INTRODUCTION I-2
L'avantage humain de l'hérésie et de la réforme I-2
........................
Nous observerons, ici, selon une perspective diachronique (M.C. Goldstein), quelques aspects du droit des personnes et du droit religieux des personnes en veillant à ne pas être trompé par le synchronisme des évènements, synchronisme illusoire conduisant souvent à la validation de l'histoire, souvent falsifiée, des pays. L'analyse diachronique consistera donc à ne pas donner corps aux illusions de l'histoire chronologique.
Observer un pays comme le Tibet qualifié "terre historique des droits de l'homme" (rural, pauvre et martyr) ou "premier poumon spirituel de la planète" (probablement la dernière théocratie totalitaire) en cherchant délibérément à condamner la Chine populaire ou à "monter" par la politique des droits de l'homme un certain occident athée ou sans religion mais pro-tibétovajrabouddhiste (base du totalitarisme tibétain) contre la Chine, nécessite (nous le verrons plus loin dans notre introduction II-1 et II-2) une mise en garde.
La Chine communiste nie les droits de l'homme.
C'est là une réalité historique que nous condamnons. Elle concerne la répression de la résistance bouddhique tibétaine, idéologiquement contradictoire, politique, mercantile et armée, les prisonniers d'opinion et le refus d'abroger la peine de mort. Cependant, si nous condamnons la violence, nous refusons de réduire l'histoire populaire de la Chine à une histoire politique criminelle et le marxisme à un courant de pensée génocidaire.
Cette position sera du reste soutenue en occident par tous les juristes militants, les philosophes du droit, les philosophes politiques, les économistes progressistes qui s'attacheront à démontrer que l'efficacité des lois, de la justice et du droit est parfaitement contestable (plus encore après la guerre en Afghanistan, plus encore après l'invasion de l'Irak); un occident passé maître dans l'art du mensonge, de la falsification, de la manipulation, du crime d'Etat, du crime d'agression et du pillage des nations pauvres (voir sur la question nos articles diffusés sur Indymédia, Altermonde, Archives de Robinson Rojas, Hors-les-lignes-linked222).
Au linguiste militant américain Noam Chomsky, chercheur au MIT-Boston, à qui l'on demandait à propos de l'attentat du 11 septembre ce qu'il entendait par terrorisme, il répondit dans Autopsie des terrorismes : "j'entends le terme de "terrorisme" exactement dans le sens défini sur les documents officiels américains : "l'utilisation calculée de la violence ou de la menace pour atteindre des buts de nature politique, religieuse ou idéologique. Ces actions peuvent être menées au moyen de l'intimidation, de la coercition, ou en insufflant de la peur. A ce titre les USA ont organisé et mené des actions du même genre, appelées "contre-terrorisme" dans le monde selon des programmes "contre-insurrectionnels" conçus après la seconde guerre mondiale sur les modèles nazis, traités avec déférence, et baptisés : programmes contre-insurrectionnels".
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Noam Chomsky, né en Pennsylvanie, 1928, philosophe politique. Institute
Professor et professeur de linguistique au Massachusetts Institute of Technologie,
MIT, Boston,USA.
Il est membre de l'Académie des Arts et des Sciences et membre de l'Académie
des Sciences. Le Japon lui a remis le prix des Sciences Fondamentales de Kyoto
(voir le site officiel de Noam Chomsky, Chomsky.Info).
photo : www.freespeech.org :::
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Noam Chomsky, "11/9, Autopsie des Terrorismes" Ed. Le Serpent à Plumes
2001. :::
La chine nie les droits de l'homme, le droit international fait
émerger des normes juridiques et des pratiques ambiguës.
Le droit à l'exterritorialité, par exemple, anticipe le droit
au vol des minerais, des récoltes, de la force de travail.
Le droit aux traités inégaux implique le droit à l'invasion
militaire aux noms d'intérêts stratégiques.
Le droit commercial international induit le droit à la destruction des
barrières douanières... autrement dit à la possession sans
droit.
Qu'entendons-nous par concussion ? Nous entendons l'extorsion par la violence
de la propriété d'autrui au service de ce que l'on pourrait appeler,
à l'échelle des Etats, l' inhumanité sélective
des pays en droit.
