, and the results both excited and alarmed his friends and supporters. Something very weird was going on in Joyce’s brain, and it was clear that his next book would be as far away from Ulysses as that epic novel was from Portrait.
In that, at least, they were not disappointed. Purely in terms of literary technique, Finnegans Wake is probably the most astonishing – and controversial – book ever written. Completed in 1939 after seventeen years of labor, it was received with a mix of reactions ranging from bafflement to delight to open hostility. Many critics initially dismissed it as a waste of paper, a tangled web of nonsense and gibberish without plot, without content, without meaning. More than a few even questioned Joyce’s very sanity! And yet, today, whole careers have been dedicated to studying Finnegans Wake, and its many adherents past and present approach it with something close to awe. Fans of the Wake have called the book an unequaled masterpiece, a cultural artifact, a unique event, a cosmic joke; it has even half-jokingly been referred to as a near-sentient artificial intelligence. There is some mystical quality to Finnegans Wake that remains suspended between the sublimity of poetry and the mystery of religion – even quotations taken from its pages are cited in a Biblical fashion.
So, then – what’s the big deal?
Well . . . glad you asked. But, describing Finnegans Wake is a difficult assignment – one must work up to it in stages, in spirals, each pass revealing more of what’s really going on. In order to do this, I find it easiest to frame the discussion as a kind of FAQ file. (Finnegans Ache Quailified?) After laying down a little groundwork, I’ll describe the unique narrative and language of Finnegans Wake, then I’ll attempt to summarize its “plot” and structure. While this might seem a bit backwards, please bear with me. I guarantee that by the end, you’ll either rush out to buy the book, or you’ll be hiding under your bed clutching a bottle of aspirin..."

Internet Shakespeare Edition
Shakespeare and the classical tradition by John V.Velz

Récits et nouvelles, les critiques littéraires de Didier Daeninckx by Amnistia.net

Babel la secte by Max Biro
Clément Harari by C. Harari & Max Biro
Roman biographique de Clément Harari by Max Biro et Clément Harari

Literature of captivity : The Book of Prison, interview with Naser Mohajer (Iran-Bulletin)
"Ardeshir Mehrdad: What was your motive for compiling the anthology entitled The Book of Prison .
 Nasser Mohajer: First and foremost, to record what we have lived through. I think as Iranian intellectuals that we have to record all corners of this experience whenever we can, and to record what happened to us over the last two decades as a people. This in itself is an important task. When it comes to prisons, well it is such a crucial experience. So little has been written on this important experience. A vital task for those who challenge despotism is to fight against forgetfulness. Despotism feeds on forgetfulness. A cornerstone of resistance is to resist forgetting which motivated us to record the defiance of the tens of thousands, nay hundreds of thousands who stood face to face with the Islamic Republic and resisted. The prison books are a contribution to the struggle against collective amnesia.
 
Ardeshir Mehrdad: It seems that increasing attention is being paid over the last few years to what took place inside the prisons of the Islamic Republic. A number of ex-prisoners have written and published their memoirs. A new branch of literature is apparently taking its place alongside the other branches of the literature of our country. What do you think?
 Nasser Mohajer: I agree. We now have a prison literature which has appeared in the last ten to twelve years. Incidentally, it is not the first time we, as a people, have faced despotism. The struggle against tyranny for freedom, for progress, for social justice, for modernism has been a constant feature of contemporary Iranian history.
In the previous periods, both under Reza Shah and his son Mohammad Reza Pahlavi, of the numerous political prisoners, only a handful published their memoirs or reflected on the experience. Under the present system many political prisoners once released have written about it. Of course it will take time. It is not easy to forego such a trauma and immediately live through it all over again by recounting it. It took more than ten years before we could compile the first collection of prison memoirs. But, as a few stepped forwards and broke the taboo, the door opened to others. It was not an easy escapade. You have yourself been a political prisoner. This is especially true under this regime. Its penitentiary system follows a different logic from other despotic prison systems.
Had this path not been paved, we could not have embarked on this anthology. Those early works allowed us to talk to others, whom we knew, had painful memories weighing heavily on their chests. But for a variety of reasons it was hard for them to articulate these pains. We owe this to Osias, Fazels, P. Alizadeh, M Rahas and all others who pioneered this path..."

Writing out terror by Hammed Shahidian
"It can kill a man.
Wallace Stevens, “Poetry is a Destructive Force”

“Thanks for the e-mail about Mokhtari’s execution.  It looks like Pouyandeh is also dead.”
I receive this short message first thing in the morning.  We were hoping Pouyandeh was only missing.  We were hoping, though we knew deep down that it would turn out otherwise.  We knew Pouyandeh would be yet another writer whose body would be found somewhere in the morgue of the Islamic Republic of Iran.  And who knows how many others?  Who knows how many more?
Prominent in my joyous memories dating back to childhood are memories of written words.  All such recollections, though, are paradoxically dabbed in blood.  Down my mind’s dark alleys, far back as I can go, I find fallen authors.  Critical and uncompromising.  Deemed “dangerous,” censored, imprisoned, executed.  Such a pleasant enlivening experience writing, yet so many of my favorite writers—my teachers of the past and still teachers as well as comrades of the present—had to give their lives for it.
I am barely nine when I first encounter such authors.  Samad Behrangi, social critic and author of children’s stories with strong political undertones, presumed to have been drowned in the northern river Aras.  That same year, 1968, a teacher in our town is imprisoned, who after his release writes a children’s storybook.  I read, though I am no longer a child.  My first face-to-face meeting with an author—and a former political prisoner…
In school, I read Ali Akbar Dihkhoda’s classic “Remember the extinct candle, remember.”  Dihkhoda sings of Mirza Jahangir Khan of Shiraz, co-editor of a progressive weekly, strangled by order of a Qajar Shah back in 1908.  I am appalled—but learn in whispers from teachers and friends that throughout our history, many authors have suffered Jahangir Khan’s fate.  Many others.  And then many more..."
 