Nous verrons que pour débattre de "l'inhumanité sélective
des pays en droit", de la criminalité des Etats, de la responsabilité
pénale des Etats, de la fiabilité des enquêtes judiciaires,
ce ne sera pas, paradoxalement, par le moyen exclusif des droits de l'homme
que nous pourrons y parvenir.
Nous nous sommes rendus compte que dans des zones classées "dangereuses"
criminologiquement, là où l'opinion politique conduit au délit
répréhensible ou au conflit sanglant, notamment au Pakistan, au
Jammu-et-Cachemire, au Népal (l'Etat est responsable de 78% des 7000
assassinats politiques recensés depuis 1996), en Inde du Nord (plus deux
mille rapts et assassinats politiques sont recensés chaque année
dans les Etats du Gujarat, du Pendjab, du Maharashtra, du Bihar, du Bengal,
du Sri Lanka), les normes juridiques internationales (concernant la nature des
délits) et les quotas (le nombre de crimes) qui dévérouillent
normalement l'applicabilité des Droits de l'Homme, et qui sont supposés
faciliter le combat contre l'activité criminelle des Etats et des réseaux
criminels "privés", freinent parfois l'ouverture d'enquêtes
pré-judiciaires et empêchent l'implantation de cellules publiques
d'information sur les Droits de l'Homme.
::: Le Maharashtra
(Etat du Dr.Ambedkar) et l'Inde Actuelle :::
::: Alphabétisation
des hommes adultes...1911 p.35 :::
Les intérêts privés du religieux s'opposent également aux droits de l'homme :"business as usual".
Nous connaissons de nombreux "maîtres" tibétains, chefs de lignées bouddhistes en Inde, moines et nones, tulku-lama (réincarnés), qui s'opposent résolument à l'implantation de cellules d'observation des Droits de l'Homme afin de ne pas endommager les liens soigneusement tissés avec les organisations mafieuses villageoises, régionales et d'Etat (Uttar Anchal, Himashal Pradesh, Uttar Pradesh).
Des liens justifiés, selon les protagonistes, pour le règlement de toutes sortes d'affaires indispensables à la vie mais aussi à la notoriété, au confort et surtout à la souveraineté des maîtres : taux de change illégaux, fausse monnaie, fonte d'or et de métaux précieux, import/export de pierres précieuses, émission de faux papiers, fausses pièces comptables (livres de comptes et livres de comptes fictifs, fausses factures), corruption de fonctionnaires : impôts, santé, retraites, pensions, urbanisme, commerce, police (communale, régionale et d'Etat), armée (services de renseignement militaire/paranoïa anti-chinoise), trafic de drogue, alcool et cigarettes de contrebande, etc...
En France, les députés socialistes et apparentés communistes Guyard et Brard, rapporteurs de la commission d'enquête sur la situation financière, patrimoniale et fiscale des sectes et leurs relations avec les milieux économiques et financiers (1999), ouvriront plusieurs enquêtes sur les infractions de blanchiment et d'escroqueries.
Les confréries bouddhistes tibétaines légales seront impliquées dans de nombreuses affaires. Les droits de l'homme, le martyre emblématique, le religieux? couvriront la plus part de hauts responsables (lamas laïcs ou moines, abbés) impliqués dans les sales affaires, infractions et moeurs.
Au député socialiste Picard (rapporteur en 2001 de la loi tendant à renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales) sera demandé la position des douanes, de la police, du fisc, de la justice face à l'enrichissement rapide des familles-Etat tibétaines en exil et au non respect du droit des personnes.
Il sera répondu : "(...) rien de plus normal, lorsqu'on est en exil, que de se faire un trésor de guerre, une petite cagnotte. Pour le droit des personnes... il faut s'adresser aux parquets" (entretien privé avec l'auteur et avant propos d'Henry Tincq, voir Ch.II).
:::
Rappel des acquis fondamentaux
Rapport "les sectes et l'argent" de l'Assemblée Nationale
n°1687, 10juin 1999, Commission d'enquête sur la situation financière,
patrimoniale et fiscale des sectes, leurs relations avec les millieux économiques
et financiers.