The pen and the Islamic Republic by Mansur Khaksar
"A chronicle of resistancePerhaps on a historic perspective there was never a moment when the pen could be said to have begun its confrontation with despotic power. It is certainly beyond my abilities to define this moment. We could perhaps agree that the seed of this conflict was planted the moment the ruling powers stood against freedom to think, to express and to disseminate its fruits; when they tried to bring the pen, a versatile and influential of the expressive means for enlightening, under their control and monopoly. The pen reacts with greater swiftness and directness than other art forms to rulers who succumbs to corruption and distance themselves from people and independent thought and block the path for society’s bloom. The pen’s revelations echo society’s most secret loathing and protests.
This is a general rule to which Iranian society is no stranger. From the Constitutional Revolution of 1905 onwards Iranian writers and intellectuals have embraced countless dangers by rising against the restrictions imposed from above. Such was the intensity of their desire to secure the instruments of freedom and democracy. The most telling document, as true today as when written nearly a century ago, is the shining article by Jahangir Shirazi. He was a pioneer, as well as one of the victims, of the movement for democracy in the Constitutional Revolution. Writing in Sur-e Esrafil, published contemporaneous with the victory of the revolution, it was directed at widening the meaning of justice-seeking: " A pen that god has sworn on, cannot be enslaved to the brandings and chains of a despotic office. God never appointed an angel to scrutinise the acts of man before they took place, let alone delegate it to devils" he remonstrated at the rulers and the champions of moral censorship..."

Prison letters by Majid Nafisi
"A Look in the Correspondence of an Iranian Political Prisoner
 About the Author
Majid Naficy was born in Iran in 1953.  His first collection of poems in Persian, called In the Tiger’s Skin, was published in 1969.  One year later his book of literary criticism, Poetry as a Structure, appeared.  And in 1971 he wrote a children’s book, The Secret of Words, which won a national award in Iran.
In the seventies, Majid was politically active against the Shah’s regime.  However, after the 1979 revolution, the new regime began to suppress the oppositions, and many people, including his first wife, Ezzat Taba’eyan and brother Sa’id, were executed.  He fled Iran in 1983 and spent a year and a half in Turkey and France.  Majid then settled in Los Angeles where he lives with his son, Azad.  He has since published three collections of poems, After the Silence, Sorrow of the Border, and Poems of Venice, as well as a book of essays called In Search if Joy:  A Critique of Male-Dominated, Death-Oriented Culture in Iran, all in Persian.  He holds his doctorate in Near Eastern Languages and Cultures from the University of California at Los Angeles.  Majid is currently a co-editor of Daftarha-ye Shanbeh, a Persian literary journal published in Los Angeles.
Majid’s doctoral dissertations, Modernism and Ideology in Persian Literature: A Return to Nature in Poetry of Nima Yushij was published by University Press of America, Inc. In October 1997..."

Ahmad Shamlu : Master poet of Liberty by Parvaneh Soltani
"Dry path, all through life
Having been born with a cry
In a hatred
Turning on itself.
 
Thus was the
Great absence.
Thus was
The story of the ruin.
 
If only freedom
Could sing a song
Small, smaller even ...
Than the throat of a bird..."
 

Shamlu a great poet by Siagzar Berelian
"Shamlu was a founder of the Iranian Writers Association. It the thirty intervening years he has not ceased defending its ideals. As he put it to an interviewer “The Iranian Writers Association is alive because its thought is alive in each and every one of us. That means every one of us cultural workers who remains true to its shining ideals is individually an association”.
Numerous are those from this tribe of the pen who in this republic of terror gave their life in defence of the pen and its honour: Hossein Eghdami, Piruz Davani, Hamid Haji-Zadeh, Ghaffar Hosseini, Mohammad Mokhtari, Ahmad Miralai’, Mohammad-Ja’far Puyandeh, Hamid Rezvan, Said Soltanpur, Saidi Sirjani, Majid Sharif, Ahmand Taffazoli, Ebrahim Zalzadeh..."

In memoriam of Ahmad Shamlu : poet, journalist, translator by Esmail Khoi'
"Greetings and welcome to the gathering honouring Iran’s great and unique poet of our time. While my heart bleeds for the death of one of the most cherished friends of my entire life, it is a privilege to talk on the work of this unique figure in Iranian contemporary culture. I cannot cover even a fraction of this in the limited time allotted to me. But we will be organising a seminar shortly where I, alongside other friends, will examine the manifold aspects of Shamlu’s creativity.
 Ahmad Shamlu was a multi-faceted figure, in that he worked in a number of cultural fields simultaneously. The product of some of these fields are so glorious and distinguished that were a person to accomplish just one of them would without doubt earn them a place as a leading light in contemporary Iranian culture. Shamlu worked in film, studied the classic poets, expanded the culture of poetry among the people, wrote children’s literature, and was active in journalism and lexicography. And he did great work, though his masterwork was in poetry. What will keep Shamlu immortal as Shamlu is without doubt, and above everything, his poetry..."

Shamlu's poetic world by Mansur Khaksar
"The transformation of Farsi poetry brought about by Nima Youshij, untying it feet from the fetters of the prosodic measures, was a turning point in the long tradition of our poetry. It opened a huge vista in the perception and thinking of the poets that came after him. Nima offered a different understandings of the principles of classical poetry. His artistry was not confined to removing the need for a fixed length hemistich and dispensing with the tradition of rhyming. Above, and overseeing these changes, and going beyond altering the formation of the old poetry, he was focusing on a broader structure and function based on a more contemporary understanding of human and social existence. His aim in renovating poetry was to commit it to a natural identity and also to achieve a modern discipline in the mind and linguistic performence of the poet..."