Président M. Jacques Guyard; rapporteur M. Jean-Pierre Brard, députés.:::
::: rapport "Les sectes en Frances" de l'Assemblée Nationale
n°2468, 22 decembre 1995, Commission d'enquête sur les sectes,
Président M. Allain Gest, Rapporteur : M. Jacques Guyard, députés.
:::
::: LOI 2001-504,
2001-06-12, tendant à renforcer la prévention et la répression
des mouvements séctaires portant atteinte aux droits de l'homme aux
libertés fondamentales. cliquez (Recherche experte + Lois et røglements
+ 2001-504)
::: Commission d'enquête parlementaire belge sur les pratiques illégales
avec MM.R. de Carvalho et J.L. Corne, représentants d' Ogyen Kunzang
Chöling (OKC, centre tibétain nyngmapa: Belgique, France, Espagne,
Portugal, Polynésie), et et MI. Wouters (avocate) 28 mars 1997 (OKC
sera cité par les deux rapports parlementaires sur les sectes en France
1687 et 2468 ). Réseau
Voltaire.net et Chambre
des représentants de Belgique.
Commission
d'enquête parlementaire belge sur les pratiques illégales des
sectes -audition du Lama Kunzang Dorje, Robert Spatz, fondateur d'Ogyen Kunzang
Chöling (OKC) en Belgique et à Castellane (O4), France 28
mars 1997 et Chambre des
représentants de Belgique.
Ogyen
Kunzang Chöling (OKC) arrestation spectaculaire (par 120 gendarmes) le
30 mai 1997 de Roger Spatz (Lama Kunzang Dorje guru d'OKC) en Belgique et
perquisition simultanée de ses centres bouddhistes tibétains
nyngmapa en Belgique, en France, en Espagne et au Portugal .
Couverture presse "Le Soir" Bruxelles (22juin 99), Nice Matin (30mars
2000), Le Soir 29 (aout 2000) et Affaire du "Chateau
du Soleil" puis "Affaire Marco Torres Andrade, un brigand qui
a bénéficié de la complicité de lamas pour escroquer
de nombreux bouddhistes".
Auditions
de la commission d'enquête parlementaire Belge sur les pratiques Illégales
des sectes, 51 articles.
Rapport
de la section parlementaire Suisse sur les "sectes" et mouvements
endoctrinants.
L'inhumanité sélective des pays en droit (inhumanité
légale et corruption de l'esprit des lois) concerne selon
de nombreux organismes humanitaires (éducation, alimentation
et soins) et juridiques internationaux (CPI, tribunaux internationaux,
tribunaux permanents) les droits fondamentaux de quelques 1,6 milliard
d'hommes, paysans et ruraux, sans toits et sans terres, exclus urbains,
chinois (500 millions), indiens (500 millions), africains (300 millions),
américains du sud (300 millions) dotés de moins de 2 euros
par jour et près de 2,5 milliards dotés de 2 euros par
jour.
Ces exclus du droit, ou plutôt ces hommes au droit sans efficacité
sociale, seraient touchés par une crise endémique du droit,
des lois et du pouvoir judiciaire. Ce qui devrait effectivement relever d'une
prise de conscience internationale et d'une action légale unanime est
freiné par un puissant antagonisme déjà socialisé
opposant le droit des communautés riches (dotées d'un pouvoir
judiciaire efficace) aux communautés pauvres dotées d'un droit
et d'un pouvoir judiciaire non pas sans qualité, mais sans efficace
pour l'organisation sociale.
"Le martyre du Tibet" semble donc, pour centrer notre prise de conscience
sur les antagonismes, dévoiler une crise entre les droits fondamentaux
des personnes, le droit des Etats et les droits religieux (qui n'existent
pas au Tibet pour les personnes pauvres et les exclus sans droits) dans un
contexte judiciaire international également en crise. Nous le verrons
bien dans notre contre-champ analytique anthropologique et juridique. Certains
observateurs diront que la force même du modèle religieux théocratique
tibétain ou islamique fondamentaliste relèverait d'une crise
du droit et du pouvoir judiciaire liée à l'expansion de la société
bourgeoise libérale.
Solange Mercier-Josa, philosophe marxiste du droit, dira dans "Entre
Hegel et Marx": "la montée des nationalistes et des intégrismes...
s'expliquerait comme une réaction sans doute réactionnaire à
la négation des rapports familiaux antrieurs par le développement
de la société civile-bourgeoise, comme une protestation pratique
contre l'effet d'acculturation provoqué par la mondialisation du marché
et la dissolution de la communauté "primitive" organique
par l'introduction de l'individualisme concurrentiel lié aux échanges
marchands et au mode de production capitaliste".
Quelques éthnojuristes comme Bernard Champion diront que cette expansion
des modèles fondamentalistes anciens relèverait plutôt
d'un lien préservé au droit féodal de la propriété
confirmant sa présence subtile ou élémentaire dans le
droit moderne et dans le corps de transformation sociobiologique de notre
population.
D'autres comme les tibétologues Mervin C. Goldstein, DL Snellgrove
ou L. Petech, diront en résumé qu'un choix de vie selon une
tradition aussi fondamentaliste que celle du bouddhisme tibétain ne
se pourra que par l'ignorance de l'odieuse tradition de servage pour dette
des populations pauvres sur laquelle cette forme bouddhiste vivra mille ans
durant, que le choix de cet archaisme religieux totalitaire comme modèle
de vie relèvera d'une méconnaissance des doctrines d'ancien
régime, monarchistes, panthéistes, ritualistes, ultra formalistes,
extrêmement peu traduites du fait de leurs spécificités
et peu accessibles.
Des doctrines qui, dirons-nous, s'opposeront philosophiquement, juridiquement
et politiquement, au lointain projet individualiste, égalitaire, révolutionnaire,
contenu, du reste, dans le corps social de la démocratie et de la république
depuis plus de deux siècles (voir sur ce sujet notre article "Critique
des ordres religieux globaux à l'époque des droits fondamentaux
de l'homme" sur linked222 http://linked222.free.fr/cp/hors_les_lignes/h7.html
également publié sur les sites amis d'Indymédia et Altermonde.levillage).
Il semble par ailleurs, selon l'éditeur et historien du bouddhisme
tibétain Victor Trimondi (qui publiera non seulement le Dalaï
Lama -dont il sera proche un temps avant de s'opposer au système
totalitaire tibétain mais également Che Guevera, D.Cohn
Bendit, Régis Debray, David Bohm, Lawrence Durrell, Nikos Kazantzakis,
voir notre correspondance et nos divergences sur Forum-linked222 et les
articles de Trimondi http://www.trimondi.de/francais/film.fr.htm // http://www.trimondi.de/Kalachakra/dec.fr.htm),
qu'un tantra tibétain (doté d'au moins sept sens) traduit
pour l'initiation de toute une population (voir les initiations collectives
du Dalaï Lama, du Karmapa, etc...) serait contre nature.
Le tantra ne concerne en effet, confirmeront les bonzes, les brahmanes ou
les lamas, qu'une personne, tout au plus une famille et non une nation ou
une population bien que certaines cérémonies précisément
officielles et d'Etat soutiennent le contraire (population et individus n'auront
accès de toute façon qu'à un sens littéraire stratégiquement
édulcoré, celui du traducteur familial réservé).
Le tantra des hauts dignitaires au Tibet et aujourd'hui en occident est toujours
une affaire politique, une affaire d'Etat... (Ch.I "Totalitarisme, national-communautarisme
religieux et propriété).
La Chine nie les droits de l'homme.
Si nous observons diachroniquement le droit des personnes et les catégories
au Tibet (par delà l'histoire officielle des doctrines et des familles
régnantes) nous verrons qu'ils sont un support traditionnel des inégalités
sociales. Le pouvoir judiciaire y est sélectif , partisan et
contradictoire. Il n'est pas impartial et privilégie tour à
tour, selon les besoins, l'individu riche, les familles puissantes, l'Etat
ou le divin.
La doctrine et le système, la formation et l'éducation procèdent
d'une culture ancestrale du mérite individuel par le lien aux généalogies
humaines (familles de fonctionnaires, d'aristocrates, d'abbés réputés)
et non humaines (liens aux déités). En fait, ne disposeront
de droits, de privilèges et de protections, que les familles héréditairement
riches, aristocratiques et religieuses. Nous verrons dans notre critique introductive
II-1 et II-2, la nature du lien existant entre les hiérarchies cosmogoniques
tibétaines, le foncier, le servage pour dette, la dette héréditaire
et le système légal du pays.