Hikmet photoNazim Hikmet by C.Kan & J.Berger (Fr) « Je suis né en 1902. Je ne suis jamais revenu sur le lieu de ma naissance. Je n'aime pas me retourner »
Nazim Hikmet, les symboles et allégories de la vie by Aïcha Kassoul
The life and work of Nazim Hikmet,romantic communist
Nazim Hikmet,national poet but not a Turkish citizen by Julie Mardin
Turkey fight over memory of exiled poet by Chris Morris

Franco Gallelli Franco Gallelli 
Un remarquable engagement politique par les lettres, le don de soi et la foi parmi les plus démunis en Calabre: Franco Gallelli, "Cieli Rossi", présenté en italien par Franco Gallelli (pdf) ; roman, traduction en cours de N.Bouyssès, avec tout notre soutien, amitiés...
Théorie Gallelli ou des braves gens du sud Interview exclusive par C.Pose (fr / it)

Jacques Ferron le "Grand Inannexable", un réfractaire exemplaire
by Jacques Pelletier (revue Possibles)
Refonder la société et 25 ans plus tard
by Gabriel Gagnon, (rappel historique, spécial 25ème anniversaire de Possibles, 2002)
Chronique d'une mort enfin clairement annoncée
by Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ)
Les journées mondiales au calendrier de l'UNEQ
Liberté d'expression et censure au Canada by l'UNEQ


Acalanto : Chili-Québec

Neruda photo Editorial Poetas Antiimperialistas de America
Canto General by Pablo Neruda
Le poète, Résidence sur la terre, Tu ne ressembles à personne, La lutte pour le souvenir, Vingt poèmes d'amour.. by Pablo Neruda
"Tu ne ressembles à personne depuis que je t'aime.
Laisse-moi t'étendre parmi les guirlandes jaunes. 
Qui inscrit ton nom avec des lettres
de fumée parmi les étoiles du Sud ?
Ah laisse-moi me souvenir comment
tu étais alors, quand tu n'existais pas encore. [...] 
Maintenant, maintenant aussi, petite,
tu m'apportes du chèvrefeuille, 
et jusqu'à tes seins en sont parfumés.
Pendant que le vent triste galope en tuant des papillons 
moi je t'aime, et ma joie mord ta bouche de prune. 
Ce qu'il t'en aura coûté de t'habituer à moi, 
à mon âme esseulée et sauvage, à mon nom que tous chassent. 
Tant de fois nous avons vu s'embraser 
l'étoile du Berger en nous baisant les yeux 
et sur nos têtes se détordre
les crépuscules en éventails tournants. 
Mes paroles ont plu sur toi en te caressant.
Depuis longtemps j'ai aimé ton corps 
de nacre ensoleillée. 
Je te crois même reine de l'univers. 
Je t'apporterai des fleurs joyeuses 
des montagnes, des copihues, 
des noisettes foncées, et des paniers 
sylvestres de baisers. 
Je veux faire avec toi 
ce que le printemps fait avec 
les cerisiers.
(extrait, L'AMOUR EN RIME)"

LA LUTTE POUR LE SOUVENIR
Mes pensées se sont peu à peu éloignées, mais ayant abordé un sentier accueillant, je repousse les contrariétés tumultueuses et je m'arrête, les yeux fermés, grisé par un parfum de passé que j'ai conservé, durant mon petit corps à corps avec la vie. J'ai vécu hier, uniquement. Aujourd'hui a cette nudité qui attend la chose désirée, ce cachet provisoire qui vieillit en nous sans amour.
Hier est un arbre aux longs branchages, à l'ombre duquel je suis allongé, abandonné à la mémoire.
Soudain, je regarde, étonné: en longues caravanes, des voyageurs sont arrivés dans le même sentier; les yeux endormis dans le souvenir, ils fredonnent des chansons et évoquent ce qui fut. Et je crois deviner qu'ils se sont déplacés pour s'arrêter, qu'ils ont parlé pour se taire, qu'ils ont ouvert leurs yeux stupéfaits devant la fête des étoiles pour les fermer et revivre l'enallé...
Étendu dans ce nouveau chemin, avec les yeux avides et fleuris des jours lointains, j'essaie vainement d'enrayer le fleuve du temps qui ondoie sur mes faits et gestes. Mais l'eau que je parviens à recueillir reste prisonnière des bassins secrets de mon coeur, dans lesquels, demain, devront s'enfoncer mes veilles mains solitaires.
(LE FLEUVE INVISIBLE,  Premiers Poèmes)

MEMORIAL DE L' ÎLE NOIRE  II
Le lune dans le labyrinthe1964 (extraits)
LA POÉSIE
Et ce fut à cet âge... La poésie
vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d'où elle surgit, de l'hiver ou du fleuve.
Je ne sais ni comment ni quand,
non, ce n'étaient pas des voix, ce n'étaient pas
des mots, ni le silence :
d'une rue elle me hélait,
des branches de la nuit,
soudain parmi les autres,
parmi des feux violents
ou dans le retour solitaire,
sans visage elle était là
et me touchait.
Je ne savais que dire, ma bouche
ne savait pas
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose cognait dans mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
je me formai seul peu à peu,
déchiffrant
cette brûlure,
et j'écrivis la première ligne confuse,
confuse, sans corps, pure
ânerie,
pur savoir
de celui-là qui ne sait rien,
et je vis tout à coup
le ciel
égrené
et ouvert,
des planètes,
des plantations vibrantes,
l'ombre perforée,
criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit qui roule et qui écrase, l'univers.
Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l'instar, à l'image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l'abîme,
je roulai avec les étoiles,
mon coeur se dénoua dans le vent.
(Mémorial de l'île Noire, 1964) Le lune dans le labyrinthe..