Rappelons que le bouddhisme tibétain communautariste encourage l'expansion
du communautarisme primitif comme source d'identification, une expansion favorisée
par la négation des rapports familiaux antérieurs due au développement
de la mondialisation, de la société civile-bourgeoise, du capitalisme,
que la présence d'un élémentaire du droit présent
dans le droit moderne, en particulier dans le droit de la propriété
issu du vieux fond social féodal de servage européen encourage
la pénétration tantrique en occident et le succès des
généalogies théistes.
Nous appréhenderons, plus loin, la question des droits de l'homme en
Chine par la critique du droit de la propriété (droit à
la terre) au Tibet - illimité pour les trois grands seigneurs (aristocrates,
fonctionnaires et moines) et par la critique du servage pour dette, également
illimité au Tibet.
Nous ne manquerons pas de critiquer la "pénalité tantrique"
conçue initialement pour la pacification par "subjugation terrible"
des rois, des princes rivaux et pour la régulation du commerce des
domaines seigneuriaux, une pénalité étendue, pour les
besoins du commerce et l'exploitation des domaines, aux serfs pour dette.
Cette culture de la pénalité tantrique n'a toujours pas changé
au XXIème siècle et le curseur du "censeur légal"
est toujours figé sur les catégories des personnes les plus
pauvres, sans droits, hors catégories (voir sur le sujet notre Ch.I
note 3 sect. V "l'espace public selon Habermas et l'espace "civil"
bouddhiste, critique de la voie laïque bouddhiste dans la société
industrielle").
:::
"Le société civile face à l'Etat dans les traditions
chinoise, japonaise, coréenne et vietnamienne" textes réunis
par Léon Vandermeersch, Dir. de l'Ecole Française d'Extrême
Orient, EFEO, 1994.
"La problématique de la sociabilité a été
renouvelée par les travaux qui, comme ceux de Jurgen Harmas engagent
l'analyse non plus simplement sur les rapports de l'individu et du groupe,
mais sur l'organisation de la collectivité sous l'effet de la libre
spontanéité de ses membres d'une part, et du pouvoir contraignant
d'autre part, en interaction dialectique. Comment se constitue la société
civile face à l'Etat ? la sphère privée en interférence
avec la sphère publique ? Dans quelle conditions de la production culturelle
et idéologique ?" A ces questions un colloque de spécialistes
de l'Asie orientale a voulu apporter des éléments de réponse
relativement à l'histoire des sociétés chinoise, japonaise
coréenne et vietnamienne.
Le présent volume rassemble 26 communications présentées
dans le cadre de ce colloque tenu à Paris les 29, 30,31 mai 1991. Sous
l'impulsion du collectif pour la coopération américano-européenne
des études extrême-orientales (Joint Committee on European-American
Coopération in East Asian Studies) - Chine, Japon, Corée, Vietnam
. :::
L'histoire de la théocratie Tibétaine, que nous utiliserons comme une contre-mesure de la question des droits chinois, est indissociable de son droit de la propriété, de ses hiérarchies administratives humaines et cosmogoniques, autant que du principe de réincarnation seule source de légitimité pour les successions politiques.
Son histoire, à la fois pré-bouddhique et bouddhique théocratique, est un long processus inachevé de crises politiques et religieuses surprenament génocidaires, une succession de délits majeurs et de crimes d'Etat, dirons nous aujourd'hui, à tout le moins selon les mots de l'ethnojuriste Charles de Lespinay.
Ces génocides, qui passent totalement inaperçus auprès de l'opinion mondiale, mais qui sont parfaitement connus des tibétologues et des ethnojuristes progressistes français, américains, anglais ou chinois, auraient été couverts tant par les moyens de l'historiographie et de l'histoire traditionnelles des guerres au Tibet que par les intérêts politiques des écoles de lois bouddhistes en exil, orthodoxie de la "pensée unique" et de l'"immoralité" (1), indissociables de l'histoire du gouvernement tibétain (2) et, comme il est établi par le tibétologue Prince Peter, des 205 familles seigneuriales "pivôts politiques" du Tibet (3).
:::
Définitions relevées par Charles de Lespinay,
dans "l'Anthropologie, le droit et les génocides",
in "Droit et Cultures, 41, 2001/1, extrait d'une communication au colloque
: "l'ethnie, entre science humaine et crime contre l'humanité,
samedi 29 mai 1999, Université Paris IV, Sorbonne.
1-Génocide - article II de la Convention du
9 décembre 1948 sur la prévention et la répression du
crime de génocide (repris en 1998 dans l'article 6 du statut de la
Cour Pénale Internationale permanente) :
Le génocide s'entend de l'un quelconques des actes ci-après,
commis dans l'intention de détruire, en tout ou partie, un groupe national,
ethnique, racial ou religieux, comme tel :
a-meurtre de membres du groupe;
b-atteinte à l'intégrité physique ou mentale de membres
du groupe;
c- soumision intentionnelle du groupe à des conditions d'existence
devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
d-mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e-transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.
2-Génocide - Livre II du code pénal
français, entré en vigueur le 1er Mars 1994,
intitulé : des crimes et des délits contre les personnes. Titre
1er : Des crimes contre l'humanité.
Chapitre 1er - Du Génocide
Article 211-1
Constitue un génocide le fait, en éxécution d'un plan
concerté tendant à la destruction totale ou partielle d'un groupe
national, ethnique, racial ou religieux, ou d'un groupe déterminé
à partir de tout autre critère arbitraire, de commettre ou de
faire commettre à l'encontre des membres de ce groupe, l'un des actes
suivants:
a- atteinte volontaire à la vie;
b- atteinte grave à l'intégrité physique ou psychique;
c- soumission à des conditions d'existence de nature à entraîner
la destruction totale ou partielle du groupe;
d- mesure visant à entraver des naissances;
e- transfert forcé d'enfants.
Article II - Des autres crimes contre l'humanité
Article 212-1
La déportation, la réduction en esclavage ou la pratique massive
et systématique d'exécutions sommaires, d'enlèvements
de personnes suivis de leur disparition, de la torture ou d'actes inhumains
inspirés par des motifs politiques,philosophiques, raciaux, ou religieux
et organisés en exécution d'un plan concerté à
l'encontre d'un groupe de population civile sont punis de la réclusion
criminelle à perpétuité.
(Cette qualification est donc possible en temps de paix)
3-Crime contre l'humanité : définition
du statut de la Cour pénale internationale permamente (Rome 18 juillet
1998) Article 7 : " Crimes contre l'humanité"
Aux fins du présent statut, on entend par crime contre l'humanité
l'un quelconque des actes ci-après, lorsqu'il est perpétré
dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique
dirigée contre une population civile et en connaissance de l'attaque
a- Le meurtre;
b- L'extermination;
c- La réduction en esclavage;
d- La déportation ou le transfert forcé de la population;
e- L'emprisonnement ou une autre forme de privation grave de liberté
physique en violation des dispositions fondamentales du droit international;
f- La torture;
g- Le viol, l'esclavage sexuel, la prostituion forcée, la grossesse
forcée, la stérilisation forcée et les autres formes
de violence sexuelle de gravité comparable;
h- La persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable
inspirée par des motifs d'ordres politiques, racial,national, ethnique,
culturel, religieux, ou sexiste, ou sur d'autres critères universellement
reconnus comme inadmissibles en droit international, en correlation avec tous
les actes visés dans le présent paragraphe ou tous crimes relevant
de la compétence de la Cour;
i- Les disparitions forcées;
j- Le crime d'apartheid;
k- D'autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement
de grandes souffrances ou des atteintes graves à l'intégrité
physique ou à la santé physique et mentale." :::
::: quelques extraits des articles
de Code Pénal :::
::: Code
Pénal www.legifrance.gouv.fr :::
Nous y retrouverons, sans doute, des traces pénales élémentaires relevant du califat islamique Abbaside, de l'hindouisme mais aussi des éléments propre à l'errance tantrique en Chine, en Afghanistan, au Pakistan et en Iran.