1904-2004 : Pablo Neruda naissait il y a 100ans by Radio France


Nazim Hikmet
by C.Kan & J.Berger (Fr)
« Tous les gens qui sont ici, à l'intérieur, tout ce qui s'y passe - c'est ce qu'annonce le bâtiment d'un ton posé - sera oublié, effacé des registres, enseveli dans une crevasse entre l'Europe et l'Asie. »
C'est alors que j'ai saisi la stratégie poétique de Nâzim Hikmet en ce qu'elle a d'unique et d'inévitable : il lui faut continuellement dépasser son propre enfermement ! Les prisonniers ont partout rêvé de Grande Evasion, pas la poésie de Nâzim. Avant même de commencer, sa poésie a placé la prison comme un petit point sur la carte du monde.
Le plus beau des océans
est celui qu'on n'a pas encore traversé
Le plus beau des enfants
n'a pas encore grandi.
Les plus beaux de nos jours
sont ceux que nous n'avons pas encore vécus.
Et les plus beaux des poèmes que je veux te dire
sont ceux que je ne t'ai pas encore dits .
Ils nous ont eus :
moi à l'intérieur des murs,
toi à l'extérieur.
Ce qui nous arrive n'est pas grave.
Le pire :
c'est de porter en soi la prison
conscient ou inconscient.
La plupart des hommes en sont là,
des hommes honnêtes, laborieux et bons,
dignes d'être aimés comme je t'aime.
Sa poésie, comme un compas, trace des cercles, tantôt intimes, tantôt vastes et englobants : seule la pointe acérée est fichée dans la cellule de la prison.
Il me semble parfois que beaucoup des plus grands poèmes du XXe siècle - ayant pour auteurs des femmes ou des hommes - sont les plus fraternels de tous ceux qu'on a jamais écrits. S'il en est bien ainsi, cela n'a rien à voir avec des slogans politiques. C'est vrai de Rilke qui était apolitique, aussi bien que de Borges qui était un réactionnaire, et de Hikmet qui, toute sa vie, a été communiste. Notre siècle a été un siècle de massacres sans exemple, et pourtant l'avenir qu'il a imaginé (et pour lequel il a parfois lutté) propose la fraternité. Rares ont été les siècles précédents à l'avoir fait.
Ces hommes, Dino,
des parcelles de lumière à la main,
où vont-ils ces hommes
dans ces ténèbres, Dino ?
Toi aussi, moi aussi, Dino ;
nous sommes parmi eux.
Nous aussi, nous aussi, Dino,
nous avons vu le ciel bleu ..."

Nazim Hikmet, les symboles et allégories de la vie by Aïcha Kassoul

The life and work of Nazim Hikmet,romantic communist
"This biography of Nazim Hikmet portrays a writer who combined political courage with artistic creativity, even under prison conditions. 
Born in Salonika in 1902, he was descended from a cosmopolitan Ottoman family.  It was the turmoil of the First World War and the Allied occupation of Istanbul that inspired him to start writing poetry.  After escaping to Ankara at the age of nineteen to join the anti-imperialist resistance, he was advised by Mustafa Kemal (Atatürk) to write 'poetry with a purpose'.  But it was in Moscow during the 1920s that he found his mission, drawing inspiration from the artistic experiments of Mayakovsky and Meyerhold as well as the political vision of Lenin. 
Returning to Istanbul in 1928. he became the charismatic leader of the Turkish avant-garde, publishing an exhilarating series of poems, polemics and plays.  He was not only a communist committed to revolution, but a romantic who was passionately in love: with his country and his people, with nature and the women to whom he dedicates his finest poetry.  Repeatedly arrested for his political beliefs, he was sentenced in 1938 to twenty-eight years imprisonment on trumped-up charges of organizing a revolt in the armed forces.  His epic poem Human Landscapes was written during a ten-year period in Bursa Prison.  ..."

Nazim Hikmet,national poet but not a Turkish citizen by Julie Mardin
"My grasp of my family's native tongue has steadily declined since my childhood summers in Istanbul.  But even if one does not speak Turkish, one of the most inspiring ways to acquaint one's self with Nazim Hikmet would be to hear his own reading of his work.  The personal yet expansive tone of his voice, gentle, one moment, bold and underlined, the next, is enough to convey the excitement of his vision, as well as the beauty and vigor, and the drama, of the Turkish language.  For us English-speakers, there are some very fine translations, Selected Poetry and his epic poem Human Landscapes, by Randy Blasing and Mutlu Konuk, and also a recent biography by  Saime Goksu and Edward Timms, titled Romantic Communist, that provides a fascinating account of his life, and because of which I will probably lapse into far more biographical detail than there is perhaps space for, but it is hard not to try to incorporate the feeling of so many ideological movements and counter-movements that his generation came of age in, and the sense there must have been that anything was possible.  The aim of this article will be to introduce Nazim Hikmet's work and life to the English speaking reader, who might not know all that much about the birth of Turkey as a modern nation, which coincided precisely with Nazim's own growth as a writer.

Human Landscapes was a wonderful discovery.  Never had I come across such an innovative literary structure, which on the page looks like poetry, yet reads like a novel, and feels just as much like a movie--but a movie, a novel, with no expository or narrative restraints whatsoever.  It jumps from character to character, location to location, human to bird to radio wave, from train to the countryside through which it passes, to create nothing short of a bold attempt at ubiquity.  It reminded me of the brilliant first ten minutes of Wim Wenders' Wings of Desire, a passage which eavesdrops on a succession of city dwellers and their thoughts, made in the eighties, yet Nazim's untethered yet logical progression was sustained for a good part of the work and written in the forties..."

Turkey fight over memory of exiled poet by Chris Morris
"Rightwing politicians in Turkey are fighting a rearguard action to head off a campaign to restore citizenship to the country's most famous 20th century poet, Nazim Hikmet, who died in exile in Moscow in 1963.
The culture ministry is keen to reinstate Hikmet's citizenship in time for the centenary of his birth next year, which the ministry wants to celebrate in conjunction with Unesco.
Many Turks would be embarrassed to see their greatest poet still treated as an outcast.
Hikmet was a committed socialist who revolutionised Turkish poetry in the 1930s by overturning Ottoman literary traditions and introducing free verse and colloquial diction. The subjects of his poetry ranged from universal themes of war and suffering to intensely personal romanticism.
Leftwing groups have gathered half a million signatures in support of their campaign, and they have made a successful appeal for help to the prime minister, Bulent Ecevit, himself a poet and translator.
But some nationalist politicians are adamant that they will not be persuaded. Ministers from the rightwing Nationalist Action party (MHP), which is part of a coalition government, are refusing to sign a decree restoring citizenship..."
Campana contra la incomunicacion carcelaria en Turquia
Sandra Bakutz, prisonnière politique en Turquie
Répression turque au Kurdistan by CETIM
"1. Depuis de nombreuses années déjà, le Centre Europe-Tiers Monde (CETIM) a attiré l'attention des membres de la Commission des droits de l'homme et de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités sur la situation des droits de l'homme qui prévaut en Turquie. Dans le cadre de ce document, le CETIM expose trois types de violation qui le préoccupent grandement.
La liberté d'opinion et d'expression
2. En Turquie, des intellectuels, des chercheurs, des écrivains, des journalistes, des parlementaires, des syndicalistes pour ne citer que ceux-ci, continuent d'être emprisonnés pour leur opinion. Il faut relever que le Comité pour les écrivains en prison (WICP) de Pen International déclare que " Les groupes de défense des droits de l'homme ont identifié environ 500 lois qui peuvent être utilisées pour restreindre la liberté d'expression en Turquie ". Pour la plupart des cas, les tribunaux ont recours à l'article 8 de la loi anti-terroriste, adoptée en avril 1991, pour museler toute personne ayant exprimé oralement ou par écrit son opinion. .."

Ecrits de prison by Leyla Zana
"Le récit de la première femme kurde à avoir été élue députée au parlement de Turquie, déchue de son mandat et emprisonnée pour délit d'opinion.
« Je voudrais par ce recueil, transmettre aux femmes kurdes comme à toutes les autres, le même message de combat : parlez ! prenez la parole ! Exprimez-vous par tous les moyens ! Que nul ne puisse plus jamais vous dire : "Femme, tais-toi !" Refusons de nous taire ! Parler librement, c'est déjà une avancée décisive sur le chemin de la liberté. » (l'auteur)
« Leyla fut condamnée à quinze ans de prison. Son courage impressionna l'ensemble des observateurs internationaux présents. De quel crime était-elle accusée ? Rien, si ce n'est des déclarations et des témoignages sur le sort de son peuple, l'évocation des doléances et des aspirations de ses électeurs : l'exercice courant d'un mandat parlementaire, exercé librement dans nos démocraties mais interdit en Turquie, où une centaine d'écrivains, de journalistes et députés sont détenus dans les geôles turques pour "délit d'opinion". ..

Droits et Libertés en Turquie
by BiblioMonde
"La Turquie, candidate à l’entrée dans l’Union Européenne, est encore régulièrement épinglée pour son peu de respect des droits de l’homme. Même si des progrès récents sont à noter en matière de liberté d’expression notamment, la Turquie a encore fort à faire pour conformer sa législation et surtout ses pratiques à celle d’un pays respectueux des droits et des libertés publiques.
La torture
Sa pratique demeure courante et les tortionnaires (généralement des policiers ou des gardiens de prison) ne sont pratiquement jamais poursuivis. Au cours de la décennie 1990, plus de 4 000 cas de torture ont été signalés.
« Voici quelques-unes des méthodes de torture utilisées : le détenu est sauvagement passé à tabac, on le déshabille entièrement, on lui bande les yeux, on l’expose à un jet d’eau glacée sous pression, on le pend par les bras ou par les poignets préalablement ligotés dans le dos, on lui inflige des décharges électriques, on le frappe sur la plante des pieds, on le menace de mort, on lui fait subir des violences sexuelles, y compris le viol. Les victimes sont aussi bien des enfants et des femmes que des personnes âgées, de simples villageois, des militants politiques et des personnes socialement défavorisées. Plusieurs personnes seraient mortes des suites de tortures. » Extrait du rapport d’Amnesty International, édition 2000.

PEN International Bulletin des écrivains en prison
"The Writers in Prison Committee (WiPC) of International PEN was set up in 1960 in response to mounting concern about the increasing attempts to silence voices of dissent by imprisoning writers. The Committee’s mandate does not include work on behalf of prisoners who have used or advocated violence or hatred.

The Writers in Exile Network was developed specifically to expand the range and location of placements in academic institutions. It is a program of network building that has grown out of a commitment to understand better the needs of exiled writers living in Canada and to create opportunities to improve their access to a professional career.
The writers considered for placements include authors, essayists, poets, journalists, playwrights, publishers, translators, editors and screenwriters who worked in these professions in their native countries and who are represented in an on-line catalogue.

CHINA: Journalist Qi Chonghuai detained and facing charges for his writings on corruption
"The Writers in Prison Committee of International PEN is seriously concerned about the detention of journalist Qi Chonghuai, who has been detained since 25 June 2007, apparently for his publication of an article on official corruption. International PEN fears that Qi Chonghuai may be detained in violation of Article 19 of the International Convention on Civil and Political Rights, to which China is a signatory, and if so calls for his immediate and unconditional release..."

Le cyberdissident Yang Tianshui condamné à douze ans de prison; un site web fermé
Yang Tianshui a été condamné, le 16 mai 2006, à douze ans de prison, notamment pour avoir publié des articles antigouvernementaux sur Internet. Par ailleurs, un site publiant et réalisant des sondages politiques avait été fermé la semaine précédente après avoir invité ses visiteurs à répondre à une question concernant le massacre de la place Tiananmen, en juin 1989.

Azerbaijan: Sentences Against Writer Rafiq Tagi and Newspaper Editor Samir Sadagatoglu Upheld
"On July 2007, an appeal court in the Azeri capital, Baku, upheld the sentences served against writer Rafiq Tagi, and editor Samir Sadagatoglu who have been convicted to three and four years in prison respectively for “inciting religious hatred”. International PEN’s Writers in Prison Committee considers the sentences to be in breach of international standards guaranteeing the right to freedom of expression and is calling for their release. .."

The Rapid Action Network (RAN) is an e-mail network that is activated from the PEN Canada office in Toronto. Each week, an appeal is sent out on an urgent freedom of expression case. Click the name of the person to find out what you can do to help. To subscribe to the e-mail network, write to wipc@pencanada.ca.