Le vajrayana-tantra est en fait une somme indéfinissable de techniques textuelles et orales ésotériques (relevant d'un fond religieux métissé) concernant l'accomplissement individuel et les principes du gouvernement; somme que repandra, par exemple, Guru Rimpoche aux VIII/IXème siècles. Cette tradition, comme la tradition tantrique indienne de laquelle elle émane, peu ou prou, s'opposera (par la soumission absolue au gouru comme à l'idole, voir notre article "Critique des ordres religieux globaux" et les thèses du juge David Annoussamy "Le droit indien en marche" publiées par la société de législation comparée) à la liberté de la croyance, au jugement et à la raison sur la voie. Le gouru et l'idole seront la loi, les limites légales de la parole, du jugement et du comportement humain.
L'idole tantrique est donc dotée d'une puissante personnalité juridique en tant que le prolongement de l'autorité légale du chef spirituel ou du dictateur spirituel. Cette puissance reviendra de droit aux seuls réincarnés: corps, parole, esprit d'une ou plusieurs divinités, d'un ou plusieurs bodhisattvas. Cette loi (divine, juridique, économique et politique) sous l'influence de Padma (gourou rimpoche), se formalisera par l'expansion d'un corps de doctrine aux contours résolument indistincts et voulu, selon certains bouddhologues sikkimais, immoral. Ce corps de doctrine, loi vivante (autre aspect du gourou), paraîtra bien une somme de moyens immoraux pour l'accomplissement et le gouvernement plus qu'une philosophie de l' immoralité.
Ce sera ce fond social que le XIVème Dalaï Lama (dont la lignée ne gouvernera pas huit ans sur un peu plus de deux siècles, 1650-1895) revendiquera dans sa "guerre sainte" contre la Chine, guerre politique pour la restauration d'un système économique de servage dont l'anthropologie, la tibétologie et la sociologie diront qu'il était hautement établi, concurrentiel et lucratif.
Il apparaîtra très clairement à de nombreux historiens-juristes que ce conflit sera une évidente échéance politique de la guerre menée contre le communisme et le socialisme par le capitalisme européen et américain en Asie depuis le début du XXème siècle, non sans la complicité politiques, toutefois, des familles rivales tibétaines.
L'histoire politique et la tibétologie critiques, l'histoire des relations entre la CIA, le gouvernement tibétain fantôche en exil, le PNAC (Project for a New American Century) et le gouvernement américain le confirmeront.
Finalement, les moyens bouddhistes immoraux conçus pour détruire l'égo des rois, tueront probablement plus d'hommes sans droits, tibétains et chinois en Chine, au Tibet ou au Népal, qu'ils n'en sauveront.
Ainsi introduite, la question des droits de l'homme en Chine et des droits religieux de l'homme au Tibet avant 1959 nous offrira un support critique non moins pertinent que celui de l'historiographie traditionnelle, de l'histoire des guerres et des invasions.
Cette introduction consistera (introduction II-1, II-2) en une vision, à travers le temps, du vieux fond social féodal de servage pour dette dans le contexte du droit de la propriété (hommes et biens), droit quasi illimité pour les aristocrates, les monastères et les fonctionnaires du gouvernement.
Nous dégagerons de cette vision les évènements politiques synchronisés aux principes généraux des lois religieuses. Ces évènements auront conduit, à travers un cycle insurrectionnel qui durera mille ans (900-1900), à l'unification des pouvoirs entre les mains d'un vainqueur (toujours sur une période limitée) et à l'édification d'un jeu génocidaire d'une rare violence et complexité, opposant trois rivaux : le moine, le fonctionnaire, le seigneur, sur un même terrain de conquête juridique, politique, militaire, économique et religieux.
Ce moyen nous permettra de ne pas tomber sous le feu des chronologies matérialistes historiques nourri par les historiens, anthropologues, tibétologues officiels et la bureaucratie en exil, et de confondre sans nous perdre, les faits historiques, la doctrine et les droits authentiques de l'homme au Tibet avant 1950.
Le civiliste Pierre Legendre (dont nous critiquerons vivement les propos sur l'esclavage, la marge et le faible dans notre ch.4) écrira dans "l'amour du censeur, essai sur l'ordre dogmatique" : "pénétrer le camouflage dogmatique pour observer le phénomène institutionnel".
::: la fin de l'Introduction I-2 ::: ::: Introduction 2-1