"Le Comité International d,Auteurs féminins de PEN (IPWWC) a été créé en 1991 pour satisfaire les besoins spécifiques des femmes auteurs dans le cadre international de PEN. A présent, il est représenté dans plus de 50 centres PEN. La présidente est le Dr Judith Buckrich, qui est aussi la présidente du centre PEN de Melbourne en Australie.
Les femmes écrivains de tous les six continents, et d’une grande diversité de groupes éthnics et linguistiques sont très actives dans tous les travaux de notre Comité. Beaucoup de ces écrivains ne peuvent voyager aux réunions des Congrès PEN, donc, le travail se fait tout au long de l’année par courriers, télécopies, e-mails ou par n’importe quel autre moyen qu’on trouve. Beaucoup de travaux sont faits au niveau régional. Notre travail est décidément décentralisé à cause des conditions extrémement différentes aux femmes dans les différents pays. Il est un sérieux défie pour la Direction de faciliter la communication à travers les nombreux obstacles techniques et linguistiques pour que l’isolement puisse disparaître..."


Nouvelles, histoires courtes
de Christian Pose


Le treizième citoyen du monde...
Toutefois le sujet, selon toute apparence, est une fiction logique, au même titre que les points et les instants mathématiques. On l'introduit, non parce que l'observation révèle son existence, mais pour des raisons de convenance linguistique et parce qu'apparemment la grammaire l'exige... Si nous voulons éviter une supposition parfaitement gratuite, nous devons renoncer à voir le sujet comme une partie intégrante du monde."
Hirata Gunto (1926-?), extrait de la conférence "Conscience et Expérience", université Todaï, Tokyo, 20 mars 2003 (1).

"Troncs épars calcinés, débris de mousses et d'herbes projetés dans l'eau saumâtre de la lagune, pélicans bruns saisis par les cendres, hérons brûlés sur pieds, fuite éperdue d'aigrettes blanches emportées par le souffle de la nuée, balbuzards pris au piège dans les fumées noires, lit de cadavres carbonisés...
Les rivières salées étaient hautes et les brumes soufrées. Les éruptions se succédaient. Les cendres répandaient la nuit sur la forêt primaire transformée en un monde d'ombres incertain tandis que les averses répétées annonçaient la mousson.
Les enfants soldats du Service de Renseignement et d'Action Spéciale construiraient les postes d'observation sur les arbres les plus robustes, creuseraient les abris dans la terre pétrifiée parmi les animaux morts, sous un monceau de roches volcaniques, d'arbres déracinés.
Jour après jour, ils observeraient la mangrove, scrupteraient le delta, les vagues sans reflet jusqu'aux confins de l'océan sous la pluie noire, le black-out.
Jour après jour, ils subiraient les rigueurs du programme scientifique du commandant Kosaka Masanabou et du capitaine-adjoint Obata Kagenori.
Jour après jour, le commandant Kosaka Masanabou et le capitaine-adjoint Obata Kagenori feraient irruption en chacun. Les sujets les plus brillants seraient soumis aux effractions psychiques délibérées sans jamais accéder à l'intentionalité des persécuteurs, sans jamais comprendre le sens de leurs actes.
"Ils reçevront dans un état d'épuisement physique et mental total la transmission de l'influence destructrice, disaient l'idéologue Ryoichi Naito, le substrat de la prédation mais aussi le goût pour le jeûne, l'effort et le silence, la communion. L'absence de doute au moment de l'acte sublime".
Chacun se réveillerait, un jour, un goût âcre sur la langue, sous le palais, des douleurs au ventre, au sexe, aux cuisses. Chacun découvrirait l'ordre et le désordre, la pensée unique et le dégoût de la raison. Il y aurait, un jour, d'un côté : "les nôtres" et de l'autre : "l'ennemi". Chacun gagnerait, un jour, le droit de torturer un prisonnier.
Les plus doux subiraient un déclassement dans la hiérarchie des novices méritants sans échapper pour autant à l'ivrognerie, à la grossièreté, aux obsessions amoureuses des chefs monomaniaques oppressés et inquiets. Les moins chanceux seraient abandonnés, souillés, au parfait camouflage de la putréfaction sous les racines des palétuviers, dans la vase chaude. ..."

Paradigme

"(...) Un soleil noir s'est levé sur nous au matin, puis a plongé le soir venu derrière un nuage sombre, ressemblant à une boule de feu. C'est le dernier soleil qui brillera sur Black Hawk.(...) Il est maintenant prisonnier des hommes blancs." Discours de rédition du chef Indien Black Hawk (1832).
" La grande conférence.
"En s'appuyant sur des modèles systémiques excluant du jeu théorique la pauvreté mais aussi le hasard et la création d'imaginaire, dira Willy devant une assemblée d'étudiants à peine plus jeunes que lui, le monde s'interdit toute échappée hors du cercle infernal de l'accumulation. Les théoriciens du Bloc qui accordent des revenus élevés à des gens difficiles à satisfaire et qui doivent se gorger de champagne et de caviar pour obtenir un niveau d'utilité normal, niveau que vous et moi atteignons avec un sandwich et un soda, parlent d'un "sujet type". Un sujet parfait. Un sujet qui répondrait à toutes les aspirations de la société, du marché, de la religion, de l'armée, de la propriété, de la connaissance.
"Sur la base d'un principe d'égalité erroné "les pauvres ont un niveau d'utilité inférieur aux gens aisés" les riches proposent un nouveau rapport aux lois, un standard de la parole, de la pensée, du mouvement, de la vie sexuelle, un comput simplifié des généalogies et un corps expéditionnaire pour rattraper les fuyards... L'habeas corpus serait même supprimé. Quand un homme serait accusé d'un délit il ne pourrait échapper à la justice type, à la prison sans jugement... Cela dit, la suppression de l'habeas corpus est déjà effective au plan du droit puisque nos dirigeants ne sont pas jugés quand ils tuent, quand ils maltraitent, quand ils volent ou mentent au nom de l'intérêt supposé national ou au nom de Dieu. Nous pouvons nous appuyer sans crainte sur notre belle jurisprudence et vérifier. Chose également curieuse, ces gens au si haut niveau d'utilité ne connaissent pas davantage la violence, le froid et l'humidité de Grande Vertu que nous avons tous connu à un moment ou à un autre de notre vie politique. Cet habeas corpus est bien conforme au principe théorique de justice sur l'égalité d'un monde privé, commercial, autoritaire et dérégulé. La conséquence d'un tel autoritarisme réduit considérablement la portée réaliste de tout principe de justice sur l'égalité. Elle nous impose un non-choix: la victoire dans les guerres de conquête ou l'humiliation dans la défaite !... Nous refusons ce non-choix.
"Le modèle théorique de justice que nous dénonçons aujourd'hui conduit bien à une impasse logique et à un effondrement par le droit. Ce modèle nous dit : "les goûts de luxe fournissent une raison pour obtenir des revenus plus élevés". Les théoriciens du Bloc tentent en effet de justifier cette proposition inacceptable en termes de responsabilité d'une personne à l'égard de ses propres finalités. Je pense que la théorie des biens sociaux premiers a vécu. Entendons que nous ne pouvons plus construire un principe de justice équitable sur la seule base des droits, des libertés, des possibilités offertes à l'individu, des revenus et des richesses. Un principe de justice ne doit pas, à mon sens et l'on comprendra pourquoi, être restreint à un principe d'utilité au service d'une économie marchande constitutionnalisée."
Tom souhaitait ardemment échapper au cercle infernal de l'accumulation, base de tous les enseignements de Willy mais aussi d'oncle Mali et du clan universitaire des Etua; tout comme il souhaitait échapper à la "tournante" (initialement viol collectif de mineures dans les cages d'escaliers) perpétrée par les voyous qui imposaient au dessus des lois et par le viol des lois : ordre, hiérarchie, soumission, exploitation, violence nationale. Depuis quelque temps, donc, il lisait, étudiait, critiquait, archivait, n'oubliant rien car l'oubli, selon oncle Mali, était la cause du malheur; chacun portant son lot.
"Le profit marche au bras du crime, disait oncle Mali, et l'oubli conduit les guerres... Il y a plus de deux mondes en guerre dans le multivers, trois mondes, quatre mondes, cinq mondes, une infinité de mondes en guerre; par contre et bien que chacun soit un monde sensible à part, un seul sang coule dans nos veines, jusque dans la sève des arbres et des feuilles, jusque dans l'hyper-expansion de l'espace. Le sang chaud coule aussi dans le corps froid de l'hiver comme dans le corps de l'hypertexte et de l'hyperlien, dans le corps de la mémoire numérique universelle..."

L'ultime dépouille de la 3ième section
"... Terada que l'on appelait avec une pointe d'irrespect "le vieux" savait que les américains avaient engagé une réforme de la constitution. Mais il ignorait que la reconstruction s'était faite avec des criminels de guerre érudits, grâciés ou non jugés, recyclés dans le commerce et dans les sciences. Les travailleurs anéantis, les ouvriers, les pêcheurs, les paysans, les maçons, les tisserands, les menuisiers... ignoraient que le droit au travail reposait sur des traités non écrits passés avec le gouvernement américain, l'armée d'occupation, la CIA, l'O.S.R.D. (Office of Scientific Research and Development) et l'industrie civile et militaire. La vie, jusqu'à la mémoire de cette vie, n'échappait plus aux programmes de la recherche militaire.
Parallèlement à l'impensable, le Projet Manhattan, Hiroshima, Nagasaki, l'Amérique avait conçu une machine d'information militaire capable d'enfanter l'esprit de l'homme et l'intelligence artificielle dans le corps de la reconstruction mondiale...
Le journal intime du président Harry Truman (dont aucun paysan ne se souviendra) n'y fera jamais allusion, pas plus qu'il ne témoignera d'un quelconque sentiment à l'égard du Japon sinon sous la forme d'une préoccupation mineure et lointaine.
Les forces militaires d'occupation, par contre, tout le monde s'en souvenait, des rizières d'Akita, au nord, aux pêcheries d'Okinawa, au sud. Elles avaient témoigné de leur goût pour les affaires sans contrôle et la violence, celles des copains de classe sans scrupule, alcooliques et dépravés, Joe, Sam, Bill, Bob, Tim...
Des hommes qui s'appelaient aujourd'hui G.A "Glenn" Barton (président de Caterpillar), T. "Tom" Engibus (president de Texas Instrument), K.S."Ken"Courtis (vice président "Asie" de Goldman Sachs), L. "Lou" Gerstner Jr. (président d'IBM), J. "Jack"Nasser (président de Ford Motor), J.F. "Jo" Smith Jr. (président de General Motors), S. "Willy" Weill (président de Citigroup).
Ils étaient membres de l'US Japan Business Council aux côtés de Minoru "Ben" Makihara (président de Mitsubishi), Yotaro "Tony" Kobayashi (co-président de Fuji Xerox), d'Akito "Jimmy" Morita (président de Sony). Des hommes dont Terada avait connu les ancêtres (?) durant la débâcle, en 1946. La chienlit qui avait fait l'or du crime organisé..."

La nébuleuse histoire de Shigetoshi Ishida
"...Wataru Tosaka, commissaire principal, irréprochable, sans doute par excès de courtoisie, n'avait pas jugé bon se déplacer. Il avait été mis en place par Shintaro Honma, ex-gouverneur de la préfecture, et Toru Ishii, ex-maire de Sendaï, arrêtés pour faux en écriture, délits d'initié, corruption durant la campagne anti-corruption de 1992-1994. Une campagne qui avait frappé les préfectures, les municipalités, le gouvernement puis la construction publique (arrestations pour corruption de Kishiro Nakamura, ex-ministre de la construction, de Shin Kanemaru, parrain de la vie publique, 1993, affaire Sagawa Kyubin, 1991), les frais généraux -frais de bouche (shokuryohi) et voyages imaginaires (kara shutcho). 10 000 fonctionnaires du gouvernement et 20 000 employés préfectoraux avaient eté blâmés et contraints de rembourser. Les "préfectoraux" avaient dû débourser 30 milliards de yens.
Les avocats et les hommes de main de Shigetoshi Ishida allaient donc mettre la pression. Un type de pression qui avait envoyé derrière les barreaux les ex-premier ministres Noboru Takeshita, Yasuhiro Nakasone, entaché la réputation de sociétés comme NTT, Nippon Steel, Industrial Bank of Japan, Nissan Motor ou celle de journaux comme Yomiuri, Nihon Keizai : argent blanchi, actions sales, terrains bradés, constructions illégales, services illicites (moratoires, pourcentages sur les contrats publics, détournements de fonds publics, fausses comptabilités), en cas de refus, chantage et coups, assassinats.
Attendre dans la position de Shigetoshi Ishida n'était pas un vrai problème même avec un oeil de thon géant recouvert de gelée et des communistes révolutionnaires aux trousses.... Diriger dix-sept mille salariés depuis la prison, au regard de l'éthique, n'était pas non plus un problème. Quand on était un goy fou le monde et les lois étaient des concepts abstraits sans rapport avec les êtres réels. Shigetoshi Ishida était donc un chef douteux à l'image d'Hiromasa Ezoe responsable du scandale Recruit-Cosmos impliquant dans un réseau de corruption les ministres Takeshita, Nakasone, 200 membres du gouvernement, quarante parlementaires, le parti Komeito, le parti socialiste, le parti démocratique (1988-1989) ou encore à l'image de Shoichi Osada, banquier-corrupteur, entremetteur bien connu de Castro, Battle, Pinochet, Menem, Chirac.
Ishida comme la plupart des "gros" était combattu par les syndicats, les ONG altermondialistes, les socialistes, les communistes anti-guerre mais craint certains disaient pas moins que les oyabuns Susumu Ishii, Kodama Yoshio, Heo Young-jong, parfois aimé par les ultraconservateurs et les libéraux à la tête des villes, des préfectures, de la diète même. Certains députés et ministres lui devaient tout. Les mauvaises langues évoquaient Daizo Nozawa, ministre de la justice et Yoshiyuki Kamei, ministre de l'Agriculture, des Forêts et des Pêches. Il suffisait donc d'attendre. Ishida, président de Shigetoshi Ishida Co., Ltd. était un patron, un très gros patron... "

Les hors-la-loi de Westville-Campus
"...Professeur Mali Etua (Capetown, 1998)
“(…)L’indépendance du Mozambique sera bien proclamée le 25 juin 1975 et le marxiste-léniniste Samora Machel, président du Frelimo (Front de Libération du Mozambique), sera bien le victorieux président de la république du Mozambique, dira peu de temps avant sa mort le professeur Mali Etua. Mais la violence des oppositions nazies du Renamo (Resistance Nationale du Mozambique, 1981) alimentées militairement par des forces spéciales contre-révolutionnaires (plutôt contre-insurrectionnelles, militaires et clandestines) depuis la Rodhésie, l’Afrique du Sud et les Etats-Unis, conduiront le Frelimo en 1989 à l’abandon de toute référence au marxisme-léninisme et à la victoire du constitutionnalisme, du multipartisme, du libéralime et de la famine en 1990/91.
“Autre fait d'importance, l’Organisation du Peuple du Sud-Ouest Africain (Swapo) parviendra contre vents et marées à mettre l’ONU de son côté (1966) et à repousser la politique d’apartheid transfrontalière de l’Afrique du Sud (brigades contre-insurrectionnelles Koevoet). La Cour Internationale de Justice (1971) déclarera même illégale la présence sud-africaine sur un territoire où la SWAPO (reconnue par l’ONU en 1973) avait engagé une lutte armée de libération depuis 1966. La résolution 435 (1978) du Conseil de Sécurité conduira enfin au principe de création d’un Etat souverain et à la naissance (par les accords de 1988 pérparés par l’URSS et les Etats-Unis) d’un nouvel Etat le 21 mars 1990. Ce sera finalement Sam Nujoma, ancien leader de la SWAPO, mouvement révolutionnaire, qui sera le premier président démocratiquement élu de Namibie (1990). Il sera réelu en 1994 (...)

" Un effet international de normalisation pour la paix, par la guerre... ”
“Etrange symétrie du calendrier de l’histoire des révolutions, dira Mali Etua, si l’on veut bien observer le destin propre à l’Afrique du Sud (94), au Mozambique (90) et à la Namibie (90). Les libéraux l'appelleront un “effet international de normalisation pour la paix”…
"(...) En fait, la résolution politique votée, par exemple, en 1979 au XIème Congrès mondial de la IVème Internationale et celle adoptée par le Comité Exécutif International (CEI) de mai 1981 ont correctement indiqué, et je citerai ici “menaces de guerre et lutte pour le socialisme” de l’économiste trotskyste belge Ernest Mandel, que l’impérialisme (à cette époque) était en train de se donner les moyens de reprendre des interventions contre-révolutionnaires contre les révolutions en cours avec la mise sur pied, notamment, de la Force de redéploiement rapide (RDF) américaine.
“Les libéraux interprèteront comme un “effet international de normalisation par la guerre" ce qu'Ernest Mandel concevra comme un accroissement des interventions (militaires) étrangères dès 1982... "une relance coïncidant avec celle de la guerre entre l’Iran et l’Irak, la guerre des Malouines, les préparatifs de l’invasion du Liban par Israel, la guerre civile salvadorienne, (et l’entretien) des “petites guerres” plus ou moins oubliées, comme celles du Tchad, d’Erythrée, de Namibie, du Sahara occidental, sans compter la guerre civile au Yémen et la guerre jamais éteinte en Angola et au Mozambique".

“Les poètes politiques sud-africains, dira Mali Etua, affirment que la lance emblématique de l'opposition n'a pas perdu son fer....J'en suis persuadé même si la politique libérale (les partis, la mafia plus le commerce familial et les goupes industriels internationaux) cherche à tout prix à truquer l'autonomie intellectuelle des actions pour la liberté. Les guerres contre-révolutionnaires “localisées” ne sont pas une exception et la symétrie dans l'histoire n'est qu'une illusion bourgeoise, une tentation métaphysique. La réaction (les guerres contre-révolutionnaires) constitue la règle. Le plus important, pour l’écrivain combattant du XXème siècle et dorénavant du XXIème siècle, consistera à entretenir l’incapacité politique de l’impérialisme...”


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